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7 décembre 2015 1 07 /12 /décembre /2015 08:55
MATTEO BORTONE TRAVELERS « Time images »

Travelers : Matteo Bortone (contrebasse, guitare basse, composition), Antonin-Tri Hoang (saxophone alto, clarinette, clarinette basse, synthétiseur), Francesco Diodati (guitare), Ariel Tessier (batterie)

Cavalicco, Italie, 2-3 février 2015

Auand AU 9052 / Differ-Ant

Deux ans après la publication du premier CD, le groupe revient, avec un nouveau batteur (le précédent était Guilhem Flouzat). La musique, très lyrique (Italie oblige ?) est des plus élaborées. Raffinement mélodique, conduite minutieuse des voix dans l'arrangement, équilibre et vitalité du tandem basse-batterie, c'est du grand artisanat d'art, et même du grand Art. Le contrebassiste, Matteo Bortone, qui s'est établi à Paris voici une dizaine d'années, et qui a suivi le cursus du département de jazz du CNSM, a manifestement le goût de l'élaboration, sans jamais perdre de vue la pulsation collective et vitale qui fait le jazz. Il tient sa place, exactement, mais sans se laisser déborder par un ego de leader. Le guitariste, Francesco Diodati (entendu récemment au disque et au concert avec Enrico Rava), n'hésite pas à dynamiter la musique quand l'intensité l'exige, y allant même de la voix pour attiser l'expression. Quant à Antonin-Tri Hoang, auquel le réenregistrement donne une présence plurielle (sax alto et clarinette basse simultanément par exemple), il contribue très largement à la densité musicale de l'écriture, et ses interventions de soliste portent loin la qualité de l'ensemble. Quant au batteur Ariel Tessier, nouveau venu dans le groupe, et qui s'impose chaque fois un peu plus dans le milieu du jazz comme un valeur très sûre (avec Pierrick Pedron, Riccardo Del Fra, PJ 5, Enzo Carniel....), il magnifie par son énergie stimulante, par son subtil à propos et la riche sonorité de ses fûts, une projet éminemment collectif, qui évolue sur les hauteurs du plaisir musical. Et pour couronner le tout, aux compositions du contrebassiste, s'adjoint une reprise déjantée de Houses of the Holy, un thème de Led Zeppelin conçu pour l'album éponyme de 1973, mais qui ne fut finalement publié que deux ans plus tard dans l'album « Physical Graffiti ». Bref avec ce nouveau disque, la qualité du groupe est plus que confirmée !

Xavier Prévost

Matteo Bortone & Travelers se produiront en février en Italie, puis en mars à Anemasse et à Paris, et à nouveau à Paris, le 25 juin,à la Maison de la Radio, pour un concert « Jazz sur le vif » programmé par Arnaud Merlin

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2 décembre 2015 3 02 /12 /décembre /2015 10:57
GUILLAUME de CHASSY-ANDY SHEPPARD-CHRISTOPHE MARGUET « Shakespeare Songs »

Guillaume de Chassy (piano, composition), Andy Sheppard (saxophones ténor & soprano), Christophe Marguet (batterie, composition), Kristin Scott Thomas (récitante)

Pernes-les-Fontaines, janvier 2015

Abalone ABO 23 / L'Autre distribution

Deux musiciens passionnés par Shakespeare : Guillaume de Chassy et Christophe Marguet, et le projet, un peu fou, de relier certains textes de ce Maître en dramaturgie à des musiques de jazz suscitées par l'intensité des mots. Pour ce faire, ils ont sollicité deux partenaires britanniques : le saxophoniste Andy Sheppard, expert en lyrisme exacerbé, et Kristin Scott Thomas, voix singulière et diction sublime au service d'un monument littéraire. En ouverture, un prélude instrumental qui tourne autour d'une chanson française contemporaine de Shakespeare, Le Roi a fait battre tambour, évocation allusive d'un drame dont le poète de Stratford-sur-Avon eût certainement fait son miel.... Puis c'est un florilège d'instants privilégiés de ce grand théâtre : le tragique destin de l'enfant perdue des Contes d'hiver ; la vengeance dans le pardon de Prospero ; l'invitation à la danse de Capulet ; l'amour criminel et jaloux d'Othello ; l'amour passionné et tragique de Juliette ; la désarmante sincérité de Cordelia ; le désarroi d'Hamlet ; l'aveuglement égotiste de Macbeth ; la colère hallucinée de Caliban ; et la douce sorcellerie de Puck : tout Shakespeare défile en un cortège d'émois, de passions et de drames. La voix de Kristin Scott Thomas, tantôt contenue dans une réserve où le texte se magnifie, tantôt furieusement expressive (Capulet, Macbeth, Caliban) sera le fil sur quoi s'édifie la musique. L'ambition du projet initial est totalement réalisée, et la réussite indiscutable : on se précipite sur cette ode à la terrible beauté, littéraire et musicale !

