Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 septembre 2022 4 01 /09 /septembre /2022 21:47
BORDER JAZZ
La Fabrica’son 2022
Sebastien Paindestre (p), Nicolas Prost (sax) + invités
Anne Lacapelain, Chloe Cailleton, Gwendeline Lumaret, Timoty McAllister,Stéphane Collin, Hirokazu Ishida, Christophe Panzani, Nicolas Chelly, Florian Bellecourt, Olivier Calmel, Dave Shroeder, Marc Burronfonsse, Bruno Shorp, Stephane Chandelier, Frederic Delestré, Hidehiko Kan.

 


Le Paindestre est un animal musical bien particulier.  Impossible à traquer. Jamais là où on l'attend.
On l'avait pourtant laissé dans un format jazz très straight accompagné d’une rythmique de rêve avec Atlantico et on l'attend là, tout prochainement dans un univers plus pop avec la suite de son hommage à Radiohead (Amnesiac quartet). Et voilà qu’il revient brouiller une nouvelle fois les pistes avec un nouvel album radicalement inclassable. Pour cet amoureux des astres de l'univers, il nous arrive en effet avec une sorte d'OVNI musical sorti de nulle part. Une sorte d’objet non identifié et hybride. Insaisissable.
D'où, vous le comprenez, la difficulté d'en parler savamment.

Car cet album n'est pas genré (pour reprendre un terme assez usité ces temps-ci). Il n'est ni jazz ni classique mais un peu des deux à la fois. Tout d'abord par son casting qui associe au pianiste le très grand saxophoniste classique Nicolas Prost. Ensuite par le matériau de cet album qui réalise la performance d'avoir commandé aux plus grands jazzmen actuels des compositions spécialement écrites pour eux deux et que ces grands noms du jazz, en pleine période de confinement on accepté d'écrire. Ce sont donc Chris Potter, James Carter, Ibrahim Maalouf, Bojan Z, Baptiste Herbin, Alban Darche, John Helliwell, Franck Tortiller, Stephane Collin, Dave Schroeder, Olivier Calmel qui, tous ont accepté d'écrire pour eux. Excusez du peu. 3 morceaux font exception et sont tiré du répertoire de Michel Portal ( Cuba si, Cuba no), Henri Texier (Amir) et Baptiste Trottignon  (The dream is gone).

Et si tout cela ne suffisait pas pour brouiller les pistes, Sebastien Paindestre et Nicolas Prost ne jouent pas qu’en duo mais associent pour plusieurs morceaux pas moins de 17 musiciens invités.

Entre Sébastien Paindestre et Nicolas Prost on entend les attractions contraires et l’on voit les formes paradoxales. Ainsi Nicolas Prost habitué au format très écrit du classique se montre florissant dans l'improvisation (comme s'il était tombé dedans étant petit), s’immergeant totalement et tel un caméleon dans l’esthétique et le son du jazz. Il n'est que de l'entendre sur cette compo de James Carter (sax sketch) ! La liberté du jazz :  même pas peur ! Quant à Sebastien Paindestre, habitué aux combos de jazz qui manient l’improvisation par coeur sur des formats habituels (l’éternel AABA), il semble rompu à l'écriture classique comme s’il s’agissait d’une seconde nature. C’est donc bien de l’attraction des contraires qu’il s’agit ici. Et le résultat est capitvant. L’intérêt sans cesse renouvelé pour cette nouvelle forme. Les sens en éveil pour un album qui ne cesse de dérouter et de surprendre voire de bousculer nos habitudes d’auditeur bien catégoriés.
Des moments superbes émergent comme ce Frequent Flower (à la Strayhorn, un petit peu) où l'entente des deux s'y fait fusionnelle. Ou encore ce Festive Toccata signé d'Olivier Calmel et riche sur la plan orchestral et harmonique.
C'est parce qu'il est inclassable que cet album est aventureux. Un album qui prend des risques. Et les puristes qui ont besoin de repères, qu'ils se disent que la prise de risque et l'aventure, c'est déjà être libre.
A découvrir avec autant de fascination que de curiosité.
Jm Gelin

https://youtu.be/kPJ6TFVYQOA

Sorties d'album
- 24/09 au Sunside
- 4/10 au Comptoir en 1ere partie d'Amnesiac quartet
 
 
Partager cet article
Repost0
29 août 2022 1 29 /08 /août /2022 15:38

ENRICO RAVA/ FRED HERSCH : " The song is you"
ECM 2022
Enrico Rava (bugle), Fred Hersch (p)



Les duos dans le jazz ne se comptent plus. Pas plus que les duos piano/trompette.

