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25 août 2013 7 25 /08 /août /2013 19:52

 

Plus Loin Music 2013

Gregory Privat (p, fender, compos), Manu Dodjia (g), Jiri Slavik (cb), Arnaud Dolmen (ka), Sonny Troupé (dms)ka), Adriano Tenorio DD (perc) + Gustav Karlström (vc), Joby Bernabé (texte)

 

 privat.jpg

Le  nouvel album du pianiste martiniquais Grégory Privat sera encore un des évènements de cette rentrée jazzistique.

 

Pour  ceux  qui  seraient  passé  à  côté de son premier album « Ki Koté », courez  absolument  vous  procurer «  Tales of Cyparis » et attendez-vous à une  révélation.  Car  figurez-vous,  ce jeune pianiste a un talent…. juste énorme ! Sortant des sentiers un peu trop battus des pianistes jarrettiens, Meldhiens ou Svensonniens dont on a, par les temps qui courent le sentiment de  ne  plus  pouvoir sortir, Grégory Privat cultive quant à lui le goût de ses racines caribéennes (on pense à Alain Jean-Marie ou Mario Canonge). Pas étonnant de la part d’un musicien dont le père n’est autre que José Privat, pianiste  du  groupe antillais Malavoi. Mais Grégory étend ses références à quelques  stars  du  piano cubain au titre desquelles Chucho et Bebo Valdes qui  ne  doivent  pas  être  loin  de son gotha tant il cultive l’art de la mélodie  et  de  l’improvisation  chaloupés.  Il y a chez lui l’élégance du phrasé  souple,  du  swing  qui  délie les percussions, de la mélodie aussi légère  que  d’envolées  au  lyrisme  communicatif.  Le  phrasé raffiné des maîtres  cubains  est  bien  présent  au bout des doigts de Grégory Privat.

Mais,  ancré  aussi  dans  une  forme de jazz classique. Et l’on (je) pense aussi  parfois  à  Ahmad Jamal par son utilisation subtile des percussions, son  maniement  des  espaces  harmoniques  et du suspens et ses revirements d’accords en totale rupture (à l’image de Ritournelle par exemple).

S’il fallait des références marquantes en voilà. Excusez du peu !

 

Pour  son  nouvel  album,  Grégory  Privat  s’est  attaché à un personnage, Cyparis, pêcheur martiniquais qui fut emprisonné la veille de l’éruption de la  Montagne Pelée en 1902 et qui ne dut d’être le seul rescapé du désastre qu’à  sa  présence  au  cachot  (version officielle). Il survécut au prix de grandes  brûlures  et  ses  talents de conteur-hâbleur lui permirent par la suite  d’être engagé au sein du cirque américain Barnum exhibant là-bas ses meurtrissures  de  grand brûlé, de survivant et d’homme noir, attraction de foire  à  plus  d’un  titre.  Autre  forme de survie. On comprend alors que Gregory  Privat  empreint  de sa culture martiniquaise et de cette histoire remarquable  que lui racontait son père a trouvé ici un formidable matériau compositionnel  à  son  récit  musical  allant  du  choc de l’éruption à la mélancolie de l’exil ou à la violence du corps exhibé. Autant fallait il en tirer parti musicalement.

Avec  une  direction  artistique  remarquable  et  des arrangements parfois luxuriants  et  des  musiciens  talentueux  (dont notamment un superbe Manu Codjia)  Grégory  Privat joue sur des formats à géométrie variable  en trio ou  quartet,  avec  des  cordes ou avec un chanteur, s’appuyant à plusieurs endroits  sur la narration de textes en français ou créole dit par le poète incantatoire Joby Barnabé. L’insert de percussions Ka achève aussi d’ancrer cette  histoire  dans  sa  créolité  ici  revendiquée.  Autant  le  dire la construction artistique de l’album est foisonnante.

Pour  ma  part  dans  ces  moments superbes mes coups de cœur vont pour les plages  en  trio,  celles qui mettent en évidence ce pianiste rare. Il faut notamment  entendre  un  far from SD qui surgit comme grand moment de grâce pianistique  et  de  rêverie ancrée dans le jazz avec la démonstration d’un phrasé  d’une  incroyable  sensibilité. Un peu plus arrangé, ce Ritournelle dont nous parlions précédemment. Et quelle aisance dans la maitrise du flow au  bout  des  doigts  du  pianiste ! Dans un autre registre,  ce Carbetian Rhapsody  où l’énergie circule venant autant du pianiste lui-même que de sa section  rythmique  ou  encore  ce  sombre  Four  Chords aux nappes sonores électriques comme annonciatrices du désastre.

On  aime la complicité de Grégory Privat avec Manu Codjia faisant assaut de lyrisme  fougueux (Wake up !) ou encore, autre révélation de cet album, les deux  thèmes chantés par Gustav Karlstrom (fils d’Elisabeth Kontomanou) qui révèle cette voix superbe au registre médium qui fait un peu penser à celle de  Stevie  Wonder  et qui met en valeur dans une veine un peu funky ou pop les grands talents de compositeur du pianiste.

Album  magnifique s’il en est ; «  Tales of Cyparis » a le charme de ce qui se livre immédiatement et la richesse de ce qui se découvre ensuite.

Jean-Marc Gelin

 

 


 

 

 


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commentaires

G
<br /> tres bien produit<br /> <br /> <br /> "joli"<br /> <br /> <br /> eligible pour France inter<br /> <br /> <br /> personnellement ne m'interresse pas<br /> <br /> <br /> désolé<br /> <br /> <br /> G C<br />
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