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10 avril 2007 2 10 /04 /avril /2007 20:30
Nous nous sommes tant aimés ! Agnès Jaoui nous vous avons aimé. Nous avons aimé cette façon que vous aviez de montrer que l’intelligence n’était pas l’apanage des intellectuels, que la pensée n’était pas sinistre et que le rire même le plus cynique était aussi porteur de sens. Nous avons tant aimé votre façon de porter sur le monde un regard aussi féroce qu’il est tendre, aussi cruel qu’il est justement exigeant sur la nature humaine. Et puis, puisque notre terrain de prédilection ici, c’est la musique, nous avons totalement craqué pour le disque que vous avez publié l’an dernier (Canta) où vous seule sembliez alors en mesure d’exprimer avec autant de force profonde et de chaleur suave cette saudade qui semble si bien vous aller.

 

Et maintenant que vous voilà adoubée et invitée à un festival de jazz (ce dont personnellement je me réjouis) vous déclarez dans un journal suisse  tout de go (allez comme disait Audiard, « il faut oser ») : «  Le jazz quand j’étais adolescente c’était les garçons qui lisaient Hesse et écoutais Wagner (sic !) Et ils ne voulaient pas parler aux filles, donc ils m’énervaient. Et je vais dire un truc énorme – je ne sais pas si je devrais – mais pour moi le jazz c’est l’expression de l’hystérie masculine ».

 

 

Mais oui Agnès vous pouvez tout dire, tout oser puisque vous bénéficiez de cette magistrature d’influence qui entoure les acteurs et leur permet de dire dans n’importe quelle tribune tout ce qui leur passe par la tête. Et puis  surtout ici, au sein d’un festival de jazz on peut tout dire. Le jazz après tout c’est bien ce pays de liberté où l’on peut jouer avec les non sens atonaux, les contresens et les contrepoints, la pensée de l’expression libre et l’improvisation absurde du verbe. Le jazz permettrait alors de dire n’importe quoi, de flirter avec les couacs, et vous en êtes la preuve.

 

 

Mais, Chère Agnès il faut qu’on cause tous les deux. Car je crois que si pour vous le jazz est représenté par les gens qui écoutent Wagner, permettez moi de me demander si depuis toutes ces années vous ne faîtes pas là un terrible contresens. Car, Chère Agnès je dois vous faire part d’une terrible vérité et j’ai peur en utilisant les mauvais mots de vous heurter violemment mais je dois vous révéler une chose terrible : ceux qui vous fait croire toutes ces années que Wagner était un joueur de jazz vous ont menti ! Oui je sais cela doit être dur à entendre mais maintenant que vous vous lancez dans la musique il est des choses que vous ne pouvez plus ignorer. Que vous devez savoir. Et il faut que vous sachiez enfin que le swing est à Wagner ce que Ella Fitzgerald est à Pavarotti. Il en va de votre éducation musicale, de celle de vos enfants et des enfants de vos enfants.

 

 

Quand à l’hystérie masculine dont vous parlez, elle n’a rien à voir avec les envolées légères de Paul Desmond (tiens justement lisez le livre d’Alain Gerber «  Paul Desmond et le côté féminin du monde »). Écoutez les frémissements délicats dans le dernier disque de Paul Motian avec la grâce toute féminine de Joe Lovano. Et surtout accordez nous un peu de votre temps précieux. On vous fera découvrir le jazz que l’on aime et que visiblement vous ne connaissez pas.

 

 

 

 

 

 

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6 mars 2007 2 06 /03 /mars /2007 07:04