Mais rares sont ceux qui sont marqués par autant de complicité, d'écoute, d'intelligence musicale et de sensibilité que celui qui réunit le trompettiste italien Enrico Rava (83 ans) et le pianiste américain Fred Hersch (67 ans).
L'un comme l'autre sont déjà entrés dans la légende du jazz. L'un comme l'autre ont à leur actif d'avoir à peu près tout connu de cette musique et sous toutes ses formes.
Leur rencontre semblait donc inévitable sous la houlette bienveillante de Manfreid Eicher, grand ordonnateur de telles rencontres sous les auspices de son label ECM. L’italien signe sur ce label depuis plus de 50 ans alors que pour le pianiste américain il s’agit du 1er enregistrement pour ECM.
Cette rencontre est marquée du sceau de la magie. Elle est de l'ordre de l'intime. Elle procède de cette alchimie où les deux personnalités pourtant si musicalement différentes se retrouvent autour de leur amour des mélodies qu’il s’agisse de standards ou de leurs propres compositions. Pas question ici de laisser leur identité au placard. Il s’agit au contraire de mettre celle-ci en fusion avec celle de l'autre.
La base, le socle ce sont ces thèmes qu'ils aiment tous les deux et sur lesquelles s'expriment une sensibilité palpable. Ce sont de la part de chacun de véritables déclarations d'amour à ces chansons qui d'une manière ou d'une autre ont contribué à faire d'eux ce qu'ils sont : des géants.

L’album est beau. Juste beau en ce sens qu’il touche au cœur. Pas forcément un immense disque mais une promesse : celle d’autres collaborations entre ces deux monuments du jazz.

Jean-Marc Gelin

 

 

Partager cet article
Repost0
18 août 2022 4 18 /08 /août /2022 16:53

David Venitucci (accordéon)

Paris, mars 2021

EPM Musique 4562819 / Universal

 

Une gourmandise pour secouer la torpeur d’août : un disque publié fin mai, et qu’avait submergé le raz-de-marée des parutions qui se sont bousculées avant l’été. L’accordéoniste est aussi compositeur, et tout le disque est de sa plume, sauf deux titres, dont une relecture très personnelle de La Bohème de Charles Aznavour. Il en donne une version enrichie d’harmonisation, de mélodie parallèle, de contre-chant, et il fait de cette déjà belle chanson une œuvre singulière. On est ici en présence d’un musicien qui joue, compose, improvise, et réinvente aussi la musique quand il l’emprunte à d’autres. Il existe des accordéonistes qui utilisent le jazz sans jamais le tutoyer vraiment (et là je ne parle pas de Vincent Peirani, que j’admire profondément, ni de Marcel Azzola, que j’appréciais infiniment, mais de quelques autres….). On l’avait compris naguère en l‘écoutant avec Denis Leloup, Jean-Christophe Cholet ou David Linx : David Venitucci parle couramment le jazz, en termes de nuances, de liberté, de subtilité, et il fomente un univers singulier où la composition se mêle à l’improvisation, où les langages harmoniques se télescopent en douceur. Et il nous livre ici une très belle musique, en équilibre entre toutes ces couleurs où le jazz, assurément, a sa place.

Xavier Prévost

.

Un avant-ouïr sur Youtube

Partager cet article
Repost0
4 août 2022 4 04 /08 /août /2022 09:15

Marciac Lundi 1er août : PIANOFORTE

@Laurent Sabathé


Cette nouvelle soirée gersoise avait pourtant mal commencée puisque le public du chapiteau apprenait l'annulation du concert de Gregory Porter en 2eme partie, le chanteur étant bloqué en Bulgarie pour d'obscures raisons administratives.
Mais la soirée de toute façon s'annonçait fort belle avec cette première partie bien intrigante sur le papier.

