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18 décembre 2023 1 18 /12 /décembre /2023 14:08

     Deux livres à offrir pour les fêtes, un témoignage d’une période flamboyante du jazà New-York, les années 60-70 sous l’œil de la baronne Pannonica de Koenigswarter, née Rothschild (1913-1988).
     La mécène du jazz prenait plaisir à saisir avec son Polaroïd ses amis de la note bleue dans sa maison de Weehawken (New Jersey), dominant Manhattan, mais aussi dans les clubs et en tournée. Qu’importe la qualité de reproduction de ces photos, victimes d’une mauvaise conservation, nous tenons là une immersion dans l’univers des jazzmen d’une rare charge émotionnelle.


     Sa petite fille, Nadine, avait publié de manière posthume un ouvrage (« Les musiciens de jazz et leurs trois vœux » . Pannonica de Koenigswater. Editions Buchet Chastel, 2006), présentant 300 témoignages, révélant des personnalités fortes, touchantes, drôles.


     A la question "Si on t’accordait trois vœux pouvant se réaliser sur le champ, que souhaiterais-tu ?" Dizzy Gillespie avait répondu : « Ne pas être obligé de jouer pour de l’argent, la paix dans le monde pour toujours et un monde où on n’aurait pas besoin de passeport » tandis que Miles Davis se limitait à un seul vœu « Etre blanc ! ».


     La nouvelle édition, augmentée de photos est présentée avec une nouvelle photo de couverture, certes toujours dédiée à Monk, mais où celui apparaît vêtu d’un manteau et d’une toque de fourrure de la Baronne. On y apprend, par la publication d’échanges de courriers datant de 1967, qu’une grande maison d’éditions américaine (Random House) avait refusé la publication de l’ouvrage adressé (textes et photos) par Pannonica, au motif que « Malgré l’intérêt considérable pour le jazz, les livres sur le sujet ne connaissent généralement pas de grand succès ». « Les trois vœux » attendront près de 40 ans avant d’être publiés par un éditeur français.


     Buchet-Chastel propose également dans un autre ouvrage, « L’œil de Nica », d’autres photos inédites de Pannonica de Koenigswarter retrouvées dans des malles de la maison de Weekhaven, « Cathouse » où vécut jusqu’à sa mort en 2021 à 92 ans le pianiste Barry Harris.

 

     Dans ce reportage de photos intimes mais jamais indiscrètes, le sujet principal demeure Thelonious Monk qui vécut à Cathouse les dix dernières années de sa vie (1917-1982). Pas moins de 80 photos du pianiste en club, dans la rue, à Weekhaven, avec des copains musiciens, son épouse Nellie, ses enfants. Dans cette galerie de portraits, figurent aussi les stars de l’époque (Billie Holiday, Coleman Hawkins, Sonny Rollins, Bud Powell, Ornette Coleman…) et des dizaines d’inconnus (qui n’ont pu être identifiés, reconnaît l’autrice qui compte sur la mémoire des experts pour y rémédier).

 

     L’intérêt de « L’œil de Nica » tient à ces expressions, ces positions des musiciens, dans l’action de jouer, dans l’inaction du sommeil. « Ce sont des photos de la réalité crue, factuelle, de l’instant volé puis imprimé façon coupure de journal », souligne en préface le pianiste et auteur d’une biographie remarquée de Monk, Laurent de Wilde.

 


Jean-Louis Lemarchand.

 

« L’ŒIL DE NICA », Photographies de Pannonica de Koenigswarter. Textes de Nadine de Koenigswarter et Laurent de Wilde. Editions Buchet Chastel. Septembre 2023.

« LES MUSICIENS DE JAZZ ET LEURS TROIS VŒUX », Pannonica de Koenigswater. Préface de Nadine de Koenigswarter. Editions Buchet Chastel. Nouvelle édition augmentée. Septembre 2023.

 

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30 décembre 2022 5 30 /12 /décembre /2022 12:56
Franck Bergerot       John Coltrane Giant Steps, la pierre angulaire du jazz moderne.
Franck Bergerot       John Coltrane Giant Steps, la pierre angulaire du jazz moderne.

Franck Bergerot

John Coltrane

Giant Steps, la pierre angulaire du jazz moderne

Jazz Image records, 2022.

 

On croyait que tout avait été dit, écrit sur John Coltrane mais le saxophoniste, cinquante-cinq ans après sa disparition, le 17 Juillet 1967, continue à inspirer musiciens et chercheurs. Une œuvre qui traverse le temps et continue d’interroger. Franck Bergerot a mis à profit ses compétences de critique pour commenter l’une des étapes marquantes de l’évolution coltranienne, la révolution de Giant Steps.

