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21 novembre 2017 2 21 /11 /novembre /2017 16:58

Stephan Oliva & Susanne Abbuehl à la remise des prix  

photo@david-desreumaux

 

Grands Prix

Proclamés le 16 novembre à 19h au studio 105 de la Maison de la Radio

Grand prix jazz

Stephan Oliva/Susanne Abbuehl/Øyvind Hegg-Lunde « Princess » (Vision Fugitive/L'Autre distribution)

 

Grand prix blues

Dee Dee Bridgewater « Memphis… Yes, I'm Ready » (OKeh/Sony Music)

 

Prix in honorem jazz

Fred Hersch, pour l'ensemble de sa carrière, à l'occasion de la parution de son disque «Open Book» (Palmetto/Bertus distribution), et de son autobiographie Good Things Happen Slowly : A Life In and Out of Jazz (Crown Archetype Press, 2017)

 

Prix Jazz hommage in mémoriam

Alain Tercinet

À l'occasion de la parution du coffret «Thelonious Monk, Les Liaisons Dangereuses 1960» (musique du film de Roger Vadim, inédite au disque Sam Records-Saga/Pias), auquel il avait participé, un hommage à Alain Tercinet, disparu en juin 2017, pour sa considérable contribution à la connaissance et à la diffusion de cette musique, par ses recherches, ses articles, ses livres, ses anthologies et compilations discographiques, et ses textes pour les pochettes et livrets d'une foule de disques, CD et coffrets.

 

Ont également reçu un Grand Prix dans une autre catégorie des artistes très impliqués dans le jazz et la musique improvisée

 

Grand Prix de la Parole Enregistrée

Didier Petit, Claudia Solal et Philippe Foch

« Les Voyageurs de l'Espace » (Buda Musiques & CNES / Socadisc)

 

Coups de cœur Jazz et Blues

 

proclamés le 20 novembre dans l'émission 'Open Jazz'sur France Musique

https://www.francemusique.fr/emissions/open-jazz/l-actualite-du-jazz-academie-charles-cros-le-palmares-jazz-et-blues-38099

 

 

Coups de cœur jazz

Stephan Oliva/Susanne Abbuehl/Øyvind Hegg-Lunde « Princess » (Vision Fugitive/L'Autre distribution)

Cécile McLorin Salvant « Dreams and Daggers » (Mack Avenue/Pias)

Pierrick Pédron « Unknown » (Crescendo/Caroline)

Ambrose Akinmusire « A Rift in Decorum » (Blue Note/Universal)

Andy Emler « Running Backwards » (La Buissonne/Harmonia Mundi-Pias)

Paul Lay « The Party » (Laborie Jazz/Socadisc)

Craig Taborn « Daylight Ghosts » (ECM/Universal)

Robert Negro « Dadada » (Label Bleu/L'Autre distribution)

Mark Guiliana « Jersey » (Motéma/Pias)

David Enhco « Horizons » (Nome Records/L'Autre distribution)

Fred Hersch « Open Book » (Palmetto/Bertus distribution)

Vijay Iyer « Far From Over » (ECM/Universal)

 

Coups de cœur blues

Dee Dee Bridgewater « Memphis… Yes, I'm Ready » (OKeh/Sony Music)

Don Bryant « Don't Give Up On Love » (Fat Possum/Differ-Ant)

Robert Finley « Age Don't Mean A Thing » (Big Legal Mess/biglegalmessrecords.com)

 

Xavier Prévost

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19 novembre 2017 7 19 /11 /novembre /2017 20:55

ISABELLE OLIVIER : «  In between »
Enja 2017
Isabelle Olivier (hp), Julie Koidin (fl),  Hugo Proy (cl), Raphaël Olivier (g), Fraser Campbell (sx), Thomas Olivier (p), Devin Gray, Ernie Adams, Dré Pallmaerts (dms)


