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©Jean-louis Lemarchand
2012 fut l’année de la renommée pour Emile Parisien, saxophoniste (ténor et soprano) : pas moins de quatre disques- Chien guêpe avec son quartet (Laborie Jazz) et en sideman auprès de Yaron Herman (Alter Ego chez ACT) et Jean-Paul Céléa (Yes Ornette ! chez Outnote Records), avec Daniel Humair (Sweet & Sour, Laborie Jazz) ( La Belle Ouverture de Daniel Humair) , des concerts à travers l’Europe et une Carte Blanche au festival Jazz in Marciac (JIM), là même où il apprit la musique au collège dans la classe instituée par Jean-Louis Guilhaumon, fondateur du JIM.
2013 débute sur les chapeaux de roue avec le Prix Django Reinhardt, décerné au musicien de l’année, qui lui a été remis le 15 janvier par l’Académie du Jazz au cours d’une cérémonie organisée au Théâtre du Châtelet. Emile Parisien a été élu l’emportant sur Baptiste Herbin (saxophones) et Stéphane Kerecki (basse) lors du scrutin auquel ont participé cinquante membres de l’Académie présidée par François Lacharme.
Jeune trentenaire- né le 12 octobre 1982 à Cahors (Lot)- Emile Parisien, ancien élève du conservatoire de Toulouse anime depuis 2004 un quartet (Julien Touery, piano, Sylvain Darrifourcq, batterie et Ivan Gélugne, basse). Invité régulier du festival de Marciac, il a pu ainsi côtoyer Wynton Marsalis, Chris Mc Bride, Johnny Griffin ou encore Bobby Hutcherson. Il doit aussi beaucoup au soutien qui lui a été apporté, d’abord par le Fonds d’action Sacem en 2007 pour trois ans puis en 2009 par le programme Jazz Migration mis en place par l’Afijma (association des festivals de jazz innovants et de musiques actuelles) qui regroupe 40 festivals en Europe.
Les autres lauréats de l’Académie
Un ancien lauréat du Prix Django Reinhardt, le saxophoniste alto Pierrick Pedron a également été récompensé avec le Prix du Disque Français pour « Kubic’s Monk» (ACT/Harmonia Mundi), album en trio (Thomas Bramerie, basse, et Frank Agulhon, batterie) sans piano dédié à l’œuvre de Thelonious Monk( Pierrick PEDRON: "Kubic’s Monk") . Il l’a emporté sur quatre finalistes Jean-Paul Celea « Yes Ornette ! » (OutNote /Harmonia Mundi), Jacky Terrasson « Gouache » (Universal Jazz France/Universal), Philippe Le Baraillec « Involved » (OutNote/Harmonia Mundi) ( Philippe Le BARAILLEC: "Involved") , Nicolas Folmer & Daniel Humair Project « Lights » (Cristal/Harmonia Mundi).
Le Grand Prix de l’Académie du Jazz, attribué au meilleur disque de l’année, est allé à Brad Mehldau pour « Where do you start ? » (Nonesuch/Warner) dont les DNJ vous avaient dit grand bien (sous la plume de Jean-Marc Gélin ( BRAD MEHLDAU : « Where do you start » ).
Au palmarès de l’Académie figurent également Jorge Pardo, saxophoniste et flutiste espagnol (Prix du Musicien Européen)qui a reçu son trophée des mains de l’actrice Victoria Abril ;
le label Fresh Sound Records (Prix de la Meilleure Réédition ou du Meilleur Inédit) ; Aaron Diehl, pianiste de 27 ans, ancien membre du groupe de Wynton Marsalis, « Live at the Players», CD Baby/www.cdbaby.com (Prix du Jazz Classique) ; Catherine Russell « Strictly Romancin’ » World Village/Harmonia Mundi ( Prix du jazz vocal) ; Bettye Lavette « Thankful N’ Thoughtful», Anti-/PIAS, (Prix soul) ; Lurrie Bell, chanteur-guitariste de Chicago, « The Devil ain’t got no music » Aria B.G./Socadisc (Prix Blues) ; Alain Gerber, l’ancien producteur de Le Jazz est un roman sur France Musique, pour « Petit Dictionnaire incomplet des incompris », Éditions Alter ego, (Prix du livre de Jazz).
