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7 octobre 2006 6 07 /10 /octobre /2006 09:03

JJJ MAIDO PROJECT : « Safran »

Autoprod.

 

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7 octobre 2006 6 07 /10 /octobre /2006 09:01

JJJJ ALFIO ORIGLIO: “Ascendances”

Cristal 2006

 

 

 

 

 

 

Voila un disque original, et qui ne renie pas ses origines latines… On est assez loin de la formule canonique piano-contrebasse-batterie, puisque l’on trouve une basse électrique, à la fois discrète et raffinée, celle de Laurent Vernerey, et Xavier Sanchez aux percussions, notamment au cajon.

 

 

Les percussions forment un écrin chaloupé aux compositions d’Alfio Origlio, dont la principale qualité est d’avoir un jeu romantique, au toucher remarquable, un phrasé subtil, non dénué de lyrisme et de punch si nécessaire. Alfio Origlio ne joue pas simplement du piano, il en joue, s’amuse avec, le fait briller, virevolter, ou au contraire l’étouffe parfois d’une main moqueuse sur les cordes (palm mute disent les guitaristes), bref il l’explore comme on partirait en voyage… On note surtout une réelle attention portée à la mélodie, à la respiration, la longueur des notes, qui donne à cet album une sorte de profondeur très appréciable.  Et l’on comprend mieux dès lors le titre de l’album : « Ascendances »… Peut-être est-il question de nous élever un peu… La photo de la pochette incite il est vrai déjà à la rêverie…

 

 

Ainsi le titre « Alex la glisse » est-il une formidable ballade en duo, avec la contrebasse cette fois, et quelques nappes de synthé très discrètement ajoutées… on est ailleurs !

 

 

L’on retrouve juste après la chanteuse brésilienne Marcia Maria, dont on apprécie beaucoup la voix cristalline et caressante, donnant à ce « Bejo no final » un goût certain de nostalgie…

 

 

Il est toujours question de latinité – méditerranéenne cette fois - dans la reprise de « Tres Notas », composition enjouée du grand guitariste flamenco Vicente Amigo. Il me semble qu’on est dans un registre légèrement différent de celui du maître de Cordoba. Le ‘duende’ bien que présent n’est pas fougueux, l’on ressent ici comme dans tout l’album une sorte de secrète retenue… Après tout, au piano, il est bien normal d’obtenir d’autres climats… Toujours dans un registre flamenquiste, la superbe danseuse Sharon Sultan y va des ‘tacones’ sur « La blonde des rivoires ». Sorte de miniature légèrement inquiétante et sombre, cette plage semble vouloir nous questionner…

 

 

Alfio Origlio a un jeu et une approche bien personnels, il serait malvenu de le lui reprocher. Il aime semble-t-il promener son auditeur à travers maints paysages aux atmosphères contrastées, toujours sincères et élégantes. De part sa richesse émotionnelle, écouter ce disque donne envie de le passer en boucle et puis sûrement de voir son auteur en concert…

 

 

Jean-Denis Gil

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7 octobre 2006 6 07 /10 /octobre /2006 09:00

JJJJ(J) PIERRICK PEDRON: “Deep in a dream”

 

 

Nocturne 2006

 

 

 

 

 

 

Quel pied mes amis ! Que Pierrick Pedron attaque le thème de Nightingale Song in Berkeley Square ou qu’il vous balance un bridge de la mort qui déchire grave sur Lover et là vous mourrez tout de suite étendu sur la carpette du salon le sourire béat aux lèvres, les oreilles en écoutilles, satisfaites et heureuses. Cherchez pas plus loin c’est largement pour ces moments là que l’on aime le jazz. De bons vieux standards qu’on connaît « Parker » avec un type qui joue comme un Dieu que l’on croirait Bird redescendu du ciel, une rythmique plus classe que ça tu meures et un pianiste qui vous balance de ces chorus venus de l’espace et tout ça avec l’air de ne pas y toucher. Et voilà, c’est pas plus compliqué que ça ! Les arrangements ont l’air simples mais pourtant développent un sens rare de la mise en scène et de la relance avec des intros du genre à commencer molo puis à tout balancer là où on s’y attend le moins sur des doublements de tempi et des renversements de direction. Un You’re Laughin at me qui tout à coup change d’orientation sous les doigts de Mulgrew Miller vers un latin jazz qui emprunte à My Little Suede Shoes de Parker pour revenir à une structure classique. Ou alors ce break évoqué précédemment sur un  Lover qui tout à coup part avec Pedron et emporte au passage toute la rythmique avec lui pour un décollage immédiat. Tout au long on vit, on exalte, on danse, on pleure, on est amoureux mais d’un amour toujours heureux.

