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27 septembre 2009 7 27 /09 /septembre /2009 07:34

Edition Parenthèse, coll. Eupalinos

256p , 11,40 euros

 

C’est en 1997 que l’ouvrage de Christian Béthune consacré à Sidney Bechet a été publié la première fois et sa réédition aujourd’hui est une véritable aubaine pour tous ceux qui ne parvenaient plus à se le procurer.

Fort belle et indispensable synthèse biographique en effet, de la vie du maître du soprano depuis sa naissance dans la Cité du Croissant en 1897 (du moins le croit-on) jusqu’à ses dernières heures en France en 1959. En 160 pages à peine Christian Béthune nous livre, avec une grande lucidité et sans lecture agiographique aucunes toutes les clefs pour découvrir son œuvre. Un condensé aussi efficace qu’un chorus de Bechet.

Pas de vrai scoop. Ce que nous savions déjà sur le côté sombre, peu sympathique et plutôt coléreux de Bechet n’en est que renforcé. Bechet n’était pas un musicien à l’aise dans le rôle du soliste solitaire comme cela se pratique dans le jazz dit moderne. Il souffrait peu de partager la vedette. Avec Bechet, toujours soucieux de tirer la couverture à lui, les rencontres ne se fon jamais, en témoigne malgré plusieurs essais, les rencontre peu concluantes avec Louis Armstrong (p. ex).

Pourtant, privilégiant un jeu inséré dans un ensemble plus large (ce que Béthune nomme  l’Hétérophonie), Bechet, qu’il joue avec les Feetfwarmers dans les années 30/40, avec les Noble Sissle’s Swingsters ou encore plus tard avec les Lorientais, s’impose toujours comme le maître absolu du contre-chant au milieu d’autres solistes. Bechet qui témoigna toute sa vie d’une ardeur à jouer et d’une vigueur exceptionnelle (à peine deux mois après une ablation quasi totale de l’estomac, Bechet entre en studio sans faiblir un seul instant), impose toujours l’extraordinaire puissance de son jeu à la manière d’un leader des fanfares comme l’analyse fort justement Béthune. Et puis il y a Le « Son » Bechet jamais égalé avec ce vibrato qui agacera certain mais qui témoigne toujours chez Bechet d’une maîtrise époustouflante ( écouter Dear Old southland, un pur chef d’oeuvre).

Et si l’on a reproché à Bechet d’avoir reproduit un peu toujours le mêmes enregistrements  (Vogue ayant multiplié les sessions plus ou moins bonnes), et même si l’on a pu lui reprocher aussi le succès commercial de sa Petite Fleur ou des Oignons ( 1.350.000 disques distribués par Vogue !), on ne doit pas oublier ce que lui doit le jazz moderne. Un morceau comme Shag enregistré le 15 septembre 1932 est un modèle du genre qui ne cessera d’inspirer des générations de musiciens obsédés par la question de l’émancipation du cadre. Ce n’est pas un hasard si un saxophoniste comme Roland Kirk ne cessait de rendre hommage à Bechet (on aurait bien aimé d’ailleurs que Béthune n’mete pas les influences de Bechet sur certains saxophonistes de la dimension de Coltrane par exemple)

Remarquablement documenté, sans jamais donner dans l’érudition absconse, l’ouvrage de Christian Béthune donne aussi de très bonnes références bibliographiques ainsi qu’une remarquable discographie classée par titres de morceaux.

Un ouvrage-référence que, pour notre part nous conseillons de lire en écoutant le beau coffret paru chez Fremeaux «  Sidney Bechet , The quintessence, New-York-Glovesville-Chicago 1932/1943 »

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