© Jean-Louis Lemarchand
Jean-Louis Lemarchand
Voir palmarès complet avec les finalistes sur le site de l’Académie du Jazz www.academiedujazz.com
Christophe Panzani (sax), Frederico Casagrande (g), Ferenc Nemeth : batterie (dms)
The drops est un jeune trio composé de trois figures montantes de la scène hexagonale. Enfin, quand on dit jeune tout est relatif. Panzani au sax tient tout de même l'instrument depuis plus de 10 ans au sein de l'orchestre de Carla Bley et Frederico Casagrande vient d'enregistrer un album chez Cam Jazz.
On craint à l'entame de l'album le travers de jeunes groupe qui n'assumeraient pas leur ancrage dans le jazz et sont souvent tentés de le noyer dans un rock lourd marié de pop évaporée. Et ce qui frappe dès les premières notes c'est justement tout le contraire. C' est le soin particulier apporté au matériau. Ces jeunes là de toute évidence aiment ce jazz moderne qui se fabrique aujourd'hui de l'autre côté de l'atlantique, du côté de David Binney, de Chris Cheek ou de Donny Mc Caslin. Et l'on est frappés par la maturité musicale de The Drops lorsque l'on écoute un morceau comme The storyteller qui y déploie une grande délicatesse mélodique et harmonique.
Christophe Panzani s'impose un peu en héros apaisé de cet session avec son agilité de chat, avec la souplesse de son phrasé et avec son placement rythmique exemplaire. Un velours du son et surtout une grande sensualité de l'expression. Il impressionne ( écouter Sotte voce) . Frederico Casagrande affiche quand à lui un sens de l'accompagnement rare dans ce qu'il suppose d'écoute et d'abnégation. A la recherche de l'accord toujours juste.
Totale réussite, cet album de The Drops s'inscrit résolument dans ce jazz sage et élégant d'une bien grande sobriété. Comme se glisser doucement dans un lit aux draps de satin.
Jean-Marc Gelin
JEAN-PIERRE JACKSON : « Oscar Peterson »
Actes Sud Classica 2012
138p, 16,50 euros
Jean-Pierre Jackson est un habitué de l’éditeur puisque, après avoir livré une bio de Charlie Parker en 2005, de Miles Davis en 2007 et de Benny Goodman en 2012, il nous revient ici avec ce petit opus biographique sur le géant canadien Oscar Peterson.
Il est vrai que le pianiste qui nous a quitté le 23 décembre 2007 à l’âge de 82 ans n’a pas véritablement donné lieu à une bibliographie pléthorique, et que l’ouvrage de référence reste aujourd’hui encore sa propre autobiographie parue en 2002 ("A Jazz Odyssey", Continuum , 2002) à laquelle Jackson se réfère beaucoup.
Oscar Peterson (1925-2007) est, indéniablement un génie du piano qui a écrit avec Art taum parmi les plus belles paes de l’histoire du jazz. Génie absolu de la musique depuis sa plus tendre enfance. Doté d’une oreille absolue, le jeune Oscar est tombé dans le piano un peu par hasard, à la suite d’une tuberculose infantile qui l’a éloigné des instruments à vent auxquels pourtant il se destinait. Et dans son environnement familial où la musique prenait une part importante, c’est d’une part sa sœur Daisy qui joua un grand rôle dans la carrière du jeune Oscar mais aussi l’influence évidente de Teddy Wilson et plus tard d’Art Tatum. Dotéd’un talent inné, très tôt Oscar Peterson s’amusait à jouer à peu près tout ce qu’il entendait d’oreille, en jouant simultanément les mêmes notes de la main gauche et de la main droite sur deux octaves différentes. Assez vite repéré sur la scène de Montréal, le jeune Oscar décide en 1944 de créer son propre trio et commence à enregistrer pour le compte de RCA. Mais c’est un soir d’été de 49 que sa carrière va prendre une réelle tournure. Un homme dans son taxi pour l’aéroport entend ce soir-là à la radio un pianiste exceptionnel à l’occasion d’un concert retransmis en direct. Ni une ni deux, cet homme prend la décision de faire demi-tour et demande au taxi de l’emmener là où a lieu le concert. Cet homme n’est autre que Norman Granz qui très rapidement subjugué lui fera illico faire ses débuts au Carnegie hall où le pianiste sera présenté comme la véritable révélation devant un public rapidement et totalement renversé.