Album après album, la harpiste Isabelle Olivier ne cesse d’écrire des pages d’une incroyable beauté. Serait- ce la complicité familiale ( elle est ici entourée pour la première fois de ses deux fils) qui fait que cet album exhale l’amour et les émotions belles ? Allez savoir, mais il y a quelque chose ici qui est de l’ordre du bonheur à l’état pur, à l’état brut et qui pour peu vous tirerait des larmes de bien-être.
Il est ici question de paysages et de communion avec la nature. Avec les gens aussi. Quelque chose de presque chamanique règne sur cette belle berceuse péruvienne (Péruvian Lullaby) ou sur cette référence aux peuples indiens (Potawatomi) ou encore sur cette magnifique ouverture sur un paysage majestueux et simplement beau ( Lisière)? Ecoutez comme l’on se sent bien en entendant cette Fête de la musique qui danse une danse africaine. L’ allégresse est aussi communicative sur Comment ça va ou la harpe dialogue avec la clarinette. Discrètement la pluie et les bruits des enfants peuplent aussi cet album pour ceux qui sauront les entendre comme autant d’hommages à la vie.
Les lignes mélodiques souples d’Isabelle Olivier dansent sur le tapis de velours que lui fait la clarinette d’Hugo Proy ou sur les harmoniques de Raphaël Olivier qui semblent tout droit venues du pays de Ralph Towner.  Et puis voilà, il y a de la musique jouée par tous avec osmose et écoute mutuelle et surtout avec des sentiments d’une grande douceur.
Et tout au long de cet album, ce qui impressionne ce sont les immenses talents de compositrice de la harpiste. On imagine ce que donnerait entre ses mains un large big band avec lequel on entrevoit un travail qui la rapprocherait immanquablement d’une Maria Schneider, elle aussi compositrice des grands espaces !
Isabelle Olivier est elle « in beetween » ? Entre la vallée de Chevreuse et Chicago entre lesquels elle partage son domicile ? Entre nature verte et paysages urbains ?   Entre jazz et classique ? Entre continents ? Entre des deux fils ?
La seule chose que nous savons vraiment c’est que son amour de la beauté occupe la place centrale de sa musique.
Elle est ici omniprésente.
Jean-Marc Gelin

 

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17 novembre 2017 5 17 /11 /novembre /2017 10:27

David Chevallier (guitare acoustique 6 & 12 cordes, banjo, compositions), Sébastien Boisseau (contrebasse), Christophe Lavergne (batterie)

Rochefort, 23-25 janvier 2017

Cristal Records CR261 / Sony Music Entertainment

 

Deux ans après «Standards & Avatars», le trio revient, avec un tout autre propos. David Chevallier a troqué la guitare électrique contre des guitares acoustiques, et un banjo, et le répertoire n'est plus celui des standards, qui étaient certes contournés, chantournés et déconstruits, mais une série de compostions originales qui, de l'aveu du guitariste, ont été enregistrées dans l'ordre où elles ont été écrites, mais sans qu'il s'agisse pour autant d'une suite. La technologie permet parfois de superposer des parties de guitare, donnant à l'ensemble une touche orchestrale. Cela dit, David Chevallier, guitare en main et usant de ses modes de jeu virtuoses, peut aussi sans artifices techniques donner à entendre une pluralité de voix. Ce qui frappe c'est que, même si guitare ou banjo tiennent le premier rôle, l'aspect profondément collectif se fait entendre, en permanence. Cela tient à la cohésion déjà confirmée par une longue pratique commune, et aussi à la faculté d'écoute de chacun autant qu'à l'état d'esprit de tous : faire-musique-ensemble. De plage en plage se découvrent diverses options : choix de l'instrument, d'un climat, d'un mode d'interaction au sein du trio. C'est d'une diversité et d'une cohérence confondantes. On suit le cheminement d'un titre à l'autre comme on découvrirait des paysages au fil d'un voyage par le train, en laissant poindre ce qu'il faut de rêverie pour se laisser plus encore envahir par la musique. Bref, une belle expérience d'écoute, et une vraie réussite.

Xavier Prévost

 

Le trio est en concert le 18 novembre 2017 à Paris, au Sunset, puis le 24 novembre à Changé-lès-Laval (Mayenne)

 

Un extrait sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=Jy9gXGxlEt4

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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 23:16

Ahmad Jamal le magicien
Palais des Congrès. Paris. 14 novembre.