 

 

Pierrick Pedron qui continue là son parcours un peu solitaire et loin des grandes aventures collectives fait chanter son alto comme pouvait le faire un Guy Laffitte au ténor ou plutôt Benny Carter à l’alto. Avec cette classe, cette élégance et cette petite pointe indicible de détachement qui fait glisser la note d’un quart de poil il nous mène au comble de l’émotion sur l’exposé du thème de Nightingale Song. Et lorsque le saxophoniste met le feu et emballe le tempo (il respire quand ?) ce n’est jamais dans la confusion ou dans la cacophonie furieuse. C’est au contraire d’une limpidité fluide qui coule comme de l’eau de source. Je pense alors à Cannonball dont la puissance et la vélocité avaient cette gracilité magique. Et ces moments où le lyrisme le dispute à l’émotion se produisent tout simplement parce qu’il y a une musique qui là est un juste plus habitée qu’ailleurs. Pourtant en s’attaquant à un répertoire très classique, celui des standards  de Broadway, Pedron montre qu’il est homme à prendre des risques énormes. Car s’aventurer sur un  terrain archi battu c’est comme monter dans l’arène des jams sessions sous le regard assassins de ses congénères. Et dans ce registre là il sort gagnant. Largement gagnant à l’égal de ce que le jazz compte aujourd’hui parmi les plus grands altistes actuels. Car autant on était resté dubitatif devant les copies notes pour notes qu’un autre génial alto livrait dans le même esprit il n’y a pas si longtemps (on pense ici à Stefano Di Battista sur les traces de Parker) autant Pedron imprime ici sa marque et sa personnalité au cours de cet enregistrement réalisé à New York sur les terres de Mulgrew Miller et de Lewis Nash. On ne sait pas si les pistes sont livrées dans l’ordre dans lequel elles ont été enregistrées mais tout se passe comme si cette rythmique et son pianiste au premier chef montaient véritablement en puissance au cours de l’album. Un peu sage, conventionnel et peut être dubitatif au début, Mulgrew Miller se lâche petit à petit, montre qu’il veut être aussi de la fête, prend des envolées à la Mc Coy Tyner sur Lover, livre un chorus de grande classe sur la compo de Pedron (Tune Z) et enfin retrouve celui-ci dans un vrai moment d’entente fraternel sur un It never entered my mind, chef d’œuvre sublime de finesse, sorte de chant d’amour exalté par ces musiciens pour un jazz sublimé.

 

 

Jean Marc Gelin

 

 

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7 octobre 2006 6 07 /10 /octobre /2006 08:59

JJ Toots Thielemans : “One road for the movie”

 

Verve 2006

 

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7 octobre 2006 6 07 /10 /octobre /2006 08:57

JJJJ FLORIAN WEBER: “Minsarah”

 

Enja 2006

 

Florian Weber (p), Jeff Denson (cb), Ziv Ravitz (dm)

 

 

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9 septembre 2006 6 09 /09 /septembre /2006 22:59

JJJJJ  Dave Douglas:” Meaning and mysteries”

 Greenleaf 2006

 Depuis combien de temps n’avions nous pas ressenti un tel enthousiasme ! Jusqu’à la dernière note d’un album qui ne s’essouffle jamais, on assiste à un jazz emballant, riche, intelligent, toujours exalté. De ce jazz qui maîtrise les plus belles heures de son histoire, ne les renie pas et s’appuie sur elles pour mieux les porter à d’autres sommets. Cette aventure là, si collective soit elle porte avant tout la patte de Dave Douglas, le trublion New Yorkais, trompettiste de son état chez l’autre trublion du Massada quartet, John Zorn. Cette patte merveilleuse d’intelligence fait ici des étincelles mutines. Pourtant Dave Douglas a pu nous égarer et nous avions été dubitatifs l’an dernier devant le précédent album « Keystone ». Nous le retrouvions un peu plus tard dans un duo totalement inattendu avec Martial Solal (Quai de Seine) et il nous avait là totalement conquis. Nous attendions donc avec curiosité de voir ce que ce nouveau quintet allait donner.

