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9 avril 2019 2 09 /04 /avril /2019 08:45

Alexandra Grimal (composition, texte, saxophones ténor, soprano & sopranino, voix), Lynn Cassiers (textes, voix, électronique), Marc Ducret (guitares, voix), Nelson Veras (guitare), Jozef Dumoulin (piano électrique & effets, piano), Benoît Delbecq (piano), Stéphane Galland (batterie)

Lieu non précisé, 2018

Ovni OVN 0002 / Orkhêstra

 

La concrétisation phonographique, en un double CD, d'une œuvre (le terme n'est pas usurpé !) créée en 2014 dans le cadre de Jazzdor à Strasbourg, puis reprise aux Rendez-vous de l'Erdre, et dans les festivals Banlieues Bleues, Europa Jazz, et à Musiques au Comptoir de Fontenay-sous-Bois. Œuvre ambitieuse (ambition assumée jusquà l'excellence) qui mêle écriture serrée et improvisation ouverte, voix et instruments, textes et musiques. Pour situer la source, il faut dire que le Nāga est un serpent-dragon khmer à sept têtes (d'où le choix de jouer.... en septette !), sorte de pont entre les hommes et les dieux, et protecteur du Bouddha (découvrir le Nāga en suivant ce lien vers le site du musée Guimet)

http://www.guimet.fr/anglais/collections-anglais/southeast-asia/ornamented-buddha-protected-by-the-naga/?lang=en

 

Dès la première plage la densité du projet est révélée : la voix chantée déroge à la prosodie 'naturelle' d'un texte qui est en tension permanente avec la musique ; puis dans cette même plage la voix parlée de Marc Ducret, sur un texte de Bruno Schultz, se double du phrasé du guitariste épousant les inflexions du texte. Jeu formel qui dévoile d'entrée l'horizon des possibles, sans nous en livrer les clés : c'est tout le charme d'une démarche qu'il nous faut suivre, avec l'attention et la passion qui s'imposent, pour en goûter les méandres comme autant de mystères. Le vieux jazzophile rêveur que je suis pense simultanément à Joyce selon André Hodeir et aux phrasés des œuvres vocales du rock progressif. Chaque plage apporte son lot de surprises, où se mêlent l'inouï et les souvenirs. La complémentarité entre l'ambition formelle et la liberté des instrumentistes est un bonheur permanent. De plage en plage, et d'un disque à l'autre, on avance dans un territoire mouvant dont la découverte fascine. Quatre textes en anglais de Lynn Cassiers, et un en français d'Alexandra Grimal. Ici les lignes se mêlent sans s'emmêler. Je n'en dirai pas plus : le bonheur est au bout du chemin !

Xavier Prévost

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En réécoute une version de cette musique, en concert, le 6 janvier 2017 au Théâtre d'Orléans dans l'émission 'Jazz Club' de France Musique, précédé d'un entretien d'Yvan Amar avec Alexandra Grimal

https://www.francemusique.fr/emissions/jazz-club/alexandra-grimal-naga-au-theatre-d-orleans-31062

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