Xavier Prévost

« Shakespeare Songs » sera en concert le samedi 5 décembre à 20h à Paris, Maison de la Poésie, avec pour récitante Delphine Lanson

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1 décembre 2015 2 01 /12 /décembre /2015 12:47
IMUZZIC GRAND(S) ENSEMBLE « OVER THE HILLS »

imuZZic Grand(s) Ensemble : Jean Aussanaire (saxophones ténor & soprano), Alain Blesing (guitare), Rémi Gaudillat (trompette, bugle), Antoine Läng (voix, électronique), Perrine Mansuy (piano), Fred Roudet (trompette, bugle), Bernard Santacruz (contrebasse, guitare basse), Olivier Thémines (clarinette & clarinette basse), Bruno Tocanne (batterie).

Bourgoin Jallieu, avril 2015

IMR 008 / Muséa

À l'origine Escalator Over The Hill , une œuvre un peu folle de Carla Bley (triple 33 tours à l'époque, aujourd'hui 2 CD), sur des textes du poète Paul Haines, œuvre enregistrée entre 1968 et 1971 à la faveur des disponibilités des studios et des interprètes. Pas un opéra, ni un oratorio, mais selon leurs auteurs une chronotransduction, terme intraduisible qui évoque une sorte de voyage dans le temps et l'imaginaire. Œuvre légèrement pataphysique et totalement déjantée, à laquelle tout ce que New York comptait alors d'allumés notoires de la musique (tous styles confondus) apporta son concours : Jack Bruce, Linda Ronstadt, Gato Babieri, Don Cherry, John McLaughlin, Enrico Rava, Charlie Haden, Paul Motian, Sheila Jordan, Jeanne Lee, Don Preston, Jimmy Lyons, Howard Johnson, Roswell Rudd, Dewey Redman....). Puis le désir, tout aussi déraisonnable, chez Bernard Santacruz et Bruno Tocanne, d'en donner une nouvelle version, partielle et à neuf musiciens. Carla Bley, sollicitée pour donner son accord, leur dit : « Si vous êtes assez fous pour le faire, allez-y ! ». Ainsi fut fait. Au festival Djazz de Nevers 2014, où elle jouait en seconde partie de leur concert, Carla Bley leur manifesta son enthousiasme en venant avec eux saluer sur scène. Et quand elle a reçu le disque, tout récemment, et après l'avoir écouté en compagnie de Steve Swallow, elle leur a écrit ceci : « Nous avons écouté votre merveilleuse version d'ETOH hier soir et nous avons été stupéfaits et ravis comme nous l'avions été à Nevers. C'est une parfaite combinaison de l'ancien et du nouveau, du contrôle et de l'abandon, du réalisme et de l'abstraction... ». Et à l'écoute de ce disque, on ne peut que souscrire au jugement enthousiaste de la compositrice. Dix thèmes sont repris, arrangés par des membres de l'orchestre, et en ordre bouleversé, sur les 27 que comportait la version princeps. Des thèmes parfois développés, ou au contraire condensés, souvent métamorphosés, mais dans l'absolu respect de la magie originelle. Tout est là : la cérémonie des fanfares, mystérieuse, mélancolique ou enjouée ; l'énergie héritée du free jazz, canalisée par une ambition esthétique aboutie ; un esprit de fête et d'apocalypse tout à la fois ; une folle liberté des solistes, tous impeccables ; et un esprit collectif comme l'on en voit rarement. L'auditeur passionné que je fus de la version originale est totalement conquis par cette relecture amoureusement libre. Carla Bley a toutes les rasions du monde d'être comblée par le travail de ces doux énergumènes !