 Et nous voilà devant un son et lumière de haute volée. Face à un  quintet d’une telle qualité, d’une telle dévotion à la musique qu’ils jouent ensemble, face à la même intelligence partagée du rôle de chacun, face à un  quintet qui parvient à créer une  telle unité et puisqu’il faut toujours des références on ne peut s’empêcher de penser au quintet de Miles avec Wayne Shorter. C’ est d’ailleurs une référence pleinement revendiquée par Douglas lui-même. Sauf que Dave Douglas s’inspire en recréant pas et non pas  en refaisant. Parce que sa sonorité à la trompette (qui emprunte selon nous bien plus aux  des trompettistes Mainstream) n’a rien à voir et parce que ses compositions se situent dan une autre direction.

 Ici c’est Dave Douglas qui mène la charge. Derrière sa bannière se rallie le ténor Donny Mc Caslin (entendu chez Maria Schneider) avec force lumière. Outre son jeu, son association avec Douglas est une des grandes réussites de l’album. Complicité évidente des deux, dans les dialogues, les coupures, les crescendo, les contrepoints ou les unissons. L’entente du trompettiste et du saxophoniste est un régal tant les deux se trouvent totalement sur la même longueur d’onde. Douglas/Mc Caslin, ça marche ! Quand à Uri Caine qui n’est jamais meilleur qu’au Rhodes c’est un véritable tapis volant qu’il déroule sous les pieds de ses partenaires. Là encore une belle association émerge avec le contrebassiste James Genus avec qui il crée de géniales redondances. Quand à Clarence Penn à la batterie il confirme son rôle incontournable sur la scène américaine.

 Les compositions sont exceptionnelles de bout en bout et Dave Douglas y trouve l’occasion d’affirmer son grand respect pour l’histoire du jazz américain en y apportant une modernité intelligente et exaltante. On ne s’étonne pas que deux de ses compositions au blues prégnant ( Blues for Steve Lacy ou Elk’s Club) figuraient déjà dans le Solal/Douglas. Son swing énergique (The team) va chercher parfois dans des racines profondes. Ses constructions riches avec une maîtrise de la mise en espace, du supens et du revirement n’ennuient jamais. Quel sens de l’agencement que ce Culture Wars, thème de 12’41 qui constitue un des moments très fort de cet album : construction ouverte sur un exposé de Douglas soutenu par un ostinato de James Genus, mise en place progressive de la rythmique, effacement devant le chorus de Donny Mc Caslin et retour de tous les acteurs pour un crescendo contrapuntique saisissant. Le pied ! On pourrait décliner cela à chaque fois car chaque morceau qui se termine donne envie d’applaudir et donne surtout l’envie d’entendre le suivant.

 On se prend alors à rêver que le jazz soit toujours comme ça. Que le jazz parvienne à conjuguer toujours l’intelligence et le plaisir de jouer. Qu’il exalte notre enthousiasme toujours. Donne le sens encore du spectacle vivant même confortablement installés dans notre salon. Car ces musiciens là prennent le mot «jouer » au pied de la lettre, prennent leur jeu(x) avec autant de sérieux que de passion, nous racontent l’histoire que nous voulons entendre, celle d’un jazz en mouvement. Un jazz éclatant.

 Jean Marc Gelin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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3 septembre 2006 7 03 /09 /septembre /2006 23:06

JJ WILDMIMI ANTIGROOVE SYNDICATE: “Groove-je ?”

