avec : Alice Coltrane (harpe, piano, percussions), Pharoah Sanders (Saxophone ténor et soprano, flute, percussions), Archie Shepp (saxophone ténor et soprano, percussions), Cecil McBee et Jimmy Garrison (contrebasse), Ed Blackwell et Clifford Jarvis (batterie), Tulsi (tambourin), Kumar Kramer (harmonium).
Enregistrement du 21 février 1971 à New-York.
Impulse-Universal Music. 2 cds.
Paru en mars 2024.
Voici enfin une version officielle d’un concert donné en février 1971 par Alice Coltrane au Carnegie Hall de New York lors d’une soirée organisée au bénéfice d’un institut de yoga et de son fondateur, le guru indien natif du Tamil Nadu Swami Satchidananda.
Shiva-Loka
Une initiative des enfants Coltrane (Ravi et Michelle) qui ont décidé de publier ce concert dont il ne restait qu’une copie conservée par la maison de disques Impulse, les deux masters originaux ayant été égarés. Impulse avait jugé à l’époque trop peu commercial cet enregistrement de 80 minutes qui comprend des compositions d’Alice Coltrane inspirées par la philosophie indienne et deux titres de son défunt mari John (1926-1967), Leo et Africa (versions respectivement 21 et 28 minutes).
Africa
Les musiciens présents sur scène ce soir-là ont baigné dans la culture musicale du saxophoniste, que ce soit Archie Shepp, Pharoah Sanders ou encore Jimmy Garrison. La formation emprunte un format qui plaisait à Ornette Coleman, deux batteurs, deux bassistes et la touche « exotique » est apportée par l’harmonium et le tambourin.
A la barre de ce groupe inédit, Alice Coltrane (1937-2007) alterne le piano, la harpe et les percussions. « Elle nous laissait une grande liberté », se souvient aujourd’hui Cecil McBee (88 ans) qui évoque (dans El Pais) une personnalité « très calme ».
Le résultat se révèle à la fois méditatif et incandescent. Un double album qui constitue à la fois un hommage à John Coltrane et une illustration d’une époque où la spiritualité indienne influença nombre de musiciens (les Beatles en premier lieu mais aussi John McLaughlin).
Alice Coltrane enregistrera la même année 1971 « Universal Consciousness » (Impulse) où elle joue également de l’orgue et donne sa version d’un « tube » , ‘Hare Krishna’. Quelque temps après, la veuve de John Coltrane (épousé en 1965) troquera son nom pour Swamini Turiyasangitananda ou tout simplement Turiya. Un parcours spirituel qui avait débuté par un voyage de cinq semaines fin 1970 dans le sous-continent indien et qui trouve sa forte expression dans cet enregistrement au Carnegie Hall qui nous parvient 53 ans après ... un sommet de la spiritualité.
Jean-Louis Lemarchand.