Emmanuel Bex (orgue, clavier-guitare, accordéon), Antonin Fresson (guitares électrique & acoustique), Tristan Bex (batterie, batterie électronique, cajón)
Les Lilas, 13-15 juillet 2020
Le Triton TRI-20561 / l'autre distribution
Entouré de son fils et d'un de leurs voisins, tous deux très impliqués dans l'énergie rock, Emmanuel Bex confirme son refus des cloisonnements et autres étiquetages. Cela nous vaut en ouverture une Marseillaise façon (presque hard) rock, et en coda le même hymne national(iste?) à l'accordéon, sur une même énergie rock. Et de l'un(e) à l'autre, toute une gamme de titres qui me font souvent penser, par le groove et la qualité des improvisations, aux héritages multiples de la musique afro-américaine plus encore qu'au rock. Par exemple une version très personnelle du traditionnel Sometimes I Feel Like a Motherless Child, traité dans un esprit bluesy alors que sa structure n'est pas vraiment celle d'un blues, mais qu'importe : le feeling est là, pour l'orgue comme pour la guitare, et la retenue rythmique de la batterie accentue le sortilège. Esprit blues aussi, au-delà de la forme, dans Manèges, et ainsi de suite. Hommage dans Jacques Brel Always, où Emmanuel Bex dit un court texte où cet artiste exalte la prise de risque jusqu'à tutoyer la peur, assumée. Fantôme du bop dans le vertige du phrasé de Charlie Of Course mais ailleurs, dans Bleu et Vert , souvenir (totalement fantasmé par le vieil amateur névrosé que je suis -mais rassurez-vous, je me soigne....) d'un certain Blue In Green . Et puis J'irai revoir ma Normandie transformé en poème mnémonique d'un lyrisme tranquille (et encore une fois assez bluesy....). Sans parcourir toutes les plages de manière exhaustive, une mention émue à propos de Pour Alain, dédié à l'Ami Guerrini. Dans le texte du livret, chaleureusement personnel, Franck Bergerot rappelle qu'Emmanuel l'a joué au grand orgue de Saint Eustache pour les obsèques de notre Ami à tous, Alain Guerrini. J'y étais, et j'en frissonne encore. Dans une ou deux plages, ce disque m'a rappelé l'esprit d'un long titre instrumental éponyme sur l'album «Métronomie» de Nino Ferrer. Bref c'est un disque hautement recommandable, sauf évidemment aux sectateurs du jazz pur et dur.
Xavier Prévost
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