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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 23:25


Depuis quelques jours, tout le monde m'appelle Henriette….
Pourtant, Bob, le chauffeur d'une des navettes affrétées par le festival, m'indique qu'il y a aussi la potée sarthoise… et le Jasnières pour faire glisser tout ça.
Me voici donc, débarquant au Mans pour la première fois, et constatant une fois de plus que jazz et gourmandise vont de pair.

La gourmandise des oreilles d'abord,  puisque le festival EUROPA JAZZ résonne au cœur de la ville, où trois lieux historiques abritent les concerts de cette 33ème édition : la Collégiale Saint-Pierre-la-Cour, la Fonderie et l'Abbaye de l'Epau.

EUROPA-JAZZ-Abbaye-de--Epau.JPGAbbaye de l'Epau - Photo E. Lacaze


En pénétrant dans la Collégiale pour le premier concert de cette journée du jeudi 3 mai, des ondes sonores étranges me happent et me chiffonnent les tympans. Au centre d'une petite scène à la dimension du lieu intime, se tient Fanny Lasfargues, la tête penchée sur le manche de sa contrebasse, une mèche rebelle et pudique lui cachant une grande moitié du visage, comme si elle n'osait pas être vue. A sa droite, une table recouverte d'un tissu noir, où reposent ses accessoires, baguettes, pinces… A ses pieds, outre le public accroché à sa musique, des pédales de sample qu'elle actionne doucement d'une jambe gainée de bas ajourés.
EUROPA-JAZZ--Fanny-Lasfargues.JPG

Fanny Lasfargues - Photo E. Lacaze

Je viens en fait de pénétrer de plain–pied dans une bulle sonore, comme si j'avais plongé dans le Grand Bleu. Les sons lancés par Fanny sont des plaintes de baleine, des murmures de dauphin, le ressac d'une vague tendre. Elle emporte le public dans son monde intérieur, agité parfois de montée puissante, bercé de boucles sonores hypnotisantes. Elle caresse les cordes de sa contrebasse avec le manche d'une baguette, les frôle de ses doigts, les fait grincer, les frappe. Son instrument devient tour à tour une percussion, puis un grand enfant qu'on punit, un amant qu'on cajole.

 

Une des touches originales de ce festival est la bonne idée qu'a eue Armand Meignan d'instaurer un entracte d'une heure entre les deux concerts du soir à l'Abbaye de l'Epau.

EUROPAJAZZ-magic-mirrors.JPGMagic Mirrors - Photo E. Lacaze


Posé comme un OVNI sur la pelouse, le Magic Mirrors sert de cocon à un ciné-concert joliment baptisé "Comme dans un rêve" : Guillaume Hazebrouck (clavier) et Olivier Themines (clarinette) enveloppent de musique les films muets "Sur un air de Charleston" (1926) et "La petite marchande d'allumettes" (1928) de Jean Renoir. Les deux musiciens donnent ainsi aux images une dimension encore plus surréaliste, qui permet de faire une pause hors du temps avant la seconde partie de concert. Le public a ainsi le choix entre se promener dans le parc, palabrer sur la première partie ou se poser dans cette bulle colorée aux lumières tamisées pour déguster un N&B rêveur.

 

Emmanuelle LACAZE

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