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1 juillet 2010 4 01 /07 /juillet /2010 19:09

ECM 2010

Tim Berne (as), Craig Taborn (p),Michael Formanek (cb), Gerald Cleaver (dm)

 

FORMANEK.jpg Il y a des disques dont on sort de l’écoute en se sentant un peu idiot. En ayant le sentiment  d’être passé à côté de quelque chose sans réellement savoir de quoi il s’agit. On sent bien, on sait bien qu’il s’est passé quelque chose de beau, de très beau mais sa forme reste difficilement saisissable. On est face à une esthétique esthétisante, un pur moment intellectuel, un  art un peu conceptuel dont on appréhende d’abord les contours avant de se l’approprier réellement.

C’est un peu ce qui se produit avec cet album du contrebassiste Michael Formanek qui signe là son premier disque ECM avec u  quartet inédit. Pour l’occasion il retrouve le saxophoniste New-Yorkais Tim Berne avec qui il a eu l’occasion de travailler souvent ainsi que Craig Taborn aux claviers et Gerald Cleaver aux baguettes. Il s’agit alors pour eux d’explorer des espaces d’improvisation  de se rencontrer, de se séparer, de faire vibrer la forme, lui donner une vie modelée comme de la pâte. Tim Berne que l’on connaît fougueux et presque free se trouve ici un peu à contre-emploi dans une musique qui n’est pas réellement la sienne mais qu’il parvient à animer. Craig Taborn quant à lui est véritablement le centre du propos bien que lui aussi soit dans un registre qui n’est pas le sien, abandonnant ici les claviers électriques pour le piano acoustique.  Un jeu égrené d’arpéges filants sur une onde invisible (Twenty Three Neo), ou bien posant les résonances d’accords graves ou encore tournant autour d’une pièce tonale (Tonal Suite) montre l’étendue d’un jeu décidemment inclassifiable.  Craig Taborn ne se réduit pas à la simple partie d’une rythmique mais en véritable co-leader aux côtés du saxophoniste. Il ne s’agit pas dans son jeu de contre-chant classique mais d’un jeu en véritable contraste. Visiblement très à l’aise avec la musique de Formanek, Craig Taborn lui apporte une fraîcheur magnifique. Dès lors les 4 acteurs de cet espace d’improvisation se concertent, se suivent parfois, martèlent les lignes, déforment légèrement les espaces dans un cadre harmonique qui reste très construit et très strict. Et c’est tou leur art de parvenir à cet ensemble kaléidoscopique dans un système plutôt contraignant.

Le résultat, pour autant, est assez conventionnel et ne surprend pas réellement. L’ouvrage n’est pas réellement difficile d’accès et reste dans le domaine des musiques improvisées. Mais il paraît parfois un peu hermétique par son aspect un glacé qui s’écoute, s’entend mais peine à imprimer durablement son empreinte.

Jean-Marc Gelin

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