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8 novembre 2023 3 08 /11 /novembre /2023 10:28


     BOULOU et ELIOS FERRE, frères et guitaristes ont choisi de rendre hommage à leur père MATELO (1918-1989) et leurs oncles BARO (1908-1976) et SARANE (1912-1970), une fratrie innovatrice dans l’histoire de la musique manouche.
     Interprètes et compositeurs, virtuoses et inspirés, Boulou (né en 1951) et Elios son cadet de cinq ans, ont retrouvé des inédits qu’ils proposent avec un esprit d’aujourd’hui. « On ne va pas jouer comme dans les années 50 ! » assurent-ils à l’unisson eux qui élevés dans la tradition et …la musique classique ont joué dans leur carrière swing, hard bop, free, fusion ….

 

     A l’occasion de la parution de leur nouvel album « FATHERS & SONS »*, les deux frères soulignent l’originalité de leurs trois aînés, témoignage d’une certaine atmosphère parisienne.

 

 

Les DNJ : Quel était votre état d’esprit en vous lançant dans cet hommage à votre famille ?

 

Elios Ferré : Nous voulions saluer la mémoire des trois frères Ferré, Matelo, notre père, et nos oncles, Baro et Sarane. Les Ferré étaient proches de Django mais ils avaient une certaine articulation dans leur jeu, un son différent.


Boulou Ferré : Ils avaient une autre manière de parler à la guitare. Il y avait deux grandes familles de gypsies, les Reinhardt et les Ferré. Avec ce disque, nous voulons rendre hommage à ces trois frères, des hommes de l’ombre, pourrait-on dire, si l’on établit une comparaison avec les Reinhardt. C’est pour nous, un devoir de mémoire, un mémoire de devoir, une forme de réhabilitation.

 

Les DNJ : Quel héritage retenez-vous des trois frères Ferré ?

 

Elios : Baro quand il jouait ses « valses swing » était be-bop avant l’heure, comme l’a dit le guitariste Philip Catherine. Sarane était un innovateur quand il fonde à la fin des années 30 le Quintette de Paris qui avait un son très différent de celui du Hot Club de France de Django et Stéphane Grappelli. Quant à Matelo, notre père, il est l’un des créateurs de la valse manouche et joua dès ses débuts aux côtés d’Edith Piaf, Jean et Germaine Sablon, les vedettes de l’époque.


Boulou : Mon père était un enseignant à l’oral, il savait déléguer son savoir. Il nous disait : il faut d’abord respecter le thème, les structures. Avec lui, c’était guidé… mais pas guindé.   

 

 

Les DNJ : Comment s’est opéré le choix des titres ?

 

Elios : Notre père enregistrait sur des cassettes que nous avons retrouvées. Nous présentons ainsi des inédits comme Rue du Poteau (ndlr : son domicile parisien dans le 18 ème arrondissement), Paris Swing Valse, Place Pigalle - écrit avec Sarane - et reprenons une autre de ses œuvres, Djungalo.  Baro est aussi présent par quatre autres compositions (La Folle, Survol de nuit, Swing Valse, Minch Valse).  Et nous avons ajouté des titres personnels, Laurent pour Boulou (salut à Laurent Goddet, ancien rédacteur en chef de Jazz Hot) et pour moi Rue des trois frères, clin d’œil à nos aînés et Rue d’Odessa.

 

 Les DNJ : Le jazz manouche a retrouvé une grande popularité. Vous avez une explication ?

 

Elios : C’est une musique d’émotion, intemporelle.


Boulou : Nous les gypsies -c’est le terme que j’emploie- nous sommes des fils du vent, des voyageurs. Et personnellement je retiens le conseil que m’avait donné dans les années 60 le saxophoniste Dexter Gordon, j’avais alors 17 ans, « Il ne suffit pas d’être un homme dans la musique, il faut l’être dans la vie ».

 

Propos recueillis par Jean-Louis Lemarchand.

 


*BOULOU & ELIOS FERRE, « FATHERS & SONS », avec Boulou et Elios Ferré (guitares), Ludovic Beier (accordéon) et Stéphane Belmondo (bugle).
À signaler, un livret proposant quelques photos familiales remontant à 1913.
Continuo Jazz/ UVM Distribution.
À paraitre le 17 novembre.
Concert prévu le 12 décembre à la Péniche "Le SON de la TERRE"(75005).

 

©Couverture Album avec l’aimable autorisation de Monique Ferré & The Ferré Family, DR : Baro Ferré (gauche), Chocola Ferré (droite) et un cousin (centre), Ca. 1913.


©photo Jean-Baptiste Millot & X. (D.R.)

 

 

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commentaires

Y
Il faut une éternité pour gagner la confiance, un clin d'œil suffit pour la déception.....
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