Label Bleu 2006

 

Boris Boublil (p, org, vc), Rémi Sciuto (as, fl, vc, bass6rhodes et Scie), Antonin Leymarie (dm, glock, harmonium)

 

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3 septembre 2006 7 03 /09 /septembre /2006 23:03

JJJJ Bernard Struber Jazztett : « Parfum de récidive »

 

Chant du Monde 2006

 

 Survivant des Orchestres régionaux, l’ancien ORJA, devenu Jazztett, créé en 1988 par Bernard Struber à partir de la classe de jazz du Conservatoire de Strasbourg, en est à son cinquième disque, un nonet  à l’instrumentation rare (trois anches, une trompette, un violon, claviers, orgue,  guitare, batterie).

 

Après Les Arômes de la mémoire, fort réussi, Bernard Struber pensait intituler son prochain album Les arômes vol. 2 mais  le titre lui paraissait trop mercantile, et il désirait "passer à une suite parfumée ». C’est que Struber n’est jamais à court d’idées. Il continue : « Le langage courant associe souvent danger et récidive, comme dans l’expression « dangereux récidiviste », alors que se mettre en danger, c’est la situation de l’artiste, de l’improvisateur en particulier. » Le personnage ne manque pas de répartie, on s’en rend compte. Struber explore depuis longtemps tous les univers avec gourmandise, refusant chapelles et sectarismes, hélas fréquents même dans les musiques actuelles : il goûte volontiers les musiques traditionnelles d’Afrique ou d’Asie, le blues et le jazz des premiers temps, Armstrong et Zappa, ce qui ne saurait (nous) déplaire.

 

 

Quant au musicien, il joue de l’orgue mais aussi du piano et de la guitare. Sa direction souple mais orientée ne laisse point de doute : il ne faut pas attendre longtemps après l’ouverture lente, élégamment songeuse, du premier thème (« Prélude à l’inattendue ») pour reconnaître un vrai son de groupe dans le titillement joyeux des anches qui s’emballent au son d’une batterie déchaînée.

 

 

 Ça joue vite, fort et bien. Les amateurs de musiques non exclusives apprécieront les ruptures de rythme entre et au sein même des morceaux, l’alternance de pièces rêveuses et très contemporaines (la clarinette et clarinette basse de Jean-Marc Foltz dans  la petite suite des «  parenthèses du silence ») avec le rock le plus ardent. Il est vrai que la rythmique est conduite de façon impériale par Eric Echampard, sans doute le batteur le plus doué pour effectuer le passage, toujours délicat, entre jazz et rock ("Fécondation in rythmo"). Difficile d’isoler des titres car l’ensemble s’écoute d’une traite, l’architecture globale ménageant des transitions au final plus subtiles qu’on aurait pu le croire. Titres toujours singuliers, inattendus, à l’image du chef et de ses hommes. Cette musique accroche immédiatement, on ne sait trop où elle nous conduit, elle ne se laisse pas faire et résiste à toute tentative d’interprétation trop rapide. Ce qui évite de s’enliser dans un ennui trop... prévisible justement.

 

 

Voilà en quoi Bernard Struber a le mieux retenu la leçon de Zappa : dans l’art de pratiquer des superpositions élégantes et des collages qui désarçonnent, l’art de toujours prendre l’auditeur par surprise, tout en lui promettant pourtant de le conduire jusqu’ « Aux Portes du désir ». Pour avoir une des clés de la musique de ce superbe Jazztett, écoutons encore Struber : « D’un point d’ouïe musicale, ces musiques ont été conçues et interprétées dans l’imaginaire du rock, oxygène majeur de notre éveil à la musique ». Ce n’est pas seulement une question de génération ; c’est le plaisir des sens, le goût non pas de la provocation mais d’une saine rébellion, l’urgence de la déclaration, que fleure bon l’arôme rock  issu du corps même de la forme jazz.

Sophie Chambon

 

 

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3 septembre 2006 7 03 /09 /septembre /2006 23:02

JJJ LAURENT MARODE : « I mean »

 

 

autoprod 2006 (*)

 

 

 

 

 

 

 

