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2 mars 2014 7 02 /03 /mars /2014 22:00

 

Act 2014

Michael Woolny (p), Tim Lefebvre (cb), , Eric Schaeffer (dms)

 wollny.jpg

 

La France, avec un peu de retard à l’allumage commence à céder à la Wollnymania.

Il est vrai que depuis ces 10 dernières années le jeune pianiste allemand est ce qui nous est arrivé de mieux sur la scène du jazz ces dernières années. Il y a une décennie qu’on le découvrait notamment au travers un album enregistré en duo avec le saxophoniste Heinz Sauer ( « Melancholia » en 2004) puis avec son superbe trio Em composé de la contre-bassiste Eva Kruse et de Eric Schaefer.

A peine âgé aujourd’hui de 36 ans, Michael Wollny s’est donc totalement imposé dans le paysage jusqu’à devenir un des éléments incontournables du label ACT au sein duquel il a signé quelques collaboration notables avec entre autre Vincent Peirani ou Joachim Khun.

Dans l’album qu’il signe aujourd’hui, Eva Kruse a laissé la place au contrebassiste Tim Lefebvre. Ce qui n’empêche pas l’émergence d’un véritable trio soudé et homogène. Les afficionados de Em  seront peut-être un peu déconcertés par l’allure très sage de l’album que certains n’hésiterons pas à qualifier ( un peu stupidement je pense) de l’album de la maturité. Car il n’est pas question ici de bouleverser les codes du trio, ni même question de virtuosité pianistique, mais juste d’un trio bâti autour d’un album construit sur des chansons dont Wollny parvient à tisser une sorte de trame unique. Dans un même mouvement assez mélancolique, Wollny s’inspire de chansons allemandes, de Lieds ou encore de pop musique (en conviant notamment Pink sur un morceau chanté par Théo Bleckman et dont la théâtralité m’évoque les scénographies de  Joel Pommerat) pour livrer un album très inspiré par le thème de la nuit et du rêve. Se côtoient ainsi des thème d’Alban Berg, de Charlie Kaufman de David Lynch, d’Hindemith, de Varèse ou encore des inspirations Nietzchéeenes.

Tout en maîtrise, Wollny privilégie le son du trio, échappant largement aux inspirations rock ou pop qui avaient pu nourrir sa musique pour se raccrocher à une forme de tradition du jazz trio. Et dans cet exercice le pianiste met en avant la force du collectif avec une noirceur très douce. Il faut ainsi écouter When the sleeper wakes comme l’illustration parfaite de ce power trio. Tout en retenue, en non-dit, en exaltation discrète des mélodies autour desquels le pianiste tourne avec un art consommé de la digression, Michael Wollny dessine un climat sombre comme un ciel aux lourds nuages gris se déplaçant lentement dans un espace ténébreux. Une sorte de romantisme allemand qui trouverait son expression dans une forme jazzistique très européenne. A l'image de cette mélancolique déambulation sur Lasse, il livre ici un album aux couleurs automnales.

Du très grand art.

Jean-Marc Gelin

 

 

 

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