John Coltrane virtuose et révolutionnaire? Sauf que quand l’histoire commence (John Coltrane, Giant Steps, La pierre angulaire du jazz moderne sorti chez Jazz Image Records), Coltrane a vingt-cinq ans «et peine encore à s’imaginer un avenir. Rongé par le doute, il était avide de savoir. La Connaissance serait la grande affaire de ce petit-fils de pasteurs. Il s’élancerait bientôt vers elle «à pas de géant» avec l’album Giant Steps».

L’auteur appuie son travail de recherches sur une bibliographie sérieuse mais aussi une écoute attentive de cette musique, un travail de défrichage des terres coltraniennes, en retraçant les reliefs et dépressions d'un itinéraire obstiné. Une occasion de le mettre à jour, de confronter ses connaissances au mythe.

Coltrane n’a jamais cessé, en effet, dans sa quête insatiable de sens, de travailler, d’enregistrer, de chercher. On le suit pendant ses années de formation où, influençable, il se nourrit de rencontres, se perfectionne aux côtés de Dizzy Gillespie avec lequel il grave ses premiers solos de sax ténor, sans avoir encore de personnalité propre. Le tournant, il le vivra avec le premier quintet de Miles Davis qui sait provoquer la créativité de ses musiciens, et plus encore avec Thelonius Monk au Five Spot de New York. Ce court passage chez le pianiste l’inspire : il usera bientôt de la vitesse à l’état pur avec ces rafales de notes en grappes, ces “sheets of sounds” selon Ira Gitler, critique à Downbeat.

Il use de «beaucoup de notes, comme s’il faisait ses gammes sur scène». Des nappes de son comme avec une harpe, instrument qui le fascine -sa dernière femme, Alice en jouera d’ailleurs!

Soultrane signé sur Prestige chez Rudy Van Gelder annonce l’ émancipation de la période Atlantic. Mais il faudra d’abord en passer par le retour chez Miles avec un nouveau sextet, une session chez Blue Note (Blue Trane) et les deux séances de Kind of Blue intercalées avec les enregistrements de Giant Steps, marquant l’arrivée chez Atlantic, chez Tom Dowd, pionnier de la stéréophonie. Plusieurs rendez-vous, sessions supervisées par le producteur Nesushi Ertegun ( 26 mars, 4 et 5 mai, 2 décembre) seront nécessaires pour graver ces titres mythiques, une première pour Coltrane qui a écrit l’ensemble de ces compositions, références à son entourage familial «Cousin Mary», «Naïma», «Syeeda Song Flute», à son partenaire Paul Chambers «Mr PC». Car sa vie reste indissociable de son oeuvre.

Dans un développement passionnant, Franck Bergerot détaille la révolution de «Giant Steps» et de ce "Countdown" au tempo effréné ou l’harmonie au grand large dans lequel Coltrane enjambe le cycle des quintes, en créant des graphiques- mandalas qui lui permettent d’explorer les modulations ou changements de tonalité. Usant à son tour d’une représentation cartographique, il met au point par des métaphores maritimes, dans une recréation transposée tout à fait passionnante, une navigation au grand large, le long de la côte méditerranéenne, qui prend la forme d’une merkabah juive.

Il insiste aussi sur ce qui fait l’originalité de ce disque, qui ne perd pas pour autant sa qualité «chantante», son lyrisme avec « une comptine, un air de fête et des nymphéas ».

Pour finir, Franck Bergerot souligne l’exceptionnelle influence des solos de «Giant Steps» et «Countdown» dans l’imaginaire des plus grands musiciens de jazz, saxophonistes, pianistes, guitaristes jusqu’à la version toute récente de la  chanteuse Camille Bertault.

L’aventure ne s’est pas arrêtée là. Si cet album sonne le départ de la carrière météorique de Trane, il n’est qu’une étape dans son parcours : d’autres suivront où il continuera son expérimentation, creusant son obsession du plein, son cheminement intérieur vers l’avant-garde. Mais ceci est une autre histoire que l’on espère suivre bientôt sous la plume érudite mais toujours d’une grande lisibilité de Franck Bergerot. 

Un livre que les amoureux du jazz  liront d'une traite  en regardant les illustrations des plus grands photographes tout en écoutant le CD incluant toutes les plages de Giant Steps avec en bonus cinq titres choisis par l'auteur... 

