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6 mai 2024 1 06 /05 /mai /2024 15:24

     Le jury du Prix René URTREGER de l’ECUJE (Espace culturel et universitaire juif d’Europe) destiné aux jeunes talents du jazz (moins de 30 ans) a tranché le 2 mai pour l’édition 2024 en distinguant parmi les cinq groupes en compétition NINANDA, formation vocale et instrumentale animée par deux jeunes musiciennes Nina GAT (piano, chant) et Ananda BRANDÃO (batterie, chant) et constituée également de Maxime BOYER (guitare) et  Mathieu SCALA (contrebasse).

 

Nina Gat et Ananda Brandão composent, chantent, arrangent, en explorant de nouveaux métissages et exposent leurs compositions originales, en portugais, hébreu, français et anglais. Ninanda que l’on a entendu au SUNSET en mars se produira dans un autre club parisien, le BAISER SALÉ, le 29 juin et sur la scène du Festival Jazz à Vienne le 1er juillet.

Ninanda - Savlanout Hama

    

     Le jury a décerné un Prix Spécial au Jeremie LUCCHESE Groupe, formation du saxophoniste ténor qui comprend Oliver Van Niekerk (guitare), Levi Harvey (piano), Gabriel Sauzay (contrebasse) et Paul Lefèvre (batterie). Le saxophoniste méridional ancien élève du CNSM a sorti en octobre 2023 son premier album "Essais pour l'imaginaire".

Vélioge

 

     Les récompenses ont été remises aux lauréats lors d’une soirée à l’ECUJE* le 2 mai par René URTREGER, notre légende du piano, Olivier HUTMAN, pianiste et programmateur des saisons Jazz à l'Ecuje, et Gad IBGUI, directeur de l'Ecuje.


     Le jury était composé cette année de Frédéric Charbaut (Festival Jazz à Saint-Germain des Prés, FIP), Alex Dutilh ( France Musique ), Jean-Charles Doukhan (TSF JAZZ),  Olivier Hutman (pianiste, programmateur des saisons Jazz à l’Ecuje),  Alice Leclercq (Jazz News) et  Daniel Yvinec (ancien directeur de l’ONJ, directeur artistique).

 

      Lors de sa première édition en 2023, le prix René Urtreger avait été attribué au groupe CONGE SPATIAL formé de Pierre LAPPRAND, saxophones et effets, et Etienne MANCHON, piano, Fender Rhodes et effets, (programmé le 11 mai au Festival Jazz sous les Pommiers à Coutances) quand un prix spécial du jury était allé au trio du pianiste Mark PRIORE (qui depuis a décroché le Prix Evidence 2023 décerné par l’Académie du Jazz).

 

Jean-Louis LEMARCHAND.

 

*119, rue La Fayette. 75009.
L’Ecuje propose deux concerts pour clore sa saison 2023-2024, le 30 mai avec Minino Garay et le 20 juin Tierney Sutton).

 

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4 mai 2024 6 04 /05 /mai /2024 17:43
JACKY TERRASSON     MOVING ON

 

JACKY TERRASSON    MOVING ON

Label Earth Sounds- DistributionNaïve-Believe

 

Sortie du CD le 19 avril

Concerts à venir à Marseille à la Caverne à Jazz le 17 Mai et à Paris au Bal Blomet le 07 Juin

 

Moving On Jacky Terrasson

 

On ne présente plus le pianiste franco-américain Jacky Terrasson qui a commencé sa carrière il y a suffisamment longtemps pour que, sans être encore un grand ancien, il ne soit plus un jeune moderne. Mais son dernier album au titre tout indiqué Moving on sort sur le label qu’il vient de créer, Earth Sounds.

Change t-il vraiment de direction avec ce nouvel opus? S’il raconte sa musique et donc sa vie après plus de trente années, c’est qu’il ressent moins la nécessité de déployer toute sa virtuosité, de jouer beaucoup de notes. Il s’entoure d’une équipe de haut vol avec de nombreux guests, car il connaît beaucoup de pointures dans le monde du jazz. Avec qui n’a t-il pas joué dans sa longue carrière entre France et Etats Unis depuis ses débuts? Avec gourmandise, il choisit de faire apparaître diverses orientations à partir de ses deux trios de base, l’un français (Sylvain Romano et Lukmil Perez), l’autre américain (Kenny Davis, Alvester Garnett) enregistrés à Pompignan (entre Nîmes et Montpellier, chez Philippe Gaillot) et à New York.

