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2 août 2014 6 02 /08 /août /2014 07:49

 

Motema 2014

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Si vous avez les pieds qui vous démangent en ce mitan de l’été caliente, n’hésitez pas un seul instant. Avec l’afro latin jazz orchestra du piansite et chef d’orchestre Arturo O’Farrill, vous allez être servi. C’est vrai, vous allez me dire, tout est dans le titre et a priori il devrait pas y avoir de surprise.

Et pourtant si les clichés de la musique cubaine, de la salsa sont bien présents avec tout plein de cuivres et de soufflants comme on aime, avec des musiciens qui jouent en faisant avec classe un petit pas à gauche un petit pas à droite sur un rythme de salsa que c’est pas possible de rester de marbre, il , le pianiste-arrangeur se montre néanmoins d’une passionnante inventivité. Certes ces gars-là envoient la sauce comme pas possible.

 

Mais autour du groove Arturo O' Farill apporte un soin extrême à la qualité de ses arrangements, invite des guest stars ( Vijay Iyer, Donald Harrisson, DJ Logic) varie les couleurs tout en gardant la trame latine. Rythmiquement c'est l'enfer comme sur ce Quarto de colores qui met la barre particulièrement haute pour parvenir à cette pâte homogène en alliant percussions et harpe. Il y a des moments forts comme cette Gnossienne 3écrite comme une suite et cette voix d'Antonio Lizana (magnifique et sublime sax alto !!!). Au carrefour de plusieurs musiques, Arturo O’Farrill sort la salsa de ses enfermements et donne dans le syncrétisme. Ajoute ici un slammeur ( DJ Logic), fait descendre son big band de latinos dans la cité du croissant un jour de mardi gras ( On the corner of maleca and Bourbon), installe des tourneries latines comme sur ce The mad hatter featuring Vijay Iyer totalement hypnotique.ofarrill2.jpg

Toujours sur le qui-vive, toujours inventif, Arturo O’ farrill se révèle un compositeur, arrangeur et chef d’orchestre de très haute volée et de grande classe. De la race des seigneurs, il vous emmène dans une sorte de narration intelligente, farandole  dansante aux carrefours de tout plein de musiques percussives. En conviant toutes ces influences dans un creuset magnifique, O’ Farrill bouscule les codes de sa propre latinité. C’est passionnant.

Jean-Marc Gelin 

 

 

 

 

  

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31 juillet 2014 4 31 /07 /juillet /2014 08:24

 

Blue Note 2014

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C’est pas comme ça que Blue Note devrait fêter son anniversaire. Certes Bobby Hutscherson fut l’un des héros du label dont il a signé parmi les plus belles plages. Mais avec cet album très classique jouant sur les fibres d'un hard bop un peu policé, Blue Note comme Hutcherson prennent de l'âge et peinent un peu à développer des idées neuves.

Heureusement il y a ici l'apport d'un Dave Sanborn ( c'est vraiment une année de come back pour lui) au son acéré et brut, qui enfonce les lignes avec une aisance toute aérienne et gracile. A l’instar d’un critique de Downbeat ( voir le numéro de juille), je pense que c’est une des meilleures prestations qu’on ait entendues de lui ces derniers temps. Avec Joey de Francesco à l'orgue on est en plein dans cette esthétique ces albums qui ont fait la légende du label ( on pense à ceux de Jimmy Smith ou ceux de Lou Donaldson, en, moins boogaloo).

Pourtant il y manque le feu. Chacun des intervenants fait le gig, sûr de son propre talent sans toutefois que l'énergie soit réellement au rendez-vous. On parle ici de l'énergie collective, de ce fluide du groove qui circule et se transmet d'oreille à oreille, de pieds en pieds. Peut-être à cause d'une rythmique un peu lourde qui ne parvient pas à épauler les trois solistes malgré les efforts louables de cet incroyable phénomène de Billy Hart qui semble faire pourtant ce qu’il peut. A moins encore que ce ne soient les arrangements qui soient finalement en cause. Un peu trop sages à notre goût.

Il y a une tonalité un peu désuète de jazz 90's qui à force endort un peu. La vue est certes belle, mais sur cette carte postale, elle est un peu passée.

Dommage

Jean-Marc Gelin

 

ps : ça c'etait bien, mais c'etait hier....