Non mais des fois, elle exagère Anne Montaron ! Elle devrait être bien contente d’avoir eu le privilège de réaliser une des émissions musicales les plus stimulantes du PAF. Alors de quoi se plaint-elle ? Que son émission « à l’improviste » qui laissait un espace de création dédié à la musique improvisée, où les concerts étaient enregistrés en public et diffusés ensuite en différé sur France Musique soit menacée de disparition en plein milieu de saison ? Et alors quoi, la chaîne a eu l’immense bonté d’accorder cette plage horaire à cette émission qui, disons le tout net n’intéresse absolument personne, en dehors de quelques mélomanes, des amoureux de la musique sous quelque forme que ce soit, des érudits, des curieux de la culture, des démangés de la création et de quelques camés qui ne croient qu’au spectacle vivant et enfin last but not least de ceux qui osent prétendre que la musique peut être un espace de liberté et de création instantané. Non franchement, elle exagère Anne il y a des maisons pour ça ! Il est temps aujourd’hui de passer aux choses sérieuses et de recadrer la grille des programmes autour des émissions qui fonctionnent. Tenez tous les soirs de la semaine à 21h France Inter propose les trompettes d’Aida et Frédéric déboule au carrefour de « Lodeon », pour une heure de musique bien comme il faut. Voilà l’exemple à suivre si Radio France veut reconquérir ses parts de marché. Les émissions audacieuses et originales, les espaces de créations uniques, l’ouverture aux musiques non officielles et à la culture musicale ça intéresse qui d’abord ? Non franchement elle exagère Anne Montaron ! Quoi, est ce que c’est à Radio France et surtout à France Musique de prendre le risque de proposer des programmes exigeants et innovants ? Et voilà qu’on va encore une fois demander au service public de proposer des programmes que le privé ne veut pas proposer à ses auditeurs. Comme si c’était son rôle au service public ! Non, elle exagère Anne Montaron, et puis quoi encore, pourquoi pas des émissions d’ethnomusicologie sur France Musique tant qu’on y est ? On est pas à la Radio Suisse ici, ni sur Aligre, ici c’est le SERVICE PUBLIC madame  ….

 

 Et d’abord la musique improvisée est-ce de la musique ? On est en droit de se poser la question si l’on en croit les déclarations du directeur des programmes de Radio France. Selon lui, pour la musique improvisée il y a déjà les émissions de jazz. Et c’est déjà assez généreux de la part de France Musique de laisser quelques plages au jazz dans sa grille des programmes. Si en plus il faut laisser de l’espace à la création de trucs difficiles qu’on comprend pas ! Moi je vous le dis le chanteur Bénat Atchiary, allez ouste ! La théorie du chaos, à la trappe ! Non mais des fois pour qui elle se prend la Montaron  !

 

Mais dans tout cela il y a franchement une bonne nouvelle. Et là je voudrais m’adresser aux jeunes désoeuvrés qui ne savent pas encore ce qu’ils peuvent faire dans la vie. Je vous le dis tout net, cette affaire nous rend farouchement optimiste pour vous les jeunes. Car il s’avère que, oui on peut aujourd’hui être Directeur des programmes de France Musique et considérer que la musique improvisée c’est le jazz et donc inversement que le jazz c’est forcément de la musique improvisée. Ainsi nous découvrons que les chants Aka, la musique pygmée c’est pas de la musique, la musique contemporaine plutôt une déviance et que Duke Ellington n’est en fait que de la musique classique moderne. Comme on sait bien que penser cela bien évidemment est une totale bêtise et que personne au monde ne pense cela sauf …… le directeur des programmes musicaux de Radio France, cela nous rend guillerets pour les jeunes d’aujourd’hui : car oui je vous l’assure le plus cancre d’entre vous pourra un jour devenir…..  Directeur des programmes musicaux de Radio France.

 

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4 février 2007 7 04 /02 /février /2007 21:19

Notre coup de coeur ce mois-ci ne nous est pas venu d’un Cd qui aurait fait l’actualité. Il y aurait pourtant matière à se réjouir tant les livraisons reçues sont abondantes et pourraient témoigner d’une incroyable vigueur de l’industrie phonographique si l’on avait en tête les chiffres alarmants venus du Midem. Curieux paradoxe tout de même : alors que la vente de disque connaît une crise sans précédent on a jamais eu autant de production de nouveaux albums. Forcément quelque part quelque chose doit coincer. Sans compter certains gourous sortis de nulle part et qui nous promettent que dans un futur proche la musique sera carrément gratuite. Faut voir.

 

Non, notre coup de cœur ce mois-ci est venu d’ailleurs. Il nous est venu de la photographie avec cette sublime réedition chez l’éditeur d’art Taschen de ce formidable travail réalisé par William Claxton et Joachim E. Berendt sur la Nouvelle-Orléans dans l’amérique des années 60. Intelligent travail de réédition qui un an après l’Ouragan Katrina restitue ce territoire dans son époque mais aussi dans la permanence de ses douleurs. Mais surtout elle aboutit à la prise de conscience du travail de ce photographe légendaire qui pense ses photos au-delà de la simple recherche d’une esthétique (souvent figée dans le jazz) pour aboutir à une vraie contextualisation sociale.

