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21 janvier 2008 1 21 /01 /janvier /2008 07:43

Yvinec.jpg
Bee Jazz 2007



Daniel Yvinec, on le sait adore jouer les grands standards américain. Il en fait habituellement un champ de partage très intime, un terrain propice à l’échange feutré et tout en nuance pour ceux avec qui il joue. On se souvient de son travail avec Guillaume de Chassy en duo sur Wonderful World où ils démontraient alors l’universalité de ce patrimoine commun. Ces thèmes que chacun a dans la tête et dont Daniel Yvinec n’a de cesse de magnifier le chant.

Il faut dire que le futur Directeur Artistique de l’ONJ, collectionneur compulsif de tout se qui se grave en matière de jazz possède une connaissance quasi encyclopédique de cette musique là.

Dans « The Lost Crooners », Yvinec se joue des formats et passe du duo, au trio ou au quartet avec la mise en évidence des contre chant et des complémentarités. Toujours avec le même souci de la mise en valeur de la mélodie sur le terrain de l’improvisation. Car elle est toujours au centre, qu’il s’agisse bien sûr des solistes remarquables ( Nelson Veras, Benoît Delbecq ou Méderic Collignon) ou de l’association de Yvinec et de Stéphane Galland  qui, à la batterie ne se contente pas d’assurer un drive exceptionnel mais assure même un contre chant mélodique comme dans ce Once in a while en trio avec le guitariste où chaque personnalité impose son évidence sans jamais nuire à la mise en lumière de ces thèmes magnifiques. Magnifiés ! Quelques moments forts émergent comme ce I Fall in love too easily, très bref où par la richesse de son jeu, Nelson Veras ouvres des voies harmoniques à la fois loin et toujours si près du thème. Idem avec Benoît Delbecq qui sur ce sublime Smile  donne une vraie leçon de détours et contours harmoniques, capable de nous perdre, de se perdre lui-même, crooner perdu mais jamais égaré tout à fait. Méderic Collignon transperce ou plutôt traverse cet album tel un rêveur déambulant avec langueur dans ce chant aux espaces bien délimités par une rythmique pourtant très libre. Ce côté languide ne nous quitte pas. Nelson Veras vient conclure l’album par un merveilleux Goodbye. Le guitariste ne joue pas à l’économie mais joue comme si chaque note, chacune d’entre elles, chacune de celles qu’il joue à cet instant précis, chacune de ces notes prenait une signification essentielle. Rien n’est vraiment dit. Tout est suggéré et donc tout est dit. L’album est censé se terminer à cet instant mais la rêverie se poursuivait. La session était terminée mais Yvinec s’était mis au piano, en régie on laissa tourner la bande. Méderic improvisa sur I’ll be seeing you. Il était encore question de cette belle intimité partagée entre les musiciens, de ce moment de grâce volé. Les crooners perdus dans leur rêve, rêvaient encore. Et nous, nous emportons un bout de ce rêve longtemps après la longue dernière note, perdue……. Jean-Marc Gelin

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