Un critique disait l’autre jour que plus les musiciens de jazz prenaient de l’âge et plus leur jeu devenait dépouillé. Celui-là ne l’avait certainement pas entendu.
A 83 ans Martial Solal, qui nous avait pourtant assuré qu’il ne donnerait plus de concert, se trouvait ce soir là aux Arènes du Jazz avec une humeur des plus mutines, comme un affamé joyeux devant son clavier qu’il dévorait avec une appétence gourmande. Facétieux comme toujours, plus brillant que jamais Martial Solal semblait particulièrement heureux sur cette scène, s’amusant avec le public, dédiant même avec un brin d’humour un Here’s that rainy Day aux pauvres spectateurs sur qui s’abattait justement une pluie torrentielle.
Dans cette histoire du jazz qu’il visitait avec une vraie révérence à ses maîtres ( Tatum était là hier soir, tout comme Earl Hines et Bud Powell qui fit un tour aussi - j’en suis sûr c’était eux qui étaient en coulisses), Martial Solal apportait la démonstration éclatante de la place qu’il occupe parmi eux. Un géant parmi les géants.
Le public trempé jusqu’aux os, restait là et la pluie pouvait bien nous tomber dessus , elle était joyeuse cette pluie là et de toutes façons nous ne la sentions même pas……
Jean-Marc Gelin