Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 décembre 2008 1 01 /12 /décembre /2008 05:56

Dare 2 Record 2008



 

Il n’y a aucune raison, mais alors aucune raison du tout de bouder notre plaisir. Parce que franchement dans ce genre d’exercice qu’il maîtrise de bout en bout, Dave Holland qui remet le couvert connaît fort bien son affaire. Dans une veine post revival (re-revival pourrait on dire) qui fleure bon les années 90, Dave Holland met l’accent (et c’est logique) sur l’ultra présence rythmique, sur la chaleur des cuivres et l’énergie partagée. Il faut dire que dans cet exercice du post hard bop il s’entoure de certains orfèvres en la matière. Antonio Hart par exemple dont on avait un peu perdu ses traces depuis qu’il avait quitté Roy Hargove (ça fait un bail) et qui s’offre là un come back du feu de Dieu. Avec Vincent Herring il fait assurément partie de toute une génération jadis prometteuse et que l’on aimerait entendre plus souvent sur nos scènes européennes. Qu’il s’agisse de Equality ou du superbe Rivers Run écrit en hommage au saxophoniste Sam Rivers, chaque fois Antonio Hart y trouve un motif d’expression libéré sur la base d’une montée très coltranienne qui vire à l’explosion dynamique d’un groupe ultra cohérent. Car Antonio Hart tout en gardant sa fraîcheur de jeu a acquis aujourd’hui une belle et réelle maturité (écouter Pass it on). Robin Eubanks au trombone possède quand à lui ce feu sacré et cette pointe de délire sonore qui l’inscrit dans la lignée des plus grands. A l’entendre on se dit qu’un jeune prodige comme Gianlucca Petrella, nouvelle révélation italienne de l’instrument, doit certainement beaucoup écouter son grand frère. Et puis l’on découvre aussi un trompettiste jusque là très peu entendu chez nous, Alex Sipiagin, trompettiste russe étincelant et brillant que  certains se souviendront avoir entendu jadis aux côtés du très regretté Michael Brecker.

Quand à la rythmique, impeccable elle porte, elle insuffle l’énergie d’un discours qui semble toujours redécouvert comme aux premiers temps. Mais l’on reprochera à cet album de se baser sur un travail compositionnel pas toujours abouti. Autant des thèmes comme Rivers Run nous séduisent par leur construction, autant le début de l’album se base sur une écriture très approximative. Mais surtout, et c’est là notre principal grief, on est en droit d’attendre de Dave Holland un discours plus neuf ou, à défaut une orchestration plus travaillée à défaut d’une totale remise en cause. L’alignement des choristes sur une structure AABA n’empêche pas le plaisir mais limite un peu les moyens d’innover. Pas de quoi, loin de là bouder notre plaisir. Mais pas de quoi non plus crier au génie. Celui de Dave Holland est toujours intact mais pas grandi pour autant. Jean-Marc Gelin

Partager cet article
Repost0

commentaires