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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 23:31

JJJ ANDREW HILL  – « Change»

Blue Note 1966   Réed 2007

Andrew-hill.jpg

 
Belle idée que la réédition de cet album Blue Note dont l’édition originale remonte à 1966 et qui associait aux côtés du pianiste et compositeur Andrew Hill, le saxophoniste Sam Rivers avec Walter Booker à la contrebasse et JC Moses à la batterie.

Cette réédition est l’occasion d’entendre la fougue déstructurante d’un Andrew Hill passé maître dans l’art de la construction free post monkienne dans laquelle le timbre rauque de Sam Rivers s’engouffre avec urgence. On entend dans le jeu et dans la musique de Andrew Hill dressée autour de thèmes forts (Violence/ Pain/ Illusion/ Hope/ Lust/ Desire), un travail en recherche où Andrew Hill joue avec les ruptures radicales allant même jusqu’à passer au clavecin ( !).

La musique jouée est faite de puissance, d’écoute beaucoup, d’énergie qui circule toujours. Comme souvent avec le free jazz l’improvisation libre se meut dans un espace-temps très dense dans lequel prédomine l’urgence. Mais pour autant la musique du regretté Hill ne tombe pas dans une vision univoque des tempis ultra rapides et des écritures ultra serrés. Lust par exemple marque une sorte de pause inattendue et bien plus calme. Bien plus équivoque.

Ce qui frappe chez Andrew Hill c’est qu’il y a là une sorte de continuation de Monk par d’autres moyens. Cela part toujours des mêmes associations d’accords dissonants qui s’émancipent ensuite. Illusion par exemple montre chez Andrew Hill sa part dans la construction de la musique d’après le free. Et lorsque l’on revient à Lust on y trouve aussi des correspondances avec ce qu’écrivait à la même période Wayne Shorter, la même volonté de débloquer le jeu. Sam Rivers joue alors de ses feulements qui, lorsqu’il en supprime les vibratos, laisse apparaître un saxophoniste plus classique qu’il n’y paraît dans la lignée de Rollins et de Joe Henderson.

Une démonstration intéressante en tous cas, alors que Andrew Hill vient de nous quitter, des portes qu’il parvenait à ouvrir dans cet univers en construction après le chaos du free. Des voies qu’avec beaucoup de prescience il désignait alors.                         Jean-marc Gelin

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