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13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 08:20

EGEA -1990 / Réed. 2008




 

Bien sûr lorsque l’on évoque Pieranunzi, c’est Bill Evans auquel on songe. Il y a pourtant dans cette réédition historique que nous propose le label Egea, bien d’autres choses. La réinvention de la modalité dans les traces de Bill Evans amène Pieranunzi dans cet exercice solo capé en studio en 1990 en France à s’approprier une grande part de l’histoire du piano jazz. Du côté des influences et mis à part le maître du jazz modal, on entend des références à Bud Powell ou Art Tatum (What is this thing called love ou Fascinating Rythm). Mais avec Pieranunzi ici dans une forme éblouissante, grand maître du piano solo bien avant Keith Jarrett, on peut s’attendre à tout. Passer dans un même morceau du lyrisme romantique, à la fugue ou au ragtime avec toujours ce sens du balancement, du swing et du contretemps rythmique. Il y a chez lui le sens inouï de l’improvisation, de la digression, l’évadée belle avant le retour au thème, le swing de la main gauche et la liberté baladeuse de la droite, l’invention et même l’inventivité, le sens de l’émotion et celui de l’intensité jubilatoire.

Si Pieranunzi s’affirme comme l’un des maîtres du jazz modal, il n’en perd jamais pour autant le sens mélodique, notamment au travers de ses superbes compositions dans lesquelles parfois on entend ce que deviendra plus tard un Giovanni Mirabassi. Mais c’est moins sur le terrain de ses propres thèmes qu’il convainc que dans cette façon de s’emparer de grands standards et d’en livrer une lecture à nulle autre pareille, totalement réinventée comme cette version de My Funny Valentine où le thème se laisse juste deviner par petites touches subtiles et où tout est affaire d’harmonies ici incroyablement révélées sous un jour nouveau. Jean-Marc Gelin

 

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