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3 décembre 2006 7 03 /12 /décembre /2006 07:52

JJJ NICO MORELLI: “ Un [folk] atable”

Cristal 2006

C’est un album étrange et pour le moins surprenant que livre ici Nico Morelli. Originaire des Pouilles, cette région d’Italie aux traditions rurales très fortes, il s’est inspiré de la Pizzica , danse ancestrale qui a donné naissance à la Tarentelle.  Cette danse fondatrice d’une identité culturelle était conçue comme une véritable thérapie censée guérir les personnes atteintes de graves troubles psychiques et qui, selon la croyance populaire pensaient avoir été mordues par la Tarentule (d’où son nom). Danse effrénée, frénétique issue des rites animistes et des cérémonies païennes, cette danse s’apparentait plutôt à d’autres cultes de possession, sorte d’exorcisme, danse à finalité thérapeutiques qui comportait une dimension de « transe » chez ceux qui, considérés comme « Tarentulés » devaient danser des heures durant au rythme de la pizzica.

Choc des cultures ou continuité ? Parce qu’il est aussi pianiste de jazz et que cette danse traditionnelle fait partie de son patrimoine culturel, Nico Morelli entreprend ici de faire le lien entre ces deux musiques dans un album dont la première des qualités est l’originalité et l’audace du projet. Mais ce n’est pas la seule. Parce qu’il s’agit d’une musique effrénée et incontrôlable Morelli nous donne à entendre une musique d’une énergie incandescente dans laquelle, avec ses immenses  qualités d’improvisateur il parvient à y insérer le jazz à merveille. Et il faut avoir cette musique ancrée dans ses propres gênes pour s’y glisser aussi naturellement. Car les hommes chantent des phrases incantatoires, dont la force et la violence nous plongent dans une esthétique inconnue. Ce qui donne prétexte à Nico Morelli comme dans ce Contropizzica à se livrer à une improvisation hallucinée à la frénésie aussi puissante que virtuose. Et parce que cette esthétique nous est culturellement étrangère elle se fait presque dérangeante au premier abord. La voix que l’on peut entendre sur Abbasci’A  où le chant disgracieux est avant tout folklorique, perturbe parce qu’il est aux antipodes des codes esthétiques du jazz qui nous sont plus familiers. Des morceaux comme Mena Man Mo’ ou Pizzica Strana peuvent aussi heurter. Leur esthétique doit être cherchée dans une approche plus contextuelle que dans notre attente mélodique normative et suppose pour l’auditeur d’avoir les clefs de ce chant, d’accéder aux codes culturels qui permettent d’en déchiffrer l’intensité. Et c’est donc avec une incroyable science de l’harmonie et de l’improvisation  du jazz que Morelli nous ramène sur nos terrains mieux connus. Dans certains morceaux comme dans ce Lesson 4, les références folkloriques ont totalement disparues il ne s’agit plus que de jazz mais on est alors plus frappés par la continuité que par la rupture de l’ensemble. Frappés par les connexions de ces musiques entre elles.  Ce qui n’est pas toujours le cas car si l’album peut donner ce sentiment de cohésion, c’est paradoxalement  à l’intérieur même des morceaux  que l’on a le sentiment désagréable que la fusion des deux musiques se fait parfois de manière un peu tranchée donnant ça et là l’impression de zappper de l’une à l’autre (comme dans Contropizzica ou dans Yes O Sol ).

 

 

Dans un très beau final de cet album résolument festif  Morelli conclut l’album avec un magnifique Auralba où le dialogue entre la guitare et le piano apparaît alors comme un moment d’apaisement. Comme une sorte de douce guérison après la danse épuisante.
Jean-Marc Gelin

 

 

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3 décembre 2006 7 03 /12 /décembre /2006 07:50

JJJ BRAD MELDHAU: « The house on the hill »

 

Nonesuch 2002

 

Brad Mleldhau (p), Larry Grenadier (b), Jorge Rossy (dm)

 

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3 décembre 2006 7 03 /12 /décembre /2006 07:47

JJJ Le Monde de Kota : « Murmures »

 

 

Olivier GOULET - harmonica ; Stéphane MONTIGNY - trombone ; Julien OME - guitare ; Guido ZORN - c.basse

 

Le Monde de Kota c’est quatre musiciens : Olivier Goulet (harmonica et voix), Stéphane Montigny (trombone), Julien Omé (guitare) et Guido Zorn (contrebasse). Ils se sont rencontrés en 2003 dans la classe de jazz du CNSM dirigée par le contrebassiste Riccardo Del Fra.