 

Sophie Chambon


 

Franck Bergerot       John Coltrane Giant Steps, la pierre angulaire du jazz moderne.
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5 avril 2022 2 05 /04 /avril /2022 21:41

Recueil de photographies de François Corneloup, textes de Jean Rochard, préface de Philippe Ochem, et un entretien de François Corneloup avec Guy Le Querrec

Jazzdor Series / https://jazzdorseries.bandcamp.com/merch/seuils-fran-ois-corneloup

 

Un livre de photographie, mais avec des images saisies par un musicien. Le texte de Jean Rochard fait d'ailleurs mention d'autres jazzmen d'ici qui pratiquent cet art singulier, et avec qui Pablo Cueco s'était entretenu pour le numéro 35 du journal Les Allumés du Jazz : outre Corneloup, Louis Sclavis et Edward Perraud s'étaient alors exprimés. Parmi les musiciens photographes, on pourrait citer aussi Bruno Chevillon, lequel est d'ailleurs saisi en pleine méditation dans l'un des clichés, référencé sous le n° 11. Curieusement, il n'y a pas de pagination : seules les photos sont numérotées. Jean Rochard évoque aussi des musiciens états-uniens pratiquant la photo, comme Stan Levey ou Milt Hinton. Philippe Ochem, qui préside aux destinées de Jazzdor (les festival, le label), évoque dans sa préface la genèse du projet, né de la publication en ligne, durant le premier confinement, de ces clichés. Dans son avant-propos, François Corneloup parle d'une «écriture de l'instantané, un réflexe au présent […] ce moment où l'œil est au seuil». Ce qui dit assez bien ce que sont ces images, entre captation sur le vif, instants de pause (ou de pose), et constructions plastiques à partir d'un sujet perçu dans un environnement qui devient construction picturale.

 

Ces photographies saisissent non seulement jazzmen et jazzwomen dans leur environnement (les loges, la scène, les répétitions, les moments de détente), mais aussi les partenaires de cet univers : responsables de festivals (qui sont aussi parfois des musiciens, comme Philippe Ochem, surpris face au piano) : Roger Fontanel, Armand Meignan.... ; photographes : Guy Le Querrec et Sergine Laloux ; les ingénieurs du son : Charles Caratini ou Philippe Teissier du Cros ; ou comédien comme Jacques Bonnaffé....

Très belles photos, belle mise en page, photogravure réussie, sobre et sans clinquant. C'est vraiment un beau livre. Et les textes de Jean Rochard, pas du tout illustratifs mais souvent allusifs, nous rappellent que le producteur du label nato (sans majuscule) est aussi une indiscutable 'plume du jazz' (et d'autres domaines). Et en épilogue l'entretien de François Corneloup avec Guy Le Querrec éclaire de belle manière cet art singulier. Livre très réussi, donc, et hautement recommandable.

Xavier Prévost

.

François Corneloup sera présent en librairie pour un solo, suivi d’une séance de signatures :

Vendredi 8 avril, à 19h30, au Salon Escale du Livre de Bordeaux en partenariat avec la Librairie Olympique

Samedi 9 avril, à 19h30, à la Librairie Texture, 94 avenue Jean Jaurès, Paris

Jeudi 12 mai, à 18h chez le Disquaire Le Souffle continu, 22 Rue Gerbier, Paris

Vendredi 13 mai, à 18h30, à la Boutique des Allumés du Jazz, 2 Rue de la Galère, Le Mans

Samedi 14 mai, à 17h, Librairie musicale La Machine à Musique, 13/15 rue du Parlement Sainte Catherine, Bordeaux

 

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18 janvier 2022 2 18 /01 /janvier /2022 18:02
OLIVIER RENAULT    JOHN LEE HOOKER Boogie-Woogie anyhow


OLIVIER RENAULT

JOHN LEE HOOKER
Boogie-Woogie anyhow

 

Editions le Mot et le Reste

Harry and Dolly - John Lee Hooker & Miles Davis - Bing video


Grâce à Olivier Renault, on prend le train en marche du blues, en suivant l’itinéraire particulier d’un drôle de hobo, un musicien chantant, voire déchantant qui a éclairé l’histoire du blues, John Lee Hooker :
avec sa façon de prendre la tangente, de foncer sans se retourner... il quitte, a été quitté. Il saura dégager pour se dégager...  en prenant le train en marche…

Dans ce nouvel ouvrage de la collection Musiques du Mot et du Reste -les éditions marseillaises que l’on ne présente plus, d' un éclairage très pertinent, s' appuyant sur une documentation précise, fouillée dans ses sources, l’auteur réussit le portrait saisissant de ce personnage complexe, mystérieux qui a su créer un mythe en brouillant les pistes.
Dès les premières pages de ce qui se lit comme une histoire, on est fasciné par certaines ambiguités et incertitudes dans le parcours du musicien. Une seule chose est sûre, John Lee Hooker s’affranchit de tout dès qu’il comprend qu’il est fait pour autre chose. Cette détermination farouche, il ne s’en départira jamais; c’est ce qui le dirige dès qu'il est sûr de sa vocation de musicien.

Dans cet essai précis et vagabond, sans se lasser comme John Lee Hooker lui même, Olivier Renault commente son parcours, donnant une discographie sélective, car Hook fait partie des bluesmen qui ont le plus enregistré-on comprendra pourquoi il est utile de ne pas se perdre dans le nombre de références. 

