MARIA GRAND with MARTHA SANCHEZ : “ Anohin”
Biophilia records 2024
Maria Grand (vc, ts), Martha Sanchez (p)
Lorsque vous posez le CD de ce nouvel album de la saxophoniste Suisso-argentine, Maria Grand vous savez d’entrée que vous avez à faire à n objet iconoclaste. Inclassable.
Car celle qui s’est imposée depuis plusieurs années sur la scène créative new-yorkaise aux côtés de musiciens comme Aaron Parks, Nicole Mitchell ou Mary Halvorson ne cesse de creuser un sillon où l’ancienne avant-garde n’est jamais très loin. On est proche de ce qui se faisait à l’orée de la scène free de New-York sur les scènes undergound des années 70.
Avec Maria Grand la musique est éloignée de sa seule conception de saxophoniste. Il y a donc du texte, de la voix, de l’engagement et de la poésie dans une forme où elle trouve une très grande liberté au dire. Jusqu’au « lâcher prise ». Maria Grand semble s’avancer en exploratrice.
Avec la pianiste espagnole Martha Sanchez, elle navigue ainsi entre les mots et les sons dans une sorte de complainte déchirée. Jamais sur le registre de la mélodie mais toujours entre écriture et improvisation, Maria Grand dessine des formes complexes et destructurées et, ainsi que le rappelle Vijay Iyer, « conceptuellement audacieuse ».
On pourrait croire à une forme de performance performative. Mais on y décèle en fait une forme de sincérité. On veut y croire à tout le moins.
Jean-Marc Gelin