 

Un soir ils dînent ensemble, sortent leurs instruments et jouent. Satisfaits du résultat et surtout conscients qu’ils ont tous les quatre la même démarche, ils décident de continuer. Les choses vont alors très vite : premier concert à Paris en novembre 2003, puis au Centre Georges Pompidou et à la Cité de la Musique en première partie de Mac Coy Tyner…, participation à de nombreux festivals (Marcoussis, Gif-sur-Yvette,…), Premier Prix du Jazz Hoeilaart Intern’l Contest en Belgique pays de Toot Thielmans.

 

« Murmures », entièrement autoproduit, est leur premier disque ; il ne comporte que des compositions originales, sans doute une volonté des quatre musiciens de créer un « monde » qui soit le leur. Et il faut reconnaître que c’est réussi.  

 

Certes tout n’est pas parfait : certains morceaux s’étirent un peu, l’influence du « Quartet Azur » de Texier avec Glenn Ferris est parfois trop présente (mais comme influence il y  pire). Ce qui fait l’intérêt de ce disque, c’est la constante recherche de sonorités, de timbres particuliers qui se mêlent avec bonheur et souvent avec originalité. Chaque titre est conçu comme un conte où chacun y va de sa petite histoire sans pour autant nuire à l’ensemble. On sent le plaisir que ces musiciens ont à jouer ensemble (plaisir très palpable quand on les écoute en « live ») et à triturer leurs instruments pour en tirer des sons nouveaux..

 

Bref, s’agissant là d’un premier disque, c’est plus que prometteur et l’on ne peut que se réjouir de cette recherche sonore.

 

 

Michel Grillot

 

 

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3 décembre 2006 7 03 /12 /décembre /2006 07:45

JJJJ BRUNO ANGELINI SOLO : "Never Alone"
Minium 2006

 

 

Bruno Angelini (p)

Quand Angelini(e) tout va.
Où il est question d'une re-visite de standards qui ont marqué le parcours personnel de différents musiciens.
Lorsque Philippe Ghielmetti lui a tendu une liste de morceaux tirés de "The Newest Sound Around" par Jeanne Lee et Ran Blake, Bruno Angelini a d'abord répondu << non, c'est impossible de faire ça.>> Puis son ami Stephan Oliva lui présente le projet comme une forme de << psychanalyse musicale >>.  L'homme s'enthousiasme. L'idée vertigineuse de s'appuyer sur un univers musical ancré dans une conscience collective pour en faire émerger un nouveau, approprié aux souvenirs précis de notre existence, a de quoi séduire, certes, mais se risque à la confiture de respect itératif et donc à la déconfiture!
Pour réussir un tel pari, il faut de la bouteille et le doigté qui va avec... Bruno se lance. Le piano se fait divan; divin!  A l'arrière de la pochette, une photo de Bruno en lévitation inspirée : en solo, il n'est << jamais seul >> ça s'voit, très habité. Nous sommes tous des héritiers; lui transcende les airs des autres. On connaît mais on reconnaît à peine tant le pianiste réharmonise subtilement. C'est l'univers personnel du musicien qui apparaît là (délicate attention que cette confidence) entraînant des émotions esthétiques variées et profondes. Il vient chez soi, proposer comme des portraits à la beauté poignante. La rencontre est réelle, complètement originale. Il y a de l'éclat dans cette musique là, tour à tour d'une folle délicatesse, troublante, presque éthérée "Where Flamingos Fly", impressionniste et sautillante "Seasons In The Sun" ou délicieusement dissonante quand il
propose un Summertime incontournable à la montée envoûtante et à la fin suspendue (éternelle?) Et souvent l'ange fredonne son inspiration cathartique, c'est torride...Sur "Sometimes I Feel Like A Motherless Child",
Bruno reprend le thème d'un Summertime percussif, douloureux par le grincement du piano aux cordes pincées et frappées. Étonnante version aussi à peine identifiable d'un Blue Monk plongeant dans un autre univers; bouleversant "Left Alone" aux accents de Thomas Newman (l'inoubliable compositeur du film American Beauty)...les adjectifs ne manquent pas pour qualifier cette musique indécemment sensorielle.
Chacun répondra à ces standards avec son histoire. Celle de Bruno est un enchantement, savoureusement moderne, tonique, sensible et passionnant qui met (attention!) en état de haute ébullition.
Donc, disais-je, quand Angelini(e) tout va!