On ignore encore à quelle date il vit le jour et le moins que l’on puisse dire est que John Lee Hooker n’a pas rendu la tâche facile à ses rares biographes. Ce n’est pas donc pas une biographie de plus, elle manquait vraiment même si sa vie est moins dramatique que nombre de musiciens, elle mérite d’être racontée, en cinq chapitres, de son enfance dans le Delta jusqu’aux dernières années toujours actives (il est mort  paisiblement dans son sommeil en juin 2001). Il a connu une certaine face du rêve américain mais aussi le racisme, les tromperies de producteurs qui en trafiquant ses contrats ne lui donnèrent jamais accès à ses substantiels droits d’auteur. S’il a fini dans une relative aisance, il a joué sans fin, ne se payant que sur ses concerts!

Ce que l’auteur nous donne à voir et à entendre, c’est la musique de John Lee Hooker : un jeu de guitare original combiné à une voix rauque et âpre, un style inimitable mêlant boogie et blues en ont fait une légende de la musique américaine. Mais que sait-on de lui au juste? Qu’il est né en 1910, ou 1912 ou même en 1923 dans ce Deep South hostile, au Nord Ouest du Mississipi. Bien sûr que tu as le blues quand tu es né là bas”.

Une seule chose est sûre, il sait très vite qu’il ne sera pas métayer comme son père et qu’il vivra de LA musique. Il ravit très tôt son auditoire quand il chante, il est fait pour cette musique du diable, s’opposant à son père preacher. Il fugue à 14 ou 18 ans, prenant la tangente vers le Nord, Memphis, Cincinnati, Detroit et enfin Chicago, la Mecque du blues pour réaliser son rêve. Même à Detroit, la Motor town, il est ouvrier la journée chez Ford pour pouvoir jouer la nuit, et ses premiers enregistrements en 1948 révèlent déjà un style peu académique qu’il cultivera toute sa longue carrière. Il joue un blues poignant et un boogie plus rapide ( pas le boogie woogie qu’on joue au piano dans les honky tonks mais une adaptation à la guitare). Plus tard  dans les années soixante, il s’essaiera au folk, car il sait sentir les changements de tendance. Il chante sa vie, sa misère et celle des autres, de sa voix rauque, persuadé qu’on guérit sa douleur par le blues d’où le titre d’un de ses plus grands succès “The healer” en 1989! Il est l’auteur de thèmes qu’il a joué tout au long de sa carrière dès son tout premier single “Boogie Chillen”,“Crawling King Snake” jusqu'à “Boom Boom” de 1992 .

Il a su donner au blues un son qui lui est propre, en renonçant au traditionnel 12 mesures pour un groove funky intense et profond. Quatre fois lauréat d’un Grammy Award, ce guitariste improbable, ce type analphabète mais rusé a su forger sa légende.
Il connaît assez vite le succès et  dès 1951, “I’ m in the mood” est l’occasion d’une première grande tournée avec le fidèle et dévoué Eddie Kirkland.
Ses premiers succès ne l’ont pas rendu riche, il doit multiplier les enregistrements pour s’en sortir, sous divers pseudonymes, n’ayant jamais pu toucher ses droits d’auteur. Toute sa vie, il jouera, gravera des enregistrements et fera des tournées pour vivre et assurer la matérielle. Il connaîtra une longue suite d’errances, toujours sur les routes en France, en Europe dans les années 70 pour se payer les grosses voitures, les costumes bien taillés qu’il affectionne.   

On reconnaît tout de suite sa signature, son style inimitable, il est l’esprit du blues du delta. Il ne respecte pas les règles, suit son rythme intérieur, chante les accords quand et comme il le sent, s’adapte continuellement, n’hésitant pas à reprendre inlassablement ses titres puisqu’il les joue différemment,  se révélant un grand improvisateur, les “hookerisant”. Il joue sans mediator, à la pulpe des doigts, des riffs bien à lui. S’il n’a pas inventé le blues, il l’a doté d’une grammaire et d’un vocabulaire originaux, une langue assez subtile pour l’assurer que personne ne la maîtrise mieux que lui. Et d’ailleurs, il aime jouer seul. S ’il n’aime pas les groupes, il les utilise de façon originale, laissant ses musiciens libres avant ou après qu’il ne monte sur scène, car alors, ils doivent jouer pour lui et s’adapter!               
Outre ses tubes, son influence fut grande : Miles Davis l’admirait " You are the funkiest man alive” et ils firent la B.O du film de Dennis Hopper The Hot Spot. Hooker fit partie des Blues Brothers de John Landis  chantant  "Boom Boom" et "Boogen Chillen" , sans pour autant être crédités dans l'album qui sortit de la musique du film. Encore une occasion en or qu'il a laissée filer... Admiré de toute la jeune scène britannique rock qui va devenir "blues crazy" en 1962, lors d'une tournée qui passe par Manchester, Eric Clapton, les Animals d'Eric Burdon, le Spencer Davies group, John Mayall, tous reprennent des titres de John Lee quand ils ne jouent pas avec lui. Il inspira autant Canned Heat que Keith Richards et les Stones, Jimmy Page et les Yardbirds, Bowie, Peter Townshend... 