Mais il tient le fil de son programme jusqu’au bout avec cohérence. Il est ce mélodiste qui soigne thèmes et arrangements privilégiant la clarté sans rechercher d’inutiles difficultés, privilégiant cette joyeuse énergie qu’il partage avec ses complices dont certains sont des fidèles de longue date. Les musiciens rentrent ainsi dans une danse qu’ils mèneront alternativement sans que les parties ne diffèrent de trop, Jacky Terrasson étant l’élément unificateur de l’ensemble. Le pianiste se fait plaisir en invitant deux batteurs américains en plus de ceux des deux trios! Il fait le choix de tous les possibles : Kenny Davis et Billy Hart aux cymbales font une choréographie qui swingue de ce “Misty” où le pianiste fait cascader les notes. Jouer du bon vieux jazz, comme on sait le faire là bas!  Kenny Davis et Eric Harland constituent une autre des rythmiques américaines possibles sur la composition qui a donné son titre au disque, ce Moving on qui déménage et pourrait bien devenir un tube!

Le répertoire équilibré est composé de quinze titres dont  huit originaux et de savoureuses reprises fort bien reconstruites. Une réussite ouvre d’ailleurs l’album, cette version très originale de “Besame mucho” sur un tempo étiré bien plus que ralenti qui file vers des accords classiques et ferait presqu’oublier la mélodie si souvent ressassée.

Quand on vous disait des invités de choix, "Est ce que tu me suis?” fait appel à  la formidable Camille Bertault qui pose ses mots sur la mélodie pleine de chausse-trappes que lui a concoctée le pianiste. Il racontait qu’il avait d’abord pensé à faire un unisson avec son vieux camarade bassiste Sylvain Romano d’où le premier titre “Si le vin est bon” mais très vite s’imposa l’idée de Camille, elle seule pouvant arriver à chanter ainsi, funambule du son et poète du verbe, aux hardiesses vocales d’une musicienne accomplie. Elle sait composer des textes tissés dans son vécu, emballés avec style, des mots qui sonnent juste. 

Moving on est un album à la palette sonore élargie à un groove continu et des choeurs féminins : une deuxième chanteuse Kareen Guiock Thuram se joint à Camille Bertault sur le solaire “Happy” de Pharrell Williams où domine l’harmoniciste Grégoire Maret.  Ainsi chaque pièce a sa petite histoire : c’est le batteur Alvester Garnett, rencontré du temps où ils accompagnaient la chanteuse Betty Carter qui rythme le virevoltant “AF 006”, vol souvent pris entre Paris et New York que l’on suit de son décollage intrépide à ses accélérations saccadées et ses turbulences. On entendra encore un “Solar” et surtout un “I Will Wait For You” qui dynamitent complètement le tube de Michel Legrand, des Parapluies. Quant il ne part pas dans une interprétation enflammée, de son toucher sûr et souple, Jacky Terrasson peut basculer vers plus de douceur comme dans ce “Love Light” fin et nuancé, un thème où s’épanouissent mélodie, harmonie et rythme dans une forme courte conjuguées.

Avec une identité et  un style propre à présent bien affirmés, le pianiste a réussi ce nouvel album qui n’échappe pas à l’idée d’un mouvement et d’une intensité permanentes. Où liberté et rigueur se rejoignent dans la quête de ces moments où fusionnent la chaleur brillante du piano et le soutien immuable de rythmiques légères. Un pétulant enchaînement qui ne manque pas de substance.

Hautement recommandé en ces temps troublés.

 

Sophie Chambon

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Published by Sophie Chambon - dans Chroniques CD
4 mai 2024 6 04 /05 /mai /2024 11:55

Fred Hersch, piano solo

Lugano (Suisse), mai 2023

ECM 2799 / Universal Music


 