PIANOFORTE
Baptiste Trotignon (p, fender), Bojan Z (p, fender), Pierre de Bethman (p, fender), Eric Legnini (p, fender).

Le programme était alléchant et suscitait en effet une grande curiosité : 8 mains pour 4 claviers (deux acoustiques et deux électriques) !

Les 4 héros du soir alternaient et passaient du Steinway au Fender Rhodes, jouant tous les 4 ensembles ou parfois en duo.
Cet ensemble totalement inédit déroulait alors des compositions de chacun ou  bien des standards dans un exercice totalement équilibriste où l'écoute mutuelle des autres était un gage de réussite. A ce titre-là le pari fut gagné par ces 4 monstres sacrés du piano. On était en revanche un peu moins convaincus par la densité de la musique et par le son qui brouillait un peu l'espace sonore que l'on aurait voulu parfois plus épuré. Il faut dire que l'on avait affaire à 4 génies de l'improvisation, se jouant chacun des harmonies pour réinventer la musique.
Cela ne prenait pas des allures de battle mais peu s'en fallait tout de même.
Dans les conditions de prise de son, on se prenait à regretter qu'il n'y ait pas eu qu'un seul fender Rhodes pour tapisser les nappes de basse ( 2 fendre en même temps se révélant un pari un peu gourmand). Le son des 4 réunis était en effet un peu étouffé au point que l'on peinait parfois à distinguer qui jouait quoi.
Restaient de sublimes moments comme sur ce thème d'Egberto Gismonti, ce Caravan échevelé ou cette belle version de It could happen to you en duo.
Au rappel, les 4 se lançaient dans une version "clin d'oeil" de We are the champion qui, bien sûr faisait se pâmer et chanter le public du chapiteau.

Ce public en resta là et malgré la belle initiative du festival de diffuser un concert de Gregory Porter de 2019, il préféra dans sa grande majorité rentrer et rejoindre les bars à salsa du village. Histoire de prolonger un peu la soirée.

@Laurent Sabathé


Marciac c'est avant tout du spectacle   vivant !

Partager cet article
Repost0
2 août 2022 2 02 /08 /août /2022 13:52

Pour sa 44ème édition JAZZ IN MARCIAC retrouve ses couleurs d'avant ..... et c'est bon !
 
Vendredi 29 juillet
1ère partie : EMILE PARISIEN QUINTET
Emile Parisien (ss), Théo Crocker (tp), Roberto Negro (p), Manu Codjia (g), Nasheet Waits (dms), Joe Martin (cb)

@Laurent Sabathé


 
Emile Parisien ne compte plus ses apparitions au festival gersois. C'est l'enfant du pays, celui qui a fait ses tous premiers pas à Marciac qui l'a vu grandir. Et maintenant qu'il a créé son propre all-stars franco- americano-italien c'est toujours avec le même plaisir qu'il semble aborder la grande scène du chapiteau. Un peu comme jouer à domicile. Un peu en famille.
Pour cette soirée, le saxophoniste avait réuni la formation de son dernier album ( "Louise" paru cette année sur le label ACT),. C'est d'ailleurs avec le titre éponyme qu'Emile Parisien lanca le concert ouvert par un magnifique solo sur lequel la formation au complet embraya. Comme pour l'album le groupe égrenait les superbes compostions collectivement apportées par le groupe dont notamment Jojo un hommage endiablé au pianiste Joachim Khun ( avait lequel Parisien a d'ailleurs enregistré un autre album) ou encore Madagscar, un thème de Joe Zawinul sur lequel Roberto Negro se lançait dans une improvisation énervée qui faisait lever le public. Véritable lien dans cette formation, le guitariste Manu Codjia dans un très très grand soir se transformait en créateur de palettes harmoniques en véritable coloriste du groupe.
Même si Theo Crocker semblait un peu en retrait, Emile Parisien avec sa générosité habituelle envoyait ses improvisations virtuoses en plein ciel et bien sûr faisait chavirer le public pour qui le saxophoniste a depuis toujours une tendresse particulière et qui découvrait ici un quintet de très haute envergure. Le groupe finissait le concert par une composition du trompettiste ( Prayer 4 peace) en forme de conclusion méditative qui nous mettait la tête dans les étoiles.

