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17 mai 2015 7 17 /05 /mai /2015 09:09
ORCHESTRE NATIONAL  :  Europa BERLIN

ORCHESTRE NATIONAL DE JAZZ OLIVIER BENOIT

Europa BERLIN

ONJAZZ records/ l’autre distribution

Sortie nationale le 27 avril

www.onjazz.org

Voilà l’ONJ reparti pour son tour des capitales européennes : après l’hommage à Paris, l’onzetet découvre Berlin. Le choix était évident tant la ville est unique dans son évolution et activité artistiques. Une évocation très personnelle où l’on sent, dès les photos du livret réalisées par le chef lui-même, une vision empreinte de ce recyclage urbain, où la nature boisée disparaît dans les friches industrielles, le no man’s land de conglomérats, gravats et sables. Un Berlin étranger plus qu’étrange, encore marqué de l’histoire tumultueuse et violente du XXè siècle, attentif à un présent omniprésent. Plus que jamais dédié à l’architecture et à l’accumulation/destruction des différentes strates historiques. Ce n’est vraiment pas un itinéraire touristique auquel nous sommes conviés même si le travail de mémoire est constant. Ou alors un tourisme de mémoire qui ne cesse de jouer à cache-cache avec les vestiges, de surexposer des fragments, obsédé par cette réunification autour d’un mur mythique, aujourd’hui démantelé.

D’ailleurs, les titres des compositions (Effacement des traces, Persistance de l’oubli, Métonymie, Oblitération) sont emblématiques du projet d’Olivier Benoît qui se recommande de Berlin, l’effacement des traces, livre de Sonia Combe, Thierry Dufrene et Régine Robin.

On retrouve les points forts du premier volet sur PARIS, ramassés sur un seul CD cette fois. On est saisi d’un bout à l’autre, du faussement doux « Effacement des traces » au vrillant «Détournement» final, par ces compositions toujours denses, alliant l’acier de crescendos puissants à la légèreté d’une chorégraphie aérienne. Un concentré d’énergie pur jus où de jeunes talents résolument actuels dans leurs recherches musicales sont entourés d’aînés confirmés et experts (divine section rythmique). Fruit d’une sélection rigoureuse qui se voulait impartiale, la formation est à mi-chemin entre le big band cuivré et le combo élargi : les instrumentistes jouent parfaitement leur rôle, tour à tour en pleine lumière mais pleinement collectifs dans des tutti orchestraux de belle facture.

C’est une vision éclatée du jazz d’aujourd’hui, où se côtoient rock alternatif, électro, avant-garde, rythmes d’une « asphalt jungle » en mutation, qui correspond à l’ordre séculaire que l’on a plus ou moins déconstruit dans la ville. Le Cd est fait de plusieurs suites qui se suivent, s’emboîtent en un klaxonnement presqu’ ininterrompu jusqu’à un achèvement, jamais épuisé. Une succession de morceaux autonomes avec des respirations brèves, qui favorisent l’improvisation, ou servent de tremplin à des développements plus larges. Dans une urgence convulsive («Métonymie»), les saxophones s’en donnent à cœur joie sur le tempo échevelé d’Eric Echampard et on se demande quand s’arrêtera cette cavalcade. Un grinçant et martelant « Révolution» ? « Réécriture» où violon et claviers s’ajointent sur des accents sourds de batterie, avant le pilonnement des cuivres et vents ?

Bouillon de culture avec toujours la touche avant-gardiste,qui faisait déjà sa force dans les années trente, Berlin continue à surprendre, à mener la danse avec un ONJ exultant dans le paysage musical contemporain.

Sophie Chambon

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