Enregistré dans l’auditorium Stelio Molo de la RSI (radio suisse italienne), cette musique respire l’esprit du lieu. C’est une salle tout en bois, d’une acoustique exceptionnelle (depuis quelques années ECM y fait pas mal d’enregistrements). J’ai eu, voici bien des années, le plaisir d’y assister à un concert, et j’en conserve un souvenir ému. Fred Hersch est habité par l’acoustique exceptionnelle de cette salle, et la musique semble surgir des profondeurs de l’âme, entre l’inspiration, l’écoute, la jouissance du son, et l’ivresse du risque qu’il peut y avoir à se livrer avec une telle générosité. Quatre standards, choisis pour leur riche inspiration : par exemple Star-Crossed Lovers, inspiré par Roméo et Juliette et composé par Billy Strayhorn pour la suite Such Sweet Thunder d’Ellington, qui parcourait l’univers de Shakespeare avec passion. Plutôt que le pathos insufflé par Johnny Hodges dans la version de référence, c’est ici un cheminement diaphane, où l’émotion surgit d’une certaine retenue plutôt que d’une surenchère d’expressivité. La version de Softly As In A Morning Sunrise, par son délicat balancement, suscite tout un monde où le jazz se reconnaît, et où les deux mains dialoguent avec une clarté qui nous ferait presque oublier combien le langage est sophistiqué. Le disque comporte une majorité de compostions originales, hardies et profondes, pour nous rappeler que l’Art mérite, chez l’artiste comme chez l’auditeur, une attention qui touche à l’abandon. Et aussi, toujours de la plume du pianiste, Little Song, une petite chanson qui me fait brièvement penser à Keith Jarrett pour l’album «Facing You» (que j’adore), en 1972 pour ce même label. À l’époque Jarrett avait 27 ans. La différence c’est que Fred Hersch enregistre ce disque alors qu’il va avoir 68 ans, et le développement du thème porte trace du parcours d’une vie. Tout le disque d’ailleurs respire ce mélange de gravité et de sérénité qui sied à l’artiste façonné par les émotions et les épreuves. Sans détailler plus avant toutes les plages, je dirai simplement que ce premier disque en solo de Fred Hersch pour ECM (après une dizaine d'autres pour d’autres labels) est une merveille. Tout simplement….

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=BW9weCBLJMY

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Fred Hersch sera en duo avec le trompettiste Avishai Cohen le 6 mai à Nantes, salle Paul Fort (saison du Pannonica) ; et le 8 mai à Coutances (Jazz sous les pommiers)

Et en solo à Paris le 18 mai (Jazz à Saint-Germains-des-Prés)

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2 mai 2024 4 02 /05 /mai /2024 18:05

Régis Huby (violon ténor électro-acoustique, électronique), Manu Codjia (guitare électrique), Hélène Labarrrière (contrebasse), Christophe Marguet (batterie, composition)

Amiens, octobre 2023

Mélodie en sous-sol MESS 004 / l’autre distribution

Un nouveau groupe, et une première pour le batteur compositeur : cette fois ni sax ni trompette, mais un violon, singulier : celui de Régis Huby, côtoyé par le batteur dans divers groupes. La contrebassiste et le guitariste avaient participé à de précédents disques de Christophe Marguet, lequel dans le très bon texte du livret, nous éclaire sur la genèse des groupes et des disques, et des projets esthétiques qui les fondent Très éclairant, d’autant que le résultat est à la hauteur de l’ambition affichée : cohérence et richesse de la musique, et construction de l’album comme un objet artistique doté de sa dramaturgie propre. Dans cette musique architecturée sur un forte pulsation (mais que la batterie, très présente, n’envahit pas), beaucoup d’univers musicaux se croisent, du jazz sous toutes ses latitudes au rock, progressif ou pas, au tango (sérieusement revisité), voire à la musique celtique. Une énergie folle, enrobée de finesse et de nuances. Du grand art, et des solistes exceptionnels

Xavier Prévost

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Le groupe sera en concert le 16 mai à Nevers, au Café Charbon, et le 23 mai au Triton, près de la Mairie des Lilas

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Des avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=uNCykjpn7Es

https://www.youtube.com/watch?v=MVFxse0IKE0


 

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30 avril 2024 2 30 /04 /avril /2024 12:33

Deux sorties d'album et une section rythmique sur le plateau de Jazzbox avec le batteur Lukmil Perez et le contrebassiste Raphael Schwab.

A reecouter ici 

 

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28 avril 2024 7 28 /04 /avril /2024 22:35

 

Mal Waldron (piano), Steve Lacy (saxophone soprano), Reggie Workman (contrebasse), Andrew Cyrille (batterie)

Anvers, Centre d’Art De Singel, 30 septembre 1995

Elemental Music 5990546 (2 LP ou 2 CD) / Distrijazz


 

Un inédit, capté en concert à Anvers. Le premier disque qui rassembla le pianiste et le saxophoniste date de 1958. C’était un quartette sous le nom de Lacy, avec Buell Neidlinger et Elvin Jones (Steve Lacy ‘Plays Thelonious Monk -Reflections’, label New Jazz). Il se sont retrouvés régulièrement sous le nom de l’un ou de l’autre, et dans différentes configurations, à partir des années 70. J’ai le souvenir de les avoir écoutés ensemble en club à Paris au début des années 80, et ils se sont dès cette époque beaucoup produits en duo, en Europe, au Japon.... Le précédent duo publié datait de 1994, en studio à Milan.

