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5 avril 2022 2 05 /04 /avril /2022 21:41

Recueil de photographies de François Corneloup, textes de Jean Rochard, préface de Philippe Ochem, et un entretien de François Corneloup avec Guy Le Querrec

Jazzdor Series / https://jazzdorseries.bandcamp.com/merch/seuils-fran-ois-corneloup

 

Un livre de photographie, mais avec des images saisies par un musicien. Le texte de Jean Rochard fait d'ailleurs mention d'autres jazzmen d'ici qui pratiquent cet art singulier, et avec qui Pablo Cueco s'était entretenu pour le numéro 35 du journal Les Allumés du Jazz : outre Corneloup, Louis Sclavis et Edward Perraud s'étaient alors exprimés. Parmi les musiciens photographes, on pourrait citer aussi Bruno Chevillon, lequel est d'ailleurs saisi en pleine méditation dans l'un des clichés, référencé sous le n° 11. Curieusement, il n'y a pas de pagination : seules les photos sont numérotées. Jean Rochard évoque aussi des musiciens états-uniens pratiquant la photo, comme Stan Levey ou Milt Hinton. Philippe Ochem, qui préside aux destinées de Jazzdor (les festival, le label), évoque dans sa préface la genèse du projet, né de la publication en ligne, durant le premier confinement, de ces clichés. Dans son avant-propos, François Corneloup parle d'une «écriture de l'instantané, un réflexe au présent […] ce moment où l'œil est au seuil». Ce qui dit assez bien ce que sont ces images, entre captation sur le vif, instants de pause (ou de pose), et constructions plastiques à partir d'un sujet perçu dans un environnement qui devient construction picturale.

 

Ces photographies saisissent non seulement jazzmen et jazzwomen dans leur environnement (les loges, la scène, les répétitions, les moments de détente), mais aussi les partenaires de cet univers : responsables de festivals (qui sont aussi parfois des musiciens, comme Philippe Ochem, surpris face au piano) : Roger Fontanel, Armand Meignan.... ; photographes : Guy Le Querrec et Sergine Laloux ; les ingénieurs du son : Charles Caratini ou Philippe Teissier du Cros ; ou comédien comme Jacques Bonnaffé....

Très belles photos, belle mise en page, photogravure réussie, sobre et sans clinquant. C'est vraiment un beau livre. Et les textes de Jean Rochard, pas du tout illustratifs mais souvent allusifs, nous rappellent que le producteur du label nato (sans majuscule) est aussi une indiscutable 'plume du jazz' (et d'autres domaines). Et en épilogue l'entretien de François Corneloup avec Guy Le Querrec éclaire de belle manière cet art singulier. Livre très réussi, donc, et hautement recommandable.

Xavier Prévost

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François Corneloup sera présent en librairie pour un solo, suivi d’une séance de signatures :

Vendredi 8 avril, à 19h30, au Salon Escale du Livre de Bordeaux en partenariat avec la Librairie Olympique

Samedi 9 avril, à 19h30, à la Librairie Texture, 94 avenue Jean Jaurès, Paris

Jeudi 12 mai, à 18h chez le Disquaire Le Souffle continu, 22 Rue Gerbier, Paris

Vendredi 13 mai, à 18h30, à la Boutique des Allumés du Jazz, 2 Rue de la Galère, Le Mans

Samedi 14 mai, à 17h, Librairie musicale La Machine à Musique, 13/15 rue du Parlement Sainte Catherine, Bordeaux

 

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3 avril 2022 7 03 /04 /avril /2022 08:34

SMOKE SESSIONS RECORDS 2022

Harold Mbern (p), Steve Davis (tb), Vincent Herring (as), Eric Alexander (ts), John Webber (cb), Joe Farnsworth (dms)


 Attention : Jazz U.H.T ! 

Traduisez : Jazz à Ultra Haute Température.

 

Le légendaire pianiste Harold Mabern, légende du hard Bop et qui nous a quitté en septembre 2019 nous revient à titre posthume avec un album enregistré en live en janvier 2018 au Smoke, le célèbre club de New-york. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’à 82 ans, le pianiste continuait à mettre le feu et envoyer du petit bois !