À partir de là, boulimique de musique et de jeu, Oscar Peterson n’arrêtera quasiment jamais de jouer. Son partenaire de prédilection avec lequel se nouera une amitié indéfectible fut longtemps Ray Brown associé dans des formules différentes allant du duo au célèbre trio avec le guitariste Herb Ellis. En à peine trois ans après ses débuts dans la célèvre salle de New-York, Oscar Peterson acquiert le statut d’une véritable vedette tournant avec les plus grands jazzmen de l’histoire ( Charlie Parker, Lester Young, Billie Holiday, Coleman Hawkins, Roy Eldridge, Count Basie etc…..). Après le départ d’Herb Ellis, ce fut longtemps le batteur Ed Thigpen qui fit office de troisième homme. Suivent les grands albums commercialement mythiques du pianiste ( Night Train, We get requests, Oscar Peterson Trio +one).
Jean-Pierre Jackson n’oublie pas, dans sa biographie de faire un rapide détour par les engagements humanistes du pianiste dans les années 60 par son adhésion à la franc-maçonnerie, par sa conscience du racisme relatant au passage l’épisode où le mastodonte mis un jour KO deux GI qui avaient insulté Ella Fitzgerald.
En 1965 c’est la naissance d’un nouveau trio avec le départ du batteur remplacé par Louis Hayes et du fidèle Ray Brown remplacé par Sam Jones ( C’est la même rythmique que celle qui accompagnait Cannonball Adderley).
Après la période florissante des disques parus sur le label MPS, Norman Granz qui avait cédé son catalogue jazz de Verve à MGM, recrée en 1972 le nouveau label, Pablo (en hommage à Picasso qui en crée le logo). Revenu un temps avec Ray Brown, Oscar Peterson multiplie surtout les rencontres pour ce label dont notamment 5 rencontres avec Count Basie ( Satch and Josh en 1974, Satch and Josh again en 1977, Yes Sir that’s my baby, Night Ride et the Timekeepers en 1978). Cette période marque aussi une rencontre fondamentale du pianiste avec le guitariste Joe Pass de 1973 1986, période ponctuée par une 20aine d’albums pour Pablo.
Les années 80 vont être marquées pour le pianiste par une forme d’usure physique. Aveu incroyable du pianiste dans son auto-biographie : Oscar Peterson souffrait depuis l’adolescence d’une arthrite qui paraît-il l’obligeait à jouer parfois avec beaucoup de souffrance. Il subit une intervention de la hanche et à 66 ans, il se marie pour la quatrième fois et donne naissance à une petite Céline qui va changer totalement sa conception de la vie, lui donnant l’envie de diminuer le nombre de tournées et de séances d’enregistrement. Mais inlassablement Oscar Peterson remontait sur scènes et dans les studios et après quelques séances d’enregistrement plus ou moins réussies pour le label Telarc, Oscar Peterson victime d’une insuffisance rénale décède le 23 décembre 2007 dans sa maison de Mississauga.
Au-delà de l’aspect purement biographique du petit ouvrage de Jean-Pierre Jackson contraint par le format de moins de 140 pages, on pourra cependant regretter que ce dernier délaisse largement l’analyse musicale pour se consacrer pour beaucoup à l’égrenage savant des moments clefs de la carrière du pianiste entre grandes étapes discographiques et repérage de quelques-uns des morceaux indispensables. On pourra bien sûr si l’on veut approfondir, se référer au beau travail d’Antoine Hervé (« les leçons de jazz »), mais l’on aurait toutefois aimé que l’auteur s’attarde un peu sur les différentes influences que le pianiste a laissé sur des générations entières de musiciens ( et pas que pianistes).
Ce qui n’empêche pas Jean-Pierre Jackson de relever la force torrentielle de ce pianiste de génie, boulimique de piano, issu des grands maîtres du ragtime, issu de l’art de l’improvisation venu tout droit de Tatum, génie de la rythmicité pianistique et du feu d’artifice des octaves déferlantes et retombant en suspensions émouvantes.
Oscar Peterson fut certainement l’un des plus grands soit les doigts duquel les plus grands standards semblaient réinventés avec une constante jubilation.
Un vrai travail musicologique reste à faire mais ce petit opus permettra cependant aux plus néophytes d’entre nous de pénétrer un peu dans la musique d’Oscar Peterson, en fournissant quelques pistes d’écoutes absolument indispensables.