Xavier Prévost

L'ensemble imuZZicz jouera cette musique le 5 décembre à 17h30, à Paris, Maison de la Radio, pour la série « Jazz sur le vif » d'Arnaud Merlin. Ce concert sera diffusé sur France Musique le mercredi 9 décembre à 20h.

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30 novembre 2015 1 30 /11 /novembre /2015 21:54
FIDEL FOURNEYRON « High Fidelity »

Fidel Fourneyron (trombone solo)

Germigny l'Exempt, 30 juin-2 juillet 2015

Umlaut UMCDFR 14 / http://www.umlautrecords.com

Fidel Fourneyron est infiniment représentatif de la génération de musiciens à laquelle il appartient (celle des jeunes trentenaires) : absolue polyvalence, extraordinaire ouverture d'esprit, extrême exigence musicale, et ce en toute simplicité. Depuis l'époque où, encore étudiant au département de jazz du CNSM de Paris, il m'épatait en compagnie de ses compères en proximité pyrénéenne (Paul Lay & Benjamin Dousteyssier) dans le très tristanien trio « Into The Lines », je n'ai pas cessé de l'écouter avec le plus grand plaisir. Membre de plusieurs collectifs (un signe générationnel), il participe à de grandes formations qui semblent diamétralement opposées : Radiation 10, « Tower Bridge » de Marc Ducret, « White Desert » d'Ève Risser, Surnatural Orchestra, Ping Machine, L'O.N.J. d'Olivier Benoit d'une part, et d'autre part le Duke Orchestra de Laurent Mignard, ou cette improbable phalange de modernistes forcenés (re)jouant la tradition : l'Umlaut Orchestra. Mais Fidel Fourneyron s'engage aussi dans de petites unités qui font bouger les repères esthétiques, comme Papanosh,où il fut invité, et Un Poco Loco. Quoi de plus naturel donc que, parcourant toutes les étapes du possible, il aboutisse au solo intégral, ce qui au trombone n'est pas un mince gageure, et présente quelques précédents très stimulants (Albert Mangelsdorff, Yves Robert....). Pari gagné, dès l'abord, pour cet instrumentiste curieux de tout, que l'on peut goûter en impeccable soliste dans un big band de facture classique, autant qu'en improvisateur libre de toute entrave dans l'émission « À l'improviste » d'Anne Montaron sur France Musique. Les figures imposées (sons multiphoniques, sourdine hyper expressive, modes de jeu hétérodoxes) tout est là ; avec en guise de surcroît une série de variations très libres sur le blues Mais l'essentiel est ailleurs, dans l'élaboration minutieuse d'un vocabulaire qui finit par sécréter sa grammaire propre, et un langage spécifique. Je sais, des esprits éclairés, et parfois brillants, ont entrepris de démontrer (et parfois même on prétendu l'avoir fait) que la musique n'est pas un langage. Mais je maintiens cette analogie, car elle me semble, dans le cas de Fidel Fourneyron, et de ce disque en solo, opérante, et pertinente. Une voix singulière nous parle : tendons l'oreille !

Xavier Prévost

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29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 21:27
LINX / FRESU/ WISSELS/WALLEME :: «  THE WHISTLEBLOWERS »

Bonsaï Music 2015

David Linx (vc), Paolo Fresu (flgh, tp, elec), Diederik Wissels (p, fender), Chrostophe Wallemme (cb, b), Helge Andreas Norbakken (dms, perc), Quartetto Alborada (stgs).

Soulful !

C’est un album magnifique dans lequel nous embarque celui qui est aujourd’hui l’un des plus grand chanteur de jazz de sa génération. Un album qu’il porte avec ses camarades et qui poursuit ici une route commencée il y a une dizaine d’années avec la trompettiste sarde et avec le pianiste Diederik Wissels notamment lorsqu’ils signaient l’album Heartland en 2001.

Ils reviennent aujourd’hui dans un nouvel opus où Wissels et Linx signent plus de la moitié des chansons, le pianiste pour livrer des mélodies absolument renversantes (il faudra un jour que quelques-uns de mes confrères se posent deux minutes sur les talents de compositions du pianiste) et le chanteur pour y poser des poèmes émouvants..