Harold Mabern ? On ne le présente plus. Il faisait effectivement partie des légendes du jazz et particulièrement du hard-bop. Il serait fastidieux d'énumérer ici ceux aux côtés de qui il a tenu le clavier mais quand même : Donald Byrd, Lee Morgan, Jackie Mc Lean, Wes Montgomery, George Coleman et tant d’autres.

Dans les liners qui accompagnent cet album et qui sont signées de son fils, Harold Mabern raconte que le plus grand regret de sa vie est d’avoir un jour été appelé par John Coltrane pour remplacer Mc Coy Tyner et que, malheureusement cette session n’a jamais pu avoir lieu. Il n’empêche, Mabern n’en a pas moins gardé une adoration sans faille pour son idole auquel il a toujours voué un amour sans limite.

Il était donc naturel pour lui de consacrer un concert entier au répertoire de John Coltrane qu’il connait sur le bout de son clavier.

Et pour cette session, Harold Mabern a fait appel à ses fidèles affidés, ceux qu’il appelait affectueusement les «  cats ».

 

Le moins que l’on puisse dire c’est que ce sextet se trouvait dans son élément, au plein d’énergie et d’envolées enflammées dans des improvisations qui font l’âme de cette musique à la lisière du hard-bop. Et dans cette grande confrérie de ces jazzmen pour qui le live en est l’essence-même, on mettra au premier rang un Steve Davis qui donne ici une véritable leçon de trombone. Celui dont le grand Freddie Hubbard disait qu’il était le plus grand tromboniste actuel apparaît ici, à 65 ans ( 61 ans à l’époque) dans une forme éblouissante, capable d’apporter avec sa raucité reconnaissable, le growl et le feu.

Steve Davis sur Blue Train( où il tient le rôle de Curtis Fuller) qui embarque tout avec autant de feeling doux que de groove de feu. Du grand art !
Tout est à l’encan.

Un Impression porté à haut niveau d'ébullition avec des acteurs au top et au meilleur de leur forme visiblement portés par une logique collective. Quel groupe ! Ça joue ensemble !!

Ou encore cette magnifique introduction de Mabern sur un My favorite things revisité.

 

On ne va pas passer en revue tous les thèmes ( Dear lord, Dahomey dance,  Naima, Straight street) mais juste vous dire qu’il est des concerts pour lesquels les absents ont toujours tort. Il fait partie de ceux-là.
Jean-marc Gelin 

 

 

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2 avril 2022 6 02 /04 /avril /2022 11:20

Le Sunside affichait (quasiment) complet ce 23 mars pour la première sortie parisienne d’une chanteuse venue d’Allemagne, et d’origine indienne par son grand-père, Alma NAIDU. De bon augure pour une jeune artiste (25 ans) qui présentait son premier album sous son nom propre.
Pour l’occasion, Alma s’était mise au piano et jouait en duo avec un guitariste (Philipp Schiepek). Des conditions qui permirent d’apprécier une voix délicate, tempérée, un je ne sais quoi de charmant propre à séduire et de très personnel dans le répertoire signé de sa main.

Dans « le métier » depuis quatre ans, Alma Naidu a bénéficié d’un environnement familial propice : un père chef d’orchestre et une mère (Ann-Katrin), mezzo-soprano, chanteuse lyrique (Bizet, Wagner, Bach, Bernstein). Un éclectisme dont sa fille a hérité : de formation classique (piano et chant dès l’enfance), Alma a prêté son concours sur scène à plusieurs comédies musicales dont Jésus Christ Superstar. Mais elle a choisi la voie du jazz après avoir suivi l’enseignement à Londres de Norma Winstone, une référence en termes de sensibilité et de justesse, et rencontré le batteur et producteur allemand Wolfgang Haffner qui lui a donné sa chance dans ‘Kind of Tango’ (ACT, 2020).

« J’aime le jazz, nous confie-t-elle, pour la liberté qu’il me donne ».  La liberté mais aussi la diversité dans l’expression. Avouant apprécier aussi bien Keith Jarrett que l’arrangeur Vince Mendoza, les Yellowjackets ou encore Sting, Alma démontre cette ouverture d’inspiration dans ses compositions : dix des douze titres proposés dans « Alma » (Cream Records).  « J’entends m’identifier comme compositrice », précise la chanteuse résidant actuellement à Munich. Une artiste aux multiples facettes, déterminée, à suivre assurément.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

Alma Naidu, « ALMA ». Hansahaus Studios, Bonn, novembre 2020 et mars-avril 2021.
Cream Records/PIAS.
Paru en France le 18 mars 2022.