@Laurent Sabathé


 
Le public qui voyait bien que la barre était mise très haute et qui s'accordait une pause pour accueillir le contrebassiste Avishai Cohen.
 
 
2ème partie : AVISHAI COHEN TRIO
Avishai Cohen (cb), Elchin Shirinov (p), Roni Kaspi (dms)
 
Lui aussi, c'est un habitué des lieux puisqu'il nous avouait en montant sur scène le plaisir qu'il avait en venant ici pour la... 8ème fois.

@Laurent Sabathé


Poursuivant sa tournée, le contrebassiste israélien venait présenter son dernier album ( « Shifting sounds » paru sur le label Naïve) avec son nouveau trio, certainement l’un des plus beau qu’il ait eu jusqu’à présent. Trio inattendu puisque si Avishai Cohen et Elchin Shirinov se connaissent depuis longtemps, c’est sur internet et lors d’un concert virtuel pendant le confinement que le contrebassiste et batteuse se sont rencontrés (!). Et le moins que l’on puisse dire c’est que ce trio fonctionne à merveille. Chacun des membres du groupe affiche une réelle personnalité musicale bien différente de celle des deux autres sans que cela ne nuise à la formidable unité fusionnelle de l’ensemble. Avishai Cohen comme a son habitude affiche sa volonté de faire de la contrebasse un instrument soliste à part entière, assumant sa fortement sa part mélodique. Le pianiste azerbaïdjanais s’impose en maître des tournures simples et déliées mettant une forme de légèreté à l’ensemble. Quant à Roni Kaspi, elle s’impose comme une véritable révélation dans l’inventivité de son jeu qui apporte puissance et percussivité et nous gratifiant (comme elle l’avait fait à Coutances) d’un solo stratosphérique qui faisait mugir de plaisir le chapiteau tout entier. Et c’est un power trio qui émerge, presque chantant tant la mélodie en est le socle ( Seattle, Below, Joy, Video games etc…).

@Laurent Sabathé

Comme toujours, Avishai Cohen ne résiste pas à l’appel du micro et, en guise de rappel se fait chanteur et multiplie les rappels avec deux chansons issues de la tradition ( El Hatzi por, Shalom aleichem) ou cette sublime version de Alfonsina ( de Violeta Parra). Et enfin, comme il le fait souvent chantant Sometimes I feel like a motherless child dans une version sur laquelle la contrebassiste, une fois n’est pas coutume s’accompagnait seul au piano.


 
Pour la deuxième fois de la soirée, le public réservait une standing ovation au trio et s’en allait bercé par une bien belle douce soirée d’été avant d’aller jouer les prolongations autour d’un verre ( au moins) d’Armagnac sur la place du village.
 

Partager cet article
Repost0
28 juillet 2022 4 28 /07 /juillet /2022 15:41

Intitulée « Retour vers l’Angleterre », la 29e édition du festival « Jazz à Junas » a présenté durant cinq jours, dans le très beau site des Carrières, la crème du jazz anglais et non pas la crème anglaise du jazz !

 

    Pour cette dernière partie du festival (22 et 23 juillet) de la cité gardoise, celui-ci a dû faire face à deux défections majeures. D’abord, celle de la pianiste italienne Rita Marcotulli - qui devait se produire en duo avec le saxophoniste Andy Sheppard et a été remplacée au pied levé par le contrebassiste français Michel Benita – et, ensuite, du collectif anglais Nubiyan Twist - attendu pour un final explosif et qui a cédé sa place - pour des raisons de Covid 19 - au clarinettiste Yom (ndlr : qui n’étant pas de nationalité britannique ne sera pas ici chroniqué).