Ahmad Jamal, piano, Manolo Badrena, percussions, Herlin Riley, batterie, James Cammack, batterie et Abd Al Malik et Mina Agossi, voix

 

@valery_Duflot

 

Ahmad le magicien a encore frappé. Le maître de Pittsburgh a séduit le public de Paris… avec Marseille. A quelques encablures du Parc des Princes, ce 14 novembre, le pianiste a déroulé avec aisance et fougue le répertoire de son dernier album (Marseille. Jazz Village-Pias. Juin 2017) consacré à la cité phocéenne. Apportant la preuve qu’il avait conservé à 87 ans les qualités d’architecte des sons qui avaient assuré sa renommée dès 1958 avec Poinciana (At the Pershing.Argo). Devant son Steinway, Ahmad Jamal cultive l’art de ménager ses effets et joue avec le public. Il n’a pas son pareil pour alterner les passages minimalistes et les grandes envolées, le ruissellement de la pluie et les grondements de tonnerre. Une exploration musicale pour laquelle il peut compter sur la complicité aussi souriante qu’efficace de trois compères de longue-plus de deux décennies- Manolo Badrena (percussions), Herlin Riley (batterie) et James Cammack (basse). Même les invités d’un soir, les vocalistes Abd Al Malik et Mina Agossi, se plient à la discipline du pianiste qui voue une admiration pour Napoléon. On ne peut que le constater à l’issue de ce concert parisien, où la vedette est revenue à Autumn Leaves, version désormais classique et toujours originale de la chanson de Prévert et Kosma, :Ahmad Jamal entretient une relation bien particulière avec la France. Dans les années 90, les producteurs Jean-François Deiber et Francis Dreyfus, avaient contribué à relancer sa carrière. Aujourd’hui, c’est le label Jazz Village qui permet au maître des 88 notes d’exprimer toute sa créativité juvénile.
Jean-Louis Lemarchand

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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 10:13

EMBRACE

Roswell Rudd/Fay Victor/Lafayette Harris/Ken Filiano

Rare Noise Records

www.rarenoiserecords.com

https://www.rarenoiserecords.com/rudd-victor-harris-filiano

 

 

Avec ce premier disque en leader sur le label RareNoise records, le tromboniste compositeur Roswell Rudd (81ans quand même) montre une belle vitalité et s’attaque tout simplement dans cet Embrace justement nommé aux standards. Le musicien qui a marqué l’avant-garde avec Archie Shepp, Cecil Taylor, qui a joué avec Steve Lacy, s’est intéressé aux musiques traditionnelles mongoles ou latines, s’attaque aux fondamentaux et le fait magnifiquement. Réussite singulière par le choix du répertoire « Something to live for », «Goodbye Pork Pie Hat » ou « Pannonica », voilà de vraies retrouvailles  avec des mélodies qui sont livrées sans l’accompagnement de la batterie, ce qui de l’avis du leader permet d’entendre toute l’ampleur harmonique du chanteur. Prise de risque de ce quartet qui sait improviser autour de la voix et du chant du trombone, le piano et la contrebasse assurant un tapis moelleux. La rythmique fait le travail avec une discrétion élégante et l’on admire les interventions du contrebassiste Kenny Filiano à l’archet sur « Too Late Now ».

Roswell Rudd est assurément toujours en pleine possession de son art de tromboniste, adoucissant sa sonorité, se « baladant » fluidement au gré du scat de la chanteuse tout à fait étonnante, Fay Victor que l’on découvre ici même. C’est une musicienne complète qui a son propre orchestre. Etonnant comme elle sculpte les mots de ces standards, allant jusqu’au cri et gémissements, visiblement sans retenue, d’une voix vibrante. Son timbre n’est peut-être pas le plus marquant mais son interprétation est suffisamment originale, provocante même pour convaincre, toute en intensité et nuances. Prenante à coup sûr dans ses aspérités et imprévisibilités même.

On retiendra enfin une version habitée du blues culte « House of the Rising Sun »qui pourtant a eu « son » chanteur en la personne d’ Eric Burden des Animals.

Voilà donc une belle rencontre exigeante et sensible qui creuse un jazz classique de façon extravertie. Particulièrement réjouissant.