 

Le photographe comme témoin d’un phénomène social plus que comme portraitiste. D’où la prise de conscience du caractère essentiel de ce travail dans notre univers du jazz, témoin non seulement d’un événement donné (un concert, un festival) mais aussi du moment de son occurrence. Au-delà de la photo de jazz, le témoignage de ce que cette musique porte en elle.

 

Ce travail est aujourd’hui indispensable et reste en grande partie à faire si l’on veut décristalliser la musique que nous aimons et lui rendre sa force sociale au delà de son seul impact culturel. C’est ce qu’on su faire les acteurs de la musique hip hop. A force non seulement de musique mais aussi de témoignages culturels et presque ethnographiques, de reportages télé et d’images qui allaient chercher au delà des simples salles concert ( au risque d’ailleurs de tomber dans d’autres caricatures), cette existence aboutit aujourd’hui à la création d’une maison du Hip Hop à Paris quand la maison du jazz est elle contrainte de fermer ses portes.

 

Dans la musique que nous aimons il y a autre chose que des simples clichés ( au double sens du terme) couchés noir et blanc dans les volutes des fumées. Certains ont su voir cela  comme Claxton ou comme le Querrec. Mais on n’en mesure pas moins tout le chemin qui reste à parcourir. Inventer un autre regard. Formidable défi pour cette profession.

 

Si seulement un grand lieu d’exposition ouvrait ses portes à une retrospective de l’œuvre de William Claxton, la profession dans son ensemble y trouverait là le signe d’un formidable encouragement. Qu’il nous soit permis d’y rêver un peu.

 

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6 janvier 2007 6 06 /01 /janvier /2007 10:03

C’est en faisant une brocante l’autre jour que je suis tombé sur un petit bijou de la musique funk. Un Vynil de James Brown des années 70, «  Sho is Funky down here » entièrement instrumental. Un bijou je vous dis ! Si vous le trouvez quelque part, n’hésitez pas.

Quelques semaines plus tard nous finissions l’année tristement en apprenant la disparition de James Brown. Et comme si ce n’était pas suffisant nous avions appris un peu avant la perte de Amhet Ertegun, figure légendaire du label Atlantic. Amhet vous savez le petit bonhomme rondouillard à lunettes qui un jour a découvert et propulsé Ray Charles.

Si je vous parle de cela ce n’est pas pour donner dans la nécro. C’est juste qu’il s’agit dans les deux cas d’un même symbole qui disparaît en ce triste mois de décembre. Celui d’une certaine musique populaire noire américaine. Celle qui ose. Avec Amhtet Ertegun  le label Atlantic prend le risque de la révolution «  Free jazz » d’Ornette Coleman après avoir lancé la bombe Ray Charles. Celle aussi qui du côté de James Brown bouscule l’Amérique bien pensante et loin des luttes du Black Power affiche avec une énergie délirante sa liberté sauvage, sa fougue libératrice. Avec la disparition de tels symboles on est simplement en droit de se demander qui aujourd’hui, de l’autre côté de l’Atlantique réveillera ce petit monde bien assoupi.

Mais tout arrive, regardez Ornette ! Auriez vous pu imaginer dans vos rêves les plus fous qu’il serait un jour récompensé d’un double Grammy Award pour l’ensemble de son œuvre d’une part et pour son « Grammar Sound » sorti l’an dernier ! Vous y croyez ! Lui, l’exemple même de l’artiste maudit, honni, haï sur presque toutes les scènes du monde en cette fin de 20 siècle, gravissant les marches pour qu’enfin son génie soit officiellement reconnu par les officiels officiants prendra alors une belle revanche sur une histoire qu’il ne doit qu’à son génie et à son admirable persévérance sans laquelle il n’est point de liberté.

 

Car les génies sont souvent nés de leur époque en choquant, en bouleversant, en surprenant au sens très fort du terme, en élevant contre eux les herses d’un conservatisme frileux, en déclenchant les foudres hostiles des gardiens de quelques temples endormis. Que nos vœux en ce début d’année aillent donc aux musiciens, chanteurs et artistes pour qu’à leur tour ils nous bouleversent, nous choquent, nous surprennent, suscitent de nouvelles batailles d’Hernani et qu’enfin ils abattent eux aussi les murs de nos chapelles tristement assoupies.

