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15 octobre 2016 6 15 /10 /octobre /2016 09:20

The Color Line, les artistes africains-américains et la ségrégation

Exposition au Musée du Quai Branly Jacques Chirac (jusqu’au 15 janvier 2017)

On lui devait l’exposition –monumentale-« le siècle du jazz » en 2009. Daniel Soutif revient au Musée du Quai Branly avec « The Color Line, les artistes africains-américains et la ségrégation ». Grand connaisseur de la culture américaine, chroniqueur de jazz, et agrégé de philosophie, Daniel Soutif a mis le même soin à ce travail encyclopédique qui porte sur un siècle et demi. Si l’abolition de l’esclavage date de 1865, les lois établissant la ségrégation dans le Sud des Etats-Unis (lois dites « Jim Crow ») entrent en vigueur en 1877 et ne seront abolies qu’en 1964 par le président Lyndon B.Johnson par le Civil Rights Act. L’engagement des artistes africains-américains –appellation en vigueur depuis la fin des années 80 pour désigner les Noirs américains-pour l’égalité des droits avec les blancs et faire disparaître cette « ligne de couleur » va perdurer jusqu’à nos jours. Sur les cimaises du Musée du Quai Branly, l’amateur de jazz  retrouvera aussi bien une sélection de partitions des chansons célèbres du début du XXème siècle illustrant le répertoire des minstrels, ces blancs qui singeaient les noirs (un prêt du collectionneur émérite Philippe Baudoin) que des pochettes de disques de Free Jazz et en bande-son une interprétation de Louis Armstrong des années 20 et Strange Fruit de Billie Holiday, intégré dans une section-choc sur les lynchages. Mais il aura tout loisir d’élargir son regard. Visiter cette exposition, c’est à la fois se plonger au cœur de la lutte des Noirs américains et découvrir toutes les formes qu’elle prenait, sur les scènes de spectacle, les stades et autres rings aussi bien que par les écrits, les chansons, les peintures, les photographies. Des milliers de documents témoignent de la formidable créativité de ces contestataires de l’ordre blanc. Autant dire qu’une seule visite (1) ne suffit pas à épuiser toutes les ressources de The Color Line. Et encore, Daniel Soutif reconnaît que son exposition « est de ce point de vue un peu comme un iceberg. Il en faudra bien d’autres, tant thématiques que monographiques, pour enfin réellement faire connaître la richesse de la production artistique africaine-américaine ».
Une visite également conseillée aux trois ministres qui invitaient à l’inauguration de l’exposition et avaient brillé ce jour-là par leur absence.
 Jean-Louis Lemarchand
Frémeaux & Associés propose à cette occasion le coffret officiel de l’exposition, une anthologie sous présentée avec plus de 150 titres présentés dans 3 CD portant sur la période 1916-1962, et réalisée par Bruno Blum.
 


    www.quaibranly.fr

 

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1 juillet 2015 3 01 /07 /juillet /2015 06:57
Eddy Louiss, musicien muticolore

Par Jean-Louis Lemarchand

Il avait intitulé l’un de ses groupes les plus ambitieux et pas seulement par son gigantisme-50 interprètes, professionnels et amateurs- Multicolor Feeling. Une définition en forme d’auto-portrait. Décédé à Poitiers le 30 juin à 74 ans, Eddy Louiss était bien un musicien polymorphe, sans œillères, qui se sentait aussi à l’aise dans le be-bop que dans les airs des Caraïbes de sa famille –son père, Pierre Louise, trompettiste, était originaire de Martinique- ou les mélodies africaines.

