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1 juin 2010 2 01 /06 /juin /2010 09:10

 

Jazzhausmusik 2010

Uli kempendorf

Uli Kempendorff (ts, cl), Ronny Graupe (g), Marc Muellbauer (cb), Kau Lübke (dm)

Il se passe quelque chose sur la nouvelle scène Berlinoise. C’était en tout cas la conviction des organisateurs du Paris Jazz festival qui avaient programmé cet été un Week-end entier consacré à cette scène allemande où les anciens comme Joachim Kuhn ou Alexander Von Schlippenbach avaient le bonheur de côtoyer des petits jeunes bourrés de talent. On y découvrit alors Hyperactive Kid, jeune trio mené de baguettes de maître par Christian Lilinger, batteur génial et prolixe s’il en est, accompagné par un guitariste, Ronny Graupe, que l’on retrouve justement dans le présent album du saxophoniste Uli Kempendorff.

Ce nouvel album, « Louise » qui vient de paraître sous le label berlinois Jazzhausmusik, ne fait que nous confirmer dans la conviction que nous avions déjà de la force de ce jazz allemand. Le saxophoniste Uli Kempendorff ne cherche pas pour autant à révolutionner le genre. Elevé au jazz new-yorkais, ville où il s’est d’ailleurs installé, Uli Kempendorff puise ses sources du côté de Mark Turner (version Fly) ou encore (et logiquement) du côté du guitariste Kurt Ronsenwinkell dont on connaît les fortes connections avec sa ville d’adoption, en l’occurrence, Berlin.

On a l’habitude de toujours comparer les formules pianoless où le saxophoniste est leader à celle, fondatrice de Sonny Rollins. Ici, autre chose puisque le trio mythique se transforme en l’occurrence en quartet, Uli Kempendorff ayant choisi de doubler la contrebasse par la guitare de Ronny Graupe qui assume clairement le rôle harmonique dévolu habituellement au piano.

Avec un sens aiguisé des compositions acérées et tranchantes, ce quartet s’appuie farouchement sur l’énergie de son leader qui fait ici montre d’un incroyable talent. Avec Kempendorff on a le sentiment que la race des saxophones compte a moins 50 espèces  différentes et donc autant de dialectes. On passe ainsi du rauque le plus déchiré aux fines ciselures dans l’aigu, du groove le plus incandescent au lyrisme le plus maîtrisé. Sorte de mariage entre Chris Potter et Joshua Redman. Sans jamais allumer des feux d’incendie immaîtrisable, le groupe installe néanmoins un groove irrésistible, balance la pulse avec une sacrée élégance jamais éloignée du swing. Jazz classique / Jazz moderne on ne sait pas trop. Mais on se laisse assurément prendre dans les quatre coins  du filet de ce quartet qui nous attrape dans sa nasse captivés par l’énergie circulaire, la force des compositions et le talent de son leader. Ronny Graupe que l’on avait trouvé un peu trop discret dans Hyperactive Kid reste là encore sur sa réserve tout en imposant  toutefois une présence très forte et distillant au gré de l’album quelques petites perles lumineuses sur le chemin.

Débarrassé de tous les clichés d’un jazz allemand dévoré tout cru par le rock et le free jazz, le quartet de Uli Kempendorff n’évite pas une certaine forme d’acculturation qui flirte parfois avec le mimétisme du jazz d’Outre Atlantique. A moins que, tout simplement il n’en jette des ponts et en déplace l’épicentre.


ma pommeJean-Marc Gelin

 

 

 

 

 

voir le site de Uli Kempendorff

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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