 

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1 avril 2022 5 01 /04 /avril /2022 23:35

Sylvain Rifflet (saxophone ténor, shruti-box, boîte à musique artisanale), Verneri Pohjola (trompette, électronique), Philippe Giordani (guitares), Benjamin Flament (percussions)

Sarzeau (Morbihan), mars 2021

Magriff 0357 / l'autre distribution

 

Anges tutélaires, anges gardiens, voire anges exterminateurs ou anges devenus démons, qu'importent les spéculations : en fait l'aveu du saxophoniste est plus simple et limpide «à mes anges, à ces êtres, artistes ou non, qui m'inspirent et m'aident à vivre». Ce disque est comme un exercice d'admiration, de ferveur, en même temps qu'un jeu de piste, quand dans la première plage, après un clin d'œil aux répétitifs américains, il bifurque vers le jazz avant retour au bercail. Au fil du disque défilent les repères d'une passion musicale mais aussi amicale (Thomas de Pourquery, le complice de Rigolus) ou littéraire (l'évocation de James Baldwin). Et les anges tutélaires sont en bonne place : Getz, dissimulé par son pseudonyme des années 50, Abbey Lincoln, dans toute sa stature artistique, engagement compris.... Et aussi le goût pour la musique électronique, sans oublier un hommage complice aux partenaires récents : Jon Irabagon, et le trompettiste de ce disque, Verneri Pohjola. Avec ce dernier, il conclut le CD par une improvisation en duo, prolongée en une plage fantôme par une reprise en quartette. Il y aura aussi cette valse aux deux vikings : le trompettiste partenaire, et le fameux Moondog, auquel Sylvain Rifflet avait naguère rendu un hommage singulier, et à bien des égards précurseur. Tout au long du disque s'épanouissent des musiques sans cesse renouvelées, toujours d'une grande densité, comme autant de jalons sur un parcours multiforme dont le saxophoniste serait le centre de gravité. Comme au fil de ses disques précédents, Sylvain Rifflet embrasse du regard tous les horizons de la musique, mais cette fois il nous en livre une sorte de florilège, en un seul opus «… mon disque le plus personnel,écrit-il, comme une synthèse du travail entamé il y maintenant dix ans...». Une indiscutable réussite.

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube 

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31 mars 2022 4 31 /03 /mars /2022 21:34

Ingrid Laubrock (saxophones ténor & soprano), Brandon Lopez (contrebasse), Tom Rainey (batterie)

New York, 25 avril 2021

Intakt CD 376 /Orkhêstra International

 

Les multiples collaborations, dans divers contextes (dont le duo) entre Ingrid Laubrock et Tom Rainey, ont aussi débouché voici quelques années sur un premier trio, en concert, avec Brandon Lopez. Ce disque concrétise la fructueuse pertinence de cette rencontre. Après un début rêveur et méditatif, qui nous révèle une fois de plus l'étendue de la palette de la saxophoniste, la même plage s'épanouit en libre cavalcade et trilogue effervescent. Et cette connivence va trouver au fil des plages une foule d'expressions différentes, mettant à profit toutes les singularités des protagonistes pour une véritable œuvre collective. Ça bouge, ça vit, ça s'interpelle, et ça nous interpelle, nous qui sommes auditeurs (et presque spectateurs) de cette cérémonie secrète qui mêle transgression des codes et adhésion sans faille à tous les sortilèges de la musique. C'est fascinant, puissant, et riche de toutes les métamorphoses. Le cinquième titre nous embarque dans une sorte de périple abstrait, dont l'abstraction semble feinte, car la sensualité des sons, leur richesse timbrale, convoque simultanément une espèce de chaleur organique, comme une ode à la musique incarnée, au sens propre, une musique qui prend chair. Et cela se conclut dans l'ultime plage par une folle explosion. Magnifique !