Cet éclectisme, Eddy Louiss l’a aussi manifesté tout au long d’une carrière débutée à l’adolescence en partageant son activité entre le jazz, sa véritable culture, et la chanson qu’il servit treize ans, à son instrument de prédilection, l’orgue, dans la formation de Claude Nougaro (rappelons le nom de quelques-uns des jazzmen employés par le « petit taureau toulousain », Lubat, Romano, Vander, Gaudry, Portal, Galliano….) . C’est d’ailleurs en chantant que le jeune Eddy fit ses grands débuts discographiques dans le groupe vocal Les Double Six en 1959-60 où il prend les solos de saxophone ténor de Bob Cooper (Sweets) et Bill Holman (Fascinating Rhythm).

Formidable d’énergie et de lyrisme, Eddy Louiss avait séduit Stan Getz qui l’engage au début des années 70 avec Bernard Lubat (batterie) et René Thomas (guitare). Ce sont ces mêmes qualités qui incitèrent le producteur Francis Dreyfus deux décennies plus tard à l’enregistrer en duo avec Michel Petrucciani (Conférence de Presse 1 et 2. 1994, 1995), qui s’avère un gros succès commercial. Il n’était pas moins brillant au sein du trio HLP formé en 1966 avec Jean-Luc Ponty (violon) et Daniel Humair (batterie) reconstitué en 2012 au Théâtre du Chatelet pour un des derniers concerts parisiens de l’organiste. Affaibli par une maladie qui l’avait privé de l’usage de ses jambes, Eddy Louiss avait du en effet réduire sérieusement son activité

Restera de ce musicien gargantuesque une discographie pleine de fougue et de lyrisme et le souvenir d’un artiste engagé qui participait ainsi à la Fête de l’Humanité en 1985 à un concert de soutien à Nelson Mandela aux côtés d’autres éminents témoins de la liberté d’expression musicale, Bernard Lubat et Max Roach.

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Discographie sélective : Les Double Six (1961), So What (1967), Dynasty (1971), Multicolor Feeling Fanfare (1988-89), Conférence de Presse (1994-95), Louissiana (1995), O Toulouse (2004), Taurorque (2010).

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30 juin 2015 2 30 /06 /juin /2015 21:20
Eddy Louiss au paradis de Jimmy Smith

L'organiste de jazz Eddy Louiss, vient de rejoindre le royaume de Jimmy Smith à l'âge de 74 ans.

Le royaume de Jimmy Smith mais aussi de tous les allumés du jazz qui dansent au desus de nos têtes.


Né à Paris le 2 mai 1941, ce musicien touche-à-tout, loin de se limiter à l'orgue, avait débuté sa carrière dans les années 1950 dans l'orchestre de son père, le trompettiste Pierre Louiss (qui avait changé la dernière lettre de son nom de famille qui était à l'origine Louise). Il fit partie des Double Six, légendaire groupe vocal du début des années 1960.
"Je suis arrivé à l'orgue tout à fait par hasard, au moment où sortait Jimmy Smith", qui donna à l'instrument ses lettres de noblesse en jazz, confiait en 2010 Eddy Louiss.


Il diffusa dans les années 1960 les chaudes mélodies de son orgue Hammond aux côtés de jazzmen prestigieux (Stan Getz, Kenny Clarke, Jean-Luc Ponty...), fut le musicien attitré de Claude Nougaro pendant 13 ans (entre 1964 et 1977), enregistra à la Nouvelle-Orléans un disque funk new-orleans avec des musiciens locaux.
Il avait fait le choix, "pas forcément facile", de s'éloigner de Claude Nougaro pour faire entendre sa propre musique, a expliqué son fils.

Eddy Louiss qui travaillait dit-on avec un orgue "augmenté" d'au moins une octave etait considéré par ses pairs comme l'un des plus grands organistes. On a tous en tête ce fameux Multicolor Feeling fanfare qui avait endiablé nos jours à la fin des années 80.

Le musicien, amputé de la jambe gauche il y a une dizaine d'années à la suite de complications artérielles, se tenait un peu en retrait de la scène depuis quelques années.

On l'a vu il n'y a pas si longtemps revenir sur le devant de la scène et éblouir pour un concert étourdissant le public du Parc Floral en 2011.

