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3 août 2009 1 03 /08 /août /2009 23:05

Jazzland 2009

Bugge Wesseltoft (p solo)

 

Depuis la disparition tragique de Svensson et donc de EST, il est fort à parier que les défenseurs d’un certain piano jazz « dans la pure tradition » vont désormais diriger leurs armes sur le pianiste norvégien Bugge Wesseltoft. On entend déjà leurs critiques s’élever contre ce Nu jazz ou (Future jazz) avec la même véhémence que celle qu’ils élevaient contre le groupe suédois : pas de fond de jeu, sens développé du marketing, jazz minimaliste etc….

Pourtant si Bugge Wesseltoft ne se situe pas réellement dans la relève, depuis plusieurs années, le fondateur du label Jazzland impose sa marque et un sens personnel de la musique dans lequel il est vrai on sent, depuis Jan Garbareck l’influence prégnante d’un jazz scandinave comme fil conducteur. Son nouvel album joue beaucoup sur la fibre émotionnelle. Il se déploie lentement dans un univers qui oscille entre mélancolie et onirisme d’une déambulation solitaire. Nouveau romantique Wesseltoft ? Pourquoi pas si l’on en juge à cette façon qu’il a de mettre en scène ses sentiments. Le pianiste s’accompagne pour cela de tout l’attirail électronique qui lui est cher, jouant avec ses effets overdubs instillés parcimonieusement, comme déposé sur la musique à bon escient.C’est tout un imaginaire auquel il nous convie et que chacun peut s’approprier de manière subjective. Dans sa démarche parfois introspective ( Talkin to myself part 1, 2 et 3 ), le pianiste laisse de l’espace aux résonances où le temps maîtrisé et retenu se confond avec un « espace » lent. Le pianiste fait corps et âme avec son piano et s’en sert parfois comme tambour comme ce Ryhtme où après cette conversation avec soi même, les mains cognées sur le piano résonnent comme un cœur battant. Rythme se poursuit par un autre travail sur le piano préparé, autre travail rythmique sur un blues ponctué par des claps de mains (Hands) où le corps du pianiste s’exprime jusqu’à sa propre voix indomptable. Mais le pianiste norvégien sait aussi se faire facétieux comme dans cette reprise de Take 5 sur lequel on imagine qu’il a dû autrefois suer sang et eau et qui pour l’occasion se termine totalement déglinguée et finalement totalement émancipée. Et c’est avec un thème un peu facile, Many Rivers to cross que Wesseltoft conclut avec un brin de nostalgie cet album que l’on acceuille avec une grande tendresse.

Cet album ne rassurera pas ceux qui lui reprochent son sens un peu exagéré du marketing, sa recherche des émotions faciles, ce non-dit (Nu jazz ?) qui vient plus de la pop que du jazz où les influences de Radiohead, bien plus prégnantes que celles d’Ellington ne manquent pourtant pas de nous amener une heure durant dans un univers personnel, à la fois profond et très émouvant. Jean-Marc Gelin

 

 

 

 

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