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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 20:37

 

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Zig Zag Territoires/ Harmonia mundi

Collection Pure /Philippe Teissier Du Cros

2010

Michel BENITA,  Miyeko MIYAZAKI, Eivind AARSET, Matthieu MICHEl, Philippe GARCIA

 

Plus qu’à un folklore imaginaire, ce nouvel album du contrebassiste Michel BENITA nous invite à un voyage « alternatif », solidaire et responsable. Au regard des nationalités des membres de la formation, et de l’instrumentarium original, on pourrait penser à un « mesclun » de pop, folk, jazz et électro, pimenté du son inoubliable du koto. C’est beaucoup mieux que cela et on se trouve sous emprise, dans le flux continu de cette musique vite planante.

 

Avec cet ETHICS bien nommé, on change de climat, et il se dessine une autre géographie par la richesse de tons, la diversité des timbres et les couleurs qui se mêlent : le koto et la voix envoûtante de Mieko Miyazaki , la trompette lunaire de Matthieu Michel qui, avec son phrasé aéré, fait respirer la musique, la guitare fine de Eivind Aarset, la batterie intense et toujours attentive de Philippe Garcia, and last but not least la contrebasse charnelle de Michel Benita ! Ils ne sont que 5 et pourtant leur musique emplit l’espace intensément, d’un son très pur, spatial (on se croirait chez ECM ).

Fantômatique et inspirée, cette musique l’est bel et bien, et sous le calme apparent, brûle une intensité maîtrisée comme dans cet « Haïkool » étrangement étiré en son début, qui dégage ensuite de plus vives aspérités. On part en exploration aux accents extrême-orientaux de cette étonnante joueuse de Koto, déjà complice de Nguyên Lê dans le dernier album du guitariste. Sa voix troublante, trait d’union de cette musique altermondialiste, entraîne une tournerie grisante électronique et hypnotique. Le son de la trompette, écho étouffé se coulant dans les effets électroniques et les samples, distille une sensualité rare dans l’espace aménagé par le tapis des cordes.

La jouissance du son le dispute à la pertinence du propos, constituant une invitation au songe, à la liberté de jeu, d’écoute, des sens.

Cette ouverture aux mondes, cet esprit nomade qui se joue des frontières de styles et de pays sont remarquablement décrits dans les notes éclairantes de Stéphane Ollivier qui évoque « l’archipélisation » actuelle, chère à l’écrivain antillais Edouard Glissant.

Ethics nous transporte du Japon millénaire à la Scandinavie sauvage, de l’Orient mystérieux aux Highlands brumeux ( le traditionnel « Oran Nan Raiders ») et on se régale des accordailles de la Koto avec les décharges saturées ou au contraire les notes perlées de la guitare. La référence prégnante à George Harrisson (« Green Power » lui est dédié) n’est pas indifférente ( reprise de « Blue Jay Way »). La musique partagée par le quintet ne cesse de raconter et l’on suit la narration sur une lisière, là où les chemins serpentent, entre cultures et territoires.

Salutaire en ces temps troublés de repli frileux sur des valeurs individualistes et trop souvent communautaristes.

 

Sophie Chambon
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commentaires

J
<br /> <br /> Excellent disque.<br /> <br /> <br /> Excellente chronique. Juste. Concise. Véritable.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bravo<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Hey Jean-Marc,<br /> <br /> <br /> Super chronique de Mirror mais fais gaffe, Lloyd a mal aux anches.<br /> <br /> <br /> Amitiés, michel<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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