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8 février 2008 5 08 /02 /février /2008 06:49

Volcanic records 2007


Tchangodei.jpg

 

Franchement on y croirait. A entendre Tchangodeï, on pourrait effectivement croire à un genre de bluesman venu direct du Delta dans la pure tradition du blues bien gras, celui qui vous colle aux basques. Une voix rocailleuse, un brin facétieuse. Une voix fatiguée de celui qui a trop fumé (on ne sait pas trop de quoi d’ailleurs), de celui qui a peut être trop bu aussi et beaucoup bourlingué. Traîné ses guêtres au bar des comptoirs dans les clubs de jazz à la nuit tombée.

Il faut dire que Tchangodeï n’est pas un inconnu dans le milieu du jazz. Songez que la garçon a tout de même tenu le clavier aux cotés Steve Lacy, Archie Shepp, Georges Lewis, Mal Waldron, Sunny Murray, Sonny Simmons, Louis Sclavis … Avouez que l’on aurait pu trouver pire comme référence….

Tchangodeï surprend à plus d’un titre. D’abord par ce qu’il allie le piano stride et boogie avec le blues chanté le plus caverneux. Un blues qui flirterait avec Waller, avec Earl Hines et Jerry Roll Morton. Mais Tchangodeï ne s’arrête pas là et évite les clichés pianistiques de manière étonnante. Il n’est que d’entendre un titre comme Electronic Blues spiritual pour se rendre compte que Tchangodeï entend bien moderniser le genre dans une forme assez inédite et bigrement séduisante. Une sorte de piano bastringue accompagne sa voix avec une rythmique en overdub. Mais Tchangodeï surprend aussi avec une voix paradoxalement très blanche qui évoque plus Jacques Higelin ou Tom Waits que James Blood Ulmer. Du coup il se joue des contrastes. Son côté activiste au piano, stride et nerveux vient en contrepoint d’une voix quelque peu « lazy », au chant traînant, dans une sorte de lascive posture. Contraste gagnant !

Tchangodeï joue des standards (Darn that dream), les chante aussi (très beau Memories of you), compose lui-même et écrit parfois les paroles. Son Europe promise derrière un magnétisme envoûtant sonne comme une cruelle et sombre mise en garde à tous les prétendants à l’exil. C’est simplement que Tchangodeï dit la même chose que les vieux bluesmen du Delta. Il dit une forme de désespoir traînant, brut, Terriblement brut. Son piano le rend optimiste et incroyablement vivant.                     Jean-Marc Gelin

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