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21 avril 2008 1 21 /04 /avril /2008 08:11

Subséquence 2008

Eric Löhrer (g), Jean-Charles Richard (ss), Eric Surmenian (cb), Patrick Goraguer (dm)




 

 Il y a ce que l’on savait. Il y a ce que l‘on devinait. Enfin il y a ce que l’on ignorait. Ce que nous savions, nous le tenions du premier album de Jean-Charles Richard qu’il avait réalisé en solo au soprano et au baryton. Nous avions alors écrit qu’il y avait chez ce musicien quelque chose que nous ne trouvions nulle part ailleurs, une sorte d’expression directe de l’âme. Ce  que nous devinions c’était le très grand talent de Éric Löhrer dont on savait pour l’avoir entendu aux côtés de Julien Lourau sur Fire and Forget, combien ce garçon comptait parmi les futurs grands guitaristes. Enfin ce que nous ignorions c’était que ces deux musiciens préparaient un disque ensemble et allaient se rencontrer sur des compositions du guitariste pour un  album qui à tous les coups va marquer fortement cette année musicale. Peut être même voué à quelques distinctions suprêmes. Il faut dire que rares sont les albums qui reposent sur autant de talents au service d’une émotion et d’une énergie si bien partagée. Une musicalité qui s’exprime autant dans le fond que dans la forme. Dans l’intention du jeu du saxophoniste que dans celle des compositions superbes du guitariste. Il y est alors question de tendresse ou de mélancolie (Dolce Vita). Il y est question de faire swinguer le blues avec autant de facilité que de gravité (582 Blues). Il peut y être question de tristesse aussi (Sélène Song). Il y est question d’eau forte. Il est question de la pureté des sons autant que de la ligne mélodique simple. Il est surtout question de transcender cette ligne mélodique en la portant au paroxysme de son exaltation. A ce titre le jeu de Jean-Charles Richard est saisissant. Quelque chose d’essentiel dans son jeu comme dans celui des très très grand. Comme Coltrane, quelque chose de fondamental, un élan irrésistible. Un flux vital qui passe de lui à nous. Dans un morceau comme Boréale, le saxophoniste tient la note droite et rectiligne alors que dans Moons (seule pièce de sa composition) il semble s’enrouler autour de son soprano, sort quelques notes dans l’aigu avec une pureté extatique saisissante dans sa musicalité. Éric Löhrer dont c’est pourtant son propre disque semble cependant un peu trop en retrait à notre sens si l’on en juge les quelques fois où il se met en valeur et où l’on perçoit le guitariste rare capable avec finesse et nuances d’exprimer la légèreté et la gravité profonde avec autant d’aisance naturelle. La puissance et l’incroyable pureté du jeu de Jean-Charles Richard amène le guitariste à plus de réserve ce que l’on peut regretter un peu d’autant que Löhrer semble disparaître pendant quelques titres. En fin d’album India vient conclure admirablement cet album avec beaucoup d’à propos. Cette élévation toute coltranienne  à laquelle Jean-Charles Richard nous avait convié trouve là son point culminant, saisissant dans son inspiration et dans la tension qu’il induit. Furtivement Eric Löhrer sonne comme Hendricks et l’on devine alors chez lui le grand guitariste qu’il est  et dont le talent rare ne manquera pas dans les années à venir, de frapper les esprits.                                                            Jean-Marc Gelin

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commentaires

J
Un album magnifique où se distingue effectivement le superbe<br /> Jean-Charles Richard. Personnellement, j’ai trouvé une belle humilité de la<br /> part du guitariste, qui à mon sens, fait signe d’une certaine maturité en<br /> laissant parler plus sa musique que sa musicalité personnelle.<br /> Son talent, était déjà hautement perceptible lors de son<br /> premier album gravé il y presque 20 ans je crois. Même si d’Eric Löhrer se<br /> retrouve souvent sur le devant de la scène, notamment au sein des formations de<br /> Julien Lourau, je trouve que l’on ne parle que très peu de lui alors qu’il demeure<br /> un des grands guitaristes actuels, une évidence qui effectivement ne tardera<br /> pas à sauter aux oreilles de la presse.
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