Dans cet album, il est question de vie. Il est question d’amour, de passion et de vie. Il est question de vie, d’exaltation de l’instant et de la beauté du monde. Oui il est question de vie. C’est une sorte de cœur battant au rythme de palpitations douces ou sauvages. Il est aussi question de voir ce et ceux qui nous entourent, avec plus d’amour. Comme une sorte d’ode à un monde meilleur. Peaceful.

David Linx immense chanteur porte la musique à son point d’extase. Comme si pour lui le chant était affaire de partage et d’ouverture. Entier. Engagé.

Paolo Fresu illumine quant à lui le propos comme s’il s’agissait d’une autre voix parfois caressante ou parfois transperçant l’espace. Pour Diederik Wissels, chacune de ses notes doit s’entendre comme l’exemple même de l’intelligence de l’accompagnateur, essentiel et génial à la fois. Et Christophe Walleme pour sa part ancre le jeu de ses trois compères dans une sorte de gravité légère. Comme si la gravité pouvait aussi donner des ailes.

Sur 4 titres le quartetto Alborada apporte un tapis de cordes d’une rare élégance.

Il y a dans cet album comme une sorte de symphonie au nouveau monde qui passe par la beauté de celui-ci. Les Whistleblowers sont des lanceurs d’alerte. Ils nous enjoignent en quelque sorte de nous donner corps et âme à la beauté de l’instant. Il n’y a finalement qu’à les écouter et les suivre.

Jean-Marc Gelin

NB : Regardez sur la vidéo de Matthieu Wilson l’étendue de ce qui passe par le visage du chanteur, expressif à chacune des intentions de la voix.

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29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 18:30
FREDERIC BOREY : "Wink"

Fresh Sound New Talent 2015

www.freshsoundrecords.com

www.fredericborey.com

https://www.youtube.com/watch?v=DEDnsqOeWFQ

Le dernier opus en quintet du saxophoniste Fred Borey envoie un clin d’œil réconfortant vers le jazz « classique», le jazz de standards célèbres (George Gershwin, Cole Porter, Bill Evans...) qu’il s’amuse à revisiter avec finesse dans des arrangements talentueux. Comme une œillade tendre quand il reprend des ballades comme le « Bess, you is my woman now » sur un tempo ralenti qui sied tellement à ce thème qu’on en fermerait les yeux de plaisir.... pour vite les rouvrir et pourquoi pas ciller de bonheur sur le très énergique « You don’t know what love is » de Gene de Paul. C’est qu’il a le don de transformer ces mélodies que l’on croyait très bien connaître avec des harmonies actuelles, un phrasé sensible et sensuel, sophistiqué (Fred Borey a un des sons parmi les plus moelleux, mais aussi terriblement incisif quand il le faut). L’humeur au sens de «mood» est très différente selon les thèmes joués, ce qui renouvelle la sensation, vous prenant à revers : j’avoue ne pas toujours reconnaître le Gershwin de « My man’s gone now » ou encore « Our love is here to stay ». Quant au «Get out of town» de Cole Porter, là encore on est émerveillé des variations, on pourrait presque penser à Gershwin...autant dire qu’à un blindfold test, le résultat serait pitoyable! C’est la règle du jeu et une raison valable pour objecter à ceux qui refusent de reprendre des standards, que quand les mélodies sont aussi belles, cela vaut la peine de tenter la reprise....

Présentons l’équipe : une rythmique impeccable que connaît bien le leader (c’est celle de Lucky Dog, avec Yoni Zelnik à la contrebasse et Fred Pasqua à la batterie), un pianiste subtil, découverte fort heureuse Léonardo Montana sur le Cole Porter justement ; quant au guitariste Michael Felderbaum, il n’est pas pour rien dans la réussite de cet album, intervenant délicates autant que décisives.

Quel plaisir de retrouver ces compositions sous une forme aussi élégante. Une belle réussite, vraiment !

Sophie Chambon

NB : Je m’y retrouve enfin -il est bon de ne pas perdre totalement la face, sur « I hear music» et « Boplicity» J

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29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 18:17
Jazz Ballads

Label Cristal Records/ Distribution Harmonia Mundi

Sortie le 13 novembre 2015

www.cristalrecords.com

Cette nouvelle collection du label cristal records présente après Jazzin’The Blues et Africa Jazz un troisième numéro consacré aux ballades, forme musicale où le jazz a toujours excellé.

