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3 juillet 2017 1 03 /07 /juillet /2017 09:42

À côté de très nombreuses nouveautés et rééditions, les compagnies phonographiques de toutes envergures exhument des inédits de concerts comme s'il en pleuvait : ces derniers mois, Oscar Peterson à l'Olympia de Paris entre 1957 & 1962 (un coffret de 3 CD, 34 plages -dont 3 déjà publiées-), Bill Evans en 1976 dans le Wisconsin, avec Eddie Gomez et Eliot Zigmund, et l'un des derniers concerts du quartet historique de Dave Brubeck, avec Paul Desmond, en 1967 à Scheveningen, aux Pays-Bas.

Oscar Peterson «The Oscar Peterson Trio 1957-1962, Live in Paris»

Oscar Peterson (piano), Ray Brown (contrebasse), Ed Thigpen (batterie), & Herb Ellis (guitare) à la place d'Ed Thigpen sur les quatre premières plages du CD1.

Paris, Olympia, 5 mai 1957, 30 avril 1958, 21 mars 1960, 28 février 1961, 16 & 17 mars 1962.

Frémeaux & Associés FA 5674 / Socadisc 

 

Honorable exhumation, mais qui laisse à penser que ces plages enregistrées par Europe N° 1 sont celles qui avaient été écartées (oubliées, ou égarées peut-être?) en 1993 pour le coffret «Oscar Peterson, Paris Jazz Concert, Europe 1» publié en 1993 par Tréma, et qui rassemblait des enregistrements de 1957 à 1969 (Olympia, Théâtre des Champs Élysées, Pleyel) proposés au public parisien par Daniel Filipacchi et Franck Ténot avec la complicité de Norman Granz. À l'époque 6 CD, avec un livret qui reprenait un texte de Jacques Réda pour son livre L'improviste, et offrait une analyse musicale très éclairante (et de surcroît très bien écrite !) de Laurent de Wilde. Il y eut aussi une édition partielle en 2000, toujours chez Trema. Si vous ne possédez ni l'une ni l'autre de ces éditions, alors vous pouvez vous laisser tenter. Si vous avez la chance de posséder le coffret de 6 CD, et même s'il y a cette fois 31 plages inédites, vous pouvez vous abstenir : ni la qualité, indiscutable, de la musique recueillie, et le traitement du son -pourtant bien réalisé-, ni le commentaire -succinct- du livret, ne justifient cette extension de votre impossible intégrale. Par exemple la version de On Green Dolphin Street de 1962, dans le coffret qui paraît ces temps-ci, avec intro rhapsodisée comme celle de 1961 dans le coffret Trema de 1993, ne supplante pas la dernière citée, pourtant handicapée par une sonorité de hall de gare. Enfin, c'est vous qui voyez....

Dave Brubeck Quartet «Live at the Kurhaus 1967»

Dave Brubeck (piano), Paul Desmond (saxophone alto) Eugene Wright (contrebasse), Joe Morello (batterie).

Scheveningen, Hôtel Kurhaus, 24 octobre 1967

Fondamenta-Lost Recordings FON-1704025 / Sony 

 

De cette ultime tournée européenne du fameux quartette avant sa dispersion, il existe un disque Columbia enregistré 20 jours plus tard Salle Pleyel («The Last Time I Saw Paris», Columbia). Son programme comporte quatre thèmes également joués sur cet inédit, tout comme le programme du concert d'Antibes Juan-les-Pins, en juillet, publié quant à lui sous un label italien qui profitait des lacunes de la législation quant aux droits des artistes. Belle édition, très beau rendu sonore, le disque vaut surtout pour les magnifiques solos de Paul Desmond. Par exemple dans la dernière plage, sur Someday My Prince Will Come, où le saxophoniste nous raconte une histoire dans laquelle chaque étape de la structure harmonique est l'occasion d'une nouvelle exploration, une histoire fort différente de celle du disque «Dave Digs Disney» de 1957, alors que dans son solo Brubeck redonde avant de s'amuser avec le thème de Sing Sing Sing dans un épisode 'à la Erroll Garner' (comme il l'avait fait dans la version de 1957....). On peut se laisser faire aussi à cause de Blues For Joe, inauguré trois mois plus tôt à Juan-les-Pins, et qui met en valeur ce batteur à la palette diablement variée, et colorée.

Bill Evans «On A Monday Evening»

Bill Evans (piano), Eddie Gomez (contrebasse), Eliot Zigmund (batterie)

Madison, Union Theater, University of Wisconsin, 15 novembre 1976

Concord FAN00095 / Universal (existe en CD, vinyle, et téléchargement)

Infos sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=wP9l6WTEJlI

Extrait sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=BE_9Q7ozyQY

Une interview du pianiste réalisée quelques heures plus tôt par Larry Goldberg et James Farber pour la radio locale WORT

https://www.youtube.com/watch?v=fKtwcBpVL4k

 

Six plages sur les huit sont des thèmes qui avaient également été enregistrés 10 jours plus tôt lors d'un concert à Paris, à la Maison de la Radio (publiées sur un album Fantasy et intitulé, comme plusieurs autres enregistrés au cours d'autres tournées «The Paris Concert»). Et des thèmes souvent joués au concert, et enregistrés, par ce Maître ès-dialogue(s). La musique circule ardemment entre les musiciens, en particulier dans les échanges avec Eddie Gomez. Le son du piano est acceptable (mais l'instrument ''zingue'' un peu) ; la contrebasse est bien captée ; et la batterie est manifestement moins bien servie. Mais cela reste un très beau disque, et peut-être le plus réussi du trio qui se trouve à ce moment-là au mitan de sa de collaboration (1975-1977). À écouter sans modération jusqu'à la parution d'un prochain inédit, avec une nouvelle occurrence de l'éphémère trio de l'été 1968, avec Eddie Gomez et Jack DeJohnette.

Xavier Prévost

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