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5 décembre 2006 2 05 /12 /décembre /2006 22:05
Éditorial

 

 La production discographique reçue durant ces derniers mois à la rédaction des DNJ nous a paru intéressante en ce qu’elle illustre bien de manière catégorique les tensions qui s’exercent dans la création jazzistique. Tensions contraires qui oscillent entre un renouveau par l’ouverture au monde d’une part et l’affirmation identitaire d’autre part. Alors que Nico Morelli va voir du côté de la Région des Pouilles comment marier la jazz et la Pizzica (avant lui Stéfano Bollani renouait aussi avec une certaine forme de musique italienne), James Blood Ulmer nous livre son plus bel album de blues de ces dernières années, et le plus roots aussi. Quand Jacques Schwarz Bart entreprend de mêler la musique Gwo-ka au funk, quand Bojan Z réarrange des couleurs musicales tirées d’Europe de l’Est et que Christophe Wallemme joue les nocturnes indiens,  Brad Meldhau ou Pierrick Pedron reviennent aux racines du jazz le plus acoustique jusqu’à assumer dans la pure tradition les standards les plus souvent joués. Et l’on en finirait plus de dresser ces listes antagonistes d’où émergent en contrepoint une vraie problématique. Car si l’ouverture aux autres musiques peut être le vecteur d’une dilution tiède du jazz, l’ancrage dans la tradition est aussi souvent facteur de sclérose et de momification. Cruel dilemme en ce début du XXI° siècle où les directions que prendront le jazz de demain restent encore incertaines et les pistes explorées encore hésitantes. Prenez le temps au travers de la sélection discographique que nous vous proposons d’analyser cette production en utilisant cette clef d’analyse. Vous verrez que la ligne de fracture n’en apparaîtra que trop clairement. The shape of jazz to come ainsi que le disait Ornette Coleman en son temps reste à ce jour un véritable mystère. Un mystère excitant.

 

 

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4 décembre 2006 1 04 /12 /décembre /2006 07:35

JJJJ JACQUES SCHWARZ-BART : « Soné Ka-La »

Emarcy 2006

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8 novembre 2006 3 08 /11 /novembre /2006 11:32

Un chroniqueur s'ausant bêtement avec des balloons de baudruche au lieu d'écrire une chronique qu'on lui a demandé depuis 6 mois mais bon il est comme ça le garçon

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8 novembre 2006 3 08 /11 /novembre /2006 11:32

Un chroniqueur s'amusant bêtement avec des ballons de baudruche au lieu d'écrire une chronique qu'on lui a demandé depuis 6 mois .....

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6 novembre 2006 1 06 /11 /novembre /2006 07:30

Et si c’était vrai ! Si l’audace souriait vraiment aux audacieux. A ceux qui prennent le risque de surprendre et d’oser. Tenez, prenez par exemple Roger Fontanel. Vous ne croyez pas qu’il fallait être quand même sacrément gonflé pour créer, il y a 20 ans un festival de jazz, en plein automne frileux à Nevers ? Et pourtant à force de talents, de belles programmations et d’énergie de tous ses animateurs si dévoués, ce festival est devenu aujourd’hui l’un des rendez vous incontournable du jazz en France. A force d’audace. A tel point qu’aujourdhui d’autres merveilleux festivals d’automne fleurissent comme Jazz au Fil de L’Oise, le festival Bleu Triton ou encore le festival de Reims.

Et que dire de l’audace de Michael Wellner-Posspisil, Directeur du Centre Tchèque qui, par pure passion a créé il y a quatre ans Jazzycolors, festival d’un genre inédit associant une 15aine de Centre Culturels à Paris pour faire venir durant plus de 10 jours des groupes inconnus de nous et venus du monde entier. Où ailleurs pourriez vous entendre un jour le trio de l’espagnol Augusti Fernandez à L‘institut Cervantès, le lendemain Fabian Kallerdhal au Centre Culturel Suédois et quelques jours plus tard Heinz Sauer et Michael Wollny à l’Institut Hongrois ? Daniel Humair qui parraine ce festival inédit nous donne là une belle occasion d’aller voir un peu ailleurs si le jazz y est.

L’audace c’est aussi ces musiciens qui osent. Ainsi Jean Charles Richard à qui nous avions ouvert nos colonnes il y a deux mois et qui pour son premier album se lance un défi insensé, celui d’un formidable album de saxophone en solo. Nous pourrions aussi parler de l’audace d’un Niels Lan Doky qui rêvait d’un film sur les musiciens légendaires du jazz, du genre Buena Vista Social Club et qui faute de réalisateurs disponibles a décidé de se lancer et de passer avec brio de l’autre côté de la caméra pour mener à bien cette folle entreprise.