La découverte de cet album nous plonge directement dans une esthétique que l’on connaît bien. Un esthétique des albums Blue Note ou Contemporary. C'est-à-dire en fait dans la mouvance (néo) hard boppienne des années 60 pour un album qui aurait tout aussi bien pu être enregistré du côté de Englewood Cliffs, New Jersey. Pourtant le jeune élève de Katy Roberts qui signe là son premier album, apparaît comme un compositeur soucieux de perpétuer cette tradition du jazz mais aussi de la dépasser. Discrètement, par petites touches astucieuses, Marode sait sortir des canons du genre : décalages, ruptures de séquences, doublement des tempis, contrepoints astucieux brouillent les pistes histoire de nous faire hésiter entre Benny Golson et Andrew Hill (comme dans ce I mean faussement linéaire et faussement déstructuré aussi). Énergie ternaire et swing dominent l’album qui s’appuie par ailleurs sur de  très grands solistes. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore ils ont là une chance de découvrir le formidable saxophoniste, David Sauzay. Car ce garçon possède dans son jeu une vraie élégance. Celle d’un phrasé sûr et puissant mais avec  cette pointe de nonchalance qui nous fait penser irrésistiblement au jeu de Harold Land (La petite ourse et surtout Petit Conte Gerry). Tiens d’ailleurs, Gerry puisque l’on en cause, parlons en ! En voilà bien un qui est un génial dans son coin ! Genre renard des surfaces à se faire oublier et à vous sortir un growl de la mort qui tue. Gerry Edwards, l’américain de service, compagnon d’armes recherché sur la scène française, Gerry Edwards, la sombre légèreté du trombone. La sauvagerie civilisée, maîtrisée. Genial ! On restera un peu sur notre réserve sur Rasul Siddik aux contours parfois un peu caricaturaux mais avec cette formidable capacité à salir le son histoire de bien montrer que ce n’est pas un truc pour minots de bonne famille.

 

 

Quand à Laurent Marode, il possède son sujet. Maîtrise cette part du jazz. Laurent Marode n’est pas d’ici ni vraiment d’aujourd’hui. Il est allé chercher ce jazz que l’on aime tant du côté de la 52° rue. Il nous l’offre ici avec une parfaite maîtrise de ce qu’il a déjà entendu.  Et ce qu’il a entendu hier n’a pas pris une ride. Marode nous en fait là une bien brillante démonstration.

 

 

Jean-marc Gelin

 

 

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3 septembre 2006 7 03 /09 /septembre /2006 23:01

JJJ PATRICK FAVRE: « Intense»

 AxolOtl 2006

 Avec Patrick Favre on découvre un pianiste de la profondeur. Un peu comme une plongée au milieu d’abîmes mystérieuses où les ombres semblent un peu plus étrange émergeant d’un bleu à la fois fluide et sombre. Les compositions riches de Patrick Favre y sont envoûtantes. Compositions jouant sur les atonalités et les gammes chromatiques ainsi que sur un jeu dodécaphonique qui utilise tous les intervalles, explore autour d’un même thème toutes ses déclinaisons modales.

 Son jeu qui utilise plutôt la partie gauche et médium du clavier possède cette sombre clarté que l’on retrouve chez quelques pianistes de ses contemporains. On pense à Svensson mais surtout à la gravité d’un Brad Meldhau au discours qui sans être pesant est cependant dénué de toute légèreté. Discours orienté vers la profondeur des harmonies, les ruptures rythmiques et une sorte de résonance pastel. Mais  aussi discours rigoureux bâtit sur une belle assise rythmique à l’encadrement presque géométrique. Le contrebassiste nîmois, Guillaume Séguron déjà entendu aux côtés de François Raulin et Marc Mazzillo excellent à la batterie, contribuent tous deux à la mise en tension de ces compositions denses comme dans ce Thalie où elle possède à la fois la rigueur de ceux qui délimitent un territoire et l’anarchie retenue de ceux qui font un peu bouger les frontières, permet au pianiste d’explorer avec une grande délicatesse un univers fascinant. Intense, en milieu d’album donne une autre respiration, une sorte de balancement ternaire. Cette construction intelligente de l’album présente en revanche un caractère parfois répétitif où la déclinaison d’un motif central en différentes couleurs tonales tourne en rond autour de la même structure harmonique. On en arrive presque à guetter la perte de contrôle, l’atonalité non voulue. Le petit grain de folie. Mais on se laisse séduire par ce pianiste rare, remarquable compositeur dont la densité du jeu possède une vraie personnalité. Un charme troublant.

 

 

Jean Marc Gelin 

 

 

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