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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 19:53

 

Machado-danzas.jpgSortie CD jeudi 4 novembre

BEE JAZZ / ABEILLE

 

Concerts : 23 et 24 novembre au Studio de l’Ermitage (Paris 20ème)

 

 

 

Jean Marie Machado  a une actualité particulièrement intéressante, puisqu’il propose, après Eternal moments en compagnie de son ami Dave Liebman, un nouvel opus qui sort chez Bee Jazz  avec sa formation  DANZAS, Fiesta nocturne.

Il y montre qu’il écrit  des compositions  avec soin pour une belle formation qui se moque allègrement des frontières de pays et de styles, tout en ménageant des passages de libre improvisation. Il a réussi à écrire de nouvelles pièces et à improviser à partir de vieilles formes en se laissant influencer par le monde actuel. On peut parler de  tradition toujours en mouvement, mais une tradition « statique » existe-t-elle vraiment ?

Il écrit en essayant de garder le « sentiment » de ces « folklores » bien réels, de conserver des formes consacrées (tango, musette, gigue, valse…) tout en tentant parallèlement de les abstraire. S’il écrit un nouvel air, il faut que l’on puisse dancer dessus -enfin tout est relatif- car ces musiques  contiennent aussi des aspects originaux et étranges, une certaine folie ! Sans collage, car le métissage ne se fait pas en opérant des rapprochements sensationnels, il intégre les musiques, fait ressortir l’intime poésie de chacune et trouve une direction nouvelle, plus  personnelle, sa propre «synthèse ».    

On n‘est pas dans le folklore imaginaire de l’Arfi, mais à certains égards, on pourrait aussi évoquer le travail déjà ancien de Louis Sclavis sur les DANSES justement.

Le compositeur depuis longtemps a su réconcilier toutes ses influences comme dans le bel album consacré  aux « sœurs de sang », Amalia Rodriguez et Billie Holiday , qui réunissait avec bonheur fado, saudade et blues éternel.

Dans ce kaleidoscope de couleurs et de rythmes, on voyage, au son de l’accordéon-conducteur du basque Didier Irthussary (ex ONJ Barthélémy) d’un pays à l’autre, virtuellement  (« Reggae chinois ») selon une géographie imaginaire, réinventée au besoin, adaptée à l’humeur et au talent des partenaires. Cette belle réussite, à la cohérence parfaite, est due à une fine équipe de solistes dont la réputation n’est plus à faire, le tromboniste d’origine bulgare Georguey Kornazov, le tubiste nordiste François Thuillier, deux batteurs coloristes, François Merville et Nicolas Larmignat.

Machado  aime bouleverser les codes, jouer et déjouer les attentes, équilibrer subtilement les passages travaillés en formation (ah le saxophone de Jean Charles Richard, les flûtes de Joce Mienniel, la trompette jazz de Claus Stotter) : des grooves épicés marocains au « reel » irlandais, des tarentelles napolitaines au rock anglo-saxon, on est entraîné dans une sarabande nocturne, parfois sombre et mélancolique. Le jazz ne mêle-t-il pas d’ailleurs le blues et le sens de la fête ?

Un léger parfum « rétro » est vite dissipé par une tension permanente, un sens du tournoiement que n’aurait pas désavoué Ravel : bref,  une vivacité et puissance presque symphoniques pour ce grand format à  dix !

Ainsi, depuis plus de vingt ans, l’infatigable pianiste d’origine portugaise, continue d’inscrire des projets différents mais cohérents dans le fil de sa vie musicale. Il dit vivre« la musique plus comme un passeur qui compose que comme un chercheur … aimer jouer, à sa façon, la musique écrite par d’autres. Le jazz est la musique choisie pour être  libre.  Il fait « son » jazz de rêve, avec la faculté de changer à chaque nouvel album. »

 

Sophie Chambon

 

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