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3 juin 2021 4 03 /06 /juin /2021 09:39

Propos recueillis par Jean-Louis Lemarchand.


Quatre ans après leur première rencontre discographique (Riddles), les pianistes Ray Lema et Laurent de Wilde confirment de belle manière leur complicité (Wheels). Un album plein de sève et de sensibilité. Sur deux Steinways, ils proposent un répertoire de leur cru (6 compositions communes et 2 signées de Wilde) qui balaie un large univers, l’Afrique natale de Ray, l’Europe et les Etats-Unis chers à Laurent et une incursion sur les terres cubaines. Dans un entretien pour les DNJ, Laurent de Wilde met l’accent sur cette « complémentarité des savoirs » qui donne naissance à « une musique complète »

 

 

Les DNJ : Comment trouver un terrain d'entente et d'écoute quand on vient de deux univers différents ?
Laurent de Wilde : Il faut d’abord du respect, de l’admiration. Et Dieu sait si j’en ai pour Ray, incroyable aventurier de l’expérience musicale. Guitariste, chanteur, maître percussionniste, son regard porte loin et va jusqu’aux aux sources de ce qui nous fait vibrer. Et puis aussi de la curiosité ! Je ne me lasse pas d’apprendre avec lui tout ce qui sous-tend son jeu, comment il fait tenir la musique sous ses doigts d’une façon si différente de la mienne ! Composer avec lui est un apprentissage permanent : comment fait-il tourner cette rythmique ? où place-t-il ses accents ? sur quelle architecture sous-jacente fait-il reposer son jeu ? Je le bombarde de questions et il fait de même avec moi, et chaque réponse nous rapproche un peu plus.

 


-DNJ : Quelle est la répartition des rôles dans cet exercice ?
LDW : Nous concevons notre musique comme une danse. Y a-t-il un rôle assigné dans notre couple de danseurs ? Je ne pense pas. Notre but est de nous fondre l’un dans l’autre et non de briller chacun au détriment de son partenaire. La beauté de la danse se construit à deux, si l’un soutient et que l’autre s’envole, les rôles peuvent s’inverser en quelques secondes. Ray possède une maturité rythmique qui m’impressionne particulièrement et mes années de jazz  m’ont permis d’aller plus loin dans l’harmonie, mais c’est justement cette complémentarité des savoirs qui nous permet de créer une musique complète. Chacun offre donc à l’autre les conseils et les connaissances qui lui permettent de parler la même langue.

 


-DNJ : Quelles sont les clés d'un partage équitable entre deux instrumentistes ?
LDW : La discussion ! Nous parlons beaucoup avec Ray de l’équilibre à trouver dans notre duo. Dès que l’un se sent un peu sur la touche, pas dans la danse, il en parle et nous essayons de trouver un moyen d’y remédier….

 

 

-DNJ : En quatre ans, quels changements sont intervenus dans votre coopération ?
LDW : Notre premier enregistrement s’est passé très vite… on ne se connaissait pas aussi bien que maintenant, chacun a mis sur la table ce qui lui était propre et nous avons essayé d’équilibrer notre rencontre au mieux. Et puis il y eut quatre ans de tournées, de discussions, de découvertes… Progressivement, chacun a assimilé dans son jeu celui de l’autre, pour développer une sorte de télépathie essentielle dans un projet comme celui-ci. Je dirais par conséquent que si notre premier enregistrement était une rencontre, celui-ci est une fusion !


Ray Lema-Laurent de Wilde, ‘’Wheels’’.
Gazebo Studios, Paris, novembre 2020.
Gazebo/One Drop/L’autre distribution. Sortie le 28 mai.
En concert les 15 et 16 juin au Sunset (75001).

 

 

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