 

 

Anne-Marie Petit

 

 

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3 décembre 2006 7 03 /12 /décembre /2006 00:01

JJJJ CHRISTOPHE WALLEMME:  “Namaste “

Nocturne 2006

 

 

 Autant le dire d’entrée, ce disque est remarquable, je dirais même difficilement contournable, pour qui s’intéresse de près au jazz actuel, de création.

 

 

D’abord par la qualité du line up. Le noyau dur du projet Namaste comprend, en plus du leader et contrebassiste Christophe Wallemme, des solistes de premier plan : le saxophoniste et multi-instrumentiste Stéphane Guillaume, ce brillant souffleur jouant aussi bien ici de la clarinette, de la flute, que du soprano ; Manu Codjia (guitare), Stéphane Galland (batterie), et Stéphane Edouard (percussions indiennes et divers instruments éthniques). Avec pour invités : Nelson Veras (guitare), Matthieu Donarier (sax ténor et soprano), Prabhu Edouard (tabla, kanjira), Minino Garay (cajon, caxixi, palmas, vocals) et Thomas de Pourquery (sax alto et soprano). Excusez du peu. Mais cet album n’est pas une simple conjugaison de grands talents… Un gastronome vous dirait qu’un plat digne de ce nom ne comporte pas que de très bons ingrédients, mais surtout un savoir-faire abouti, une volonté, une idée directrice… Il y a de fait une véritable alchimie entre ces musiciens, qui semblent portés par le lyrisme du maître de cérémonie, insufflant à l’ensemble une sorte de supplément d’âme. Il suffit d’écouter le début du premier morceau pour s’en convaincre : beauté du thème et des timbres, intelligence de la mise en place et de l’orchestration… Superbe ! Et la suite ne déçoit pas, loin de là ! Tout coule de source avec naturel, brio, élégance… Deux guitaristes ? Cela pourrait vite tourner à une joute stérile, comme on en rencontre trop souvent... Or il n’en est rien. Leur virtuosité respective n’est plus à démontrer, on se concentre sur la seule musique et l’auditeur n’en perd pas une miette… L’électro-acoustique nylon de Nelson Veras complète à merveille le timbre électrique de Manu Codjia, donnant à entendre, notamment dans les ballades, de fort subtils entrelacements mélodiques… Un mot sur le son de Codjia, qui en son clair (non saturé) est reconnaissable entre mille, signe d’un grand de la six cordes : une esthétique proche de Bill Frisell dans son aspect « étheré », cristallin, son contrôle de la dynamique et du volume, la raréfaction des notes… Bref cela respire, fraîcheur et musicalité atteignent des sommets ! Veras n’est pas en reste, on retrouve son « balançao » unique dans les intros, son phrasé très fluide et inspiré… Tous deux apportent une véritable couleur aux superbes composition du leader, parfaitement épaulées par les anches inventives et bouillonnantes, les percussions. Notons qu’il n’y a dans ce disque aucune reprise, du moins de l’univers jazz… (seule concession en forme de bonus track, une étonnante Javanaise, celle de Serge Gainsbourg, très chantante par ailleurs… l’Orient, encore !). Si toutes les compositions sont réussies, captivantes, leur auteur a de surcroît eut le bon goût de ne pas choruser systématiquement, mais de tenir discrètement la barre de main de maître, assurant un groove parfait, afin de mettre en valeur la mélodie, l’énergie de l’ensemble, ses partenaires… Bravo ! Ses soli n’en ont que plus de charme et leur concision fait davantage penser à une dentelle sonore qu’aux marteau-slappeurs de certains bassistes ‘fusion’ (sic !)… C’est qu’il est question ici de poésie, d’invitation au voyage, voire d’initiations… Dans « Namaste » aussi bien que « Tandoori groove » la pulsation devient danse, transe jubilatoire et débridée. Cela ferait en effet parfois penser à une sorte de « Sacre du printemps » à la sauce orientale… On ne se plaindra pas auprès d’un bassiste de savoir pimenter ses œuvres ! L’Inde dévoilée dans ce disque relève d’un folklore imaginaire, échappe aux clichés du genre, on sent une approche à la fois personnelle et sincère… Au fil de l’écoute le climat des pièces semble gagner en intensité, jusqu’au titre « Réflection », à l’atmosphère plus âpre et énigmatique, dans laquelle Codjia nous offre un solo d’anthologie, avec cette fois une distorsion rauque, incandescente… Dans cette plage, on est très proche des heures de gloires d’une autre formation drivée par un tandem de choc : le fameux batteur-percussionniste Trilok Gurtu et le guitariste américain David Gilmore… Pour une fois soyons un peu chauvin : vive la France  ! On le serait à moins…