Sophie Chambon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 00:44

Le festival a commencé dès la fin de semaine précédente, mais le chroniqueur n'avait pas encore abandonné les pluies franciliennes pour les frimas nivernais. À pied d'œuvre le lundi matin, le plumitif s'est réjoui dès le midi à l'écoute d'un formidable duo : celui que forment Claudia Solal et Benjamin Moussay

Débat et peaufinage pendant la balance photo ©Maxim François

«BUTTER IN MY BRAIN»

Claudia Solal (voix, textes, composition), Benjamin Moussay (piano, piano électrique, synthétiseur basse, traitement du son en temps réel, composition)

Maison de la Cuture, salle Lauberty, 13 novembre 2017, 12h15

 

Leur association repose sur une ancienne connivence : ils se connaissent depuis une vingtaine d'années, et à partir de 2003 ont travaillé un duo, dont fut issu dès l'année suivante le disque « Porridge Days ». Après un autre disque en quartette(« Room Service »), ils ont dès 2013 repris le travail en duo, matérialisé par le CD « Butter in my Brain », paru tout récemment (Asbsilone/L'Autre distribution). On a dans ces colonnes dit notre admiration pour ce disque (http://lesdnj.over-blog.com/2017/10/claudia-solal-benjamin-moussay-butter-in-my-brain.html).

Le concert, après une tournée assez conséquente, révèle encore d'autres richesses, d'autres émois. Les pièces, très minutieusement agencées pour le disque, s'ouvrent au fil du concert à des espaces improvisés. De surcroît les deux complices continuent de faire ce qu'ils font sur scène depuis longtemps : improviser autour des textes choisis dans l'instant dans le petit livre que Claudia garde avec elle sur scène. Celui-ci, qui contenait naguère des poèmes d'Emily Dickinson, recèle maintenant les écrits de la chanteuse, conçus dans un anglais poétique, où l'humour croise parfois un univers presque surréaliste. Le dialogue est d'une grande intensité musicale, avec implication majeure des deux protagonistes. C'est une sorte de voyage initiatique dans un monde imaginaire ; on se laisse porter jusqu'au terme : c'est une totale réussite !

Prochain concert de Claudia Solal et Benjamin Moussay le 23 novembre à Lens (festival Tout En Haut Du Jazz)

 

Photo ©Maxim François

«TILT»

Joce Mienniel (flûte, synthétiseur), Vincent Lafont (piano électrique), Guillaume Magne (guitare), Sébastien Brun (batterie)

Auditorium Jean-Jaurès, 13 novembre 2017, 18h30

 

Le groupe joue le programme du disque éponyme paru en 2016. La situation du concert produit un 'effet de vérité' qui démultiplie les sensations éprouvées à l'écoute du CD. La concentration des musiciens est extrême, car il ne s'agit pas de rejouer le disque, mais de donner à entendre un nouvelle objet sonore, unique et forcément éphémère, dont seul subsistera l'émoi ressenti par les spectateurs. On est ici dans un univers musical polymorphe, qui plonge ses racines dans le jazz comme dans le rock progressif, et qui combine une ardente expressivité avec un véritable culte de l'événement sonore. C'est comme un long ruban d'intensité rock paré d'éclats de power trio (l'association piano Fender Rhodes/guitare/batterie) et de bribes de partita pour flûte mêlées d'exploration de tous les modes de jeux possibles sur l'instrument. Joce Mienniel joue aussi d'un petit synthétiseur analogique qui conjugue les sons de naguère et les ritournelles du présent. Après une relecture déstructurée, et savoureuse, de Money (Pink Floyd), A Flower From The City Beneath va nous ramener à l'univers du groupe et de son leader, et nous sommes plutôt conquis.