Jean-Marc Gelin
Marseille occupe France Culture ce week end du 12 janvier 2013 et si France Inter et France Musiques n’étaient en grève, les équipes de ces radios seraient sur le terrain. Ville incroyable, de paradoxes, en chantier, qui questionne en permanence, et qui invite au voyage vers le Sud .
Une vieille rengaine que chantait (entre autre) Barbara « Marseille, tais toi Marseille, tu cries trop fort, on n’entend pas claquer tes voiles dans le port » a sans doute donné l’idée de projet d’ouverture d’une clameur continue, citadine, joyeuse sans être grondeuse cette fois.
Avant que ne résonne ce samedi à 19 heures tapantes, la grande clameur (sirènes des bateaux, cloches, klaxons et concert impromptu de casseroles et autres ustensiles…) pour célébrer l’entrée de la ville dans cette année vitale, du sacre de CAPITALE CULTURELLE EUROPEENNE, au cœur d’un vaste territoire de la Provence… arrêtons nous un isntant sur ce qu’écrit Michel Antonelli dans son EDITO du Cri du Port :
« Si Marseille Provence 2013 a fait le choix d’un jazz institutionnel mais néanmoins de grande qualité ( Ahmad Jamal, Richard Galliano, Andy Emler MegaOctet, Paolo Fresu , Raphael Imbert (ce soir au SILO pour l’inauguration de la manifestation)…il faudra se plonger vraiment dans l’univers des petites salles régionales pour voir la richesse et la diversité actuelles du jazz. »
Revenons donc sur cette mixité, modernité et Méditerranée que célébrait Louis Winsberg dans son dernier album de 2011, Marseille, Marseille
Marseille, ville du métissage, populaire et rebelle, capitale culturelle européenne en 2013, n’a pas souvent inspiré les jazzmen. Et on comprend pourquoi avec le dernier titre « Marcel, Marcel ». Et pourtant, le guitariste Louis Winsberg lui dédie son dernier album, Marseille, Marseille, frappé du sceau de la «Bonne Mère», la patronne de la ville qui dominait fièrement la cité phocéenne du haut de sa basilique néo byzantine, jusqu’à l’érection de la tour de verre et d’acier de la CMA-CGM, de l’architecte libanaise Zaha Hadid.
Car Marseille, la plus ancienne ville de l’Europe de l’ouest ne s’enorgueillit pas de ses vestiges, ayant constamment ouvert de nombreux chantiers sur les décombres du passé. Marseille est une ville d’illusions et de paradoxes, bruyante, énervée, volubile, volontiers caricaturale, mais aussi représentative du sud dans une générosité d’accueil. La Provence est un peu loin, repliée dans l’arrière-pays, sur d’autres territoires du département, Marseille ayant intégré les vagues successives d’immigration de la Méditerranée. Le premier titre Pourquoi cette ville illustre un hommage que présente Louis Winsberg, sans la moindre pointe d’ «assent », ni à la Pagnol, ni à la Gaudin, ni à la Caubère. Il dit « le métissage de la rue et de la Méditerranée » dans ce texte qu’il a écrit sur fond de musiques et chants orientaux. Le deuxième titre renvoie à « La camarguaise », avec guitare flamenca et accompagnements palmas. Car bien que natif de la ville, Louis Winsberg s’est réfugié dans son patio à Eygalières, (et on peut aisément le comprendre) dans les Alpilles, petit paradis, à deux encablures d’Arles, la véritable capitale provençale et du delta du Rhône, la Camargue. Avec son album, on fait donc du tourisme dans les Bouches du Rhône, de la Méditerranée des calanques aux Alpilles tout en retrouvant « la Belle de Mai », un des visages de cette ville éclatée aux cents villages. ( Lire la suite .....Louis WINSBERG: "Marseille, Marseille")
Sophie Chambon
VIctime d’un accident de ski pendant les vacances de Noël, Claude Nobs, fondateur et directeur du Montreux Jazz Festival est décédé à l’hôpital de Lausanne le 10 janvier à l’âge de 76 ans. « Conformément à son souhait, la reconnaissance de Claude envers Montreux sera célébrée lors d’un évènement tout en musique dont la date sera communiquée très prochainement et qui sera suivie d’autres manifestations à New York et Londres », a annoncé le Montreux Jazz Festival.
