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4 décembre 2006 1 04 /12 /décembre /2006 22:31

JJJJ WORLD SAXOPHONE QARTET : “ Political blues “

 

 

Justin Time 2006

 A l’instar de leur dernier opus « Experience » en hommage à Jimi Hendrix, les trois anciens du World Saxophone quartet ont complété leur trio avec deux jeunes saxophonistes (Bruce Williams, Jaleel Shaw) et se sont adjoints une rythmique pour la moins efficace (Jamaaladeen Tacuma, Lee Pearson). Ce ne sont pas les seules expériences du WSQ que de s’accompagner d’une section rythmique : on se souvient de « Metamorphosis » en 1990 avec tambours et tam-tams africains plutôt démoniaques.

 

 

Comme si cela ne suffisait pas, le quartet a, entre autres, fait appel au sublime tromboniste et joueur de didjeridoo Craig Harris, au talentueux trompettiste new-yorkais Jeremy Pelt, James « Blood » Ulmer et Hervé Samb aux guitares. Pour rappel, quand même, les trois saxophonistes historiques du WSQ sont (Hamiet) Bluiett au sax baryton, Oliver Lake à l’alto et au ténor David Murray, grand leader du groupe et que l’on entend beaucoup sur les cds du WSQ. Bref pas de manchot !

 

 

En plus de 30 ans, David Murray aura rendu hommage aux jazz(s) (ragtime, bebop, spiritual…), puis aux origines lointaines du jazz avec de nombreux projets autour des musiques noires africaines (en témoignent ses Gwo Ka projets). Le WSQ, seul aux saxophones, avant ce tribute très réussi et inventif à Jimi Hendrix, avait déjà évoqué la Great Black Music avec l’album « Rhythm and Blues ».

 

 

Et voilà ce nouveau projet « Political Blues » dont le titre évocateur nous fait miroiter groove transpirant et jazz investi de « protest music » noire américaine.

 

 

Ce « Political Blues » est une critique du contexte politique américain actuel (« Spy on Me Blues ») et de la situation difficile des noirs des Etats-Unis (« Harlem »), qui réclament de l’aide, leurs désillusions avec le satirique « Amazin’ Disgrace » de Bluiett , face au gouvernement Bush.

 

 

La belle suite « Bluocracy » de Craig Harris s’interroge sur ce que sont devenues les traditions noires américaines, ce que sont devenus les noirs américains des années 60 et qui sont ils aujourd’hui. Il s’agit aussi d’une remise en question. Ce n’est pas une nouveauté chez le WSQ, mais une fois encore les arrangements sont osés surtout lorsqu’ils sont destinés à une anthologie comme « Mannish boy » que l’on redécouvre ici.

 

 

Pour autant, on ne retrouve pas le côté avant-gardiste radical du WSQ d’antan : certes les envolées saxophonistiques existent toujours mais sont tempérées par une musique chaude, positive, sceptique mais courageuse. Ces musiciens ont parfaitement réussie à transmettre leur message avec sobriété et efficacité et surtout dignité pour une musique belle et dansante.

 

 

Certainement l’un des meilleurs albums du WSQ.

 

 

Jérôme Gransac

 

 

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