 

Photo ©Maxim François

EURORADIO JAZZ ORCHESTRA 2017

Airelle Besson (trompette, composition, direction), Alba Nacinovitch (voix), Allan Järve (trompette, bugle), Sigurd Evensen (trombone), Corentin Billet (cor), Quentin Coppalle (flûte), Vincent Pongracz (clarinette), Mria Dybbroe (saxophone alto), Helena Kay (saxophone ténor, clarinette), Dimitri Howald (guitare), Kristina Barta (piano), Vid Jamnik (percussions à clavier), Kaisa Mäensivu (contrebasse), Cornelia Nillson (batterie)

Maison de la Culture, salle Philippe-Genty, 13 novembre 2017, 20h30

 

L'Euroradio Jazz Orchestra est un projet annuel de l'UER (Union Européenne de Radiotélévision, autrement appelée European Broadcasting Union : EBU). Cette appellation a succédé voici quelques années à celle de Big Band de l'UER (EBU Big Band). Le principe est toujours le même : une radio publique invitante choisit un (ou plusieurs) chef d'orchestre-compositeur, commande un répertoire, et chacune des radios qui le souhaitent délègue un musicien (aujourd'hui obligatoirement âgé de moins de 30 ans) pour la représenter au sein de l'orchestre. Il faut préciser que l'UER n'est pas une émanation de la communauté européenne, mais qu'elle rassemble les radios publiques des pays d'Europe (quand elle a été créée, en 1964, on considérait que la Turquie avait vocation à en faire partie), et qu'elle a des membres associés, comme les radios publiques du Japon (NHK), d'Israël (Kol), du Canada (Radio Canada/CBC) ou des États Unis (NPR)....

La dernière fois que Radio France a accueilli ce projet, c'était le 7 avril 1991, à Strasbourg, avec trois compositeurs-chefs d'orchestre : Patrice Caratini, Laurent Cugny et Andy Emler. Par la suite l'émergence de nouveaux états, en ex-Yougoslavie, en Tchécoslovaquie ou dans les Pays Baltes, a fait que le nombre de radios participantes augmentait, et que la France devait attendre son tour, d'autant plus qu'enfin, dans les années 2000, la Turquie participa, et qu'il fallait aussi pour les états où plusieurs communautés linguistiques ont une radio publique, comme en Suisse, accueillir plusieurs projets sur différentes années. Bref Radio France fut peu sollicitée, et quand elle le fut vers 2005, les gigantesques travaux entrepris rendaient des salles indisponibles et induisaient une certaine frilosité budgétaire. Enfin en 2017 Radio France, sous l'impulsion d'Alex Dutilh, a renoué avec ce projet, confié à Airelle Besson.

Un premier concert a eu lieu le 11 novembre à la Maison de la Radio (dans le cadre des concerts 'Jazz sur le Vif' d'Arnaud Merlin), puis ce furent Coutances le lendemain, Nevers ce 13 novembre, avant de conclure le lendemain-jour où j'écris ces lignes- près de Strasbourg pour le festival Jazzdor.

Airelle Besson a orchestré pour cette formation, dont elle a choisi la nomenclature, quelques-unes de ses compositions antérieures (Lueur, Envol, et en rappel Radio One), et composé pour l'occasion The Sound of Your Voice, hommage aux voix de la radio. L'écriture est soignée, l'esthétique oscille entre musique de genre, harmonie de luxe et orchestre de jazz. Les jeunes musicien(ne)s (je revendique l'écriture inclusive, d'autant que depuis quelques années les musiciennes sont de plus en plus nombreuses dans cet orchestre !) ont répété quatre jours à la Maison de la Radio. L'exécution d'ensemble est très bonne, comme la direction (Airelle étudie depuis plusieurs années la direction d'orchestre). Cela pèche parfois du côté des solistes, avec quand même de beaux moments : un stop chorus du clarinettiste autrichien Vincent Pongracz, un solo expressif du guitariste suisse Dimitri Howald, une improvisation magistrale du tromboniste norvégien Sigurd Evensen, un solo sans tapage mais bien ouvragé de la saxophoniste ténor britannique Helena Kay, et un solo flamboyant de la chanteuse croate Alba Nacinovitch.... et j'en oublie forcément.

Ce fut donc un plaisir, notamment pour moi et mes 32 années de Radio France (où j'ai participé à ma première réunion UER en... 1985), de retrouver sous nos couleurs ce projet où j'ai vu passer, au fil des ans, tant de grands solistes européens alors même qu'ils étaient peu connus (comme le Suisse Samuel Blaser voici quelques années), et où j'ai eu le privilège de déléguer, au fil des ans, André Villéger (avant le jeunisme imposé), et plus récemment Brice Moscardini, Fidel Fourneyron, Bastien Ballaz, Anne Paceo, Quentin Ghomari, Jean Dousteyssier... pardon à celles et ceux que j'ai oublié(e)s !