Partageant sa passion pour la littérature, Olivier Renault, libraire dans le 14ème arrondissement parisien, complète en l' élargissant sa recherche en faisant quelques pas de côté, dans des chapitres passionnants comme le Delta où il plante le décor ou celui sur Detroit, la ville où Ford établit son usine en 1903.


Sophie Chambon
 

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19 novembre 2019 2 19 /11 /novembre /2019 00:01

THE BIG LOVE : Vie et mort avec Bill Evans
Laurie Verchomin
Jazz & Cie
135 p
19,90 euros
 

Laurie Verchomin est la femme qui a partagé les dernières années de la vie de Bill Evans et qui, longtemps après la mort du pianiste, raconte aujourd'hui une brève histoire d'amour, la leur.
Près de 40 ans se sont écoulés et Laurie depuis a dû vivre depuis sa vie de femme. Mais la trace laissée dans sa vie par le pianiste, génie tourmenté s'il en est, est restée, on s'en doute indélébile.
Laurie Verchomin raconte le souvenir de ces quelques années où elle a pu partager sa vie avec lui. 30 ans les séparent. Mais ils se trouvent. Et l'auteure dit avec honnêteté qu'elle n'est pas toujours très sure aujourd'hui de ses propres souvenirs et admet qu'elle s'accorde la licence de broder un peu.
Mais durant toutes ces années, elle a écrit Laurie et a gardé ses quelques notes prises dans son carnet intime.
Et ce que dit ce livre est juste une histoire d'amour. Sans jamais aucun pathos, Laurie Verchomin touche au coeur et émeut. Chaque ligne est d'une confondante simplicité. Sans aucune niaiserie.
Ces lignes viennent du fond de l'âme et sont marquées d'une incroyable poésie sur lesquelles passe l'ombre fantomatique du pianiste qui semble flotter au dessus de sa propre vie.
Touchant, ce livre se présente  dans un format original et est accompagné de 4 titres inédits présentés (c'est un peu dommage) sous forme d'un 45tours.

Bill vient de mourir. Laurie se trouve à l’hôpital et voit le corps du pianiste. Sur son carnet, elle écrit ces lignes :
« Bill flotte sans effort au-dessus de son corps allongé sur la table de la salle d’urgence. Les ampoules fluorescentes ont cessé de lutter contre le souffle agonisant de son corps physique.
A présent, nous sommes en union. Bill m’observe assise dans la salle d’attente m’agrippant à sa veste tâche de sang. Il me suit à la salle de bains où il m’aide à vider ce qu’il reste de sa réserve personnelle de cocaïne - à peine un gramme - dans la poubelle.
Il m’encourage à noter mes impressions du moment - à prolonger ce moment pour l’éternité. Il se tient debout entre nos vies - y réant une ouverture à mon intention. Sans jamais m’abandonner - il m’encourage gentiment.
J’apercois le vide qui l’entoure et je souhaite de tout coeur aller le rejoindre et partager so bonheur. Ce qui m’est refusé en raison de la jeunesse de on corps et de la tache inachevée.
Je reste en retrait pour me réapproprier  notre amour parfait dans cette chambre que j’ai créée dans mon coeur (5/4). Cette pulsion arythmique qui me transporte jusqu’au bar.
Nul ne connaît ce rythme intérieur bien spécial que je porte en moi désormais. C’est notre secret.
Notre amour parfait - que nul ne peut atteindre. il est nôtre pour l’éternité.
Nous sommes imbriqués l’un dans l’autre, enchainés par l’amour, la mort et le sang.
Bill se remémore sa vie, ses récits inondants sa conscience en pleine évolution et déferlant sans interruption vers un entendement. Les croyances se désintègrent et les récits se transforment en couleurs puis en musique et, finalement, l’intime compréhension qu’il a tenté d’atteindre pour qu’il puisse en rire.
La perfection, la beauté, l’illumination. Il redevient lui-même. »

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18 septembre 2019 3 18 /09 /septembre /2019 12:21
PHILIPPE BROSSAT STREETS OF NEW YORK L’histoire du rock dans la BIG APPLE

PHILIPPE BROSSAT

STREETS OF NEW YORK L’histoire du rock dans la BIG APPLE

LE MOT ET LE RESTE

Sortie le 19 septembre 2019.

https://www.librairie-voyage.com/amerique-du-nord/le-mot-et-le-reste-editions-streets-of-new-york-l-histoire-du-rock-dans-la-big-apple.html

 

Alors que l’on se prépare à aller faire un tour à New York avec Woody ALLEN et son jour de pluie à New York, sort concomitamment le livre des éditions marseillaises Le Mot et Le Reste, Streets of New York, l’histoire du rock dans la Big Apple.

