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16 mars 2021 2 16 /03 /mars /2021 17:47
Pierrick PEDRON  FIFTY FIFTY New York Sessions

Pierrick PEDRON

FIFTY FIFTY

New York Sessions

Sortie 5 mars 2021

l’Autre Distribution/Gazebo

 

Pierrick Pédron - Teaser - Sakura - Fifty/Fifty New York Sessions - YouTube

 

Enregistré en janvier 2020, en quartet, à New York avec la fine fleur de la rythmique américaine, ce CD fait partie d’un “faux-double” album, puisque fin 2018, pour les cinquante ans du saxophoniste alto Pierrick Pédron, fut gravé un autre CD, à Paris cette fois, toujours en quartet mais avec une instrumentation différente (clavier, sax, tp, batterie).

Cet album de l’équilibre, ce que souligne la photo de Pierrick sur les rails, a été enregistré sur Gazebo, le label de Laurent de Wilde qui ne peut résister à “un vrai disque de jazz”. Il fut conçu avec la complicité constante du producteur et ami Daniel Yvinek, sous la houlette de James Farber, le sixième homme de la formation, qui a enregistré le son sur 2 pistes en direct.

Laurent de Wilde vous présente FIFTY-FIFTY NY SESSIONS - PIERRICK PÉDRON - YouTube

Je me souviens encore de ma rencontre musicale avec Pierrick Pedron pour son troisième album en 2005, qui rendait hommage aux standards, Deep in a dream, déjà enregistré aux Usa, avec le pianiste Mulgrew Miller. Cette fois, ce sont des compositions originales, denses et inventives avec leurs modulations brusques, leurs variations de temps, et toujours cette ferveur.

Bien que fidèle au bop (de ses débuts au Petit Op’ aujourd’hui disparu), amoureux de Charlie Parker mais aussi de Sonny Stitt, Pierrick Pédron ne veut pas se focaliser sur ce style,  son carburant, il reste ouvert aux influences, aussi bien jazz que pop et rock, comme il l’a prouvé dans toute sa discographie!

Pierrick raconte comment il s’y est pris pour composer : parti d’improvisations libres, aléatoires sur dictaphone, sans cellule rythmique ni structures harmoniques, une fois les thèmes non harmonisés choisis, il les a soumis à Laurent Courthaliac, pianiste expert en be bop, s’il en est, qui a su retravailler ces morceaux "éclatés".

Dans ce retour aux sources, qui est tout sauf rétro, on le retrouve comme on l’aime, du vif argent, dès le démarrage comme un boulet de canon, avec ce “Bullet T”. Si certains prenaient le “A train” dans le passé, le quartet a gagné encore en vitesse, en prenant le Shinkansen. Et ça dégage!  Pierrick Pédron a une passion pour le Japon, terre de jazz par excellence, beaucoup de ses thèmes ont ce parfum d’origine dans leur titre de “Bullet T” ( le shinkansen) à “Origami”, “Mr.Takagi”, “Mizue”, sans oublier les cerisiers qui sont roses dans le pays du soleil levant, les “Sakura” évidemment!

Toujours aussi généreux dans l’engagement, donnant toute sa puissance, il est soucieux de mélodie, du phrasé et de rythme, mais il sait se faire tendre, lové dans une rythmique soyeuse, dans les ballades alternées finement dans le programme. “Sakura”, après une introduction stimulante de près de 2 minutes au piano, fait entendre un alto sensible, jamais éploré. Pierrick Pedron s’y fait chanteur, souple et éloquent. La pulse ne cesse jamais, même dans ce mouvement plus voluptueux. L’esprit de la danse tantôt alanguie, tantôt débordante d’énergie infuse tout l’ album. Avec un entraînant “Boom” aux réminiscences monkiennes, Pierrick n’attend pas que le monde vienne à lui, sa séduction n’est ni tranquille ni douce, elle emporte  l’adhésion par une urgence, une intensité, jamais fabriquées. C’est qu’en prenant des risques, il se livre. C’était assurément un nouveau challenge que de travailler avec ces trois Américains  à la complicité indiscutable. Pierrick qui aime se mettre en danger, a su très vite s’imposer, conquérir l’équipe qu’il avait "castée", Sullivan Fortner au piano, Larry Grenadier à la basse, Marcus Gilmore aux drums (le petit fils de Roy Haynes !). Il a trouvé des partenaires qui l’ont suivi, en donnant le meilleur d’eux mêmes pour une musique qu’ils connaissent presqu’instinctivement. Les voix dialoguent et/ou fusionnent dans un souci constant d’équilibre; on ressent parfaitement l’énergie live de cette session unique au Studio. Après une bonne préparation des compositions, Pierrick est suffisamment chaud, il a “le jargon dans les pattes”, et c’est gagné comme il dit dans la belle interview de JM Gelin sur Radio Jazz Aligre, 93.1.

Avec ces fines gâchettes du cru, il s’est offert une expérience tonique, une cure de jouvence. Une recette infaillible jouée avec conviction et foi. Que demander de plus?

Oui, encore une chose, le deuxième volet, français, à sortir cet automne…

 

Sophie Chambon

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