La musique, captée sur le vif du concert, est l’exact reflet de ce qu’ils étaient, et portaient dans leur art : singularité, exigence artistique et musicale, liberté farouche. Au répertoire de ce double disque, des compositions de l’un et de l’autre, et un thème de Reggie Workman, avec aussi, bien évidemment, deux thèmes de Monk, le singulier suprême ! Quand commence Monk’s Dream, on se rend comte que le piano n’est pas très bien accordé, comme c’était le cas au Five Spot de New York pour Monk en 1958, Randy Weston en 1959, ou Mal Waldron accompagnant Eric Dolphy dans ce même club en 1961…. Mais quelle importance au fond : la musique est là, très intense, et très libre. Une musique qui fait la part belle à leurs deux partenaires, en solistes, comme dans de fiévreux dialogues. Dans le copieux livret, une foule de commentaires et de témoignages d’artistes (Andrew Cyrille, Reggie Workman, Jane Bunnett, David Virelles, Dave Liebman, Vijay Iyer, Evan Parker...) et de proches, font revivre ces grands figures en cernant au plus près ce que Lacy et Wadron avaient de tellement important, de si particulier, bref tout ce qui les rendait artistiquement puissants (ce que suggère le titre ; quant à moi je dirais plutôt féconds). En ces temps où le labels exhument beaucoup d’inédits parfois peu essentiels, c’est un réel bonheur de voir surgir ce témoignage exceptionnel.

Xavier Prévost

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23 avril 2024 2 23 /04 /avril /2024 22:01

Hélène Duret (clarinette, clarinette basse, voix), Benjamin Sauzereau (guitare), Maxime Rouayroux (batterie)

Budapest, 26-28 août 2023

BMC CD 339 / Socadisc

 

Enregistré à Budapest, le disque succède à un album (‘Boîte noire’, sous le label bruxellois ~suite), et à une série de titres publiés via Tricollectif. Le centre de gravité de ces artistes de France s’est déplacé vers Bruxelles, mais leur musique évolue dans des lieux très différents, là où le jazz, l’improvisation, ou la musique de chambre, croiseraient la musique des grands espaces états-uniens, ou les courants répétitifs. Inclassable donc, et c’est tant mieux. Qu’est-ce alors que cette procession d’objets musicaux sans étiquettes(s) : un ballet de pas de côtés, dont l’unité serai l’expressivité, le goût des timbres pulpeux (les clarinettes), des lignes claires, des arpèges et des syncopes (la guitare), des accents rythmiques hors norme (la batterie). Avec pour constante le plaisir de la mélodie : des mélodies qui ondulent, bifurquent et s’épanouissent au gré des phrases. Il y a aussi des turbulences, des orages, et de soudaines accalmies. En d’autres termes c’est éminemment vivant, dans le présent immédiat de la vie comme dans les souvenirs de musiques qui constituent chaque artiste, et au-delà peuplent notre mémoire collective de mélomanes. On se laisse emporter dans cette excursion sans œillères, dans cet univers de pure gourmandise musicale aux multiples ressources. On s’abandonne au plaisir de la musique.

Xavier Prévost

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Le trio est au Périscope de Lyon le mercredi 24 avril, à Paris au Studio de l’Ermitage le 25, et en Belgique, à Gand (Bijloke Music Club), le 26

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=HGtlYydKj-w

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12 avril 2024 5 12 /04 /avril /2024 14:32

 

Jacky Molard (violon, compositions), François Corneloup (saxophone baryton, compositions), Catherine Delaunay (clarinette), Vincent Courtois (violoncelle)

Plouguiel (Côtes d’Armor), date non précisée

émouvance emv 1049 / Absilone -Socadisc


 

J’avais pour la première fois écouté ce groupe au festival de Trois Palis (Charente) alors qu’il n’avait donné que quelques concerts. Dès l’abord j’avais été impressionné par cette musique nourrie des parcours individuels de ses protagonistes, tout en affichant un tropisme celtique ; j’y entends la Bretagne comme l’Irlande, mais aussi le jazz, les musiques balkaniques,et peut-être aussi un certain courant répétitif…. Bref une foule de composantes sublimées par la pertinence de la combinaison instrumentale et humaine. Les deux co-leaders / compositeurs ont su trouver les personnalités musicales parfaitement idoines : instrumentistes hors pair, orfèvres de l’improvisation, Catherine Delaunay et Vincent Courtois étaient les personnes qu’il fallait pour faire de ce mélange musical aventureux une véritable œuvre d’art. Délibérément inclassable, cette musique nous rappelle l’évidence de ce que permet le jazz, et les musiques qui le jouxtent. Et le texte du livret, signé Jean Rochard, nous accompagne éloquemment dans ce voyage entre des mondes connus…. ou inconnus.