Fan de jazz dès sa jeunesse, l’ex apprenti pâtissier avait réussi à faire vivre pendant près d’un demi-siècle –la 47 ème édition est programmée du 4 au 20 juillet prochain- un festival de jazz dans une cité résidentielle prisée initialement par les amateurs de grand air et de …vins légers issus des vignes accrochées aux coteaux voisins . Harmoniciste occasionnel, patron de la filiale suisse de Warner, un temps comptable de l’office du tourisme de Montreux, Claude Nobs va fonder en 1967 le Montreux Jazz Festival qui devient bientôt une référence dans la ronde des festivals de l’été.
Très vite, ce petit homme malicieux et malin ouvre la programmation aux musiques voisines du jazz, le rock et même la pop. Il défendait cet œcuménisme qui faisait frémir les fans purs et durs : « Pour attirer la foule, je dois engager une vedette, confiait-il en 1996, le génial inconnu ne suffit pas hélas. » Au-delà de ces raisons économico-financières, Claude Nobs revendiquait par goût personnel cette ouverture à tous les styles musicaux : « On me demande toujours pourquoi je conserve le mot jazz dans l’appellation du festival. C’est simple. Pour moi le jazz est bien plus qu’un style de musique : c’est un état d’esprit, une expression de liberté, un partage des émotions ».
C’est ainsi que chaque année, pendant une quinzaine de jours, Montreux devenait une vaste kermesse musicale où cohabitaient tous les genres musicaux et tous les publics. Sur le livre d’or du festival, on retrouve aussi bien Charles Aznavour, les Rolling Stones, David Bowie que bien sûr les géants du jazz, à commencer par Miles Davis qui fit ici l’une de ses dernières apparitions publiques au cours de l’été 1991 et auquel Claude Nobs a dédié l’une de ses salles de concerts.
Doté d’un sérieux sens des affaires, Claude Nobs avait rapidement développé les activités du festival, en ouvrant un site internet dès 1995, en publiant sous son label les enregistrements effectués à Montreux, en créant une gamme de produits dérivés et en attribuant, moyennant finance, la marque « Montreux Jazz Festival » à plusieurs festivals en Europe mais aussi aux Etats-Unis. Il suffira désormais d’écouter un cd « enregistré à Montreux » (Warner a publié une intégrale en 20 CD voici dix ans) pour retrouver toute cette joie de vivre et de partager qui constituait la vraie carte d’identité de Claude Nobs.
Jean-Louis Lemarchand
Spectacle de Louis Caratini et direction musicale de Patrice Caratini
Elle restera comme « la « mécène iconique du jazz, la baronne Pannonica de Koenigswarter, née Rothschild (1913-1988). Dans sa maison de Weehawken (New Jersey), dominant Manhattan, au milieu de ses chats (122 !), elle accueillait les jazzmen. De 1961 à 1966, Nica, comme on la dénommait familièrement, s’amusa aussi à photographier ses hôtes avec un Polaroïd et à recueillir par écrit leurs trois vœux. Publié de manière posthume par sa petite-fille, l’ouvrage (« Les musiciens de jazz et leurs trois vœux. Pannonica de Koenigswater. Editions Buchet Chastel.2006) contient 300 témoignages, révélant des personnalités fortes, touchantes, drôles.
Louis et Patrice (son père) Caratini ont décidé de faire vivre ce livre unique. Dans un club de jazz, le Birdland, ils sont quatre comédiens à proposer un florilège de ces vœux. Du plus bref –« je veux être blanc » de Miles Davis- au plus élaboré –un grand texte de Lionel Hampton sur le jazz, ses émotions, sa naissance, son évolution- ils nous donnent à saisir la condition, les aspirations des jazzmen qui comptaient dans les années 60. Les comédiens les font littéralement vivre ces vœux, (re)constituant en quelque sorte le monde idéal rêvé des jazzmen.
Nous voici dans ce lieu sobre aux allures d’atelier, de workshop de Greenwich Village, transportés à la grande époque du be-bop, du hard-bop, les acteurs, fidèles aux textes, improvisant dans l’interprétation. A l’unisson du quartet constitué par Patrice Caratini (basse), Alain Jean-Marie (piano), André Villéger (saxophones) et Julie Saury (batterie) déroulant –totalement en acoustique et c’est un plaisir rare- les grands airs de l’époque, à commencer par les titres en hommage à la baronne, Nica’s Dream, de Horace Silver, qui donne son nom au spectacle, ou Pannonica de Thelonious Monk. Le grand’prêtre du be-bop est bien sûr là, non seulement en portrait projeté sur le mur mais aussi par une table de ping-pong (il y était redoutable) qui voit s’affronter Caratini (père) et Saury (fille de Maxime).