 

 

 

 

 

 

 


 


 

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29 juillet 2014 2 29 /07 /juillet /2014 22:10

 

Reportage photo de Philippe Thievenaz

 

 

 

 

 

Jazz en fanfare dans les rues de Porquerolles

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Montée au fort en fanfare

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Le Fort Ste Agathe avant les étoiles

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Soirée Blues d'Archie avec Jean-Paul Bourelly, Tom Mc Clung, Hamid Drake et Reggie Washington

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Monica Passos en diva déjantée à faire danser et vibrer le monde

 

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Christophe Leloil et Nicolas Pacini

 

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Los Gojats : les enfants d'Uzeste manifestent !

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Simone la paroleuse dans les rues de Porquerolles

 

Simone le mot en bouche

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Soirée magique, la rencontre d'Ana Carla Maza et de Vincent Segal

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Les after en flammes avec los Gojats

 

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Porquerolles by the sea, repaire de pirates amoureux de la mer et du jazz

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26 juillet 2014 6 26 /07 /juillet /2014 14:50

Plus Loin Music 2014

Thomas Savy ( clb), Michael Felberbaum (g), Pierre de Bethmann (p, fder), Stephane Kerecki (cb), Karl Jannuska (dms)


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Forcément Thomas Savy, grand amateur de rugby devant l’éternel a dû faire sien cet adage : "on ne change pas une équipe qui gagne".

 

Souvenez vous, il y a quelques années de cela, en 2006 nous nous étions enflammés pour la première édition d’Archipel dans ces colonnes mêmes (THOMAS SAVY: Archipel)

Le clarinettiste remet le couvert aujourd’hui avec la même équipe et surtout un nouvel archipel à découvrir. Un archipel aux couleurs bleutées des notes bleues du blues et d'un jazz aussi bleu que la jazz peut être bleu.

Digne héritier de Jimmy Giuffre parfois, d’Etic Dolphy d’autres fois, Thomas Savy donne le sentiment qu’avec une clarinette basse il parviendrait à jouer seul le son d’un orchestre tout entier. Il passe de la longue phrase mélodique glissante à l’apreté du blues avec une facilité confondante, alliant dans un même mouvement la saleté qui colle aux basques d’un jazz poisseux (Stones, Misterioso) aux élégantes ligne mélodiques ( Archipel, Father bear). C’est que Thomas Savy exprime la synthèse même de ce qu’il est : un musicien aussi classique que jazz. Ou aussi jazz que classique. C’est vous qui voyez. Lorsque l’énergie vient du plus profond  des poumons et du ventre et s’exprime dans des moments où la puissance de ce qui est dit se marie à sa légèreté des notes flottantes, Thomas Savy montre bien qu’il est vraiment l’un des très grands de l’instrument.

Sa complémentarité avec Michael Felberbaum est éclatante et chaque intervention de ce dernier est une sorte d’enluminure, comme le prolongement naturel du discours du clarinettiste, par d’autres moyens.

 L’album est tout simplement beau. Parfois touchant aussi comme sur ce Father Bear comes Home où l’on imagine quelle belle berceuse Thomas Savy doit jouer à ses enfants avant qu’ils ne s’endorment.  Archipel c’est aussi des climats entre chiens et loups qui s’installent parfois (Stones) Et puis il y a derrière Archipel un groupe tout entier qui interagit au quart de tour (écouter O’Mc Henry, thème composé par Karl Jannuska), totalement fusionnel.

Magnifique version aussi de Misterioso où les graves de la clarinette de Thomas Savy offrent une superbe lecture du thème de Monk qui ne dévoile entièrement et pudiquement qu’à la fin de ce long préliminaire.

 

Duke Ellington et Billy Strayhorn disait «  a drum is a woman ». Où l’on découvre ici qu’Archipel n’est pas un ensembe d’îles mais au contraire d ‘ « elles ». Avec cet album Thomas Savy donne à la clarinette basse des allure félines de femmes ensorcelantes, à la fois chanteuses et danseuses lascives, irrésistiblement sensuelles qui nous prennent sournoisement dans leurs filets.

Un acte d’amour en somme.

