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11 juin 2008 3 11 /06 /juin /2008 08:16

Plus Loin Musique / Nocturne



 

Davantage qu’un simple pseudonyme de scène, « Nano » incarne l’intitulé d’un projet avant-gardiste dont Arnaud Méthivier demeure le directeur artistique. Cet album au nom de « L’écorce » est un hommage entièrement dédié à la Corse et à ses habitants. Pour accomplir cette invitation aux voyages intérieurs, ce disque réuni plusieurs talents dans différentes disciplines artistiques : Sylvain Favre au violon, Valentin Mussou au violoncelle, Jean Marc Lubrano à la photographie, Pierre Gambini aux textes et à la voix, ainsi que Térence Briand à la mise en son. Quant à lui, Arnaud Méthivier nous offre les plus étonnantes sonorités d’un accordéon endiablé. Mais ce second opus du musicien reste avant tout un album à lire, un recueil de poèmes sonores, ou bien tout simplement un regard photographique à déguster. En effet, sur la pochette principale, les amoureux de l’île de beauté seront charmés de reconnaître ce lieu mythique de la pointe du cap, à l’extrême nord de la Corse. Il s’agit de cette plage de Barcaggio donnant pour spectacle la Giraglia, cet intriguant îlot orné d’un phare, étant par ailleurs la première vue de la terre Corse en arrivant par bateau en provenance du continent. Tout un symbole. A travers un livret d’une grande richesse artistique, ce disque fait ressortir la pureté d’une noble poésie aux parfums abstraits. Chaque œuvre musicale est accompagnée de textes écrits en langue corse, soigneusement traduits en français pour transmettre la finesse d’esprit d’une prose délicate. Cette densité d’engagements artistiques dans des domaines différents garde pour objet principal la matière sonore, sous un état épuré de tout artifice inutile. Tout d’abord un certain esprit de Musique répétitive émerge comme un appel à la transe, comme un clin d’œil à cette partie africaine de la Corse, en témoignent les ostinatos des deux premiers morceaux. C’est par la suite que la mélancolie prend sa source à travers une tortueuse complainte au nom de « Ginkgo Biloba ». S’en suivent tour à tour de majestueuses effluves sonores soigneusement travaillées par la technique du « re-re », ce qui confondrait presque une telle réalisation à l’art cinématographique. Tous les arrangements sont d’ailleurs conçus à la manière d’un story-board aussi captivant qu’une aventure. Comparable à la complexité que la nature est capable d’offrir dans la plupart des maquis, ce projet est intimement fidèle aux diverses personnalités de son concepteur. Ce dernier transmet une agréable impression que rien n’est laissé au hasard tout au long de ce projet complet, abondant de créativité dans chaque composition originale, avec en permanence le souci du récit. Comme pour clôturer cette remarquable invitation au rêve, dans une dernière œuvre intitulée « Castelfidardo », ce voyage passe à travers la grave plénitude que cette île méditerranéenne nous apprend à recevoir le cœur ouvert.           Tristan Loriaut

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