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23 novembre 2022 3 23 /11 /novembre /2022 16:43
SOMEDAY                    MARC  COPLAND  QUARTET

SOMEDAY Marc Copland Quartet

 

Marc Copland (piano), Robin Verheyen (tenor and soprano saxophones), Drew Gress (bass), Marc Ferber (drums)

 

Label InnerVoiceJazz New York

Welcome » Innervoicejazz

 

En réaction à la pandémie et au repli qui s’en suivit, le pianiste Marc Copland éprouva la nécessité de revenir au monde, à la musique et fit appel à des compagnons de route de longue date pour un nouvel album sorti sur son propre label fondé en 2016, le bien nommé InnerVoiceJazz . Signes distinctifs, l’élégance sobre de la pochette et pour tout texte, un poème de son ami Bill Zavatsky.

Le pianiste revint en quartet pour une rencontre créative et mémorable dans un studio du Queens, au début de l’année 2022, d’où sortiront cinq compositions dont deux standards. Marc Copland ne rechigne pas à revenir aux fondamentaux- il sait d’où il vient : il s’est décidé pour un swingant monkien “Let’s cool one” qui n’était pas prévu au départ mais qui apparut possible dans l’humeur groovy du moment et pour le final de l’album, ce “Nardis” que s’attribua Miles en profitant quelque peu de Bill Evans. Pendant la séance surgit une irrépressible envie de jouer et de composer à quatre, la forme de la musique à venir : alors, pendant une heure, sans prendre aucune pause, ils se lancèrent comme ils l’auraient fait en club en un set. Le résultat fut à la hauteur : trois nouvelles compositions et non des moindres furent retenues, “Nardis”, une ballade de Robin Verheyen, “Dukish” qui annonce la couleur, en hommage à Ellington et “Someday my prince will come” qui inspire le titre de l’album Someday, allusif au standard inoxydable Someday My Prince Will Come. La composition de Frank Churchill et Larry Morey est liée à l’enfance et au cinéma, à la chanson de Blanche-Neige et les Sept Nains,  le Disney de 1937 que tous les jazzmen ont repris, Dave Brubeck en premier en 1957, Donald Byrd, Miles avec son sextet où Bill Evans se l’appropria tellement bien qu’il est irrémédiablement associé à ce thème.

Dès les premières notes de “Someday my prince will come” qui ouvre donc l’album, on ressent une intense réciprocité d’écoute, et on devine le propos finement structuré d’un quartet dont l’autorité est à toute épreuve. Il est vrai que des musiciens chevronnés comme le pianiste et le contrebassiste Drew Gress n’ont plus grand-chose à prouver. Ils continuent néanmoins à travailler, explorer les limites de cette musique, faisant entendre ce chant intérieur qui les anime, tendant vers l’esprit même de cette musique, à travers des signes qui ne répondent à aucune nostalgie. Dans le quartet se crée ainsi une combinatoire où chacun suit sa voie tout en retrouvant les autres à chaque occasion, une entente assez idéale dans le partage.

Avec le saxophoniste Robin Verheyen, Marc Copland expose le thème et on sent qu’ils n’ont pas eu à réfléchir longtemps pour s’ajuster, dans une grande fluidité. Marc Copland, quand il écoute le ténor d’origine belge, n’a pas oublié qu’il fut saxophoniste avant de se mettre au piano. Tous deux s’entendent pour développer de nouvelles idées d’harmonie et de mélodie.  Ils réussissent alors ce tour de force de s’inscrire dans l’ histoire du jazz tout en favorisant de nouvelles percées, réinventant les formes d’une musique qui n’oublie jamais le sens de la liberté. Avec la finesse de touches impressionnistes, on savoure cette retenue qui rejoint un art consommé de l’implicite. Rien de mieux qu’une ballade pour apprécier le travail de ces virtuoses, leurs justes couleurs et groove aérien. Mais on ne saurait rester sur cette douceur ineffable quand on écoute “Round she goes” ou “Spinning things” qui nous cueillent à revers, la vitalité irrépressible, le rebond réjouissant de Mark Ferber, la verve narrative de Robin Verheyen rompant alors l’ensorcellement possible de ces tourneries car ils font circuler autrement la poésie du moment. Stimulant!

Sophie Chambon

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