Xavier Prévost 

 

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20 mars 2022 7 20 /03 /mars /2022 19:11
PRONTO! Daniel Erdmann & Christophe Marguet  Hélène Labarrière Bruno Angelini

PRONTO! Daniel Erdmann  & Christophe Marguet

Hélène Labarrière Bruno Angelini

Label Mélodie en Sous-Sol

 

Soir Bleu (avec Hélène Labarrière et Bruno Angelini) - YouTube Music

 

Prêts, nous le sommes toujours avec ces musiciens qui se retrouvent depuis quelques années pour des projets excitants. Le duo saxophone-batterie, voilà une association réduite à l’essentiel qu'aiment le saxophoniste Daniel Erdmann et le batteur Christophe Marguet-on se souvient de leur Together, Together en 2013, qu’ils prolongent à leur manière aujourd’hui en demandant à la contrebassiste Hélène Labarrière et au pianiste Bruno Angelini de les rejoindre. De vieilles connaissances, puisque Hélène Labarrière joue dans le quartet de Christophe Marguet Happy Hours et Bruno Angelini dans son autre quartet Résistance poétique.

Rapides, voire prompts à trouver leurs marques, ils forment  à eux quatre, dès l’initial “Numero uno” un équipage qui tient la route. Chacune des interventions de cette bande complice sonne juste et dans une écoute mutuelle, la musique respire. Le quartet évolue sur des terres musicales connues, des références fortes sur lesquelles repose ce Pronto! jusqu’à la photo de la pochette délicieusement vintage, celles d’un jazz familier, “ancien” mais qui ne date pas, nuance. Pour une formation qui paraît historique, comme le fait remarquer subtilement Francis Marmande dans les notes de pochette. Car ces magnifiques musiciens ne perdent jamais leurs repères. S’il y a belle lurette qu’ils ont brisé les codes, ils restent dans l’idiome jazz et cela s’entend dans le son, le jeu de Daniel Erdmann sans qu'il se livre pour autant à des hommages pontifiants.

Pas de pas de côté ni de pas en arrière avec ce groupe qui est un exemple de maîtrise et d’interaction tout au long de huit pièces, sans désaccord entre titres et formes, sujet et matériau sonore. Leur musique paraît à la fois simple et intrigante. Simple car accessible, mélodique, avec des sonorités rondes, douces et chaudes du ténor qui joue moins cette fois avec les aspérités du métal, distille un souffle moins rugueux. Christophe Marguet est aux aguets, délicat, en phase avec son camarade, dans un équilibre sonore adapté, léger aux baguettes ou aux mailloches.

Ils ont écrit chacun, à armes égales, une histoire sensible où flotte parfois un parfum de mélancolie, un temps dilué dans une ballade superbe “Elevation”, où piano et contrebasse prennent aussi leur part dans d’exquises nuances. Enclins à faire une musique qui flotte presque sans attache, avec des séquences immersives, une tension certaine sur les creux et  une attente sensuelle de la narration dans “Soir bleu”. “Avant la parole” a la beauté d’un chant élégiaque. La force de leur engagement, leur vive énergie ne semblent pas alors primer sur l‘intime dans cet album. Faux-calme cependant quand on connaît ces musiciens soudés, combatifs et habités. Quelle intensité des instants traversés dans “Tribu” ou le vigoureusement balancé “Hotel Existence” qui rocke véritablement malgré le contrepoint du piano. Quant au final, où règne un motif chaloupé, pirouette charmante qui illustre “DE Phone Home”, il laisse vite éclater la folie communicative du piano et de la batterie. C'est ainsi que jaillit la revendication pour une urgence du jeu, qui est la signature de ces musiciens, la marque de leur identité. Alora, pronti, via! 