Les 90 minutes-le temps d’un match de foot- passent vite au rythme des mots lancés par quatre comédiens (talents en devenir) bien inspirés et souvent déjantés et des phrases musicales balancées par quatre musiciens confirmés habités par la flamme de l’improvisation. Un spectacle franc et frais qui valorise l’ouvrage de Pannonica de Koenigswarter et invite à se plonger dans sa lecture et, ce qui n’est pas le moindre de ses bienfaits, à réécouter la vingtaine de compositions dédiées à cette drôle de baronne.
Jean-Louis Lemarchand
Nica’s Dream. Adaptation et mise en scène Louis Caratini. Direction musicale Patrice Caratini. Les musiciens : Patrice Caratini, contrebasse,Alain Jean-Marie, piano,Julie Saury, batterie,André Villéger, saxophones (ténor et soprano). Les comédiens : Benoît Felix-Lombard,Pierre-Antoine Chevalier,Olivier Dote Doevi, Renaud Boutin
Les 10 et 12 janvier (19 h), dimanche 13 janvier (15 h), Théâtre de l’Opprimé. 78/80, rue du Charolais - 75012 PARIS. Réservations 0143404444. Et aussi 26 février à Fontenay Sous Bois, Salle Jacques Brel et 28 mars à Alfortville, Pôle Culturel.
Un article paru cette semaine dans la presse (*) mérite que l'on cite ici quelques-uns des chiffres mentionnés concernant le statut des Intermittents du spectacle :
Cotisations reçues en 2010 : 232 millions d'euros
Prestations servies : 1.260 millions d'euros
soit un déficit de près de 1 mds d'euros
Le régime contribue ainsi pour 1/3 au déficit de l'Assurance Chomâge
et ne concerne pourtant que 3% des demandeurs soit environ 106.619 personnes concernées.
Le nombre des bénéficiaires du statut augmente pourtant d'environ 1% par an.
Le taux de "Permittents" (emploi par un même employeur d'intermittents de façon permanente) est de 15%
De quoi se poser la question de l'après intermittence, face à un régime dont il n'est pas interdit de douter de la pérennité,
Quel statut et quelles régulations du secteur pour demain ?
C'est à l'évidence une porte ouverte que l'on enfonce là mais aussi une réflexion à laquelle tous les acteurs du champ culturel devraient s'atteler d'urgence.
Jean-Marc Gelin
(*) Les Echos - vendredi 4 janvier p.15
Les gagnants du concours sont:
Alain Claverie
Loix Blondiaux
Cecile
et recevront un cd du live Horellou / Burton chez eux envoyés par le label DTC records.
Notez qu'il n'est pas trop tard pour se rendre au deuxième concert ce soir lundi 14 janvier (20 et 22 h)
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Gaël HORELLOU quartet accueille le saxophoniste ténor américain Abraham BURTON pour l'enregistrement de leur cd qui se fera, live, au Duc des Lombards à Paris les 13 et 14 janvier 2013 pour quatre concerts (deux concert à 20h et 22h).
En 1995, alors de passage à New York, Gaël Horellou découvre Abraham BURTON au Lenox Lounge de Harlem dans le groupe du batteur Louis HAYES. A cette époque, Burton joue du sax alto et pour le saxophoniste alto français, c'est une découverte renversante. Depuis ce jour, Horellou suit la progression de ce jeune saxophoniste à travers ses disques chez Enja (Closest to the sun, Cause and Effect). C'est en 2009 que Horellou franchit le pas lorsque Burton se produit au festival Jazzycolors avec son trio composé des batteurs Nasheet Waits et Eric MacPherson. Il va à la rencontre du saxophoniste américain, qui est passé au saxophone ténor avec un jeu lyrique dans la lignée coltranienne, et les deux musiciens se trouvent rapidement. Depuis cet époque, ils travaillent dans le studio new-yorkais de Burton en off sans jamais s'être produits sur scène à ce jour. Habitué à ce type d'enregistrement live (en quartet et en sextet) avec son label DTC records, Horellou lui propose à nouveau de l'enregistrer avec son quartet, composé du fidèle Antoine Paganotti, Etienne Déconfin pianiste lumineux et du contrebassiste Viktor Nyberg, avec pour invité le grand Burton.