 

Andy Sheppard (saxophone ténor & soprano) / Michel Benita (contrebasse) :
    Ce duo improvisé d'improvisateurs a été un grand moment d'échanges, de communication et de complicité.
    D'un côté, un saxophoniste habitué depuis plus de trente ans aux différents big bands de Carla Bley (86 ans, qui selon ses dires est malheureusement atteinte de la maladie d'Alzheimer). De l'autre, un contrebassiste français virtuose, courtisé par tout le gratin européen.


    Le tout formant un étonnant tandem de solistes à l'écoute l'un de l'autre, capable de dégager un jazz d'une très grande sensibilité, poétique, parfois magique, souvent minimaliste mais toujours d'un grand lyrisme sur des compositions originales, des reprises, comme celle d'un morceau d'Elvis Costello, et une succession de ballades.
    Une incroyable rencontre à la fois démonstrative et contrôlée du souffle et des cordes !

 

 

Portico Quartet :
    Jack Wyllie (saxophones ténor & soprano)
    Duncan Bellamy (batterie)
    Milo Fitzpatrick ( contrebasse)
    Keir Vine (hang & percussions)

GoGo Penguin :
    Chris Illingworth (piano)
    Nick Blacka (contrebasse)
    John Scott (battterie)

 

    Qu'ils soient de Londres - Portico Quartet - ou de Manchester - GoGo Penguin - les groupes de jazz britanniques semblent n'avoir qu'une seule devise, celle des supporteurs de Liverpool (si chère à G. Darmanin !) notamment : "You'll Never Walk Alone" ! (Tu ne marcheras jamais seul).
Car les deux formations sont avant tout des collectifs qui jouent une musique collective.

 

    Le premier défie toutes les catégories musicales avec pourtant un penchant pour un jazz aux accents rock très british façon Soft Machine ou Matching Mole des années 1960/70, le tout avec un zest prononcé pour l'acid jazz voire l'électro jazz. Et ce mode hyper répétitif, toujours planant, dont on attend vainement qu'il touche terre à nouveau à la fin de chaque morceau tant il est en suspension.


    Le second quant à lui a également choisi un style de jazz répétitif et méditatif, aux rythmes saccadés et cassés, aux contretemps décalés assez déconcertants, toujours interprétés sur le même mode et les mêmes structures harmoniques et mélodiques.
Et comme pour le Portico Quartet, sans l'intervention d'un soliste pour improviser sur les thèmes. Toute la musique se conjugue ensemble.
A noter qu'un nouvel EP du groupe vient de paraître, "Between Two Waves" (XXIM Records), qui laisse une large place aux claviers en tout genre.

 

Didier Pennequin.   

 

©photo Patrick Martineau JzzM2022.
 

 

Partager cet article
Repost0
12 juillet 2022 2 12 /07 /juillet /2022 16:35

Au programme des festivités, si vous êtes dans le coin

Mardi 19 juillet :
Dave Holland, Zakir Hussain et Chris Potter

Mercredi 20 Juillet :
Olly Jenkins et John Owens
John Surman Quartet
Shabaka Hutchings « Sons of Kemet »

Jeudi 21 Juillet :
Inui
Piers Faccini « Shapes of the fall » 
Mammal Hands

Vendredi 22 Juillet :
Coccolite
Andy Sheppard et Rita Marcotulli
Portico Quartet « Monument »

Samedi 23 Juillet :
Gogo Penguin
Nubiyan Twist "Freedom Fables"

 

de quoi vraiment bien  démarrer votre été !

 

Partager cet article
Repost0
4 juillet 2022 1 04 /07 /juillet /2022 10:57

 

Jean-Charles Richard (saxophones baryton & soprano), Marc Copland (piano), Claudia Solal (voix), Vincent Segal (violoncelle)

Pernes-les-Fontaines, janvier 2022

Label La Buissonne RJAL 397042 / PIAS

 

