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2 mai 2023 2 02 /05 /mai /2023 18:07

64 pages. 13 euros. Editions de la Philharmonie, collection Supersoniques.
Paru le 16 mars.

 

     Un point de prime abord subalterne mais capital pour l’inventeur d’un synthétiseur qui plut tant à Sun Ra, Herbie Hancock ou encore… Stanley Kubrick. Son nom, Moog, doit se prononcer Mogue (comme Vogue), compte tenu de son origine hollandaise, et non Mougue, comme le font la plupart des gens. « Il faut croire que la prononciation en « ou » colle trop parfaitement avec le son produit par ses machines », observe Laurent de Wilde, auteur de cette courte et pétillante biographie de Robert Moog (1934-2005) « mise en images » (20 pleines pages) par un créateur de bandes dessinées, Yvan Guillo, alias Samplerman.

 

     L’ancien élève de Normale Sup s’est délecté à retracer le parcours de ce new-yorkais, fils d’un ingénieur électrique, qui donna naissance à ces drôles de machines qui font « VZZIIOUNG » ou « WOOOAAAOUH ». Le pianiste-compositeur avait fait ample connaissance avec Robert Moog en préparant « Les fous du son » (Grasset 2016), guide au pays des inventeurs qui créèrent de la musique avec de l’électricité, d’Edison à Rhodes, Kakehashi, Zinovieff, Martenot…

 

 

     Branché sur les sciences et la musique dès son adolescence, Bob Moog va ainsi s’atteler à produire du son avec de l’électricité mais aussi des transistors et un haut-parleur. Les appareils qui sortent des ateliers R.A Moog à Trumansburg (New-York) vont séduire nombre de musiciens et pas seulement dans la sphère du rock et autres sons psychédéliques. Une certaine Wendy Carlos reproduit ainsi au Moog un Concerto Brandebourgeois de Bach. Un choc. Sorti en 1968 par Columbia, "Switch on Bach" remporte quatre Grammy Awards et dépasse le million d’exemplaires vendus. Même succès trois ans plus tard avec la commande de Stanley Kubrick pour la bande son d’"Orange Mécanique", qui « passe Beethoven à la moulinette du synthé ».

 

     Inventeur révéré, fuyant les honneurs, Robert Moog, laisse à son brutal décès à 71 ans une entreprise solide. Le fruit des valeurs professées par son fondateur, souligne Laurent de Wilde, « la curiosité, le sérieux ou l’humour selon la nécessité, l’inventivité, le travail en équipe, l’absence de dogmatisme, la perpétuelle recherche de l’amélioration ».

 

     Praticien des claviers (acoustique, électroniques), musicologue, Laurent de Wilde a su fouiller dans les entrailles des Moog et sonder l’esprit de Bob pour nous faire vivre une aventure qui met la science au service du son. Une lecture captivante qui donne envie d’écouter toutes les curieuses musiques générées par ce Messie du son.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

A noter que le Moog est à l’honneur dans le dernier album de Thierry Maillard « MOOG PROJECT » (Ilona-L’autre distribution) qui sera présenté en concert le 4 mai au NEW MORNING (7510).

 

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