 

Sophie Chambon

 

 

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18 mars 2022 5 18 /03 /mars /2022 22:49

Franck Tortiller (vibraphone, arrangements, composition), Patrice Héral (batterie, percussion, voix), Vincent Tortiller (batterie), Jérôme Arrighi (guitare basse), Matthieu Vial-Collet (guitare, voix), Olga Amelchenko (saxophones alto & soprano), Maxime Berton (saxophones ténor & soprano), Gabriel Rachel Barbier-Hayward (trombone), Joël Chausse (trompette, cornet, trompette piccolo)

Maisons-Alfort, sans date

Label MCO 14 / Socadisc

 

Plus de 15 ans après l'album «Close To Heaven» (Le Chant du Monde, 2005) de l'Orchestre National de Jazz qu'il dirigeait alors, Franck Tortiller revient vers l'une des passions-rock de ses jeunes années. Pour le chroniqueur chenu que je suis (j'ai quand même 14 ans de plus que le vibraphoniste-chef d'orchestre), Led Zep' c'est un souvenir lointain de l'année de mes 20 ans (1969), avec un premier disque qui m'a surtout marqué par deux reprise de blues (Willie Dixon, comme l'avaient fait 4 ans plus tôt les Stones pour leur premier album). Mais j'ai quand même écouté la plupart des disques de Led Zeppelin chez mes potes, moi dont le discothèque contenait 80 pour 100 de jazz, quelques disques des Animals (à cause des reprises de la musique afro-américaine), et aussi Nougaro, Ferré, Janis Joplin, Bach, Beethoven, Liszt, Debussy, Stravinski & Bartók....

Autant dire qu'en voyant revenir un programme consacré à ce groupe, j'ai scruté le rétroviseur. Et j'y ai vu que Franck Tortiller, s'il joue dans ce nouvel album des titres de 7 des 9 albums du groupe britannique, ne rejoue aucun des titres de Led Zeppelin choisis pour l'album ONJ de 2005. Il reprend en revanche sa composition Moby and Moby, inspirée par un titre du deuxième album du groupe. Sa version est d'ailleurs très elliptique si on la compare à sa source très blues (hard) rock. Pour les titres repris du groupe, le résultat est saisissant : c'est assurément une reprise jazz, orchestration et solistes compris, dans un arrangement qui repose sur l'exploitation des accents des thèmes d'origine, et semblent aussi inspiré par le drumming si particulier de John Bonham, avec en prime quelques saillies vocales de spoken words très syncopés. Et une alternance de frénésie rock, de fines orchestrations et d'échappées mélodiques. Comme chez le groupe inspirateur, contraste entre le dur et le tendre, le rugueux et le mélancolique. Going to California se voit paré de sonneries monterverdiennes, et l'on chemine ainsi de surprise en nostalgie. Jouissif, non par passéisme, mais par esprit prospectif. Il faut dire que l'orchestre, qui compte en la personne de Patrice Héral et Joël Chausse des partenaires historiques de Franck Tortiller, se compose pour le reste de ses membres de jeunes gens dont les parents devaient être encore à peine adultes quand le groupe d'origine s'est éteint avec la mort de son batteur, en 1980. Bref on tire son chapeau à cette belle réussite !

Xavier Prévost

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L'orchestre sera en concert, avec ce programme, le dimanche 20 mars, 17h30, à Paris au Pan Piper

 

https://www.facebook.com/franck.tortiller.vibraphoniste/videos/3056910911215740/

 

https://www.francktortiller.com/project/back-to-heaven-led-zeppelin.html

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17 mars 2022 4 17 /03 /mars /2022 16:52

ÉRIC DUBOIS QUARTET

Éric Dubois (guitare), Benoit Baud (saxophones alto & soprano), Mathieu Millet (contrebasse), Éric Navet (vibraphone, batterie)

Tilly (Yvelines), mars 2021

Circum-Disc microcidi 026

https://www.circum-disc.com/eric-dubois-quartet/

 

Sur le site du label lillois, le texte du guitariste-leader-compositeur évoque un «pillage nourricier auquel se livrent tous les artistes, consciemment ou pas», évoquant «une succession de moments musicaux reflétant diverses influences : du jazz au classique, du rock à la musique contemporaine». J'y entends plutôt, dans le registre de la composition, pour une partie des thèmes, comme une reprise d'un chemin de liberté qui s'est tracé des années 60 aux années 2000, de Dolphy et Paul Motian, à Frisell et au-delà.... Un goût (et un talent) de l'écriture qui va chercher des lignes et des textures qui élargissent l'espace circonscrit du jazz, fût-il au sens large. Beautés mélodiques, tensions subtiles, lyrisme sans emphase et nuances en cascade : c'est un bonheur d'écoute. Éric Dubois, actif depuis plusieurs décennies dans sa région du Nord, a très peu enregistré, et s'est produit en concert, parallèlement à son métier d'enseignant de musique. Il signe là un bel opus, entouré de très bons solistes : à savourer.