Ce livre est enthousiasmant : à chaque page, à chaque rue, il évoque des souvenirs, des anecdotes qui balayent bien plus large que ce que le titre sous entend. Il s’adresse en effet aux passionnés de musiques, de toutes les musiques, du jazz au rap sans oublier la pop, le rock puisque la Big Apple a inspiré tous les styles, a vu naître tous les grands courants.

Pour découvrir New York autrement, pour tous les amoureux de cette ville qui pourraient dire à l’instar de Woody Allen, en ouverture de Manhattan, en voix off , quand il déclare sa flamme à la ville : Quelle que fût la saison, New York existait toujours et vibrait aux sons des grandes mélodies de George Gershwin….New York was his town and it always would be.”

Philippe Brossat va bien plus loin que le Manhattan Man: cette ville qui n'est pas la sienne, lui colle aussi à l’âme. Il arrive à nous la faire revivre  en organisant une visite méthodique, du Sud au Nord, avec, dès l’introduction, un plan très simple pour se situer entre Manhattan, Bronx, Queens et Brooklyn.

L’auteur qui a passé plus de vingt ans à sillonner la ville à la recherche de traces, d’empreintes, en a photographié le plus souvent les lieux marquants. Il vous en fait aimer ses rues, ses parcs, ses maisons... Et ceux qui y vécurent : comme dans le film de 1948, Naked City, où Jules Dassin évoque les millions d’ histoires qui se déroulent dans cette cité sans voiles.”

C’est le guide le plus complet, absolument indispensable d’une époque et de sa culture, à travers toutes ses formes artistiques, de la littérature au cinéma, sans oublier la peinture, l’architecture (Soho et ses cast-iron buildings reconvertis en lofts), la photo, la danse….Comment s’organise ce livre plus passionnant que le Routard ou Lonely planet?

Un paragraphe introductif sur chaque quartier donne envie de vous aventurer dans ces pages comme si vous arpentiez le macadam. Le seul Manhattan est découpé en onze zones, ce qui vous permet de quadriller la ville et de vous repérer rapidement .

Ce livre me rappelle le merveilleux Je me souviens de Georges Perec, même si Philippe Brossat fait plus oeuvre de reporter-historien que d’écrivain: ce même souci de listes avec un désir d’exhaustivité. On est saisi par une même émotion à l’évocation de ce qui a compté, lors des cinquantes dernières années du XXème siècle, une grande partie de la vie artistique défile sous nos yeux avec souvent la nostalgie de ce qui n’est plus.

On peut lire d'un trait ces Streets of New York, linéairement, chronologiquement ou picorer au hasard. Se servir aussi d' un index formidable qui vous permet de localiser Charles MINGUS, Woody ALLEN, SAM RIVERS, Dizzy GILLESPIE et Charlie PARKER au Town Hall en 1945, John COLTRANE, Bill EVANS au Village Vanguard, Joni MITCHELL… mais aussi Bob DYLAN, les frères Coen dans le Greenwich Village d’ Inside Llewyn Davies, Patti SMITH posant pour Robert MAPPLETHORPE pour la mythique pochette de Horses, toutes les icônes de la pop, des lieux mythiques comme le Chelsea Hotel(W 23th street/7Av.) Andy WARHOL, Lou REED, NICO et le Velvet, David Bowie, John Lennon et Yoko au DAKOTA sur Central Park West, qui abrita aussi Léonard BERNSTEIN, les studios d’enregistrement ( Tower Records/ Pazz and Jop Music Polls The Village Voice) et les galeries d’art, Jean Michel BASQUIAT, MADONNA… 

Ce New York deviendra un peu le vôtre et avec ce livre, vous déambulerez d’un bloc à l’autre, dénichant appartements, restaurants, galeries, cinémas, théâtres... Alors, n’hésitez plus, procurez-vous ce Streets of New York très vite.

 

Sophie Chambon

 

 

 

 

 

 

 

 

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11 février 2019 1 11 /02 /février /2019 10:07
STEVE POTTS Avec la collaboration de MICHEL EDELIN           BUCKET OF BLOOD

STEVE POTTS  Avec la collaboration de MICHEL EDELIN

BUCKET OF BLOOD

MEMOIRE DE JAZZ

Mise en forme des propos de Steve POTTS avec des textes additionnels de Michel EDELIN

EDITIONS LENKA LENTE, 2019.