Sur le premier CD, quatorze pièces tout à fait uniques, choisies par Claude Carrière, célèbrent cette thématique dans des versions chantées qui ont immortalisé le composition que ce soit « The man I love » ( Ella Fitzgerald), « My Funny Valentine » ( Chet Baker) , « Solitude » ( Billie Holiday ), « April in Paris » ( Sarah Vaughan )....Un régal qui éveillera la nostalgie. La séduction est immédiate.

Le second CD, choisi par Fred Migeon s’attache à des compositions qui, sur le même thème, proviennent du catalogue Cristal. Cette fois point de chansons mais des ballades somptueuses, lentes et mélodieuses comme le « Love Theme » de Spartacus par le trio de David Reinhardt, « The Seagulls of Christiansund » de Mal Waldron dans la version du duo Sophia Domancich et Simon Goubert, le « Psaume 22 » de Gilles Naturel où s’illustre le ténor Lenny Popkin ; mention particulière pour l’album Ligne Sud trio du pianiste Christian Gaubert sorti en 2013 et bien sûr le délicieux Zooloup qui réunissait en 2003 les trop rares Denis Leloup (tb) et Zool Fleischer (p) dans un programme tendre et fort, très câlin aussi, comme sur ce « Brazil Hero » le fender double le piano.

Une excellente idée que cette compil originale, à prix doux, pour découvrir ou redécouvrir le tout sous une forme simple et chic. Une collection qui devrait vite s’avérer indispensable. Pensez-y pour Noël, partager avec vos proches l’amour de la musique...belle résistance.

Sophie Chambon

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29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 11:36
KORNAZOV/ CODJIA / TAMISIER : » Le gris du vent »

Gueorgui Kornazov (tb), Manu Codjia (g), Geoffroy Tamisier (tp)

www.kornazov.com

kornazov@free.fr

Voilà une absolue splendeur, une merveille qui a atterrit un peu par hasard dans ma boîte aux lettres. Une pochette pas très glamour où posent trois copains de longue date qui jouent depuis fort longtemps ensemble. Gueorgi faisait avec Geoffroy ses classes au CNSM en 1998. Puis Gueorgui et Manu ont longtemps côtoyé les pupitres d’Henri Texier.

Tous les trois fêtent ici deux décennies de musique ensemble. C’est dire s’ils se connaissent au plus proche de l’intime , au plus serré de ce lien que la musique crée indéfectiblement entre eux trois.

Deux vents ( trombone et trompette) et six cordes pour une musique à l’intense subtilité.

Musique faite d’espaces harmoniques épurés. Musique d’une légèreté qui n’a d’égal que le vent doux. Chacun y joue un rôle d’une extrême délicatesse, tout en réponse, tout en partage.

Chacun apporte les multiples nuances de son instrument pour en faire un tableau aux milles couleurs pastel. Les rôles s’échangent, l’un passant devant l’autre quand l’autre s’efface progressivement. Kornazox semble constamment réinventer son instrument pour en livrer 10.000 facettes du growl au glissndos, en parfaite cohérence.

On pourrait y entendre l’amour de Kornazoz à Kenny Wheeler ou y repérer des harmonies Raveliennes ou Debussiennes. On pourrait aussi entendre le vent et son murmure.

Véritable enchantement d’un bout à l’autre, « Le gris du vent » nous souffle à l’oreille une histoire riche et magnifiquement agencée.
Comme un conte poétique qui nous emporte et nous enchante.

Une merveille.

Jean-Marc Gelin

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28 novembre 2015 6 28 /11 /novembre /2015 08:20
PACO ET LE ROCK ; PACO ET LE JAZZ
PACO ET LE ROCK ; PACO ET LE JAZZ

Par Magali Le Huche

Gallimard Jeunesse Musique

13,50 euros

2 petits livres sonores pour les enfants qui leur permettront de se familiariser avec le rock et le jazz au travers de tous les instruments.

Des dessins sympas comme tout où Paco arpente les rues de la Nouvelle Orléans et se retrouve à Londres avec sa bande de potes un peu rockabilly.