 

 

Namasté veut dire bonjour en indien, et on a surtout une très bonne, une grande écoute…

 

 

Ce projet semble né sous une bonne étoile, je le recommande sans réserve à tous les mélomanes, qui sauront sûrement en apprécier les multiples éclats…

 

 

Jean-Denis Gil

 

 

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5 novembre 2006 7 05 /11 /novembre /2006 23:22

JJJJ JEAN-CHARLES RICHARD: “ Faces”

HERRADE 2006

 

 

Jean Charles Richard (ss, bs), Dave Liebman (dm)

 

 

 Ceux qui ne savent pas que JC Richard est un grand saxophoniste doivent impérativement écouter cet album. Car à l’égal des grands Jean Charles Richard, que ce soit au soprano ou au baryton impose un son unique à la fois net et puissant. On ne peut s’empêcher de penser ici à Antony Braxton, celui des « Saxophones improvisations Série F ».  Ici, malgré la réticence à se jeter sur un album de sax en solo dont l’austérité du principe (largement démentie dans les faits) pourrait décourager certains, il n’est jamais question d’ennui. JCR ne lasse jamais. Multiplie les couleurs au gré des titres. Un remarquable travail de mixage permet de juxtaposer et coller des pièces au soprano et au baryton donnant ainsi l’impression d’avoir deux musiciens en studio. Après une ouverture à la lame aiguisée (First sound), Jean Charles Richard impose au baryton des sonorités brutes et primales (Rainouart au Tinel). Avec la superbe pièce de Margoni (Réflexion sur le langage d’Olivier Messiaen) et avec celle qui précède (Off Birds) l’album explore aussi les voies de la musique contemporaine. Plus loin sur Boreal, JC Richard tient une note et lui donne une dimension étrange et mystérieuse. Plus loin encore son hommage à Steve Lacy sur Bone, fait tourner les têtes. Son mentor, Dave Liebman chez qui cet album a été enregistré était en studio à Saylorsburg. Il a supervisé la totalité de l’enregistrement. Il passe de l’autre côté de la vitre à deux reprises pour tenir la batterie dans la série de thème qu’il a composé en hommage à Elvin Jones. Mais dans cet album d’une grande générosité l’inspiration de JC Richard se trouve avant tout dans l’héritage de Steve Lacy. Son langage musical véhicule un  discours sans académisme et sans concession qui puise autant au classique qu’au jazz et à la musique contemporaine pour s’approcher de sa propre forme. Et alors que d’autres attendent des années avant de se lancer dans l’exercice du solo, c’est avec courage qu’il choisit cette formule sans concession. Celle qui correspond le mieux à sa conception esthétique et intellectuelle de la musique. Elle ne se partage pas. Sans jamais perdre en énergie et en puissance, il impose son jeu dans tous les formats et tous les tempos, fidèle à ses propres sonorités. Un travail de sculpteur. Parce qu’il vient surtout du classique et moins du jazz, on a le sentiment que tout y est techniquement sous contrôle. Dire qu’il manque alors cette part de lâcher prise, cette part un peu folle de l’improvisation serait mal le comprendre. Car Jean Charles Richard revendique lui-même cette exigence de perfection, ce travail de labeur quasi monacal.  C’est un travail ascétique qui mène à l’extrême pureté. C’est un des chemins qui mène au beau.

