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30 octobre 2019 3 30 /10 /octobre /2019 14:34
DANIEL SCHLAEPPI / MARC COPLAND  ALICE' S WONDERLAND

Daniel SCHLAPPI & Marc COPLAND

Alice’s Wonderland

Label CATWALK www.catwalkjazz.com

www.danielschlaeppi.ch

Profitant de l’envoi concomittant de deux albums de Marc Copland, j’ai écouté à la suite And I love her en trio avec Drew Gress et Joey Baron et ce duo Alice’s Wonderland avec le contrebassiste suisse Daniel Schlaeppi, après leurs deux premiers albums Essentials en 2012 et More Essentials en 2016.

Contre toute attente, aucune impression de “déjà vu”, même si on est immédiatement dans un arrière -pays connu… On est tout à fait prêts à se lancer et à traverser le miroir avec eux.

Une grande vivacité anime tout le disque qui reprend des standards en intercalant trois compositions du Suisse et une de Copland “Day and Night” que l’on trouvait également sur And I love her et aussi sur le CD Better by far en quartet avec le trompettiste Ralph Alessi.

Copland et Schlaeppi en reviennent encore et toujours au coeur de cette musique de jazz, portés tous deux par ce chant intérieur qui jamais ne s’éteint, dans de lumineuses relectures de formes qu’ils n’ont pas inventées, mais qu’ils ont tellement pratiquées qu’ils peuvent les aborder à chaque fois, avec une fraîcheur, une spontanéité de jeu qui touchent. Preuve de l’intelligence de musiciens qui explorent les possibles avec un esprit ouvert.

Daniel Schlaeppi montre une juste rigueur totalement dénuée de froideur, un sens aigu de la pulsation et de la construction, une expressivité toujours juste. Avec un tel compagnon, Marc Copland semble plus enjoué, avec un lyrisme moins fragile qu' à l'ordinaire : son aisance rythmique est manifeste, si l’amour de la mélodie est toujours là, au plus près.

En entendant rejouer des standards aimés, le véritable amoureux du jazz retrouve un sens à cette musique, dans le retour de la mélodie, parfois devenue un simple fredon, parfois identique dans son exposé du moins, à la version “princeps” mais libérée, ajourée, revue et comme “corrigée” avec amour; car les thèmes et variations sont au coeur du jazz. Rien à faire, il faut en passer par là.

On retrouve donc avec bonheur Bill Evans dans “Some Day My Prince Will Come” de même que le final “Blue in Green”, toujours attribué à Miles. Comment ne pourrait il pas être présent, Bill Evans, tant Marc Copland s’inscrit dans sa lignée? Sans être scrupuleusement fidèle (ce ne serait d’ailleurs pas possible), il vient de là tout de même. Comme piano et contrebasse forment un couple radieux, c’est Scott Lafaro et son “Jade Visions” qui est la réponse du contrebassiste, une merveilleuse composition chère également à Stephan Oliva.

Entendre encore et toujours du Cole Porter et du Bill Evans ravivent un plaisir originel , une véritable obsession qui habitent cet autre couple que forme le musicien et l' auditeur. Et il ne faut pas y voir seulement la nostalgie, les rappels d’autres temps, réminiscences d’une histoire aimée, celle du jazz. C’est le retour existentiel à ce qui a construit en partie une identité musicale.

Sophie Chambon

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