Jean-Marc Gelin

 

 

 

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24 juillet 2014 4 24 /07 /juillet /2014 09:11

 

joshuaredman trios cover

Nonesuch rcords 2014

 

Joshua Redman (ts, ss), Gregory Hitchinson (dms), Matt Penman (cb) ou Reuben Rodgers (cb)

 

Sur le chemin de votre bel été, vous aurez certainement l’occasion de croiser un festival de jazz. Et dans ce festival vous aurez peut être l’occasion de tomber sur le jour où Joshua Redman se produira sur scène.  Alors, si vous ne connaissez pas l’animal ( et que donc, vous habitiez sur la planète mars durant les 20 dernières années), ce disque est absolument fait pour vous et vous donnera un bel aperçu de ce qui vous attend.

Enregistré en trio pianoless, en live dans deux clubs américains , au Jazz Standard de New York ou au Blues Alley de Washington DC, cet album est la démonstration éclatante du talent fou du saxophoniste. Il sait à peu près tout faire avec son biniou. Il peut vous tuer avec ce son venu de toute sa tradition jazzistique, comme sur Mack The Knife ou Never let me go. Ce son qui vient de tous les grands ténors en passant par Rollins bien sûr mais aussi Coleman Hawkins qui, on le jurerait, lui fait des clins d’œil de sa tombe. Plus aucun ténor n’ose aujourd’hui jouer avec ce son si grave. Ce son qui se perd un peu aujourd’hui et qui ramène à toute la tradition.

L’ancien maître de L’Elastic Band ( où il faisait le monde plus funky) groove comme un Dieu, se permet des moments de folie douce ( Trinkle, tinkle), se fraye son chemn en mutin de l’improvisation alerte. L’auteur de  James Farm installe une proximité immédiate avec son public avec une belle générosité. Ca sent la chaleur moite et l’odeur un peu acre des verres d’alcools de clubs de jazz. On imagine le public debout, n’y tenant plus.

 

A 45 ans le fils de DeweyRedman est à son zenith et tutoie les étoiles du jazz. Parmi les plus grands ténors actuels. Joshua Redman montre qu’il ne se cantonne pas à ces grandes performances données partout dans le monde et organisées par des tourneurs qui lui font remplir des salles énormes mais qu’il reste aussi un jazzman de club, celui qui sait mettre le feu avec ses acolytes complices et tout aussi coupables.

 

Si vous l’avez loupé dans le début de l’été, Redman vous donne une autre chance

-       samedi 27 juillet en clôture du festival du Parc Floral à Paris

-       à Vannes le 29 juillet

-       à Jazz à la Villette le 9 septembre

 

 

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18 juillet 2014 5 18 /07 /juillet /2014 08:27

 

Jazz à Radio France : déjà plus de 4000 signatures pour la pétition

Lancée voici une semaine par le pianiste Guillaume de Chassy, et un prestigieux comité de musiciens dont les membres d’honneur sont Martial Solal et Francis Marmande, la lettre-pétition adressée aux autorités de Radio France et de l’Etat (ministère de la Culture, Elysée) pour le maintien du Bureau du jazz de Radio France a déjà recueilli plus de quatre mille signatures. Des musiciens de toutes nationalités, des organisateurs de festivals, des patrons de clubs, des responsables de maisons de disque ont signé ce texte qui a été relayé par de nombreux médias spécialisés et également généralistes, témoignant de la vive émotion suscitée par la coupe claire décidée par Radio France pour la diffusion du jazz. A la mi-journée le  16 juillet, ils étaient déjà 4071 à avoir manifesté leur engagement.

Une telle mobilisation n’a pas été sans provoquer un certain étonnement, teinté d’agacement, chez certains responsables de la radio publique. Jean-Pierre Rousseau, le nouveau directeur de la musique à Radio France s’est défendu sur son blog dans un article consacré au festival d’Aix en Provence où la ministre de la culture, Aurélie Filippetti a jeudi dernier évoqué la programmation musicale de Radio-France.

Nous citons les propos de M. Rousseau : « Il y a eu de l’émoi sur les réseaux sociaux, comme toujours en France, sur la base de rumeurs, de suppositions, certains ont lancé des pétitions pour protester contre quelque chose qui n’a pas eu lieu et qui n’aura pas lieu…La ministre, que j’ai complètement rassurée, me prenant à témoin, réaffirme : "L’exposition des musiques de création et du jazz est intangible pour le ministère. Ces musiques doivent avoir toute leur place et je ne doute pas qu’elles l’auront". » (fin de citation).