 

L’audace est un dérivé du verbe « audare » qui, en latin veut dire « être avide de ». Et c’est bien dire ce qu’il faut de passion, de folie et d’envie insatiable à tous ceux qui pour nous, osent prendre des risques pour aller au bout de leur rêve. Pour que ces rêves désormais accomplis deviennent un jour les nôtres.

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7 octobre 2006 6 07 /10 /octobre /2006 09:24

 

Dans le rayon librairie de mon grand magasin « culturel » préféré, je vais toujours voir la spécialité « Arts et Musique » pour y dénicher l’objet rare. Lorsque l’autre jour mon regard tomba sur cet imposant ouvrage (à vue de nez 1500 pages au moins !) intitulé sobrement «  Dictionnaire de la Musique  » et forcément, j’ai eu envie de le consulter. L’ennui dans ces grands magasins c’est que ces ouvrages sont sous cellophane, impossible à feuilleter. J’ai donc pris sur moi de l’ouvrir quand même, en cachette mais c’est pas grave parce que dans les rayons « Librairie musicale » de ces grands magasins, il n’y a jamais personne et que je ne risquais pas d’être vu en train de commettre l’acte honteux mais bon de toutes façons, le client est roi. Un peu à la manière de mon grand père qui pour tester un grand restaurant filait droit dans les sanitaires pour en apprécier leur état, moi j’ai filé tout droit à la lettre « C » et à ma grande surprise ce Dictionnaire de la Musique ignorait « Coltrane ». Je suis pas bien futé, me dis je, il ne s’agit pas d’un dictionnaire « du » jazz, alors filons à la lettre « E ». Pas de Ellington non plus. Je regardais à nouveau la couverture pour avoir la confirmation du titre. Pas de doute il s’agissait bien d’un « Dictionnaire de la Musique  ». Mais Parker n’y figurait pas, Louis Armstrong encore moins et Jerry Roll Morton vous n’y pensez pas. Quand à Miles Davis de guère lasse je n’ai même pas essayé, cela m’aurait fait trop mal. J’allais partir, désabusé mais je revins sur mes pas et tentais alors un dernier essai. Juste une dernière lettre. Celle qui sauverait tout. Celle qui pourrait absoudre l’infamie faite à ces grands hommes et me laisserait encore croire en notre humanité. Qui me confirmerait que tout un pan de la culture du XX° siècle n’avait pas été englouti dans je ne sais quel tombereau. En désespoir de cause, le cœur battant j’allais avec appréhension à la fameuse lettre ……..…. la lettre « J ». Parce qu’enfin dans un dictionnaire de la musique, le « jazz » ne pouvait pas avoir disparu. Ce n’était pas possible. Pas envisageable. Ou alors c’est que j’avais rêvé et mon père aussi et le père de mon père encore plus. J’ouvris donc à la lettre «  J » et bien sûr, la suite  vous  la connaissez.

L’auteur de cet ouvrage, l’éminent journaliste M.V grand spécialiste de Haydn et de Sibelius peut ainsi vendre des milliers d’exemplaires (sous cellophane) d’un dictionnaire de la musique tout en oubliant rien moins que le Jazz. Celui qui s’enseigne dans des écoles bien comme il faut, qui peut remplir aussi bien le Carnegie Hall que la Salle Pleyel. Celui qui ne cesse de vivre. Celui qui est venu au monde avec Bach et Debussy. Celui qui émane du blues et qui a donné un jour naissance au rock. Mais il faut croire pourtant que la musique que nous aimons et pour laquelle vous lisez ces lignes reste encore pour un grand nombre d’érudits un épiphénomène de l’art musical, un truc qui ne durera pas et qui fera son temps comme les vases étrusques ou les commodes Napoléon III. C’est dire tout le chemin qui reste encore à parcourir avant que Ellington et ses frères d’armes ne trouve leur vraie place non pas au panthéon du Jazz (ça fait belle lurette qu’ils y sont) mais dans celle de l’histoire de la musique. C’est tout le travail qui reste encore à faire pour faire comprendre et aimer cette musique que nous défendons, corps et âme.

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