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18 février 2008 1 18 /02 /février /2008 07:29
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Cabu Jazz - 2007

 Avec la série Cabu Jazz Masters à prix économique mais à haute densité musicale, nous poursuivons la (re)découverte de petits chefs-d’œuvre, compilés à partir de divers catalogues ;

 la dernière livraison est consacrée cette fois à quatre « fondamentaux » : Stan Getz, Count Basie (en combos), Stan Getz et enfin Oscar Peterson qui vient de nous quitter; ce qui nous permettra de lui tirer une ultime révérence. Le géant canadien s’est éteint en effet le 23 décembre dernier à l’âge de 82 ans.

Après l’édito de janvier de Jean Marc Gelin, particulièrement inspiré,  il semblait en effet opportun de s’intéresser à la sélection de Claude Carrière pour cette collection, dont la couverture sur fond jaune (colorisé par Wozniak) reproduit un dessin de Cabu dont on connaît l’attachement indéfectible au jazz classique.

Oscar Peterson débuta sa carrière en 1949 avec les tournées de «All Stars du JATP» (Jazz at the Philharmonic) organisées par Norman Granz. Ce pianiste considérable reste l’une des véritables stars du jazz dans toutes les configurations possibles : solos, duos avec guitare ou contrebasse, trios, quartets, mais aussi en big bands.

Dans un article du dernier Jazzman (février 2008 n°    ), Stéphane Carini auquel on doit le livre érudit, au titre justement poétique, « les Singularités flottantes de Wayne Shorter »,  rappelle que la critique n’a pas vraiment été tendre avec Oscar Peterson, et si le grand public ne boudait pas son plaisir, des amateurs éclairés, nombreux mais un peu trop radicaux reprochaient rien moins à ce musicien simplement talentueux une virtuosité suspecte.

Ah les querelles de chapelle…

Cet album de la série Cabu Jazz vient remettre les pendules à l’heure et nous rappeler, pour les années 1952 à 1956, toute une série d’enregistrements en trio, la formule reine : ce sont les débuts d’une entente partagée avec le formidable contrebassiste Ray Brown qui fera route commune avec le pianiste pendant quelques années. Les guitaristes de prédilection seront d’abord Barney Kessel, puis Herb Ellis qui, avec ce trio, débutera sa véritable carrière.

A l’écoute première, le Cd 1 révèle donc un trio accompli qui reprend avec aisance des standards de Basie dès le « One o clock jump » inaugural, de Gershwin («Fascinating Rhythm»,) Irving Berlin ou Harold Arlen (une version très originale de « Over The rainbow » qui décomplexe par rapport au chant éthéré de la merveilleuse Judy Garland). C’est que le tempo est toujours vif, même dans les morceaux tendres, la rythmique impeccable, le pianiste « aux gestes d’hirondelle » (ça c’est du Marmande !)

Tout y est déjà…on hésite encore… Mais, c’est le second CD intitulé sobrement Live!qui emporte tous nos suffrages, tant l’interactivité est saisissante, avec un Ray Brown ébouriffant sur toutes les prises en trio enregistré ce 8 août 1956. Le public attentif du « Stratford Shakespearian Festival » avait bien de la chance d’assister à ce concert à la virtuosité jamais démonstrative, offert avec une rayonnante bonne humeur: ça swingue comme jamais, Peterson joue à la perfection jusqu'au final déchaîné de « 52nd street »

Oui, Claude Carrière a raison d’écrire que l’on fond sur « How High The Moon ». La version de «Flamingo», débarrassée des emphases de certains chanteurs, apparaît enfin à sa juste mesure. « Swinging on a star » est ce thème familier, repris par Richard Anthony, le chanteur à tubes des années soixante. A l’époque, le jazz fournissait aux autres styles musicaux…

Quant à Oscar Peterson, il chantonne tout le temps de ce concert mémorable, sans poser à l’artiste inspiré, comme plus tard, d’autres, tout autant inspirés, mais nettement moins discrets et humbles. C’est sans effort semble t-il, et pourtant…. C’est colossal, à l’image de cette figure de légende.

Sophie Chambon

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