Il reste que le responsable du Bureau du Jazz, Xavier Prévost, a témoigné la semaine passée que son contrat pour son émission "Le bleu, la nuit….", sur France Musique, ne serait pas renouvelé (ainsi que lui a indiqué le 26 juin la nouvelle directrice de France Musique, Marie-Pierre de Surville); et que son autre contrat, celui du bureau du jazz de Radio France, ne serait pas davantage reconduit (comme l’en a informé Jean-Pierre Rousseau le 3 juillet).

Pour l’instant, les initiateurs de la lettre-pétition souhaitent ardemment rencontrer les responsables de Radio-France pour obtenir des éclaircissements sur ce dossier et des garanties sur la place du jazz dans les programmes et le maintien du Bureau du Jazz, qui contribue à la création et à la diffusion du jazz par l’organisation de concerts à la Maison de la Radio. Une trentaine d'orchestres s'y produisent chaque année, et la retransmission des concerts sur les antennes de la radio publique, et également sur le réseau des radios partenaires (UER en Europe, NHK au Japon, NPR aux USA) participe largement au rayonnement de la scène hexagonale.

Les analystes de la jazzosphère se plaisent aujourd’hui à rappeler que voici deux ans, la toute jeune ministre de la culture avait choisi de consacrer une de ses premières sorties dans le milieu du spectacle vivant au festival de Marciac…. Qui avait également reçu la visite du président François Hollande…C’était en août 2012.

 Jean-Louis Lemarchand

 

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17 juillet 2014 4 17 /07 /juillet /2014 07:58

du 10 juillet au 15 septembre

 

GALERIE ARGENTIC

7 rue Taylor

75010

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Martial Peres, vous ne le voyez pas mais à chaque concert on peut percevoir son crâne dégarni au premier rang, disparaître sous une forêt d'appareils photos.

Martial photographie depuis des années les plus grandes stars du jazz en noir et blanc, en argentique. On sait notamment la passion qu'il porte aux jazz woman dont il livre des clichés rares. Ces dames doivent finir par le savoir tant elles semblent bien le lui rendre.

 

L'occasion, durant une de vos ballades estivales dans Paris d'aller voir cette belle exposition. Touchante.

 

A ne pas manquer

 

expo peres

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14 juillet 2014 1 14 /07 /juillet /2014 10:43

Quelle soirée, mazette ! Mon garçon, si tu avais réservé ta soirée depuis longtemps pour assister à l'improbable victoire de la France en finale de la coupe du Monde, saches que tu as loupé quelque chose de terrible hier soir.
Cela a d'abord commencé par l'attaque du Fort par une armée en marche, une batucada qui venait prendre la place dans un déluge de tambours hypnotiques. Ca déjà, t'as loupé.
Mais le pire c'est qu'ils furent contraints de battre en retraite par trois généraux : Batiste Trotignon (Enôorme hier soir) et Thomas Bramerie menés à la baguette par le généralissime Aldo Romano. Pendant que tu attendais, devant ta télé un but qui n'arrivait décidément pas, nous assistions quant à nous à l'émergence d'un power trio inspiré, dévalant le bop sous les doigts d'un Batiste Trotignon inspiré ou encore une magnifique valse jazz ( Il Camino) jouée avec la générosité des vainqueurs.
Mais, justement puisque l'on parle de générosité, figures toi que les renforts ne tardèrent pas à arriver. Je dis bien LES renforts puisqu'arriva alors, avec perte et fracas MONICA PASSOS, balayant la scène de toute sa présence et de toute sa liberté. Et Monica envoute Porquerolles, rit avec le public, harangue le peuple de gauche, milite et chante, cite Aristote et St Augustin, fait pleurer l'assistance lorsqu'elle chante du Gismonti. Mon garçon, ton but libérateur tardait encore à venir que Monica elle, délivrait la terre entière, faisait la paix avec les guerriers aux tambours, les faisaient monter sur scène pour faire danser le monde. Alors que toi ce soir tu voyais sur ton écran Angela gagner sa minuscule petite guerre, Monica elle sur la scène de Porquerolles réconciliait le monde de toute son humanité. De toute sa générosité.

