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15 novembre 2020 7 15 /11 /novembre /2020 15:37

Sylvain Rifflet (saxophone ténor), Jon Irabagon (saxophones mezzo-soprano & sopranino), Sébastien Boisseau (contrebasse), Jim Black (batterie)

Budapest, 22-24 janvier 2020

BMC Records BMC CD 296 / Socadisc

 

J'écris ces lignes au moment même où, à Quimper au Théâtre de Cornouaille, on aurait dû écouter ce groupe. Le confinement en a décidé autrement mais je conserve, très vif, le souvenir du concert du 3 avril 2019 au festival Banlieues Bleues. Ce disque, enregistré quelques mois plus tard, fait revivre ce projet un peu fou : dire, en musique et avec la musique, les combats, la rébellion de ceux et celles qui s'insurgent contre la tyrannie, l'injustice, l'inégalité, le préjugé, la violence (qu'elle soit faite aux humains ou au climat). On commence avec l'hyper lyrique discours de Malraux pour accueillir l'arrivée des cendres de Jean Moulin au Panthéon. Un extrait seulement du discours, dans lequel la musique s'insinue, épousant parfois le phrasé de l'orateur, rappelant que musique et prosodie sont liées par une sorte de complicité originelle. Puis c'est un traditionnel irlandais, Factory Girl, musique de lutte arrangée par Sébastien Boisseau, avant une marche forcée de la rythmique et des sax sur une intervention de Greta Thunberg à la COP24, en 2018 à Katowice. Ensuite c'est encore une musique de combat sur un texte d'Emma Gonzales, militante pour le contrôle des armes à feu aux USA. Et l'on bifurque vers un texte féministe d'Olympe de Gouges dit par Jeanne Added, dont l'électronique traite la voix, tandis que la musique emporte ce discours de libération avec une tranquille assurance. Sur la voix de Paul Robeson, chanteur de gospel mais aussi militant communiste, et l'un des héros du combat contre la ségrégation raciale, la musique à nouveau épouse les contours de la parole avant de s'émanciper avec audace, et de revenir au commentaire, très libre, du texte. Et la conclusion, strictement musicale, sur une composition commune des deux saxophonistes, sera comme une ultime expression de la liberté combative. Belle réussite que cette aventure musicale et militante que n'étouffe pas le propos, car la musique parle, constamment.

Xavier Prévost

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