 

http://www.lenkalente.com/product/bucket-of-blood-de-steve-potts

A venir : Jazz club vu du bout du bar le 22 Février 2019 au Comptoir, à Fontenay sous bois   https://www.fest.fr/jazz-club-vu-du-bout-du-bar-612401.html

Ce petit livre sensible et élégant se lit d’une traite et le titre français résume parfaitement son propos. Il est tendu autour de la trajectoire du saxophoniste alto, soprano, et flûtiste, Steve Potts né à Colombus (Ohio), en janvier 1943, ( il a juste cinq ans de moins que son ami et maître Charles Lloyd). Il a très vite été fasciné par le jazz et les musiciens, Buddy Tate étant le cousin de son père. Il raconte certains épisodes de sa vie de jazzman, d’abord aux Etats-Unis, où il côtoya les plus grands ( Eric Dolphy, Sam Rivers, Larry Coryell, Chico Hamilton, sans oublier Coltrane, Miles Davis, Herbie Hancock, Ron Carter qui lui enseigna l’harmonie, Wayne Shorter ) puis en France où il s‘est installé dès 1970, fuyant la guerre du Viet Nam qui ne le concernait pas et la ségrégation, si active dans son pays. Il avait envie d’autres horizons et il rencontra les Américains expatriés ou de passage, joua ainsi avec l’Art Ensemble de Chicago. Les Parisiens qui fréquentaient le club mythique des Sept Lézards, aujourd’hui fermé, auront eu la chance de l’entendre jouer dans diverses formations, la plus célèbre étant celle de Steve Lacy, avec lequel il entama une fructueuse et durable collaboration dès 1977; mais il dirigea aussi son propre quartette, enregistra relativement tardivement en leader avec Richard Galliano, Jean-Jacques Avenel, Bertrand Renaudin, anima des ateliers avec Sophia Domancich, Simon Goubert et Michel Edelin.

 

Steve POTTS est aussi un remarquable conteur qui a trouvé une oreille attentive et amie, celle d’un musicien complice, pour recueillir ses confidences, soir après soir, apres les gigs, aux Sept Lézards. Le flûtiste Michel EDELIN montre un vrai talent d’auteur, une authentique habileté pour “enregistrer” souvenirs et anecdotes savoureuses. Il a une écriture pénétrante qui sait aussi tenir l’émotion à distance même quand il s’agit de sujets graves. Ce livre devient ainsi le témoignage d’une époque, évoquant la ségrégation et le racisme, plongeant dans les démons toujours actuels de l’Amérique, évoquant le mode de vie et les problèmes d’addiction des jazzmen. Tous deux parlent sans complaisance mais avec grande justesse du public qui n’a pas du talent tous les soirs, des patrons de club peu honnêtes, des amateurs soi-disant éclairés et des critiques.

 

On apprend page 63 l’origine du titre anglais du livre “Bucket blood”, devenu l’indicatif de Steve Potts:“Dix huit notes. Seulement dix huit notes qui animent la mèche de l’improvisation libre”. Une activité à risque sans aucun doute. “Dans chaque ghetto noir des USA, il y avait des boîtes où des gens allaient faire la fête, des soirées trop arrosées qui se terminaient par des bagarres… Quand la femme de ménage passait la serpillière, le seau était plein de sang.”

 

Steve Potts parle avec beaucoup d’humilité de la musique : esprit d’ouverture, honnêteté intellectuelle, simplicité, sens du groupe. Un esprit de famille auquel il croit fermement d’où le nom de son quintet Steve Pott & Family. Il revient souvent sur le danger des étiquettes dans le jazz, à l’origine de ruptures tout à fait artificielles, détruisant une progression naturelle, organique avec quelques accélérations dues à des musiciens particulièrement créatifs et audacieux. Sait-on qu’il ya passage de relais et non rupture? Jackie McLean est l’un de ses héros avec Dolphy et ce point, moins anecdotique qu’il y paraît, peut expliquer le choix de la maison d’édition Lenka Lente de dresser ce portrait émouvant et juste de Steve Potts, après deux ouvrages sur Dolphy et McLean justement!

Sous le charme, on se laisse conduire par ce texte, construit en une succession de fragments, composition de courts chapitres sans titre, reprenant le rythme d’une conversation échangée, soir après soir. Riche de toutes ces histoires, la langue ludique, inventive, poétique souvent, interroge sur la fonction de cette musique et ceux qui la pratiqu(ai)ent.

Bucket of blood, à découvrir pour ceux qui aiment le jazz et encore plus les jazzmen.

 

Sophie Chambon

 

 

 

 

 

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28 octobre 2018 7 28 /10 /octobre /2018 20:39

Daniel Humair, A bâtons rompus. 