Jean-Marc Gelin

 

 

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14 juillet 2014 1 14 /07 /juillet /2014 10:41

 

 

Aujourd'hui sous le palmier, hier sous l'eucalyptus, demain sous le bougainvilliers, Simone transforme chaque échantillon de la végétation méditerranéenne de la place d'armes en autant d'arbres à palabre. Chaque midi, elle interpelle, improvise, illumine. Elle slamme, scatte, multiplie les chorus poétiques. A partir des mots que lui confient les passants, elle raconte les histoires les plus insolites, "Cacatoès", "Ouistiti", "Anticonstitutionnellement" : aujourd'hui la barre est haute. Simone tire le fil des mots comme une funambule. Un moment elle hésite, on pense qu'elle ne pourra pas rebondir. Très vite, elle reprend le cours de son inspiration comme si elle était un puits sans fond de phrases. Son verbe est aussi mouvement. Elle se rapproche de son interlocuteur, lui murmure les mots au plus près, comme pour lui inoculer le don des langues. Simone Lagrand se définit comme " paroleuse". Le néologisme lui va comme un gant. Ni Griot au féminin, ni slammeuse, ni crieuse, juste une femme de paroles. Depuis une première rencontre à la Martinique avec Franck Cassenti, elle revient chaque année au festival pour y jouer des rôles différents. Ce qu'elle propose cette année est inédit : il s'agit de créer une zone d'improvisation langagière devant le bureau du festival en impliquant des passants qui tous malheureusement ne s'arrêtent pas. Ceux qui le font découvrent une personnalité hors normes, exubérante, généreuse, soucieuse de provoquer le contact avec chacun. Installée depuis quelque temps à Paris, Simone écrit, beaucoup, une poésie par jour, une pièce de théâtre, des spectacles de sampling de mots. Elle s'est inscrite récemment à une formation universitaire d'écriture créative pour étancher sa soif d'apprendre. La fin de l'après-midi venant, lorsque les ombres s'allongent sur la place d'armes, Simone fait une autre proposition : "La criée". Elle lit, ou plutôt interprète, les mots et les poésies rédigées à son intention par les festivaliers et les habitants et confiées à un petit panier placé devant la mairie. Tous n'ont pas son talent d'écriture, loin s'en faut. Messages de tendresse, dédicaces, poésie naïve, jeux de mots improbables : tout y passe dans un joyeux désordre. Simone s'efforce de faire vivre cette exercice de démocratie participative langagière avec enthousiasme. A ce moment-là on se dit qu'elle fait oeuvre de salut public. La paroleuse accomplit un geste quasi-politique : redonner confiance dans les mots.

Loïc Blondiaux

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13 juillet 2014 7 13 /07 /juillet /2014 11:46

 

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2014-3925.JPGLa soirée d'hier commença en toute intimité par un dialogue entre le trompettiste Christophe Leloil et le guitariste Nicolas Pacini, dans la tradition de ces duos qui font irrésistiblement penser à d'autres rencontre de ce type ( on pense à celle entre Chet Baker et Doug Raney). En revue Monk, Bill Evans ou même Don Cherry dans une belle visitation d'Art Deco en hommage à l'immense Charlie Haden disparu la veille. Les deux musiciens déployaient un tapis de velours dans le ciel étoilé de Porquerolles.

 

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Puis arriva celui qui depuis 13 ans ne manque pas une seule édition du festival. Monsieur Archie Shepp véritable incarnation du jazz et du blues montait sur scène sous les ovations d'un public tout entier acquis à sa cause. Et Archie semblait se sentir si bien, là précisément, avec ces musiciens d'immense talent, qu'il lui arrivait de tutoyer les anges, embarquant son saxophone très haut dans le ciel. Avec Jean-Paul Bourelly, ils déchiraient le ciel de ce blues rapeux qui dit plus que le blues lui même. Et Archie chantait avec cette voix venue des racines du jazz. De cette histoire noire qu'ils semblaient incarner corps et âme. Comme dans cette version magnifiée de Round Midnight avec ce son supplicié, déchiré ou encore avec cet hommage à Bessie Smith, autre reine du blues. Mais hier soir à Porquerolles, le royaume du blues et de la soul appartenait bel et bien à Archie.

Jean-Marc Gelin

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