Xavier Prévost

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Le groupe sera en concert au Phénix de Valenciennes le 23 mars, puis le 2 avril à L'Horloge de Tracy-le-Mont (Oise) et le 30 avril à la Médiathèque de Villeneuve d'Ascq (Nord)

 

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11 mars 2022 5 11 /03 /mars /2022 15:31

Pour célébrer la sortie du disque «Togetherness Ensemble», paru fin février (Tinker Label / l'autre distribution),

le saxophoniste Pierrick Menuau présentait à Paris son quintette. En première partie, comme il l'avait fait en novembre dernier pour la Jazz Week d'Angers avant le concert du 'Togetherness Ensemble', le pianiste Cédric Piromalli nous a offert en solo une formidable évocation de Billy Strayhorn

CÉDRIC PIROMALLI (piano solo)

Paris, New Morning, 9 mars 2022, 21h

 

Les occasions sont trop rares d'écouter à Paris ce pianiste, distingué par le Concours International de Piano Jazz Martial Solal en 2002, qui est aussi organiste (un récent disque en trio avec Stefan Pasborg & Mikko Innanen), et joue du clavecin dans un ensemble de musique ancienne et baroque. La dernière fois que j'avais pu l'écouter au piano, c'était au Triton, en novembre 2015, en trio avec Daniel Humair et Jérôme Regard

https://www.youtube.com/watch?v=6K4Q84QzpBk

 Le retrouver en solo fut une joie d'auditeur. Évoquant d'une manière très personnelle le répertoire de Billy Strayhorn, il nous a embarqués dans un aventure de créativité, au plus haut niveau pianistique et musical, où se mêlaient la langueur et les sortilèges des ballades, le torrent du tempo vif (fracturé à la hache comme au scalpel), le souvenir du stride, la mémoire de Lennie Tristano et les aventures de l'improvisation sans tabou. GRAND moment de piano, et de musique !

PIERRICK MENUAU 'Togetherness Ensemble'

Pierrick Menuau (saxophone ténor), Yoann Loustalot (trompette, bugle), Julien Touéry (piano), Sébastien Boisseau (contrebasse), Christophe Lavergne (batterie)

Paris, New Morning, 9 mars 2022, 21h45

 

Le groupe nous a donné la matière de son récent disque : retour sur un extrait de la suite Togetherness de Don Cherry (1965), et multiples compositions originales du saxophoniste (et aussi de Yoann Loustalot et Julien Touéry). Tout au long de ce répertoire, la mémoire des années 60 : comme des hymnes profanes, des processions libertaires, des éclats de liberté. De somptueux jaillissements des solistes, et aussi des trésors de nuances, des échanges d'une belle intensité : pour tous les improvisateurs, c'est un savant mélange de pertinence musicale et de liberté farouche. En prime des thèmes absents du disque, signés par le trompettiste-bugliste et le pianiste. De bout en bout, une grande fête du jazz et de l'improvisation !

Vers 23h30, au début du rappel, le chroniqueur a dû déserter, pour avoir une chance de rallier sa banlieue, dont le RER depuis deux ans souffre, en semaine, de travaux en soirée : pour le métro, pas de ligne 4 (fermée en semaine depuis des mois à 22h30), donc un peu de marche jusqu'à la Gare de l'Est ; puis ligne 5 jusqu'à Bobigny-Pablo Picasso, et attente pendant 30 minutes d'un hypothétique bus, lequel finit par arriver. Bilan:1h30 pour regagner mes pénates, contre une trentaine de minutes naguère. Il faut vraiment aimer la musique pour accepter ce chemin d'embûches : ça tombe bien, le chroniqueur adore cette musique !