Eddy Louiss avait encore des projets musicaux, notamment avec le musicien Michel Portal.

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21 juillet 2013 7 21 /07 /juillet /2013 11:31



C’est à moins de trois heures de TGV de Paris mais les Français se comptent quasiment sur les doigts de la main. Plus grand festival de jazz indoor –le titre en plein air est détenu par Montréal- le North Sea Jazz Festival, sis à Rotterdam après un quart de siècle à la Haye, reste une affaire néerlandaise. Sur les 75.000 spectateurs présents (1) du 12 au 14 juillet-la première édition sold out en huit ans mais il est vrai que c’est une année sans compétition internationale de foot-ball - un petit 10 % de non nationaux !

 

festivalentree.jpg

Entrée de l'In-door - Photo Jean-Louis Lemarchand

Les absents avaient tort. Le plateau était somptueux, même si Sonny Rollins avait déclaré forfait, affaibli par des ennuis respiratoires. En l’espace de trois jours, de 17 h à 1h30, cent cinquante concerts proposés sur onze scènes réparties sur trois étages d’un parc des expositions à proximité du port de Rotterdam. Le royaume du superlatif assurément. Comment éviter l’overdose, c’est bien la question-clé pour ces amateurs qui ont déboursé 86,90 euros/jour et 199 euros pour les trois jours, forfait grimpant à 319 euros en incluant les concerts de stars (Diana Krall, Chick Corea, Dee Dee Bridgewater…). A titre d’exemple le 12 juillet entre 21 h et 23 h, on se voyait proposer Diana Krall, Monty Alexander, Santana, Steve Coleman, Anat Cohen, Lianne La Havas, European Sunrise (formation de jeunes talents de l’Union Européenne avec pour la France Airelle Besson et Guillaume Perret)…

 

P1020430--2-.jpgRotterdam à l'heure du festival - Photo Jean-Louis Lemarchand

 

Une fois le choix personnel (et naturellement déchirant) effectué, les choses se passent plutôt bien. Excellentes conditions acoustiques même dans les grandes salles, public respectueux (trop peut-être pour un latin, l’exubérance n’est guère de mise ici), fluidité remarquable pour se rendre d’une salle à une autre. En un mot, grand professionnalisme de l’organisation forte de 3000 personnes.

 

peterking.jpgPeter King - Photo Jean-Louis Lemarchand

 

Sur le plan artistique, nos impressions les 12 et 13 juillet, pour les raisons invoquées ci-dessus, sont évidemment parcellaires. Au niveau des « chocs », on retiendra en tout premier lieu la soirée complète de John Zorn-cinq concerts en cinq heures- revue de sa carrière, avec en vedette Joey Baron(batterie) et Marc Ribot(guitare), spectacle mis sur pied pour ses 60 ans et qui sera présenté à La Villette début septembre. Yaron Herman s’est mis en valeur au sein de son quartet (avec un brillant Emile Parisien aux saxophones) et en trio pour une brève prestation-hommage à Esbjörn Svennsson (disparu voici 5 ans) avec ses deux ex-comparses Dan Berglund (basse) et Magnus Öström (batterie). Mention bien aux deux chanteuses-pianistes Diana Krall (style rétro et pop) et Eliane Elias (bossa-nova et hommage à Chet Baker).

 

corea2.jpgChick Corea & The Vigil - Photo Jean-Louis Lemarchand

Minimum syndical pour Chick Corea, dilettante, mais on aura remarqué Marcus Gilmore (batterie), petit-fils de Roy Haynes. Bonne rétrospective be-bop enfin avec un all-stars, les Cookers (Eddie Henderson, Cecil McBee, Billy Harper, Donald Harrison, David Weiss, Billy Hart, George Cables) et un groupe anglo-néerlandais où se distinguait le vétéran alto Peter King (73 ans) qui fit les beaux soirs du Petit Opportun.