Xavier Prévost

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En concert le 16 avril à Paris au 19 Paul Fort. Réservations indispensables à : helenaziza@19paulfort.com

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Un avant-ouïr sur Youtube

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3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 09:13


avec : Alice Coltrane (harpe, piano, percussions), Pharoah Sanders (Saxophone ténor et soprano, flute, percussions), Archie Shepp (saxophone ténor et soprano, percussions), Cecil McBee et Jimmy Garrison (contrebasse), Ed Blackwell et Clifford Jarvis (batterie), Tulsi (tambourin), Kumar Kramer (harmonium).
Enregistrement du 21 février 1971 à New-York.
Impulse-Universal Music. 2 cds.
Paru en mars 2024.

 

     Voici enfin une version officielle d’un concert donné en février 1971 par Alice Coltrane au Carnegie Hall de New York lors d’une soirée organisée au bénéfice d’un institut de yoga et de son fondateur, le guru indien natif du Tamil Nadu Swami Satchidananda.


Shiva-Loka

     Une initiative des enfants Coltrane (Ravi et Michelle) qui ont décidé de publier ce concert dont il ne restait qu’une copie conservée par la maison de disques Impulse, les deux masters originaux ayant été égarés. Impulse avait jugé à l’époque trop peu commercial cet enregistrement de 80 minutes qui comprend des compositions d’Alice Coltrane inspirées par la philosophie indienne et deux titres de son défunt mari John (1926-1967), Leo et Africa (versions respectivement 21 et 28 minutes).


Africa

     Les musiciens présents sur scène ce soir-là ont baigné dans la culture musicale du saxophoniste, que ce soit Archie Shepp, Pharoah Sanders ou encore Jimmy Garrison. La formation emprunte un format qui plaisait à Ornette Coleman, deux batteurs, deux bassistes et la touche « exotique » est apportée par l’harmonium et le tambourin.

 

      A la barre de ce groupe inédit, Alice Coltrane (1937-2007) alterne le piano, la harpe et les percussions. « Elle nous laissait une grande liberté », se souvient aujourd’hui Cecil McBee (88 ans) qui évoque (dans El Pais) une personnalité « très calme ».  


Journey In Satchidananda


     Le résultat se révèle à la fois méditatif et incandescent. Un double album qui constitue à la fois un hommage à John Coltrane et une illustration d’une époque où la spiritualité indienne influença nombre de musiciens (les Beatles en premier lieu mais aussi John McLaughlin).

 

     Alice Coltrane enregistrera la même année 1971  « Universal Consciousness » (Impulse) où elle joue également de l’orgue et donne sa version d’un « tube » , ‘Hare Krishna’. Quelque temps après, la veuve de John Coltrane (épousé en 1965) troquera son nom pour Swamini Turiyasangitananda ou tout simplement Turiya. Un parcours spirituel qui avait débuté par un voyage de cinq semaines fin 1970 dans le sous-continent indien et qui trouve sa forte expression dans cet enregistrement au Carnegie Hall qui nous parvient 53 ans après ... un sommet de la spiritualité.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

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2 avril 2024 2 02 /04 /avril /2024 11:28

MARIA GRAND with MARTHA SANCHEZ : “ Anohin”

Biophilia records 2024

Maria Grand (vc, ts), Martha Sanchez (p)

 

Lorsque vous posez le CD de ce nouvel album de la saxophoniste Suisso-argentine, Maria Grand vous savez d’entrée que vous avez à faire à n objet iconoclaste. Inclassable.

Car celle qui s’est imposée depuis plusieurs années sur la scène créative new-yorkaise aux côtés de musiciens comme Aaron Parks, Nicole Mitchell ou Mary Halvorson ne cesse de creuser un sillon où l’ancienne avant-garde n’est jamais très loin. On est proche de ce qui se faisait à l’orée de la scène free de New-York sur les scènes undergound des années 70.

Avec Maria Grand la musique est éloignée de sa seule conception de saxophoniste. Il y a donc du texte, de la voix, de l’engagement et de la poésie dans une forme où elle trouve une très grande liberté au dire. Jusqu’au « lâcher prise ». Maria Grand semble s’avancer en exploratrice.

Avec la pianiste espagnole Martha Sanchez, elle navigue ainsi entre les mots et les sons dans une sorte de complainte déchirée. Jamais sur le registre de la mélodie mais toujours entre écriture et improvisation, Maria Grand dessine des formes complexes et destructurées et, ainsi que le rappelle Vijay Iyer, «  conceptuellement audacieuse ».

On pourrait croire à une forme de performance performative. Mais on y décèle en fait une forme de sincérité. On veut y croire à tout le moins.

Jean-Marc Gelin

 

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