 

CHRIS POTTER TRIO + 1

Chris Potter (saxophones ténor & soprano, flûte, effets électroniques), Reuben Rogers (guitare basse), Eric Harland (batterie) ; invité James Francies (piano, piano électrique, synthétiseurs)

Maison de la Culture, salle Philippe-Genty, 13 novembre 2017, 22h15

 

Avec Chris Potter la soirée tourne à l'effervescence frénétique. Le saxophoniste a mêlé des thèmes qui sont depuis pas mal de temps à son répertoire (comme Synchronicity, de Sting, période 'Police') à des titres issus de son récent «The Dreamer is The Dream» (ECM), enregistré avec un groupe différent. Et le groupe que nous découvrons à Nevers est carrément nouveau car au trio annoncé initialement s'est ajouté le pianiste James Francies, nouvelle coqueluche de la scène états-unienne. Il faut dire qu'il est brillant, même si ses solos débordent de gammes vertigineuses (heureusement ponctuées de temps à autre d'accents et de ruptures rythmiques), et si ses chorus de synthétiseur ont un léger parfum corny venu tout droit des années 70. Mais on lui pardonne sa vélocité un peu ostentatoire, car il possède un sens de l'intervention, de l'écoute et du dialogue au sein du groupe qui fait merveille. D'ailleurs l'interaction est au cœur même de ce groupe. Tantôt basse et batterie dialoguent intensément quand sax et claviers tissent un autre échange, le tout dans une écoute globale et mutuelle qui laissent pantois. Peu après, alors que le sax a quitté la scène, le pianiste entame un trilogue avec ses complices, et l'échange se joue sur plusieurs plans, simultanés, parallèles ou croisés. Bassiste et batteur ont maintes fois l'occasion de s'exprimer réellement, et ils ne s'en privent pas ! Quant à Chris Potter, si l'on excepte quelques bricolages avec ses effets un peu bateau sur une flûte dont d'ailleurs on aurait pu se passer, il administre une leçon de musicalité foudroyante, croisant l'énergie la plus folle avec des raffinements de phrasé, d'accents, de choix des notes : c'est décidément un Maître saxophoniste.

Xavier Prévost

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11 novembre 2017 6 11 /11 /novembre /2017 13:33

Whirlwind Recordings 2017
Rez Abbasi: guitar; Vijay Iyer: piano; Rudresh Mahanthappa: alto saxophone; Johannes Weidenmueller: double bass; Dan Weiss: drums; Elizabeth Mikhael: cello.


Nous vous avons parlé récemment de l’excellent album du saxophoniste Rudresh Manhatappa avec Rez Abassi

http://lesdnj.over-blog.com/2017/10/rudresh-mahanthappa-indo-pak-coalition-agrima.html

Revoilà dans la foulée le guitariste entouré de la communauté indo-pakistaine vivant à New-York avec un album qui paraît sous son nom et auquel il convie le pianiste Vijay Iyer.
Alors que l’album du saxophoniste jouait clairement la carte idiomatique de sa culture pakistanaise pour l’amener au jazz, la démarche de Rez Abassi est différente. Elle part du jazz et offre à chacune des très fortes personnalités qui l’accompagne, les moyens de digresser sur leur propre terrain. Chacun dans des moments d’improvisation sur lesquels ils laissent apparaître leurs influences diverses.
Les compositions très jazz de Rez Abassi ouvrent des champs, des perspectives et forment le creuset du melting pot. Cet album est aussi le prétexte à des moments de lyrisme denses et puissants qu’il s’agisse du flow de Rudresh Mahanthappa, des tuilages harmoniques de Rez Abassi et surtout de magnifiques moments de lumière qu’apporte Vijay Iyer dans un esprit plus atonal.

Rez Abassi n'est plus une révélation. Il en est en effet à son dixième album et ce musicien pakistanais installé à Los Angeles à l'âge de 4 ans s'affiche aujourd'hui comme l'une des références sur l'instrument.