La rencontre sur scène sera déterminante pour les deux musiciens alors qu'ils ont déjà des parcours et une identité bien marqués. Entre la fulgurance lyrique et rythmique du français et le son énorme et le poids de l'héritage de l'américain, les concerts des 13 et 14 janvier promet quantité de vertiges et d'étincelles lumineuses.
CONCOURS
Pour l'occasion, Les DNJ vous propose un petit concours qui vous fera gagner le cd, une fois produit, qui sera le fruit de ces deux concerts parisiens.
Pour cela, répondez correctement à ces deux questions:
1 - Abraham Burton a été l'élève d'un saxophoniste américain bien connu. Ce profsseur disait de Burton qu'il était son élève préféré. Qui est ce saxophoniste?
2 - Gaël Horellou a enregistré un cd enregistré en concert avec un batteur américain bien connu en France. Qui est ce batteur?
Pour répondre, envoyer un mail avec vos réponses à: lesdnj.com AT gmail.com.
Pour "goûter": Abraham Burton trio avec MacPherson et Nasheet Waits
Que reste-t-il de 2012 ?
Jazzmiscellanées
Alors que certains s’interrogent déjà sur ce que reflète la rentrée de janvier 2013, attardons nous encore un instant sur l’année qui vient de s’écouler… Coup d’œil nostalgique dans le rétroviseur.
Alors que reste t-il de ce souffle intimiste qui irrigua notre vie « véritable » ?
Je me souviens de cette année, longue, sans m’en souvenir vraiment, je me souviens en général de la frénésie de détails plus que du calme de l’ensemble,
Je me souviens du « a » aussi bien que du « z « et de livres dont celui de Frank Bergerot sur Miles, une somme évidemment écrite par l‘un des observateurs les plus érudits de cette musique, du dernier bijou de l’écrivain du jazz Alain Gerber, au titre étonnant Petit dictionnaire incomplet des incompris du jazz , les publications de Bertrand Dicale aux éditions TANA sur Paris et New York en 50 chansons …
Je me suis réjouie de la naissance d’un nouveau label Vision fugitive, projet émouvant dont on ne peut qu’ espérer qu’il s’inscrive dans une certaine durée.
Je repense avec bonheur à quelques coups de cœur pendant les concerts, en écoutant le jazz vivant, celui que l’on peut voir dans les festivals :
Jazz à la Tour d’Aigues et le Solo à trois de Guillaume Séguron qui me fit plonger dans la complexité d’une musique aux accents secrets. Je le remercie de m’avoir livré quelques-unes de ses réflexions, d’avoir pu alimenter mon imaginaire
en ma passion du cinéma à celle de la musique et du jazz en particulier. J’ai ainsi retrouvé et découvert un nouvel Anthony Mann, metteur en scène encore trop méconnu. Ah ! L’idée d’Alain Gerber s’applique parfaitement au cinéma...
Lubin Baugin
Jazzcampus en Clunisois en août finissant avec la formidable soirée des Etrangers familiers, et leur « Salut à Georges Brassens », populaire, nostalgique et vibrant, comme les chanteurs qui retrouvèrent ……le parfum unique de l’ami Georges .
Au festival de DJAZZ 51 à Reims, Matthieu Donarier dessinant à la pointe fine de son saxophone des Live forms, entre épure et passion avec un trio fidèle sur le versant d’un jazz organique autour de Brassens, de Satie, et de compositions originales.
Une musique qui respire, intelligente et libre, sans éclats mais délicate, à l’image du leader et de ses compagnons qui se connaissent depuis 15 ans déjà.
Et ça a fait « boum » avec « Il pleut dans ma chambre », du swing à l’état pur, chanson du « fou chantant » astucieusement revisitée qui redonne l’ envie impérieuse de battre du pied, les « gratouillis » de guitare - que Manu Codjia me pardonne- j’aime les friselis d’un des plus hendrixiens de nos guitaristes .Et ainsi, je ne peux finir sans évoquer le délirant trio de Journal Intime, autour de Marc Ducret au Moulin du Jazz à Vitrolles.
J’ai mieux compris pourquoi j’aimais suivre ces musiciens qui n’ont pas perdu leurs repères, possèdent toutes les références et les codes mais savent s’en affranchir. Tout n’est peut-être pas perdu pour la musique actuelle, the best is yet to come…
Sophie Chambon
Les Dernières Nouvelles du Jazz