Une œuvre d’une troublante, singulière et mélancolique beauté. Un quatuor plutôt qu’un quartette, un esprit chambriste assumé et même, semble-t-il, revendiqué. Le désir qu’avait Jean-Charles Richard de travailler avec le pianiste Marc Copland se concrétise dans ce parcours, qui mêle quelques emblèmes de la culture européenne : Shakespeare, Rimbaud, Moussorgski, Olivier Messiaen (et Thomas d’Aquin) ou la lettre de prison de l’écrivain Isaac Babel. L’instrumentation est déjà comme un manifeste. Et la passion des nuances, poussée à l’extrême par chaque membre du groupe, signe l’enjeu d’une musique qu’il faut recevoir avec le recueillement qui s’impose. Créée à Giverny au Musée des impressionnistes, cette œuvre recèle le caractère diaphane, insaisissable et pourtant d’une telle force, qui prévalait dans cet univers. «Nous sommes de l’étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est enveloppée dans un somme….», comme le dit Prospero dans La Tempête (traduction de Victor Hugo, 1865). L’itinéraire conduit de la mort d’Ophélie, telle que contée par la Reine Gertrude dans Hamlet, à l’évocation qu’en fit Arthur Rimbaud. Et le disque se conclut par un ultime chant du saxophone baryton évoquant les larmes du ruisseau où périt la pâle et blonde Ophélie. En se plaçant délibérément sur plusieurs territoires : la ‘grande musique’ et ‘les autres musique’ (jazz, improvisation….), le saxophoniste et ses partenaires démontrent, une fois de plus, qu’il n’est qu’une seule musique : celle qui conjugue la sensibilité, la cohérence, l’aventure et l’intégrité. Magnifique !

Xavier Prévost

.

Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=A4Xhrp9cyUY

Partager cet article
Repost0
4 juillet 2022 1 04 /07 /juillet /2022 09:11

Comme tous les ans, le Paris Jazz Festival du Parc Floral de Vincennes ouvrait hier ses portes au soleil, aux nappes à carreaux des familles venues déjeuner sur l'herbe, aux enfants gambadants  et.... au jazz.
Et pour l'ouverture Danièle GAMBINO, la programmatrice du festival avait choisi de placer la journée sous le signe des femmes cubaines.

ANA CARLA MAZA

@photo fournie par le festiva
 

 

C'est tout d'abord Ana Carla Maza qui ouvrit les festivités dans l'exercice périlleux d'un solo au violoncelle. Pas gagné sur le papier pour emballer les foules. Mais la cubaine sait y faire ! Avec une présence lumineuse et une joie de vivre éclatante, Ana Carla Maza nous faisait voyager sur tout le continent Sud Americain et racontait son île, La Havane, le Bresil, l'Argentine (bel hommage à Astor Piazzola), et même le Perou pré-colombien (!). La violoncelliste-chanteuse qui présentait son dernier album (Bahia) et jouait avec toutes les facettes de son instrument. A l'archet, en pizzicato, en percussion sur le bois ou en lignes de basse, Ana Carla Maza faisait varier mille couleurs entre salsa, mélopées poétiques et même rock sombre.  Charismatique et mutine, la cubaine embarquait son public dans un voyage de vie joyeuse et joueuse.

YISSY GARCÌA Y BANDACHA... [....]
Yissy García (dms), Rolando Luna – (Piano), Yaroldy Abreu (Percus), Gaston Joya (Bass), Olivier Miconi (Tp)
 

@ photo fournie par le festival
 

Changement d'ambiance radical avec la batteuse Yissy Garcìa et son (nouveau) quintet. Nouveau car son quintet n'est pas celui avec lequel elle a enregistré mais une nouvelle formation de circonstance.
On restait bien sûr à Cuba au bois de Vincennes mais dans un exercice totalement novateur entre salsa et funky music. La batteuse, nominée aux Grammy Awards est  en effet une compositrice audacieuse qui réinvente le genre comme si Dizzy Gillespie avait rencontré Robert Glasper.
Festin de polyrythmie entre la batteuse et la percussioniste, groove assuré et assumé aux claviers et à la basse et surbrillance d'un Olivier Miconi étincelant et bluffant à la trompette. Les nappes électriques de Rolando Lùna tapissaient les pas de salsa et la batteuse invitait le public à ponctuer des mains un rythme infaisable (pour les non-initiés) ou l'invitait à chanter des motifs (plus simples, quoique...). Formidable actualité d'une salsa modernisée.