Une bien belle découverte de ce que le jazz doit aujourd’hui à ses imbrications culturelles, qu’il vient maintenant chercher au bercau de l’humanité.
Jean-Marc Gelin

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10 novembre 2017 5 10 /11 /novembre /2017 16:32

Fred Hersch (piano solo)

Seoul, Corée du Sud, 1er novembre 2016 & 1-3 avril 2017

Palmetto Records PM 2186 / Bertus distribution

 

On est frappé, chaque fois que l'on écoute Fred Hersch (et spécialement en solo) par l'espèce de magie qui s'impose, dès les premières mesures : forte présence du contrepoint de la main gauche, tandis que la droite expose, commente, et étend le champ mélodique (le chant). La clarté des lignes qui cheminent en toute indépendance, et pourtant dans une absolue cohérence, me rappelle chaque fois Glenn Gould, coutumier de ce défi qui mêle vertige et lisibilité. Et aussi Lennie Tristano, autre exemple de cette connexion directe entre les doigts et la pensée musicale. Et pourtant rien d'abstrait : sensualité et lyrisme parlent d'une même voix. Ce miracle musical s'accomplit, quel que soit le matériau : une composition personnelle, rêveuse autant que sinueuse ; ou un classique du jazz de la fin des années 50 (Whisper Not) ; une bossa nova si souvent ressassée (Zingaro alias Retrato Em Branco E Preto alias Portrait in Black and White), joué comme on jouerait un prélude et une fugue de Bach, mais en oubliant la partition ; voire une longue improvisation totalement ouverte (Through the Forest ), enregistrée en concert, et où le vertige devient abyssal. Et tout est à l'avenant, jusqu'à Eronel de Thelonious Monk (le pianiste adore aller dans cette direction, notamment sur scène en fin de prestation). Pour conclure Fred Hersch nous offre la version pianistique d'une chanson de Billy Joel, And so it goes, comme pour nous rappeler son attachement au chant. Le tout se joue dans une dévotion au jazz, et à la grande liberté d'interprétation et de métamorphose qu'offre cette musique.

On peut retrouver le parcours de ce musicien rare en lisant (en Anglais pour l'instant) l'autobiographie qu'il vient de publier : Good Things Happen Slowly, A Life in and Out of Jazz (éditions Crown Archetype). On y découvre le parcours singulier d'un artiste qui, sur le plan de sa vie personnelle comme sur celui de la musique, employa toute son énergie à devenir lui-même. La musique en général, et le jazz en particulier, s'y trouvent évoqués avec force et lucidité, notamment au travers de portraits, et de rencontres avec des artistes majeurs : Jaki Byard, le professeur encyclopédique du piano jazz au Berklee College de Boston ; McCoy Tyner, rencontré à la faveur d'un concert, et qui se montrera accessible à l'admiration du jeune musicien.... et ainsi de suite, de chapitre en chapitre, lesquels ne dissimulent rien d'une vie qui eut ses moments de souffrance et de maladie gravissime. Et pourtant Fred Hersch est là, et bien là, plus vivant que jamais, dans un Art plus encore accompli !

Xavier Prévost

 

Fred Hersch sera en concert, en trio, le 11 novembre à Strasbourg (festival Jazzdor) et les 21-22 novembre à Paris au Sunside

 

Un entretien de Jean-Louis Lemarchand avec Fred Hersch sera publié prochainement dans nos colonnes

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5 novembre 2017 7 05 /11 /novembre /2017 20:23

Jazz Family 2017
Rémi Panossian (p), Maxime Delporte (b), Fréderic Petitprez (dms) + Nicols Gardel (tp), Frederic Doumerc (as), Nicole Johänntgen (sax),  Camille Artichaut (cl), Maïa Barouh (vc), RacecaR (vc), Ayaka Takato (vc), Arnaud Bonnet et Juliette Barthe (vl), Ophélie Renard (vla), sophie Castellat (vlc)