Jean-Louis Lemarchand


(1)    La billetterie couvre environ 80 % du budget du North Sea Jazz Festival qui bénéficie par ailleurs du soutien d’une vingtaine de partenaires dont au premier rang le Port de Rotterdam, Grolsch (les bières) ou encore BNP Paribas,banque présente aux Pays-Bas depuis 130 ans. L’an prochain, le festival prendra le nom de Port de Rotterdam North Sea Jazz Festival.   

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23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 15:57


J-7 pour la Journée Internationale du Jazz


N’attendez pas le dernier moment pour vous inscrire sur le site www.jazzdayparis.com afin d’assister aux multiples manifestations-gratuites- organisées par l’Association Paris Jazz Club le 30 avril de 14 heures à 2 heures du matin dans les quatre clubs de la Rue des Lombards : Le Baiser Salé – Le Duc des Lombards - Sunside – Sunset.
Ce sont 48 évènements qui sont programmés –détail sur www.parisjazzclub.net avec concerts, master classes et débats sur des thèmes comme la production discographique, la programmation (en clubs et en festivals), l’histoire du jazz….La liste des participants met en appétit : Laurent de Wilde, Gregory Porter, Tony Tixier, Géraldine Laurent, Leila Martial, Pierre Christophe, Vincent Peirani, Mario Canonge…

 

 Journee-Internationale-du-Jazz.JPG

Initiée par l’UNESCO et le Thelonious Monk Institute of Jazz, la Journée Internationale du Jazz, qui célèbre sa deuxième édition cette année, comprend des manifestations dans une centaine de villes dans le monde ce dernier jour du mois d’avril.
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Jean-Louis Lemarchand

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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 17:27

 

Et bien le pari est remporté par la famille Chapin (veuve, belle-soeur, parent de Thomas)!!

Voyez-vous même:

Capture-d-ecran-2013-03-30-a-17.35.08.png

Pour l'histoire: à 48h de l'échéance, à peine plus de la moitié des 50 000 USD étaient cumulés en dons.

Puis, le new-yorkais Michael Dorf - fondateur de la Knitting Factory -  a fait un don exceptionnel de 10 000 USD. Ce don a relancé la levée de fonds. Le pari est gagné.

JG

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Vous souvenez vous de Thomas CHAPIN?

Moi, oui. Nous oui. Son trio magique avec Mario Pavone et Michael Sarin!

 

Saxophoniste alto new-yorkais, musicien de l'Underground, homme libre, parti trop vite. Leucémie.

 

 

 

Voilà 15 ans qu'il nous a quitté. Sa belle-soeur et sa veuve, Stephanie et Teresa Castillo, se lancent dans un projet de film sur son oeuvre et sa vie. A l'américaine, elles organisent une levée de fonds pour financer ce projet mené par Stephanie castillo qui a réalisé près de dix documentaires. Il lui faut 50.000 dollars américains.

Avant le 30 mars, ce montant doit être atteint.... sinon plouf ... à l'eau.

Faites comme moi, participez au financement de ce projet en cliquant là: Kickstarter

 

Jerome GRANSAC

 

THOMAS CHAPIN FILM PROJECT AT KICKSTARTER.COM--LAST FEW DAY TO GO! PLEASE DONATE NOW.



A remarkable, never-been-told story of Thomas Chapin, a jazz master who was gone too soon. A 1975 Andover graduate, Chapin's music lives on! We want to start filming this summer!