 

 

Jean Marc Gelin

 

 

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5 novembre 2006 7 05 /11 /novembre /2006 23:19

JJJ Diana KRALL: « From this moment on »

 

Verve 2006

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5 novembre 2006 7 05 /11 /novembre /2006 23:16

JJJJ Bill Frisell, Ron Carter, Paul Motian

 

 

Nonesuch 2006

 

 

  Passé le premier round d’observation (les deux premiers titres nous laissent en effet un peu dubitatifs) on entre vite dans ce qui devient un petit chef d’œuvre. Une sorte de mécanique se met en branle avec trois musiciens exceptionnels qui semblent avoir toujours joué ensemble. L’association est évidente. Une atmosphère se crée. Une alchimie devrait on dire. Car autour d’une musique assez simple et de motifs répétitifs, quasi hypnotique, le trio joue avec une infinité de nuances subtiles.

 

 

Bill Frisell renoue ici avec une sorte de country jazz qui trouve ses racines dans son Amérique profonde avec un style inimitable et qui ne l’a d‘ailleurs jamais vraiment quitté. Sur des thèmes comme ce magnifique thème traditionnel arrangé par Frisell Pretty Polly et qui semble tout droit sorti du folklore de son Colorado natal, il fait tourner le motif mélodique en lui imprimant avec sa pedal steel guitar des effets réverbérés au moelleux métallique. Il ne s’agit pas de longs étirements de la musique mais simplement d’une exploration juste du thème exposé. D’une déclinaisons des nuances et du son. Ron Carter et Paul Motian créent alors des formules irrésistibles, motifs à géométrie variables de profondeur et légèreté mêlées à l’image de la rondeur d’un Ron Carter qui à 70 ans fait ici un numéro époustouflant. Sa façon de décliner ses walkin bass simples mais incomparables dans leur sonorité et leur feeling crée une assisse dans laquelle Paul Motian n’a plus qu’à prendre place, déroulant alors son jeu de fin coloriste aux balais frissonnants. Montrant qu’ils sont avant tout des joueurs de jazz, les trois hommes s’attaquent aussi et avec autant de bonheur à des standards réinventés comme le Misterioso de Monk ou ce standard un peu moins joué On the street Where you live où l’occasion leur est donnée de montrer combien ils maîtrisent aussi le swing. Jamais ils ne s’y font démonstratifs. Alors Bill Frissell avec son sens inné du blues nous embarque dans une sorte de road movie où défilent ces images d’Amérique et toutes ses déclinaisons de couleurs qui vont avec. Défilent alors de grands espaces sauvages. Espaces imaginaires comme dans cet Introduction ou encore ce Misterioso joué d’une manière un peu poisseuse. Avec I’m so lonesome, I could Cry la guitare country de Bill Frisell affirme ses racines avec elegance. Pour une sorte de lazy jazz, qui traîne sa semelle dans l’Ouest américain et nous embarque avec lui.

 

 

Jean Marc Gelin

 

 

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5 novembre 2006 7 05 /11 /novembre /2006 23:13

JJJJ FRANCK AVITABILE: “Short Stories”

 

 

 

Dreyfus Jazz 2006

 

 

 

 Que la chose soit posée dès le départ : il n’est pas très important de savoir si l’on trouve avec cet album de Franck Avitabile aux confins de la musique classique ou du jazz. Cela importe peu à la perception que l’on a de ce magnifique album. Car il s’agit avant tout de musique et que forcément chacun est libre d’y entendre ce qu’il veut.