Xavier Prévost

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5 mars 2022 6 05 /03 /mars /2022 17:29

Peace ! En choisissant de jouer avec le pianiste Mario Canonge cette composition d’Horace Silver, le saxophoniste Thomas de Pourquery, tout juste couronné du prix Django Reinhardt 2021 de l’Académie du Jazz, a clairement affiché ce 3 mars au soir au Pan Piper (75011) devant la communauté du jazz réunie à cette occasion sa solidarité avec le peuple ukrainien victime de l’invasion militaire russe. Ce message humaniste au huitième jour de la guerre prit aussi la forme d’une brève déclaration en faveur de la liberté émise par un artiste atypique « tout étonné d’être là » et proposant, selon ses propres termes « une musique chelou ».

L’autre temps fort de cette cérémonie fut la lecture du message d’un autre lauréat du plus prestigieux prix de cette association fondée en 1954, Martial Solal, élu 1955 (diplôme remis alors par Jean Cocteau). Le pianiste a décroché le Grand Prix de l’Académie du Jazz (meilleur disque de l’année) pour « Coming Yesterday-Live at Salle Gaveau 2019 » (Challenge/DistrArt Musique), son tout dernier et ultime concert à 91 printemps.


« Il me faut tout de même vous dire combien cette récompense me touche, écrit le compositeur interprète dans ce texte lu par François Lacharme, président de l’Académie. Elle est la preuve que j’ai fait correctement mon travail, un travail difficile, un métier de passion mais aussi de compétition, d’embûches, de critiques, un métier que j’ai commencé dans les pires conditions avant de le terminer à Gaveau, peut-être la plus belle scène pour les pianistes, et qui se conclut par un trophée ô combien enviable, le Grand prix de notre académie ».

Diverses prestations musicales ont rythmé cette soirée, assurées notamment par Stéphane Belmondo au bugle (prix du disque français) dans un duo avec le guitariste Sylvain Luc, Laurent Mignard dans une formation réduite de son Duke Orchestra (prix du jazz classique) où brillèrent la clarinettiste Aurélie Tropez et une découverte pour beaucoup, l’harmoniciste Rachelle Plas, ou encore le trompettiste-bugliste suisse Matthieu Michel (prix du musicien européen) dans une version sensible de La Javanaise.

La surprise était aussi au rendez-vous sur scène avec un joueur de cymbalum, Marius Preda, artiste roumain installé en Californie et professant aux Pays-Bas qui présenta deux œuvres d’Oscar Peterson et Charles Mingus. Quelques notes de musique aussi dans les vidéos envoyées par les lauréat(e)s absentes sur scène : la chanteuse Veronica Swift (prix du Jazz Vocal) -promise, qui sait, à la renommée de la plateforme de messagerie bancaire éponyme- captée au Blue Note de New-York ou encore Robert Finley, vétéran sexagénaire couronné pour son troisième album (prix soul) avec un solo a cappella.

Séquence émotion et patrimoine enfin en deux temps : le prix du Livre décerné à Ludovic Florin pour une biographie de Chick Corea, disparu l’an passé et un hommage rendu par François Lacharme à son prédécesseur décédé en février 2021, Claude Carrière. Chacun pourra à ce sujet lire le texte touchant, instructif et drôle signé de son complice d’un quart de siècle à Jazz Club, Jean Delmas, et disponible sur le site de l’Académie du Jazz.

Gardienne des valeurs du jazz, l’Académie se veut à l’écoute des tendances actuelles. Un nouveau prix, baptisé Evidence, va enrichir prochainement le palmarès, a-t-il été annoncé. Il aura pour vocation de récompenser un album français ou étranger d’un(e) artiste ou d’un groupe en développement, qui se singularise par sa charge créative, sa qualité d’exécution, sa musicalité et de sortir une « pépite » de l’anonymat .

 

Jean-Louis Lemarchand (membre de l’Académie du Jazz).

 


 


 

(1)    Le prix Django Reinhardt bénéficie du soutien de la Fondation BNP Paribas avec une allocation de trois mille euros.
(2)    Le lecteur pourra retrouver sur ce même site la chronique de l’album de Martial Solal et un entretien avec Lionel Belmondo, co-leader du Belmondo quintet.
(3)    L’intégralité du message de Martial Solal est disponible sur la page Facebook de l’Académie du Jazz.

 

©photo Philippe Marchin & Jean-Louis Lemarchand.

 

 

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