 In his short life he rose to the top ranks of contemporary jazz. In his 20's he was Lionel Hampton's music director, and during his 30's he was the top star and leading recording artist of New York's famed Knitting Factory in the 80s and 90s. He was gaining altitude, playing on the big world stages of jazz, reaching a global audience when he suddenly got sick while touring in Africa. He was diagnosed with leukemia and battled for one year. He died at age 40 in 1998. He was cited as a virtuoso, an iconoclast, a raucous player with an original sound. They called him an ambassador, a bridge between the uptown, jazz traditionalists and the downtown, avant gardists. There was a schism. He was one of a few who flowed freely, proficiently between both worlds. A documentary film is in the works.  Here is film page and the 18-minute trailer at the Kickstarter link: 
http://www.kickstart er.com/projects/2906 58030/night-bird-son g-the-thomas-chapin- story

ONLY A FEW MORE DAYS TO GO AT KICKSTARTER! WE'RE NOT THERE YET. WE NEED THE HELP NOW TO MAKE OUR GOAL OF RAISING $50,000 TO START FILMING. Please visit the film page and view the trailer. Consider becoming a backer and Kickstarter supporter. Give whatever amount you can, small or large! GIVE NOW. Only a Few Days to Go! The deadline to give is noon, Saturday, March 30. 

 


Join THE 100 x $100 Group Give.  We're urgently asking for 100 people to give $100. You? Be a 100. GIVE $100. GIVE NOW. 

100 x $100

100 people give $100 = $10,000

CLICK here to go to Kickstarter to give your gift.


 
NIGHT BIRD SONG: The Thomas Chapin Story
Lovers of JAZZ, fans of Thomas will love the Thomas Chapin story. So will you! He's in the jazz history books and the world needs to know him and his incredible music. Through the film they will. Back the film. We want to shoot this important jazz doc.
Thanks!
Stephanie J. Castillo
Emmy-winning filmmaker, director and producer.
This is her tenth documentary film.

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15 mars 2013 5 15 /03 /mars /2013 18:10

C’est Rue des Lombards, poumon du jazz français, que le 30 avril se déroulera cette année pour sa deuxième édition, La Journée Internationale du Jazz. Pas moins de 48 évènements-mini-concerts, tables rondes, master classes-sont prévus, de 14 h à 2 h du matin, sur les scènes des clubs bien connus : Le Baiser Salé – Le Duc des Lombards - Sunside - Sunset.

 

De nombreux musiciens ont déjà annoncé leur participation à cet évènement organisé à Paris par l’Association Paris Jazz Club et qui sera retransmis en direct et dans son intégralité par TSF JAZZ : Gregory Porter, Taylor Eigsti, China Moses, Riccardo Del Fra, Avishai Cohen, Rémi Panossian Trio…

 

Lancée en 2012 par l’UNESCO et le Thelonious Monk Institute of Jazz,

La Journée Internationale du Jazz, qui entend promouvoir le jazz comme élément de dialogue universel et facteur de paix entre les peuples, est organisée cette année dans plus de 100 villes sur les cinq continents. La date du 30 avril a été retenue pour cette fête mondiale de tous les jazz.

Inscriptions à la manifestation sur www.jazzdayparis.com

Programme détaillé prochainement sur www.parisjazzclub.net      

www.jazzday.com - www.unesco.org/new/en/ - www.monkinstitute.org

j-l.l.

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11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 11:20

VIctime d’un accident de ski pendant les vacances de Noël, Claude Nobs, fondateur et directeur du Montreux Jazz Festival est décédé à l’hôpital de Lausanne le 10 janvier à l’âge de 76 ans. « Conformément à son souhait, la reconnaissance de Claude envers Montreux sera célébrée lors d’un évènement tout en musique dont la  date sera communiquée très prochainement et qui sera suivie d’autres manifestations à New York et Londres », a annoncé le Montreux Jazz Festival.
Fan de jazz dès sa jeunesse, l’ex apprenti pâtissier avait réussi  à faire vivre pendant près d’un demi-siècle –la 47 ème édition est programmée du 4 au 20 juillet prochain- un festival de jazz dans une cité résidentielle prisée initialement par les amateurs de grand air et de …vins légers issus des vignes accrochées aux coteaux voisins . Harmoniciste occasionnel, patron de la filiale suisse de Warner, un temps comptable de l’office du tourisme de Montreux, Claude Nobs va fonder en 1967 le Montreux Jazz Festival qui devient bientôt une référence dans la ronde des festivals de l’été.
Très vite, ce petit homme malicieux et malin ouvre la programmation aux musiques voisines du jazz, le rock et même la pop.  Il défendait cet œcuménisme qui faisait frémir les fans purs et durs : « Pour attirer la foule, je dois engager une vedette, confiait-il en 1996, le génial inconnu ne suffit pas hélas. » Au-delà de ces raisons économico-financières, Claude Nobs revendiquait par goût personnel cette ouverture à tous les styles musicaux : « On me demande toujours pourquoi je conserve le mot jazz dans l’appellation du festival. C’est simple. Pour moi le jazz est bien plus qu’un style de musique : c’est un état d’esprit, une expression de liberté, un partage des émotions ».

