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6 février 2019 3 06 /02 /février /2019 09:46
JAMIE SAFT STEVE SWALLOW BOBBY PREVITE       YOU DON’T KNOW THE LIFE

JAMIE SAFT STEVE SWALLOW BOBBY PREVITE

YOU DON’T KNOW THE LIFE

Rare noise records/Distribution France DIFFER-ANT

www.rarenoiserecords.com

https://jamiesaft.bandcamp.com/track/you-dont-know-the-life

 

 

Iconoclaste et visionnaire, Jamie Saft se tourne avec ce nouvel album, vers une autre formule, explorant ainsi sur le mode électrique la vision du trio classique orgue, basse, batterie, reprenant la tradition en l’aménageant, avec des compositions originales, des improvisations collectives et des reprises de thèmes populaires américains qui lui sont chers.  Toujours sur le label Rarenoise records, après Blue Dream sorti en juin 2018 et son Solo a Genova en janvier 2018, le claviériste qui joue cette fois de l’orgue Hammond, de l’orgue Whitehall, ainsi que de la Baldwin Electric Harpsichord, s’est entouré d’une fine équipe, le bassiste Steve Swallow et le batteur Bobby Previte, superbe rythmique rompue à tous les styles. Ce n’est pas leur premier album en trio, car en 2014, ils avaient déjà créé The New Standard et en 2017, ils remirent ça avec Loneliness road, preuve d’une alchimie indiscutable entre eux.

Si Jamie Saft apporte le matériau, il laisse à ses complices une grande autonomie, dans des échanges qui prennent alors tout leur sens. Ça commence très intensément par une version plutôt déstabilisante de Bill Evans “Re: Person I know” que j’ai quelque difficulté à retrouver tant il est revisité. Le second titre est beaucoup plus enveloppant “Dark Squares”, on change encore de mood avec “Water from breath”. Ne s’agit-il pas, en fait, d’un retour vers le futur, vers “une danger zone” psychédélique, une ambiance hybride où jazz, rock et même soul se rejoignent, portés par le son indiscutable de l’orgue électrifié? Progressivement, on s’acclimate,  moins désorienté, avec les images oniriques, célestes du doux et lancinant "You don’t know the life” qui commence comme à l’église, mais sans les chants du gospel.

Jamie Saft réussit tout de même le tour de force de sortir l’orgue du contexte et de lui donner une autre vie. S'il produit beaucoup de matière avec ces timbres et alliages singuliers entre orgues et harpe électrifiée ( “The break of the flat land”), Bobby Previte est absolument impérial, faisant monter la tension, se renouvellant constamment aux baguettes, martelant les tambours ou cinglant les cymbales.

L’album est subtilement construit avec un "acme" enivrant et totalement planant qui donne son nom à l’album.  L'intérêt est d' enchaîner une succession de compositions énergiques, fluides, plus ou moins intenses et rapides, sans jamais savoir où ces trois virtuoses nous entraînent.

Il n’est pas innocent de finir par deux standards, précieux, quelque peu dépoussiérés, surtout "Moonlight in Vermont”, d’autant que Saft a choisi cette fois d’enregistrer dans un studio mythique, celui créé par l’ingénieur du son, Walter SEAR, à Manhattan, temple de la production musicale où s’attardent encore les ombres de chers disparus Bowie, Lennon, Lou Reed et l’empreinte de vivants, non moins aimés, Wayne Shorter, John Zorn… Si “Moonlight in Vermont” reprend  des couleurs, le délicieux "Alfie" du génial Burt Baccharach, est impeccablement tenu jusqu’à la note finale.

Un CD des plus séduisants, hautement recommandable qui vise haut et loin. C’est la marque des très grands.

Sophie Chambon

 

 

 

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