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17 octobre 2015 6 17 /10 /octobre /2015 10:22

A quelques jours d’intervalles sortent dans les bacs deux albums de guitaristes particulièrement inspirés. Celui du guitariste israélien Gilad Hekselman et celui du français Romain Pilon.

Tous les deux ont en commun d’avoir longtemps arpenté les clubs de jazz de New-York où ils élirent domicile, s’imprégnant de cette culture de ce jazz raffiné sur lequel Kurt Rosenwinkel laissa son empreinte. Tous les deux se sont frottés aux plus grandes pointures du jazz de Big Apple jusqu’à se fondre totalement dans le paysage de ce jazz modernisé.

Et si l’on retrouve chez les deux garçons le même terreau, qui passe autant par la mapitrise des grands standards que par les flottements harmoniques de Jim Hall, tous les deux affirment une personnalité bien différente.

Gilad Hekselman : « Homes »

Jazz Village 2015

Gilad Heksleman (g), Joe Martin (cb), Marcus Gilmore (dms)

Des cordes très sensibles : deux guitaristes d’exception, Romain Pilon et Gilad Hekselman

A 32 ans, Gilad Hekselman signe ici un nouvel album avec deux compagnons de route rencontrés de l’autre côté de l’atlantique, le superbe bassiste Joe Martin et le batteur Marcus Gilmore qui appris jadis les rudiments des baguettes avec son illustre grand-père, le légendaire Roy Haynes.

Gilad joue avec en background une vraie référence à Pat Metheny. Dans le son tout d’abord mais aussi dans sa façon de tourner autour des lignes mélodiques. Assez diversifié dans les compos qu’apportent le guitariste, «  Homes » s’écrit et s’entend au pluriel d’inspirations musicales multiples allant des espaces minimalistes à la profusion be boppienne d’un standard comme Parisian Thouroughfare de Bud Powell. Le trio fonctionne à merveille, en pleine communion musicale et les deux compagnons du guitariste lui offrent véritablement un écrin rythmique à sa dimension.

Raffiné et élégant, Gilad Hekselman  s’impose de plus en plus comme l’un des références de la six cordes, maître dans la souplesse et dans la sensibilité de l’improvisation terriblement et irrésistiblement cool.

 

 

Romain Pilon : «  The Magic eyes »

Jazz & People 2015

Romain Pilon (g), Walter Smith III (ts), Ben Wendel (ts), Yoni Zelnik (cb), Fred Pasqua (dms)

Des cordes très sensibles : deux guitaristes d’exception, Romain Pilon et Gilad Hekselman

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Romain Pilon lui, dispute à Gilad cette sensibilité douce mais la joue plus discret, moins exposé. C'est surtout en maître de cérémonie qu'il officie apportant ses compositions magnifiques et surtout en mettant ses partenaires flamboyants en situation d'un jeu exalté. Romain Pilon adore jouer avec des saxophonistes. On se souvient qu’il partagea longtemps la scène à New-York ou Paris avec le ténor David Prez. Il est aussi le co-fondateur du Paris Jazz Underground, collectif parisien de jazzmen amoureux de ce jazz New-yorkais qui porte aujourd’hui une très forte identité bien au-delà de big apple. Ici c’est avec deux très grosses pointures qu’il s’associe. Walter Smith III que l’on adore ici, est notamment un des piliers du groupe d’Ambrose Akinmusire alors que Ben Wendel brille avec le groupe Kneebody.

Romain Pilon, moins soliste que véritable metteur en scène et en espace, organise son monde autour de ses compositions très powerful. Le groupe monte en incandescence, offrant des plages d’héroïsme au groove funky où le lyrisme des deux saxophonistes emporte tout comme sur Triptuch par exemple qui atteint des sommets de lave en fusion d’une rare expressivité.  Il faut dire que l’association de ces deux nouveaux maîtres du ténor est un coup de génie qui fonctionne à merveille. Il faut les entendre sur ce presque boppien Tumbleweeds pour se convaincre qu’il se passe vraiment quelque chose de rare dans cet album.

Romain Pilon joue sur tous les formats que lui permet cette formation en quintet. Toujours, il apporte une rare sensibilité et une intelligence musicale qui  l’amène à explorer registres très intenses comme cet Oxygence Choice où l’on sent chez lui des propensions à flirter avec l’univers de Wayne Shorter ou de celui de Jim Hall sur Jumping at Shadows tout en subtilité aérienne et encore sur cette compo d’Ellington, Fleurette Africaine amenée sur un territoire différent de celui que l’on connaît, totalement réinventé et mis en lumière tamisée.

Là encore chez Romain Pilon un  travail d’orfèvre et au final une très belle réussite à découvrir absolument.

 

Jean-Marc Gelin

 

 

 

Gilad Hekselman sera en concert à Paris du 26 au 28 novembre au Duc des Lombars

Et

Le 3 decembre à Marseille au cri du Port

 

 

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