 C’est ainsi que chaque année, pendant une quinzaine de jours, Montreux devenait une vaste kermesse musicale où cohabitaient tous les genres musicaux et tous les publics. Sur le livre d’or du festival, on retrouve aussi bien Charles Aznavour, les Rolling Stones, David Bowie que bien sûr les géants du jazz, à commencer par Miles Davis qui fit ici l’une de ses dernières apparitions publiques au cours de l’été 1991 et auquel Claude Nobs a dédié l’une de ses salles de concerts.
Doté d’un sérieux sens des affaires, Claude Nobs avait rapidement  développé les activités du festival, en ouvrant un site internet dès 1995, en publiant sous son label les enregistrements effectués à Montreux, en créant une gamme de produits dérivés et en attribuant, moyennant finance, la marque « Montreux Jazz Festival » à plusieurs festivals en Europe mais aussi aux Etats-Unis.  Il suffira désormais d’écouter un cd « enregistré à Montreux » (Warner a publié une intégrale en 20 CD voici dix ans) pour retrouver toute cette joie de vivre et de partager qui constituait la vraie carte d’identité   de Claude Nobs.
Jean-Louis Lemarchand
 

 

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19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 18:33

Le saxophoniste et compositeur américain David S. Ware nous a quitté le 18 octobre 2012  des suites d'une longue maladie des reins.

Il était connu pour avoir été le saxophoniste de Cecil Taylor et avoir mené un quartet inoubliable en compagnie du noyau dur "William Parker et Matthew Shipp" pendant 20 ans. Il était reconnu  grand maitre du saxophone.

Après une transplantation d'un rein - dont un fan lui avait le don , il réapparait usé sur scène et signe quelques disques chez AUM Fidelity. Il était agé de 62 ans.

david_S_ware_ok.jpg

 

J'avais eu la chance de l'interviewer à Paris alors qu'il était en résidence pour son projet "Strings". C'était un moment bouleversant que de rencontrer cet artiste mystique, sincère et dévoué à son art.

 

Le jeune contrebassiste et batteur Géraud Portal avait eu la chance de passer six mois à ses côtés alors qu'il était adolescent. Il nous a appris la triste nouvelle: "David S. Ware nous a quitté cette nuit. Pensées d'amour".

 

Pensées émues, David. Que les Deva t'accompagnent et veillent sur toi dans ce nouveau voyage.

JG

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10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 23:23

exposition-django-reinhardt-le-swing-de-paris-cite-copie-1.jpg

Django, reconnu par son seul prénom, comme Miles ou Ella, valait bien un hommage de Paris, la ville qui l’a inspiré tout au long de sa (trop brève) carrière : à peine deux décennies séparent le premier concert du quintette du Hot Club de France en décembre 1934 du dernier enregistrement en studio avec un certain Martial Solal au piano, au printemps 1953.

La Cité de la Musique remplit parfaitement sa mission avec «  Django Reinhardt, Swing de Paris », exposition richement documentée, regorgeant d’inédits, sur la vie du guitariste manouche (1910-1953).

