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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 22:36

 

 BOBO STENSON : «  Indicum »

Bobo Stenson(p), Anders Jormin (cb), Jon Fält (dms)

bobo-stenson.jpg 

 Le nouvel album en trio du pianiste Bobo Stenson qui parait ces jours-ci chez ECM marquera certainement moins les esprits que le précédent, " Cantando" paru il y a quatre ans sur le même label. Cela ne nous empêchera pas de lui trouver nénamoins un charme certain. Un certain charme devrais-je plutôt dire. On reste bien sûr dans la lignée de la maison de Manfreid Eicher avec cette qualité de son, ce sens de la musique espacée et cette économie de moyens qui nous porte parfois à l'ennui délectable, à la déambulation oisive et qui ne manque pas de grâce. Il y a chez le pianiste suédois un vrai sens poétique. Il s'empare d'un répertoire vaste qui va de George Russell ( Event VI) à Bill Evans (Your story) jusqu’à la reprise de certaines chansons comme la Pérégrinacion du compositeur argentin Ariel Ramirez dont les vieux schnoks comme moi savent qu’elle avait été popularisée en France dans les années 70 par un certain. Bobo Stenson prend son temps, musarde et surtout lasse respirer sa musique, jamais spéctaculaire mzid toujours d’une grande maîtrise. La compagnie de Anders Jormin à la basse est comme toujours essentielle alors que l’on note, à ses côés la présence de Jon Fält, batteur coloriste à la Paul Motian qui fut en son temps l’un des compagnons de route fidèle du pianiste suédois.

 

BENEDIKT JAHNEL : " Equilibrium"

Benedikt Jahnel (p), Antonio Miguel (cb), Owen Howard (dm)

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Benedikt Jahnel (p), Antonio Miguel (cb), Owen Howard (dms)

Avec l'album de Benedikt Jahnel on est, pour le coup dans la production très courante du label et l'on se demande inévitablement si ECM n'a pas déjà produit 100 fois ce type d'album. A 32 ans le pianiste allemand, ex fondateur de "Cyminology" livre un album classieux dont il émerge parfois quelques moments d'émotion lorsqu'il se plait à explorer les profondeurs de son clavier. Rien d'extraordinaire là dedans mais un réel savoir-faire, un trio qui tourne bien et une musique agréable et accessible, sans groove certes mais suffisamment expressive et élégante. A suivre de près.

 

MICHAEL FORMANEK : « Small places »

Craig Taborn (p), Tim Berne ( as), Michael Formanek (cb), Gérald Cleaver (dms)

formanek.jpg

Avec Michael Formanek l’on entre tout de suite dans le très haut de gamme avec un  quartet de très très haute facture. De la haute couture, du cousu main, du raffinement de dentellière. C’est une musique intelligente et expressive, à la fois cérébrale et admirablement construite. Avec une très grande écoute entre les 4 membres du groupe qui respirent ensembles et avec la même intensité. Chacun de ces membres semble être dans une démarche d’énergie partagée, d’envie de musique et aussi dans le respect des grands équilibres sans lequel il n’est pas de trio ou de quartet durables. Du coup la musique prend tout son relief. Et lorsque la pulse s’impose, c’est bien loin d’un groove primaire mais au contraire dans un mouvement alerte, aérien et puissant à la fois. Des moments d’extrême tension succèdent à des moments de grands relâchement et cela sans jamais perdre un instant une once de cohérence. Craig Taborn étincelle, apportant à l’ensemble de magnifiques couleurs harmoniques alors que Tim Berne lui, apporte le feu, à la fois incisif, précis et acéré comme une lame. Et dans ce dispositif presque organique, Michael Formanek s’impose comme la pièce véritablement centrale, comme son axe de rotation. Que ceux qui écouterons l’album aillent bien jusqu’au bout, jusqu’à son point culminant avec ce Soft reality qui clôture cet album dans un extrême dépouillement, lorsque le fil de la lame de Tim Berne se confond avec le trait de l’archet de Formanek, lorsque la musique se confond en une sorte de cri étouffé dans une tenue de note à l’intensité extrême. Pour clore ici un de ces rares moments exceptionnels dont le label de Manfreid Eicher a parfois le secret.

Jean-Marc Gelin

 

 

 

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