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21 février 2021 7 21 /02 /février /2021 11:46
BLACK AND BLUE : adieu à Claude Carrière, passeur de jazz.

BLACK AND BLUE : adieu à Claude Carrière, passeur de jazz.

 

 

J’ai appris la nouvelle lors du passage d’antenne hier soir sur France Musique entre Jérôme Badini des Légendes du jazz et Yvan Amar du Jazz Club. Ce dernier a rendu hommage à Claude Carrière, journaliste et producteur, le créateur avec Jean Delmas, de la formule en 1982 avec ces concerts retransmis avec les aléas du direct.

J’ai bien conscience que toute une génération tire sa révérence et cela fait mal. Ce sens de la perte est aussi aggravé en cette période anxiogène. Comme si on perdait ses repères. Je me souviens de Claude Carrière, mon “papa de jazz” comme j’aimais à l’appeler, dont la voix si particulière ( mais il y en avait d’autres à l’antenne à l’époque, Alain Gerber, Lucien Malson, Daniel Nevers, sans parler d’Henri Renaud ou André Francis) me révéla Tout Duke dans cette formidable série, dont chaque épisode, toujours trop court, passait à 12h 05 sur les ondes, si ma mémoire ne me joue pas des tours. Heure tout à fait improbable, mais possible pour une lycéenne malade qui s’était trompée de fréquence, délaissant France Inter que sa mère écoutait toute la journée à partir du “Bonjour” tonique et décontracté de Bouteiller.

Nous étions en 1977, cela je m’en souviens parfaitement. Si j’écoutais dans la discothèque familiale Gershwin et Armstrong sur des LP Brunswick épais noir réglisse, j’allais avec les émissions de Claude Carrière et ses extraits généreux que j’enregistrais frénétiquement sur des Sony chrome vertes très résistantes que m’avait rapporté mon père, entrer dans le monde du Duke et de Billy Strayhorn, apprendre qui était le “lapin” Johnny Hodges, le voluptueux Harry Carney ( "Frustration"), le trompettiste Cootie Williams qui eut droit à son concerto, le clarinettiste Barney Bigard ou le tromboniste Juan Tizol ("Caravan")… Il n’ y avait pas internet, j’entendais des noms dont l’orthographe me paraissait approximative (Joe Tricky Sam Nanton !) et je repassais les extraits sans fin.

Ma connaissance et mon amour du jazz ont été “déformés” ainsi alors que la musique pop, rock, le free vivaient des heures excitantes. J’écoutais d’autres musiques mais quand on en venait sur le terrain du jazz, c’était le classique des grands orchestres…

Je ne lisais pas encore la presse spécialisée, et je me fichais bien de Jazz Hot, Jazz Magazine, Rock and Folk ou Best. Je lisais plutôt du cinéma. Mais je dois à la radio cet apprentissage, ce voyage initiatique dans le temps et la musique.

Plus tard, j’ai retrouvé Claude Carrière, l’homme du label CRISTAL, et je me suis régalée à lire ses livrets aux notes de pochette si érudites. Tout un art de la synthèse pour présenter une compo, un musicien, un thème. Je me suis constituée toute la série des Original Sound de Luxe, collection qu’il dirigea à partir de 2007, aujourd’hui bien rangée dans ma discothèque. Albums de référence que j’ai chroniqués sur ce site très régulièrement, par ailleurs. Claude Carrière | Un artiste du label Cristal Records

avec toutes ces pochettes merveilleusement dessinées par Christian Cailleaux, après une sélection rigoureuse en fonction de chaque thème.

Comme Claude Carrière était pianiste, il enregistra aussi sur Black and Blue deux albums : 

Rebecca CAVANAUGH/LOISEAU/CARRIERE/DACQUI: "Looking Back" - les dernières nouvelles du jazz (over-blog.com)

THE CHAMBER JAZZ QUINTET MEETS ANDRE VILLEGER :"For all we know" - les dernières nouvelles du jazz (over-blog.com)

 

A lire aussi le témoignage de Franck Bergerot Claude Carrière – Reminiscing in Tempo – Jazz Magazine et évidemment l’hommage de Jean Louis Lemarchand sur notre site des DNJ.

Sophie Chambon

 

 

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Published by Sophie Chambon - dans Evènements