Commissaire de l’exposition, Vincent Bessières, auquel on devait l’exposition « We Want Miles » en ce même lieu, a fait le choix d’illustrer « un trajet social ». Jean Cocteau en 1947 avait salué cette évolution dans une lettre à Django : « Toute la merveilleuse poésie des voleurs d’enfants, des tireuses de cartes et du cheval blanc qui rêve attaché au bord de la route, vous escortait à votre départ. Transformer une roulotte en voiture grand sport n‘est pas le moindre de vos tours ».

 django-1.jpg

A la Cité de la Musique, le visiteur est ainsi invité à suivre ce parcours de Jean (pour l’état-civil) dénommé Django ( je réveille en langue manouche) fils de Jean-Baptiste Reinhardt (musicien) et de Laurence (une acrobate mais l’extrait de naissance donne comme profession ménagère) né dans une roulotte en Belgique le 23 janvier 1910.  Son enfance sur la route et dans « la zone »- terrains au-delà des fortifications de Paris, ses débuts dans des orchestres de bal musette, l’incendie en 28 de sa roulotte qui conduit à la perte de deux doigts de la main gauche, la découverte du jazz sur la Côte d’Azur (grâce au peintre Emile Savitry, qui signe également les deux photos ci-contre, de 1933), la rencontre fortuite et décisive de Stéphane Grappelli, la création du quintette du Hot Club de France, le succès énorme sous l’Occupation (Nuages), l’aventure (inachevée) aux Etats-Unis avec Duke Ellington, le rebond de Saint-Germain-des-Prés aux accents du Be-Bop, pour finir avec les parties de pêche et de peinture à Samois-sur-Seine où il expire le 16 mai 1953.

 

django-2.jpg

Toutes les grandes étapes de la vie  de Django sont abondamment traitées avec moult documents provenant de collections privées et aussi du fonds Charles Delaunay (disponible à la BNF) présentées dans des vitrines : des photos (on entame l’expo avec Django et sa famille en 1920 et on l’achève avec le guitariste en tournée en 1952 avec Line Renaud), des lettres (une maison de disque jugeant « astronomiques » les prétentions financières du quintette du Hot-Club), des contrats, des affiches, des programmes de concerts, des disques, des articles de presse (Paris-Match de 1950 qui titre « Ce gitan infirme est un des rois du jazz ») et même le registre d’admission de l’hôpital Lariboisière le 22 novembre 1928 pour « brûlures »…

L’attention se porte plus spécialement sur les lettres et cartes postales manuscrites de Django qui avait appris à écrire avec Stéphane Grappelli, et sur ses tableaux, œuvres colorées et naïves. Tout au long de ce parcours, le visiteur peut à loisir écouter la musique de Django dès ses premiers enregistrements de 1928 (sous le nom de Jiango Renard !) avec des casques ou dans des cabines sonorisées. Il peut également visionner les rares documents filmés avec Django dont un extrait de « La Route du bonheur »(1952) qui reprend tous les clichés sur les manouches mais offre quelques gros plans sur les mains du génial guitariste.

« Django Reinhardt, Swing de Paris » présente le grand intérêt de ne pas se limiter à la seule carrière stricto sensu du jazzman français le plus célèbre à ce jour et d’ouvrir le champ d’investigation à l’environnement sociétal et culturel : la culture manouche, les bals musette, la vie de la scène parisienne du jazz  dès les années 30, évoquant notamment l’activité des jazzmen sous l’Occupation allemande …

Jean-Louis Lemarchand

 

Django Reinhardt, Swing de Paris, du 6 octobre au 23 janvier 2013. Cité de la Musique. 75019 . www.cidelamusique.fr/django. Catalogue de l’exposition. Michel Dregni et Vincent Bessières. 224 pages. 250 documents. Editions Textuel.39 euros. Musique : le CD de l’expo et le coffret collector 5 CD chez Le Chant du Monde/Harmonia Mundi.

 

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