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26 mai 2016 4 26 /05 /mai /2016 14:14
AIRELLE BESSON "Radio One"

Airelle Besson (trompette), Isabel Sörling (voix), Benjamin Moussay (piano, piano électrique, synthé basse), Fabrice Moreau (batterie)

Pernes-les-Fontaines, 2015

Naïve Jazz NJ 625971 / Naïve

Insaisissable et polymorphe, Airelle Besson surprend constamment par la pluralité et la diversité de ses interventions artistiques. Musicienne complète et avérée, elle ne se satisfait d'aucune position, et part toujours à la conquête de nouveaux horizons, comme autant d'aventures. Après le très beau duo en compagnie de Nelson Veras (« Prélude », chez Naïve) la voici qui convoque à ses côtés une chanteuse saute-frontières qui conduit son parcours artistique dans des contextes très différents ; et deux jazzmen connus à la fois pour leur subtilité, leur connaissance de l'idiome du jazz, mais aussi leur goût des transgressions stylistiques. On est ici dans un univers qui se déploie entre pop sophistiquées et développement modal, mais avec de fortes inflexions idiomatiques vers le jazz. La musique est rêveuse, souvent, mais aussi engagée et vibrante. On pense parfois à ce qui se passait dans le trio Azimuth entre Kenny Wheeler, Norma Winstone et John Taylor, avec ce mélange de fine élaboration musicale et d'expressivité intense. Et beaucoup de liberté aussi. Radio One, le thème-titre, a la simplicité dansante que l'on aimait naguère chez Don Cherry, avec un soubassement rythmique et harmonique plein de rebonds pertinents et parfois aventureux, et une voix diaphane qui invite à l'évasion. Par-delà son caractère fédérateur, cette plage définit le projet : élitaire pour tous ; il y en a pour tous les organes : les pieds pour danser, le cœur pour s'émouvoir, le cerveau pour lire entre les lignes de ce qui serait plus qu'un aimable divertissement. Les plages suivantes révèlent d'autres ambitions : porter au rêve par la sensation, à l'évasion par le trouble. Pour cela encore parfois des rythmes de danses exotiques, mais aussi un jeu sur l'écho, la réverbération, la texture intime de la trompette et de la voix. Le piano, et les autres claviers, ne sont pas en reste : ils participent du mystère, des tensions subtiles, et de cet onirisme ambiant qui constitue l'un des charmes du disque. Le batteur, comme toujours d'une impeccable finesse, donne un supplément de vie à cet univers déjà tendu d'émotions raffinées. Chaudement recommandable donc, aux jazzophiles comme au mélomanes multipolaires.

Xavier Prévost

Le groupe jouera trois soirs de suite, du 26 au 28 mai, au Jazz Club de Dunkerque. Puis le 8 juin à Paris, au Café de la danse. Et après une tournée en Chine, on le retrouvera dans les festivals : le 26 juin à Oloron Sainte-Marie, le 29 juillet à Vannes et le 30 juillet en Avignon

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