 

 

 

Il y a un an à peine Avitabile nous avait séduit avec son Just Play sorti en 2005 chez Dreyfus. Il revient aujourd’hui avec ces Short Stories, ensemble de 18 morceaux très courts qui ne sont pas sans rappeler les petites pièces de Debussy. D’ailleurs ce n’est pas un hasard si le premier morceau se nomme Arabesque (Debussy ayant lui-même composé plusieurs Arabesques) et le deuxième Childhood memory. Et s’il faut convoquer des références, appelons à la table de Franck Avitabile Ravel, Satie ou même Darius Milhaud qui excellait dans l’exposé de pièces très brèves. Et ces influences auxquelles se mêlent aussi Art Tatum parfois, Keith Jarrett et dans une moindre mesure Bill Evans  se mêlent dans l’expression très personnelle de Franck Avitabile dans une sorte de syncrétisme musical enchanteur autant que raffiné. Irrésistible. Car toujours Avitabile joue avec une sensibilité qui le porte à faire chanter son piano avec un romantisme toujours délicatement retenu. Délicatesse, c’est le mot qui s’accorde à son jeu. Survolant de manière aérienne le clavier, Avitabile donne le sentiment de se dédoubler tant son jeu de main gauche donne parfois l’impression d’un piano à quatre mains capable de dérouler des arabesques mélodiques tout en explorant quelques profondeurs harmoniques (Inside Out). Son Meddley est moment fort et bouleversant de romantisme et de swing mêlé. Une sorte d’expression émouvante de l’artiste mariée avec une extrême pudeur. Seulement deux titres sont issus de standards : un There is no greater Love que n’auraient reniés ni Art Tatum ni Bud Powell (excusez du peu) et un Over The Rainbow qui vient avec beaucoup de finesse clôturer ce remarquable album.

 

 

 

Avec une passion toute en retenue Franck Avitabile nous raconte ici de brèves histoires, sorties d’une sorte de songe éveillé résonnant comme des réminiscences pianistique de ce qui fonde son jeu. Ces histoires ne disent rien d’autres qu’un amour, son amour de la musique et du piano. Un amour que Franck Avitabile parvient à nous transmettre ici avec une sensibilité rare.

 

 

 

Jean-Marc Gelin

 

 

 

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5 novembre 2006 7 05 /11 /novembre /2006 23:12

JJJ PATRICK ARTERO: “ Artero - Brel”

Nocturne 2006

 

 

 Un disque déconcertant à la première écoute qui mêle passages classiques, rythmes binaires du tcha tcha et de la samba et sur lesquels le jazz vient poser sa patte. Le tout au service de l’immense Brel. Cette affaire n’est évidemment pas simple et l’on se demande comment seront traduites les atmosphères du chanteur, si familières à beaucoup. Chaque morceau nous livre une ambiance différente et c’est une nouvelle chanson qui se ravive dans nos souvenirs.

 

 

Les musiciens embarqués dans l’aventure tirent tous leur épingle du jeu avec toutefois une mention spéciale pour Giovanni Mirabassi dont le toucher aérien au clavier, la précision et l’originalité des chorus sont un réel bonheur. Les arrangements particulièrement soignés réservent une bonne place aux solistes «  La Mort  » notamment permet d’apprécier Gildas Boclé à l’archer sur sa contrebasse, Dominique Cravic à la guitare et Daniel Garcia Bruno à la batterie. Percussions et musiciens classiques complètent le quintette de jazz mené par Patrick Artero qui réussit là une performance comme instrumentiste, soliste et arrangeur. Il nous livre un disque aux ambiances à la fois nostalgiques et romantiques, festives et enjouées qui reprennent ainsi les thèmes majeurs des inspirations de Jacques Brel.

 

 

Un disque inclassable si l’on tient absolument à ranger la musique en général et le jazz en particulier dans des boîtes hermétiques mais, sans aucun doute, un disque intéressant qui conquiert l’auditeur au fil des écoutes successives. A recommander.

 

 

Jean Pierre Foubert

 

 

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