Voilà bien un album riche et haut en couleur que celui du jeune pianiste Rémi Panossian !
Depuis quelques années en effet Panossian ne cesse de nous étonner ( même s’il doit me reprocher encore quelques lignes écrites jadis pour le copte de Jazzmagazine ).
Riche parce que rare sont les albums aussi hétéroclite qui savent conserver une véritable cohérence narrative. Un peu à la manière d’un lecteur de polar perdu au milieu de la ville et passant de lieux en lieux aussi animés que parfois déserts, Remi Panossian nous promène dans une musique chatoyante qui passe de la pop moderne ( sur le titre éponyme je pense un peu à Radiohead), à des couleurs nordiques que n’auraient pas renié Svensson (Wanna beat the flakes), puis empoigne le rap dans un assaut de modernité qui tombe à pic ( où là je pense un peu au travail de Kendrick Lamar).
Et puis fondamentalement il y a le jazz aérien ou puissant ( ultraviolet ), ce jazz porté par le lyrisme de Rémi Panossian qui , tout en dirigeant de main de maître cette aventure apporte sa pierre à l’édifice de manière aussi élégante que classieuse. Jazz aussi par le talent de ses accompagnateurs dont, au sax le très fameux et très nerveux Ferdinand Doumerc que les fans de Pulcinella ont appris à connaître.
Les arrangement sont diablement efficaces et magnifiquement bien travaillés avec une attention à la fois sur les tuilages, sur l’évolution de thèmes à tiroirs et enfin sur le son à la fois acoustique et électrique et mariant avec beaucoup de discrétion et une belle écriture, une formation à cordes sur quelques titres Mais surtout ces arrangements apportent au gré de chacune de ces compositions une belle cohérence tout au long de ce travail toujours captivant qui parvient à discuter l’intérêt de l’auditeur de bout en bout.
Ballade urbaine foisonnante. Feel good album.
Very good job !
Jean-Marc Gelin

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4 novembre 2017 6 04 /11 /novembre /2017 12:04


Martial Solal, piano, Dave Liebman saxophones. Chateau Guiraud, Sauternes (33) le 4 août 2016. Sunnyside/Socadisc.

 

Dans la carrière de Martial Solal et Dave Liebman, le duo tient sa place, son rang parmi les enregistrements les plus forts, les plus profonds. Le pianiste avait notamment croisé le fer-façon de parler-avec Johnny Griffin (In & Out. Dreyfus.2000) et surtout avec Lee Konitz (4 albums depuis 1977 et des dizaines de concerts) tandis que le saxophoniste s’était exprimé avec un compère familier de longue date, le pianiste Richie Beirach (Unspoken.OutNote 2011). Leur rencontre apparaissait dès lors comme une évidence à Jean-Charles Richard, saxophoniste proche des deux artistes. Enregistré l’été 2016 lors d’un concert proposé lors du festival Jazz & Wine Bordeaux au Château Guiraud (Sauternes, 1er grand cru classé), l’album restera comme un grand millésime. Le repertoire, choisi sur le vif, est des plus classiques : des standards (6) bien rodés, All the Things You Are, Night and Day, Solar, What is Thing Called Love, On Green Dolphin Street, Lover Man.  Sur ce terrain connu, les deux comparses s’en donnent à coeur joie, ne ménageant ni leur talent (immense) ni leur inventivité (qui ne l’est pas moins). Commentaire de Dave Liebman dans le livret : « Le jazz est supposé être spontané et imprévisible. Cela ne peut être plus vrai quand on joue avec Martial ». Réponse de celui-ci : « Jouer avec Dave a été extrêmement stimulant car sa présence m’incite constamment à me surpasser ».Chacun met un malin plaisir à servir ces monuments du jazz en apportant sa pierre à l’édifice, se montrant (sans jamais chercher à démontrer) lyrique, juvénile, espiègle. Sans filet, Martial Solal (89 ans alors) et Dave Liebman (69) s’adonnent à un exercice de haute voltige dont on sort ébahi, enivré. Un concert dense, bref (45 minutes) à écouter sans modération car pour reprendre le titre d’une de ces compositions de Martial «  L’oreille est hardie ».
Jean-Louis Lemarchand


Dave Liebman sera  l'invité du trio Celea/Parisien/Reisinger

- le 12 novembre à Strasbourg, festival Jazzdor

- les 14 & 15 novembre à Paris, au Sunside

- le 17 novembre à Nevers, festival D'Jazz

- le 18 novembre à l'Opéra de Limoges, festival Eclats d'Email

Et Martial Solal se produira au printemps dans une grande salle aux portes de Paris

 

@jb Millot

 

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