Postface de Francis Marmande. Collection Paroles. Editions MF. 176 pages, 13

euros. Octobre 2018

Quelle lecture rafraichissante et instructive à la fois. En déballant sa malle aux souvenirs, Daniel Humair (4 fois 20 printemps)  nous donne une leçon de vie, sa version toute personnelle qui se résume en un seul mot, liberté. « Je ne veux pas qu’on m’emmerde. Et j’essaye de ne pas emmerder les autres. On ne peut pas trouver une musique où on soit plus libre que le jazz. Dans mon parcours musical, j’ai été assez libre » (p.108). En six décennies, il en a croisé et accompagné des jazzmen, le batteur suisse et qui a conservé sa nationalité de naissance même s’il se trouve plus libre en France. Dans ces entretiens avec Franck Médioni présentés sous forme d’abécédaire, ils sont croqués, anecdotes à l’appui, par un artiste qui a le trait juste, tour à tour admiratif ou saignant. « A bâtons rompus » n’est pas seulement un carnet d’impressions d’un jazzman maestro de l’improvisation où l’on retrouve Bud Powell, Martial Solal, Michel Portal, Kenny Dorham, Barney Wilen, Jean-François Jenny-Clark, Kenny Clarke, Sadi Lallemand, Michel Hausser (liste naturellement non exhaustive). Daniel Humair nous présente sa vision du jazz et de ses composantes (swing, solo, tempo…)avec une liberté de ton qui caractérise ce livre de poche, ode au jazz bien revigorante. Et c’est avec la même gourmandise que le musicien traite de ses deux autres passions, la gastronomie et la peinture. « Peintre abstrait, batteur concret », pour reprendre la définition de Francis Marmande, Daniel Humair se découvre tout au long de ses 176 pages. Laissons lui le dernier mot (à la rubrique Zygomatiques qui referme l’abécédaire) : « J’aime la vie. J’aime ma vie. (…)Pour être honnête j’ai l’impression d’être toujours au premier jour ».
Jean-Louis Lemarchand
 
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1 juillet 2016 5 01 /07 /juillet /2016 16:47
Ma Playlist de l'été (II) : Polyfree. La jazzosphere et ailleurs...

Pour accompagner des vacances bien méritées, deux conseils de lecture

GARRISON FEWELL

De l’esprit dans la musique créative (Outside Music, Inside Voices)

Traduction de Magali Nguyen The

Edition Lenka Lente

Voilà un bouquin absolument étonnant de par la thématique choisie : aborder la pratique de l’improvisation et le quotidien de musiciens singuliers, ignorés du commun des mortels qui ne s’intéressent pas à la jazzosphère, par le filtre assurément opaque de la spiritualité ! Un sujet brûlant dans cette époque troublée, confuse, qui développe un chaos « fin de civilisation » plutôt qu’une émergence de nouveaux concepts.

Ce qui est particulièrement émouvant, c’est que l’auteur de ce livre, Garrison Fewell, compositeur et guitariste professionnel ( qui a joué notamment avec John Tchicai, Roy Campbell, Steve Swell, Cecil Mcbee ) a réuni patiemment les témoignages de musiciens américains pour la plupart, figures emblématiques du free jazz et de l’improvisation libre, en leur posant cette question : Comment les valeurs spirituelles guident-elles les musiciens improvisateurs dans leur art aussi bien que dans la vie ? Sujet qui le hantait d’autant plus que la maladie l’avait frappé, qu’il croyait en cette affirmation d’ Albert Ayler « Music is the healing force of the universe » et qu’il est mort depuis la parution de l’ouvrage.

Selon un dispositif précis, il interroge 25 musiciens de jazz sur leur pratique et rencontre avec la spiritualité. Sur la page de gauche, une photo pleine page de Luciano Rossetti qui ouvre sur l’entretien, qui porte toujours un titre éclairant.

Hormis les deux Européens (ce n’est peut être pas anodin), le batteur néerlandais Hans Bennink et la pianiste suisse Irène Schweitzer qui ne se reconnaissent pas dans une démarche empreinte de forte spiritualité, la plupart se tournent vers un ailleurs œcuménique, au-delà des religions traditionnelles, comprenant la pratique de l’improvisation dans un mouvement plus large qui oriente leur vie (« S'abandonner à cette force génératrice » pour Mathew Shipp, « être ouvert à l’imprévu »pour Myra Melford, savoir que le blues est à l’origine de tout (Oliver Lake), trouver une sortie (Henri Threadgill), atteindre l’infini par cette force mystérieuse et universelle ( Joe McPhee), "Improviser c’est composer" pour Joelle Léandre ) . Comme le souligne justement Ed Hazell dans la préface, le véritable esprit de la musique ne résiderait--il pas dans ce besoin vital de se connecter ?

On relèvera dans cette série d’entretiens que l’on peut lire à son gré, selon l’humeur et la prédilection envers certains musiciens, un florilège savoureux qui donne envie de rentrer dans le vif du sujet.

Ce livre s’adresse à tous les amateurs (convaincus) de jazz libre et aux néophytes tout simplement intéressés par l’influence du spirituel dans l’art...

Sophie Chambon

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