Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 juin 2017 4 29 /06 /juin /2017 19:34

Mets le feu et tire-toi
James McBride.

Traduit de l’américain par François Happe. Editions Gallmeister. Mai 2017. 336 pages. 22,80 € 
Il a marqué l’histoire de la « great black music » avec bruit et fureur. Plus de deux cent millions de disques vendus en quarante-cinq ans de carrière, des succès planétaires et éternels ( Please, Please, Please, Papa’s Got a Brand New Bag, Say it Loud, I’m Black and I’m Proud), des concerts-shows époustouflants : James Brown a connu la gloire de son vivant. Sa personnalité restait pourtant encore mystérieuse quand il disparut le 25 décembre 2006 à Atlanta (Georgia) à 73 ans. Le travail d’enquête auquel s’est livré James McBride, romancier américain (Color of Water,1995) et saxophoniste ( joua dans le groupe du chanteur Jimmy Scott) permet de dresser un portrait aussi précis qu’intime du Godfather of Soul, sans céder à la tentation des ragots, argument commercial habituel des biographies. McBride a rencontré de nombreux proches de James Brown, des musiciens (Pee Wee Ellis notamment), des gérants de ses affaires, des amis et nous offre des témoignages sensibles et percutants.
 Le petit homme (168 centimètres) du Sud, natif de Barnwell (Caroline du Sud) était un homme dur, voire brutal (en affaires et dans la vie privée), un artiste perfectionniste au dernier degré, n’hésitant pas à faire répéter deux à trois heures durant son orchestre, chœurs y compris, ….. et ce après un concert pour rectifier les moindres défauts. Il n’avait comme seul objectif que de « casser la baraque » sans aucun compromis et avait comme principe « Mets le feu et tire-toi ». On le vit ainsi reprendre son avion dès la fin du concert donné à Kinshasa à l’occasion du combat de boxe Ali-Foreman (1974) sans attendre les diamants promis à tous ses invités par le président Mobutu. L’homme qui s’était engagé publiquement en faveur de la cause de ses frères noirs ne se découvrait pas pour autant. « Il n’avait pas envie que les gens le connaissent (…) Il faisait tant d’efforts pour cacher ses sentiments », relève James McBride. Star  mondiale, James Brown est ici décrit comme un solitaire qui confie à un proche : «  Vous êtes le seul homme à savoir que je ne sais pas aimer ». Et pourtant, un de ses derniers gestes aura été de léguer une grande partie de sa fortune à une fondation qui devait financer les études d’enfants défavorisés de son Sud natal. Une disposition qui sera hélas annulée par une procédure judiciaire lourde engagée par les nombreux héritiers du Parrain de la Soul.
Un document sérieux et passionnant qui en dit beaucoup sur un artiste mythique et-ce qui n’est pas moins intéressant-sur l’état d’esprit  des Etats du Sud des Etats-Unis.
 Jean-Louis Lemarchand

 

Partager cet article
Repost0

commentaires