Des touches à appuyer pour découvrir un riff de guitare électrique, un solo de basse ou la voix d'Ella Fitzgerald.

Une idée sympa à mettre dans la hotte du père noël avant de passer aux choses sérieuses

( mais là, c’est une autre histoire)

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26 novembre 2015 4 26 /11 /novembre /2015 18:14
FRANCO D'ANDREA « Three Concerts. Live at The Auditorium Parco della Musica »

CD 1 : Franco D'Andrea (piano), Dave Douglas (trompette), Han Bennink (caisse claire)

CD 2 : Franco D'Andrea Sextet avec F. D'Andrea (piano), Andrea Ayassot (saxophones alto & soprano), Daniele D'Agaro (clarinette), Mauro Ottolini (trombone), Aldo Mella (contrebasse), Zeno De Rossi (batterie)

CD 3 : Franco D'Andrea (piano solo)

Trois CD enregistrés en concert à Rome, Auditorium Parco della Musica : CD 1, 24 mars 2014 ; CD 2, 28janvier 2014 ; CD 3, 23 mai 2014

Parco della Musica Records MPR 071 CD / Egea ( www.egeamusic.com )

Plaisir renouvelé que de découvrir une nouvelle parution de ce musicien italien, pianiste majeur (ce n'est pas un hasard si Martial Solal, qui avait d'ailleurs donné un concert à trois pianos en sa compagnie, l'a convié à trois reprises au jury de son Concours international de piano jazz). Franco D'Andrea n'est peut-être par reconnu dans notre pays à sa juste valeur, mais chaque disque constitue l'occasion de rappeler son importance pianistique et musicale.

Le premier volume est un trio hors norme : piano, trompette et batterie (réduite à une simple caisse claire) . Le répertoire est des plus éclectiques : Lennie Tristano (Turkish Mambo) ; des standards (Goodbye, Undecided, Tiger Rag, Caravan) revus et corrigés -parfois sévèrement ; et des compositions du pianiste, et du batteur, le tout émaillé d'improvisations ouvertes des trois compères. Tout cela respire une absolue liberté, toujours à l'horizon d'une intelligence musicale aiguë, que l'on soit dans la conscience de l'instant, ou dans l'inconscient qui s'exprimerait par des incartades et des emportements.

Le deuxième CD, en sextette, fait la part belle à la musique de Thelonious Monk, dont les thèmes (Coming on the Hudson, Bright Mississippi, Monk's Mood, Epistrophy, Blue Monk) sont reliés par des intermèdes improvisés ou composés qui les magnifient. En écoutant Coming the Hudson, je ne peux m'empêcher de penser à la version conçue par André Hodeir, après plusieurs moutures antérieures, pour Martial Solal (« Solal et son orchestre jouent Hodeir », Carlyne, 1984). André Hodeir et Franco D'Andrea ont en commun l'exigence musicale, laquelle s'exprime chez le premier par un sérieux mâtiné d'un subtil humour ; et chez le second par un esprit libertaire des plus décapants. Et pourtant la musique de Monk est bien là. Tout au long de ce volume en sextette, Franco D'Andrea demeure constamment dans l'esprit du compositeur-pianiste, par l'arrangement comme dans les parties de piano, où il ne cède nullement au syndrome d'imitation, tout en respectant la pulsation claudicante qui fait le prix de cette musique ; et les solistes du sextette ne dérogent pas à cette libre fidélité. Surgissent ici ou là des citations furtives d'autres thèmes (Well You Needn't....), et Monk n'est jamais loin !

Le troisième disque, en solo, persévère un peu dans l'amour de Monk, musicien de chevet de Franco D'Andrea (son précédent disque « Monk and the Time Machine », paru en 2014, lui était déjà consacré, ainsi que quelques plages plus anciennes). Ici, rien qu'un Round Midnight d'anthologie, chaloupé tango, et tuilé avec Turkish Mambo de Tristano. Et toujours ce mélange de standards du jazz moderne (Naïma, Like Sonny) et de standards du passé (Gershwin, Jelly Roll Morton....), enchâssés dans des compositions de Franco D'Andrea. Un (très) grand Musicien, du (très) grand piano : on se précipite !

Xavier Prévost

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