Pour une ouverture du festival l'exercice était donc totalement réussi et nous donnait envie de revenir pour une programmation qui, cette année encore s'annonce de très belle facture avec, entre autres :

- Ambrose Akinmusire le 9 juillet
- Shai Maestro le 16 juillet
- Sons of Kemet le 17 juillet
- Marion Rampal et Cecile Mc Lorin Salvant le 21 (nocturne)
- Brad Mehldau le 25 (nocturne)

Vous savez donc où vous installer cet été !

Partager cet article
Repost0
3 juillet 2022 7 03 /07 /juillet /2022 15:34

LOUIS SCLAVIS «Les cadences du monde»

Louis Sclavis (clarinettes), Annabelle Luis & Bruno Ducret (violoncelles), Keyvan Chemirani (zarb & daf)

Pernes-les-Fontaines, avril 2021 , Paris Février 2022

JMS 123-2 / PIAS

 

Un nouveau ‘pas de côté’ de Louis Sclavis qui, prolongeant deux parutions précédentes sous le label JMS («La moitié du monde», «Frontières») fait aussi retour sur des rencontres : avec la violoncelliste Annabelle Luis («Inspiration baroque», avec l’Ensemble Amarillis), Bruno Ducret (avec lequel il joue en duo), et Keyvan Chemirani (dans divers contextes). Un ami et partenaire musical est aussi présent en filigrane, puisque le disque intègre un thème composé conjointement par Sclavis et Dominique Pifarély. Les autres compositions sont signées par le clarinettiste, sauf deux conçues par Bruno Ducret. Ce répertoire a été inspiré à Louis Sclavis par un recueil de photographies de Frédéric Lecloux, L’Usure du monde (un aperçu ici), lui même inspiré par le livre L’Usage du monde de Nicolas Bouvier, récit d’un voyage aventureux, au début des années cinquante, entre la Yougoslavie et l’Afghanistan. Cette musique de chambre, de jazz et d’improvisation, de quatuor autant que de quartette, reflète des pérégrinations esthétiques dans le vaste monde. Pas nécessairement celui qui produit ce qu’il est convenu d’appeler les ‘musiques du monde’, mais peut-être plutôt un monde d’imaginaire, de rêves lointains et d’émois proches. Ce n’est sans doute pas un hasard si, voici plus de quarante ans, le clarinettiste a surgi dans nos vies d’amateurs de-jazz-et-de-musique-improvisée au sein d’un collectif qui s’annonçait comme l’Association à le Recherche d’une Folklore Imaginaire. Ce fécond mélange de sons, d’instruments, de mélodies et de rythmes surgis de multiples traditions aura été pour moi, dès la première écoute, un enchantement.

.

Deux avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=NZuOauL8_94

https://www.youtube.com/watch?v=d18ilCXm000

.

RICHARD BONNET, TONY MALABY, SYLVAIN DARRIFOURCQ, LOUIS SCLAVIS «Depuis longtemps»

Richard Bonnet (guitare), Tony Malaby (saxophones ténor & soprano), Sylvain Darrifourcq (batterie), Louis Sclavis (clarinette & clarinette basse)

Strasbourg, 15 mai 2018

Jazzdoor Series 12 / l’autre distribution

 

L’histoire d’une rencontre : ‘depuis longtemps’ le saxophoniste américain souhaitait «faire quelque chose» avec le clarinettiste français. À la faveur d’une tournée du trio rassemblé par le guitariste Richard Bonnet, un impromptu fut imaginé dans la saison Jazzdor du festival strasbourgeois du même nom, pour un concert au Fossé des Treize. Et c’est une vraie rencontre. Le trio régulier, rassemblé autour du guitariste Richard Bonnet, propose trois compositions du guitariste, et une du saxophoniste. Et le clarinettiste invité paraît chez lui dans cet univers qui va de la sérénité assumée à l’effervescence la plus vive. Les dialogues sont permanents et croisés entre les quatre partenaires, la musique est d’autant plus vivante qu’elle a été captée sur le vif. Une belle prise de son, suivie d’un mixage états-unien, rend pleinement justice à cette rencontre éminemment féconde, et d’une grande beauté.

Xavier Prévost

Partager cet article
Repost0